Originaire de Hawkesbury, Lionel Bouvrette alla poursuivre ses études à Montréal, dans le but d’éventuellement devenir ingénieur. Son chemin a toutefois bifurqué vers le hockey. Sur la liste de négociation des Canadiens, il se retrouva avec les As de Québec de la ligue senior en 1941, tout en travaillant pour le gouvernement du Québec.
En 1942-43, après une autre saison avec les As, Bouvrette se retrouva au cœur d’une situation particulière.
Après avoir terminé premiers l’année précédente, les Rangers perdirent plusieurs joueurs au recrutement, incluant leur gardien, ″Sugar″ Jim Henry, qui s’était joint à l’armée. Pris au dépourvu, ils se rabattirent sur Steve Buzinski, avec des résultats catastrophiques. On utilisa donc le vétéran Bill Beveridge et le réserviste Jimmy Franks.
Pour le dernier match de l’année, les Rangers étaient largués depuis longtemps et étaient assurés de terminer derniers. Ils affrontaient les Canadiens au Forum, alors que ceux-ci étaient à un point des Black Hawks et de la dernière place donnant accès aux séries.
De leur côté, ces mêmes Hawks devaient jouer leur dernier match contre les Red Wings, qui n’avaient rien à gagner, puisqu’ils étaient assurés de terminer en première place. Petit détail, les Wings appartenaient à James E. Norris, qui détenait aussi le Chicago Stadium. Est-ce que Détroit pourrait lever le pied pour permettre aux Hawks de jouer plus de matchs au Chicago Stadium, qui appartenait aussi à leur propriétaire?
Pour en rajouter une couche, Jimmy Franks était blessé et les Blueshirts demandèrent donc aux Canadiens de leur prêter un gardien, Lionel Bouvrette. Pour ses débuts dans la grande ligue, Bouvrette pouvait donc, en s’illustrant, éliminer l’équipe qui détenait ses droits.
En cette période où il était fréquent qu'un même gardien joue tous les matchs, Bouvrette devenait le quatrième à garder la cage des Rangers, ce qui était extrêmement rare. (Certaines sources évoquent même un record pour l'époque.) Chose certaine, la situation devant le filet avait fortement contribué à leur déchéance.
Finalement, l’honneur a été sauf. Bouvrette, bombardé par l’adversaire, a connu un fort match, mais Elmer Lach a eu un match de 3 points, alors que Joe Benoit, Buddy O'Connor, Toe Blake et Gordie Drillon en ont obtenu 2 chacun. Montréal l’a toutefois emporté 6-3 et ainsi, Bouvrette n'a pas contrecarrer les plans de l'équipe à laquelle il appartenait.
Il restait donc à régler le match entre les Wings de James Norris et les Black Hawks qui jouaient au Chicago Stadium de James Norris. Après le match, les spectateurs demeurèrent au Forum pour suivre les résultats de l’autre partie. (À cette époque, obtenir les résultats des autres confrontations n'était pas aussi facile qu'aujourd'hui.) C’est finalement Détroit qui l’a emporté 6-5 et Montréal a accédé au ″détail″ comme on disait à l’époque.
Ce fut toutefois le seul match de Bouvrette dans la LNH. S’il a apparu sur la liste de négociation des Canadiens pendant plusieurs années, il n’a jamais pu s’entendre avec eux. À un moment, le directeur-gérant Tommy Gorman lui a offert 1800$ pour 3 ans, mais Bouvrette en demandait 3000$. Gorman lui demanda alors s’il voulait acheter le Forum.
Il eut aussi des offres de Toronto, Détroit et des Rangers, mais il préféra demeurer à Québec, alors que de 1942 à 1948, il travaillait aussi comme gérant du personnel à la Morton Engineering. Ceci ne l’empêcha pas en 1943-44 d’aider les As à remporter la Coupe Allan, en plus de se mériter le Trophée Byng de Vimy, remis au meilleur joueur de la ligue, en plus de toucher un salaire de 1300$.
Bouvrette s’aligna avec les As jusqu’en 1947, après quoi il joua différents rôles dans la communauté, comme par exemple entraîneur de hockey junior, organisateur d’un tournoi de curling et président du club Kiwanis local.
Il a ensuite déménagé à Dorval à la fin des années 1960.
Il est décédé en 2000 à l’âge de 85 ans.
Sources :
″Le Canadien clôture sa saison contre les Rangers ce soir″, 18 mars 1943, La Presse, page 22,
″La saison régulière des Canadiens prendra fin ce soir avec une joute très importante″, 18 mars 1943, Montréal-Matin, page 14,
″Le Canadien termine en 4e place et prendra part au détail″, 19 mars 1943, La Presse, page 20,
″Canadien bat les Rangers 6 à 3 et demeure en lice dans la N.H.L.″, PC, 19 mars 1943, Le Soleil, page 13,
″Lionel Bouvrette et le Baronet″ de Jacques Arteau, 7 mars 1958, Le Soleil, page 17,
″Lionel Bouvrette aurait joué dans la LNH avec le Canadien″, 4 janvier 1969, Le Soleil, page 25.


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