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mercredi 3 janvier 2024

Gloire et misère: Chicago



 


Chaque franchise de la LNH ayant connu des hauts et des bas, j'ai pensé analyser chaque franchise sous deux angles différents, soit ses années de gloire d'un côté (l'âge d'or) et ses années de misère de l'autre (l'âge de crotte), tout en omettant en grande partie de parler des années «normales». Bien sûr, on peut souvent retrouver plus d'un âge d'or ou âge de crotte. Et vous allez voir que parfois la «gloire» et la «misère» sont relatives selon l'équipe. Genre que je sais pas trop ce que ça va donner côté gloire pour les Blue Jackets, mais on verra rendu là.

J'ai en même temps établi quels ont été les différents «No man's land» de la LNH au cours des années, soient les pires endroits où on pouvait se retrouver comme joueur et/ou comme fan.

Aujourd'hui, on s'attaque aux Blackhawks. Un gros morceau.


Cliquez ici pour les chapitres précédents:
Anaheim, Arizona, Boston, Buffalo, Calgary, Caroline


Années de misère: 1927-28 à 1928-29

La franchise des Blackhawks fut créée en 1926 et comme base pour la nouvelle équipe, les dirigeants achetèrent l'entièreté des droits des joueurs des défunts Rosebuds de Portland de la Western Hockey League qui venait tout juste de fermer ses portes. Au même moment, le nouveau club de Détroit fit de même en s'appropriant les contrats des anciens Cougars de Victoria.

Le premier propriétaire des Blackhawks se nommait Frederic McLaughlin, qui nomma l'équipe sous ce nom à son arrivée. Il était un homme impatient et en tant que proprio, il n'hésitait pas à s'incruster dans le fonctionnement de son équipe, n'hésitant pas à renvoyer coach ou DG dès qu'il voyait un problème. 

Après la première saison des Hawks en 1926-27 où ils réussirent à se faufiler en séries avec une fiche de 19-22-3, McLaughlin croyait que son équipe aurait dû terminer au premier rang. L'entraîneur Pete Muldoon modéra les attentes de son boss qui le renvoya aussitôt après l'élimination des Hawks.


Muldoon aurait alors dit à McLaughlin que s'il était renvoyé, il causerait une malédiction à l'équipe qui ne terminerait jamais au premier rang. Le journaliste Jim Coleman raconta plus tard qu'il avait inventé cette histoire de toute pièce pour vendre son journal mais la malédiction de Muldoon devint tout de même une légende urbaine à Chicago qui ne remporta jamais la première place avant 1967, bien après la mort de Muldoon et McLaughlin.

La malédiction sembla avoir un véritable effet dès la saison suivant le renvoi de Muldoon, puisque les Hawks terminèrent derniers avec une fiche de 7-34-3. Le même scénario se répéta en 1928-29 avec une fiche presque identique de 7-29-8. On vit passer trois nouveaux entraîneurs à Chicago durant ces deux saisons de misère.

Pour ajouter à tout ça, ils durent également passer l'entièreté de la saison 1928-29 en dehors de Chicago puisque le nouveau Chicago Stadium n'était pas encore terminé. Ils partagèrent alors la moitié du calendrier à l'Olympia de Détroit, et l'autre dans un aréna de 5000 à Fort Erie, près de Buffalo mais du côté canadien.


Années de gloire: 1933-34 à 1937-38

Malgré l'ingérence de McLaughlin qui continuait les portes tournantes chez ses entraîneurs durant les années suivantes, les Hawks commencèrent à devenir bons et développèrent finalement de bons joueurs, principalement Johnny Gottselig qui jouera avec l'équipe de 1928 à 1945. Avec l'arrivée de Lionel Conacher et du gardien Chuck Gardiner, les Hawks se rendirent en finale dans une cause perdante en 1931 mais continuèrent de demeurer compétitifs durant les difficiles années 30, le tout culminant par deux conquêtes de la coupe Stanley.

La première fut remportée en 1934 contre les Red Wings, tandis que la deuxième fut remportée in extremis en 1938 alors que les Hawks avaient terminé au 6e rang d'une ligue à 8 équipes avec une fiche de 14-25-9. Ils gagnèrent les deux premières rondes lors de matchs décisifs en prolongation, premièrement contre les Canadiens en première ronde et ensuite contre les Americans de New York en deuxième. Ils gagnèrent ensuite la finale contre les Maple Leafs, finale durant laquelle leur gardien Mike Karakas était blessé et durent se rabattre sur un gardien d'urgence, Alfie Moore. Une histoire assez abracadabrante ici d'ailleurs.

Karakas parvint par revenir et remporter la série. À ce jour les Blackhawks de 1938 demeurent l'équipe avec la pire fiche en saison régulière à avoir remporté la coupe.


Années de misère: 1944-45 à 1957-58
ALERTE NO MAN'S LAND

McLaughlin mourut en 1944 et la franchise fut vendue à un homme d'affaires du nom de Bill Tobin. Ce dernier n'était toutefois qu'une parure alors que l'équipe était réellement sous le contrôle de James E. Norris, proprio des Red Wings et également du Chicago Stadium depuis 1936. 

Des manigances similaires de Norris firent en sorte qu'il avait contrôle total ou de l'influence majeure sur les 4 équipes américaines, étant proprio des Red Wings et du Chicago Stadium, en plus d'être actionnaire du Madison Square Garden et du Gardens de Boston. Cela mena à ce qu'on appelle ici «la ligue à deux vitesses» avec d'un côté les Canadiens, Maple Leafs et Red Wings, et de l'autre les Rangers, Bruins et Blackhawks comme enfants pauvres et négligés.


 

Donc entre 1944 et 1958, les Blackhawks ne firent les séries qu'à deux reprises (1946 et 1953) et terminèrent derniers à 9 reprises, dont 4 saisons consécutives de de 1953-54 à 1956-57, ce qui les confirme comme «no man's land» définitif de l'époque.

C'est en 1952 que le fils de Norris, James D. Norris, prit contrôle de l'équipe en compagnie de Arthur Wirtz et les deux commencèrent à rendre l'équipe davantage compétitive et graduellement mettre fin à cette ère à deux vitesses. L'équipe était encore toutefois considérée comme la Sibérie de la LNH, particulièrement lorsque le légendaire Ted Lindsay des Red Wings y fut expédié en 1957 en rétribution à sa participation à la tentative d'une création d'une association des joueurs.


Années de gloire: 1960-61 à 1972-73

Vers la fin des années 50, les Hawks avaient définitivement frappé fort en obtenant et développant 3 joueurs légendaires; Bobby Hull, Stan Mikita et Pierre Pilote. De plus, l'arrivée de Lindsay et du gardien Glenn Hall lors du même échange vint galvaniser davantage cette jeune équipe qui remporta finalement les grands honneurs en 1961, après deux sorties en première ronde les deux saisons précédentes aux mains des Canadiens.

Durant la décennie, Chicago avait main mise sur le trophée Art Ross avec Hull (1959-60, 1961-62 et 1965-66) et Mikita (1963-64, 1964-65, 1966-67 et 1967-68). Les deux remportèrent également le trophée Hart, Hull en 64-65 et 65-66 tandis que Mikita le remporta en 66-67 et 67-68. 

Pilote n'était pas en reste non plus, alors qu'il fut le récipiendaire du trophée Norris pendant trois saisons consécutives, soit de 1962-63 à 1964-65. 

Glenn Hall remporta le Vézina à deux reprises, tandis que Bill Hay et Tony Esposito remportèrent le Calder en 1959-60 et 1969-70 respectivement, avec également un Vézina pour Esposito en 69-70, 71-72 et 73-74. Les Hull et Mikita, ainsi que Ken Wharram, remportèrent également le Lady Bing à quelques reprises.



L'équipe termina en première place en 1966-67. Malgré qu'il ne regagnèrent pas la coupe durant cette période, ils retournèrent en finale en 1962, 1965, 1971 et 1973.

Cette période de gloire se termina toutefois au même moment en 1973, un an après que Bobby Hull ait fait sa fameuse défection dans l'AMH, marquant la fin d'une ère à Chicago et dans la LNH avec l'arrivée de son premier et seul véritable compétiteur. Il y eut d'ailleurs une équipe de l'AMH implantée directement à Chicago, les Cougars, entre 1972 et 1975, qui ne jouait toutefois pas dans le même amphithéâtre.

L'équipe demeura compétitive durant le restant des années 70 mais ne dépassa jamais plus la deuxième ronde, et la vieille garde des Hull, Mikita, Esposito et autres Keith Magnuson disparut peu à peu.


Années de gloire: 1981-82 à 1994-95

Sans avoir été une période ponctuée d'une Coupe Stanley, la période 1981 à 1995 vit l'émergence de plusieurs nouvelles vedettes à Chicago comme Denis Savard, Chris Chelios (inévitablement), Steve Larmer, Jeremy Roenick et Ed Belfour entre autres. Le Chicago Stadium des années 80 et 90 était de plus un endroit très intimidant pour les autres équipes de la LNH, et les Blackhawks demeuraient annuellement parmi les meilleures équipes de la ligue.



L'équipe atteignit huit fois la 3e ronde et une fois la finale en 1992 contre les Penguins, en plus de remporter le trophée du Président en 1990-91. Parmi les autres honneurs de cette période, notons:

- Trophée Calder: Steve Larmer (1982-83), Ed Belfour (1990-91)
- Trophée Norris: Doug Wilson (1981-82), Chris Chelios (1992-93, 1995-96)
- Trophée Adams: Orval Tessier (1982-83)
- Trophée Vézina: Ed Belfour (1990-91, 1992-93)
- Trophée Jennings: Ed Belfour (1990-91, 1992-93, 1994-95)
- Trophée Selke: Troy Murray (1985-86), Dirk Graham (1990-91)

Il y eut donc bien des bons moments à Chicago durant cette période.


Années de misère: 1997-98 à 2007-08

Après la finale de 1992 (défaite en 4 matchs contre Pittsburgh), les Blackhawks furent décevants lors des années suivantes où ils s'inclinèrent rapidement en première ronde, malgré des saisons régulières dominantes. Ils retournèrent en finale de conférence en 1995 mais le déclin graduel réapparut par la suite alors qu'ils s'inclinèrent en 2e ronde en 1996 et en première ronde en 1997. 

L'équipe rata finalement les séries en 1997-98, soit la première fois en 29 ans. Commença alors une longue traversée du désert pour les Blackhawks qui ratèrent les séries 9 fois lors des 10 saisons suivantes et étant surtout mal administrés par la vieille garde du propriétaire Bill Wirtz. Surnommé «Dollar Bill» pour son avarice, Writz refusait par exemple de diffuser les matchs locaux à la télévision en plus d'être partiellement ou directement responsable de plusieurs départs de joueurs vedettes dont Roenick et Belfour. Chelios quitta également l'équipe en 1999.

 

En 2004, l'équipe était alors à son plus bas, et fut nommée comme pire franchise en Amérique du nord par ESPN. Les fans des Hawks n'avaient alors comme vedettes des joueurs comme Kyle Calder, Tuomo Ruutu et Tyler Arnason... Bien loin des années précédentes et celles qui allaient suivre.

ALERTE NO MAN'S LAND (2003-04 à 2006-07)
J'hésitais ici à déclarer les Blackhawks de l'époque comme véritable «No man's land» car je crois qu'il y avait encore pire que eux à l'époque comme les Penguins ou les Capitals qui étaient en vente de feu depuis quelques saisons. Malgré tout, Chicago parvenait à signer des joueurs convoités comme Nikolai Khabibulin et Martin Lapointe en 2005 par exemple. 

Mais il peut bien y avoir plus qu'un no man's land dans une ligue à 30 équipes et à partir de disons 2003 jusqu'à 2007 environ, les Blackhawks étaient véritablement un des pires endroits pour être un fan et ce fait fut reflété dans les assistances qui passèrent sous les 13 000 par match en 2006-07, malgré tout le flafla présent dans la LNH au retour du lock-out.


Années de gloire: 2008-09 à 2016-17


Les fortunes des Hawks tournèrent finalement petit à petit. Ils repêchèrent tout d'abord Jonathan Toews au 3e rang en 2006 et ensuite Patrick Kane au premier rang en 2007. Et finalement, Bill Wirtz mourut en septembre 2007, laissant la place à son fils Rocky qui était le premier à s'opposer aux mesures rétrogrades de son père. Il rétablit tout d'abord les matchs à domicile à la télévision, en plus de nommer du nouveau personnel hockey, administratif, et surtout, au niveau du marketing. 

L'arrivée ensuite de Joel Quenneville pour la saison 2008-09 marqua le début de ces récentes années de gloire, et la meilleur période dans l'histoire de la franchise, alors que les Hawks retournèrent pour de bon en séries, parvenant même jusqu'à la 3e ronde. 

Ils gagneront ensuite la coupe en 2010, 2013 et 2015, ce qui mena Gary Bettman et la LNH à déclarer l'équipe comme une véritable dynastie, ce que je ne crois pas vraiment. À mon avis, une dynastie se doit de remporter plus d'une coupe d'affilée, ce que les Blackhawks sont tout de même passés bien près d'accomplir. On peut bien argumenter que c'est désormais plus difficile de faire avec la parité et tout ça, mais les Penguins et le Lightning sont ensuite parvenus à remporter deux coupes d'affilée, sans qu'on semble vraiment les considérer comme des dynasties. 

Bref c'est subjectif mais n'empêche, les Hawks sont bien probablement la meilleure équipe des années 2010.


En plus des trois coupes, voici le reste de l'argenterie de la période:
Art Ross: Patrick Kane (2015-16)
Hart: Patrick Kane (2015-16)
Calder: Patrick Kane (2007-08), Artemi Panarin (2015-16)
Conn Smythe: Jonathan Toews (2010), Patrick Kane (2013), Duncan Keith (2015)
Selke: Jonathan Toews (2012-13)
Norris: Duncan Keith (2009-10 et 2013-14)
Jennings: Corey Crawford (2012-13, 2014-15)


Années de misère: 2017-18 à maintenant

Les Blackhawks tombèrent de 109 points en 2016-17 à seulement 76 la saison suivante. Depuis, la «dynastie» s'effrita d'année en année et la franchise perdit des plumes (d'amérindien), surtout au niveau de leur réputation depuis la saga Kyle Beach en 2021.

Depuis la fin de la période précédente, la franchise semble être davantage revenue au pattern de l'époque 1997-2007, le tout culminant l'année dernière en terminant dans le «bottom 5» de la ligue, après quoi ils furent toutefois récompensés (non-mérité selon plusieurs) en obtenant Connor Bedard au premier rang. Ce dernier devra probablement faire preuve de beaucoup de patience avant de recevoir de l'aide et de voir l'équipe revenir à une période de gloire. En plus, l'équipe continue de connaître des désastres au niveau PR, comme l'épisode récent de Corey Perry dont on attend encore de savoir ce qui s'est passé et qu'on est probablement mieux de demeurer dans l'ignorance...


C'était donc toute que des montages russes de retracer l'histoire à Chicago. Prochain épisode, le Colorado.

Cliquez ici pour les chapitres précédents:
Anaheim, Arizona, Boston, Buffalo, Calgary, Caroline

1 commentaire:

Jellos a dit…

Excellent travail de recherche, merci pour cet article.