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vendredi 6 juin 2025

Dave Elenbaas










Dans sa longue et glorieuse histoire, le Canadiens de Montréal a vu défiler plusieurs excellents gardiens, dont certains légendaires. Il y a bien sur eu des gardiens de second ordre, en début de carrière ou en fin de carrière et certains  qui n'ont joué qu'une poignée de minutes. Mais dans le cas présent, Dave Elenbaas a réussi à s'inscrire dans la grande histoire de deux équipes de l'un de ses futurs coéquipier.

Né le 20 février 1952 à Chatham en Ontario, David Stuart Elenbaas a joué son hockey junior à North York avant de s'enligner avec l'équipe de l'Université de Cornell dans l'État de New York. Suite à une saison dans l'équipe de première année, il fit le saut au sein de l'équipe universitaire pour la saison 1970-71, s'imposant rapidement comme gardien de premier plan.

Ce sont ses performances qui ont poussé le Canadien à faire de lui leur choix de 4e ronde (62e total) au repêchage de l'année précédente, en 1972. Par contre, le Canadien avait également repêché un gardien en première ronde, Michel "Bunny" Larocque, des 67's d'Ottawa, lui qui était prêt à faire le saut chez les professionnels dès la saison suivante. Quant à Elenbaas, il retourna à Cornell pour une dernière saison. Dans sa carrière universitaire, Elenbaas participa à 62 matchs devant le filet du "Big Red", cumulant une fiche de 48 victoires contre seulement 11 défaites et un 1 verdict nul. À sa dernière saison en 1972-73, il a été nommé au sein de la première équipe d'étoiles de l'ECAC et de la Ivy League et a reçu le prix Bawlf remis au joueur le plus utile de Cornell.

Un fait cocasse lui est arrivé le 6 janvier 1973. Alors que le Big Red était en voie de vaincre le Crimson de l'Université d'Harvard et ainsi obtenir une place au tournoi de la NCAA, un supporter d'Harvard s'approcha de la vitre et lança un poulet mort à Elenbaas. Comme réplique à cet incident, les partisans de Cornell se mirent à bombarder les joueurs du Crimson de poissons au fil des ans. Cette habitude est encore en cours lors des affrontements entre les deux équipes.

Suite à son passage avec Cornell, Elenbaas alla prendre la place que Larocque laissa avec les Voyageurs de la Nouvelle-Écosse, alors que ce dernier gradua avec le grand club, afin de combler (enfin, tenter de) l'absence de Ken Dryden, alors en grève avec le Canadien. Elenbaas se partagea la tâche avec Jim Shaw, avec qui il remporta le trophée Harry "Hap" Holmes, remis aux gardiens avec la meilleure moyenne de buts alloués. La saison suivante, il y eu du mouvement devant le filet du CH. Avec le retour de Dryden au sein du l'équipe, Michel Plasse fut acquis par les Scouts de Kansas City lors du repêchage d'expansion et on fit perdre un an à Wayne Thomas avant de finalement prendre le chemin de Toronto. "Bunny" Larocque conserva sa place comme substitut, faisant en sorte qu'Elenbaas retourna avec les Voyageurs. Il fut toutefois rappelé à la fin du mois d'octobre suite à une blessure à Dryden. À sa première présence sur le banc du Canadien, le 25 octobre 1975 face aux Bruins de Boston, alors que le Canadien menait les Bruins au compte de 4-2 en début de troisième période, une mêlée se transforma en bagarre générale, vidant les bancs de deux équipes. Elenbaas lutta au centre de la glace contre le gardien réserviste des Bruins, Dave Reece, avant de regarder le reste de la mêlée aux côtés de son adversaire. Une fois tout ce branle-bas de combat terminé, Elenbaas se vit décerner une punition majeure de 5 minutes pour s'être battu, sans avoir enregistré une seule seconde de temps de jeu. 


Au total, Elenbaas fut rappelé avec les Canadiens pour réchauffer le banc pour un total de 29 matchs, sans jamais avoir l'occasion de participer activement à un match. Il eut malgré tout connu une carrière florissante dans les ligues mineures. Avec de très bon résultats avec les Voyageurs, il garda mainmise sur le trophée Harry "Hap" Holmes jusqu'à la saison 1976-77 inclusivement. En plus de remporter la coupe Calder avec les Voyageurs en 1976 & 1977, il a également été le meneur de la AHL en blanchissages pendant trois saison et a été sélectionné dans la première équipe d'étoiles de la LAH en 1975-76.


Suite à la saison 1976-77, Elenbaas se dirigea vers l'organisation des Maple Leafs de Toronto, plus précisément avec les Black Hawks de Dallas dans la Central Hockey League. Il y joua 46 parties et aida l'équipe à se rendre en finale, mais échappant le championnat par une défaite en prolongation lors du septième match.

Par la suite, Elenbaas a pris sa retraite du hockey professionnel pour poursuivre des études en droit. Il a obtenu son diplôme de l'Université de Toronto en 1981 et a été admis au barreau de l'Ontario en 1983. Par la suite, il est devenu un avocat réputé en droit du travail et de l'emploi au sein du cabinet McMillan Binch à Toronto.

mercredi 4 juin 2025

Les buts de Jean Béliveau

 


Je viens de terminer la biographie de Jean Béliveau, «Ma vie bleu-blanc-rouge» il y a quelques jours. Je sais ça fait plusieurs années que c'est sorti et même mis à jour avec une deuxième édition mais je n'avais jamais eu la chance avant de me le procurer l'autre jour dans une biblio-vente.

Ce que j'appréhende lors de la lecture de biographie de joueurs très connus, c'est que la majorité des informations et des anecdotes, je les connais déjà... Mais ici j'ai quand même appris de nouveaux trucs sur le «Gros Bill», comme par exemple qu'il avait été brièvement courtisé par les Nordiques de l'AMH pour faire un retour au jeu en 1972, offre qu'il refusa. C'est d'ailleurs son ancien coéquipier Jacques Plante qui lui fit l'offre mais qui n'insista pas davantage une fois le premier refus, comprenant parfaitement sa décision. 

J'aime bien aussi qu'il insiste sur la «dynastie oubliée» des Canadiens, soit celle de 1965 à 1971 où le club gagna 5 coupes en 7 ans, qu'il considère injuste qu'elle ne soit pas davantage reconnue, étant prise en sandwich entre la dynastie des 5 coupes de 1956 à 1960 et celle de 1976 à 1979. 

Il est vrai que le club était dominant durant cette période mais j'hésiterais à le considérer comme étant une dynastie, puisque le club rata les séries en 1970 au tout dernier match de la saison dans des circonstances bizarres, en plus d'avoir remporté 2 des ces coupes contre les Blues de St.Louis, un club se retrouvant en finale simplement parce que toutes les équipes d'expansion étaient dans la même conférence... De plus, cette «dynastie» a été grandement entachée par la coupe perdue de 1967 aux mains des Leafs lors de l'année de l'exposition universelle où le club s'était promis de présenter la coupe. D'ailleurs, Béliveau effleure à peine le sujet de cette finale de 1967, même chose pour les séries ratées de 1970.

Donc bref, un bon livre. Le gros Bill est tellement attachant, même de l'au-delà. Mais la meilleure anecdote qui m'est sortie de cette lecture est la suivante que je vous recopie ici:

L'organisation du Canadien avait cru bon de se procurer une police d'assurance, car je venais de signer avec eux un contrat de 100 000$ pour  une durée de cinq ans... On me fit passer un examen médical très poussé et les médecins relevèrent ce qu'ils ont qualifié «d'anomalie cardiaque»... Au grand désespoir de Frank Selke, la compagnie d'assurances refusa de m'offrir une garantie. Le médecin qui m'avait examiné avait écrit dans son rapport: «Il présente un moteur d'Austin dans un châssis de Cadillac».

Persone ne crut que ma vie était en danger, mais cela me posait quand même de sérieux problèmes. Lorsque je devais fournir un effort important, mon coeur ne parvenait pas à pomper assez de sang pour bien oxygéner mon organisme. Les principaux symptômes étaient la fatique, des nausées, une perte temporaire de la vue, des difficultés respiratoires et des douleurs si aigües à la poitrine que j'avais l'impression que mon coeur allait éclater.

Un autre que moi aurait peut-être tout laissé tomber... Mais je suis resté, et j'ai bien fait. J'ai aidé le Canadien à gagner cinq coupes Stanley consécutives.

Après la saison 1961-62, la nature a commencé à me rattraper. J'étais toujours fatigué. J'ai donc décidé d'aller à la clinique Leahy à Boston, où j'ai passé tous les tests d'effort inimaginables... les deux premières minutes sur le tapis roulant étaient très éprouvantes et je manquais rapidement de souffle. Peu à peu, ma réponse musculaire s'améliorait, mon corps s'adaptait et au bout de six minutes, quand on me fit signe d'arrêter, ma «machine» s'était vraiment mise en marche et j'aurais pu continuer pendant plusieurs minutes encore.

Les médecins étaient très étonnés que je puisse faire carrière dans le sport professionnel... Ils en ont cependant déduit que je ne risquais rien si je continuais... Apparemment, mon corps s'était habitué à cet état depuis plusieurs années et s'était imposé un rythme qui, comme l'avaient démontré les tests, s'accélérait avec l'effort. Autrement dit, j'étais lent à démarrer, mais une fois lancé, mon «moteur» fonctionnait de mieux en mieux.

Je n'ai pas vérifié mes statistiques au cours des années, mais il se pourrait bien que j'aie compté plus de buts dans la deuxième et la troisième période que dans la première.


C'est bien sûr cette dernière citation qui a piqué ma curiosité. Si le regretté monsieur Béliveau n'a pas pu vérifier cette hypothèse, ni aucune autre personne d'ailleurs selon mes recherches, je me devais de lui rendre hommage et vérifier.

Voici les buts marqués de Jean Béliveau au cours de sa longue carrière, décortiqués par périodes:

Saison Régulière Matchs 1ère 2ème 3ème Total
1950-51 2 1 0 0 1
1952-53 3 1 4 0 5
1953-54 44 6 3 4 13
1954-55 70 10 17 10 37
1955-56 70 12 15 20 47
1956-57 69 11 9 13 33
1957-58 55 4 11 12 27
1958-59 64 19 13 13 45
1959-60 60 12 6 16 34
1960-61 69 14 7 11 32
1961-62 43 8 6 4 18
1962-63 69 4 8 6 18
1963-64 68 12 9 7 28
1964-65 58 7 9 4 20
1965-66 67 9 12 8 29
1966-67 53 2 3 7 12
1967-68 59 9 14 8 31
1968-69 69 11 14 8 33
1969-70 63 11 3 5 19
1970-71 70 11 5 9 25
TOTAL 1125 174 168 165 507


Donc voilà. Vous voyez en jaune les instances où Jean Béliveau a marqué plus de buts qu'en première période. Loin de moi l'idée de contredire M. Béliveau et j'aurais vraiment voulu que cette théorie se confirme pour ajouter au folklore, mais ce n'est malheureusement pas le cas. Il a en fait marqué davantage de buts en première période (174), quoique seulement par une mince différence. 

Il y a bien sûr quelques saisons où ce fut le cas, particulièrement celles de 1957-58 et sa meilleure saison en carrière de 1955-56 où c'est vraiment une récolte exponentielle de période en période. Mais sur une possibilité de 40 périodes (2 périodes x 20 saisons), il y a seulement 16 instances positives.

Mais ici ce ne sont que les buts marqués en saison régulière. Allons voir dans les séries, là où ça compte vraiment.

Séries Matchs 1ère 2ème 3ème OT Total
1950-51 / / / / / /
1952-53 / / / / / /
1953-54 10 0 1 1 0 2
1954-55 12 2 3 1 0 6
1955-56 10 3 5 4 0 12
1956-57 10 1 3 2 0 6
1957-58 10 1 2 0 0 3
1958-59 3 0 1 0 0 1
1959-60 8 4 0 1 0 5
1960-61 6 0 0 0 0 0
1961-62 6 0 1 2 0 3
1962-63 5 1 1 0 0 2
1963-64 5 0 2 0 0 2
1964-65 13 3 3 2 0 8
1965-66 10 2 1 2 0 5
1966-67 10 3 2 1 0 6
1967-68 10 5 0 2 0 7
1968-69 14 0 2 2 1 5
1969-70 / / / / / /
1970-71 20 2 1 3 0 6
TOTAL 162 27 28 23 1 79

 

J'espérais donc vraiment que les séries allaient venir contre-carrer mon argumentation jusqu'à date mais malheureusement, c'est la même chose, quoique on retrouve 1 seul but différentiel au total en 2e période, ce qui ne vient pas vraiment confirmer grand chose, encore une fois c'est pas mal égal quelque soit la période, en saison ou en séries. Ici, sur 34 périodes possibles, c'est arrivé 14 fois, plus 1 seul but marqué en prolongation.

Mais on remarque également que les quelque fois où c'était le cas, c'était encore durant ses saisons en début de carrière, soit les saisons 1955-56 à 1958-59.



 
Donc c'est ça pour cette petite expérience de vérification historique et biographique. Je suis bien déçu parce que ça aurait vraiment été cool comme fait sur la grande carrière de cette légende. Mais finalement il était bon et dangereux, quelque soit la période où le temps de l'année... 

 

 

 

 

samedi 31 mai 2025

La remise de la Coupe en 1966


1966. Il y a toujours seulement six équipes. Les deux éternels mauvais de l’époque, New York et Boston, sont évidemment exclus des séries. Étonnamment, parmi les équipes qui participent ″au détail″ (comme on disait parfois à ce moment), le premier ne fait pas face au quatrième, mais au troisième, pendant que deuxième affronte le quatrième.

Montréal remporte la palme et balaie ensuite le troisième, Toronto. Dans l’autre série par contre, Détroit, quatrième, cause la surprise et élimine Chicago. On se retrouve donc avec une finale 1 (Montréal) contre 4 (Détroit).

Détroit démarre en lion en remportant les deux premiers matchs, au Forum, mais les Canadiens se mettent ensuite en marche, remportant les trois matchs suivants, incluant une victoire facile de 5-1 au match 5.

Le match 6 a lieu à l’Olympia de Détroit, où Montréal peut mettre fin aux hostilités. Le match est serré et se rend en prolongation.

Après deux minutes, Dave Balon est dans le coin et lance vers le devant du but. La rondelle atteint alors celui que Balon décrit comme le ″défenseur chauve″. (Gary Bergman. Considérant qu’il n’y a que six équipes, qu’on nous a souvent dit que les joueurs se connaissaient tous, j’ai trouvé cocasse que c’est ainsi que Balon a désigné Bergman.) Le disque frappe ensuite le genou d’Henri Richard pour ensuite aboutir dans le but.

Le gardien des Wings, Roger Crozier, proteste, arguant que Richard a compté avec sa main. L’arbitre Frank Udvari n’a pas voulu l’entendre, alors qu’au même moment, dans un début de chaos, des spectateurs qui apparemment venaient de Windsor, sautaient sur la patinoire.

À ce moment, le Trophée Conn Smythe (qui n’existait que depuis un an) est décerné suite à un vote des six gouverneurs. Par contre, ceux-ci ne parviennent pas à se rejoindre dans l’aréna. (Il n'y a évidemment aucun cellulaire.)  Lorsqu’ils y arrivent finalement, ils ne s’entendent pas au sujet  du vainqueur. Lassés d’attendre que le président Clarence Campbell se présente, Jean Béliveau et Jean-Claude Tremblay saisissent la Coupe et la transportent dans le vestiaire.

Sur place, il n’y a qu’une seule bouteille de champagne, alors qu’il y aurait eu une question de superstition en lien avec le fait d’acheter du champagne à l’avance pour un match sur la route. Toe Blake taquine plutôt Lucien Desrochers, publiciste, en affirmant que c’était son travail.

Terry Harper est le premier à se servir et il en laisse bien peu à ses coéquipiers. Gump Worsley, qui eut de très bonnes séries, en eut un peu, mais bientôt, il n’en reste plus pour le capitaine Jean Béliveau, celui qui avait compté le but décisif, Henri Richard, et les autres.

Clarence Campbell finit par se présenter sur la patinoire alors que la plupart des spectateurs ont déjà quitté. On s’attendait à ce que Béliveau, Worsley ou Jean-Claude Tremblay soit nommé récipiendaire du Conn Smythe. On opte plutôt pour Roger Crozier, qui avait joué un rôle certain dans le parcours surprenant des Wings, mais dont le choix est tout de même étonnant. Le gardien sort donc du vestiaire en nouant sa cravate et en attachant ses boutons de manchettes pour recevoir son trophée. Si la défaite de son équipe lui a fait passer un boni de 2000$ sous le nez, son Conn Smythe lui a tout de même valu 1000$ et une Ford Mustang. Tremblay, souvent sous-estimé au cours de sa carrière, fut déçu que sa très bonne performance passe encore sous le radar.

D’un point de vue télévisuel, disons qu’on a déjà fait mieux…  Les téléspectateurs devaient se demander ce qui se passait.

Sources :

Lalancette, Mikaёl, Jean-Claude Tremblay, Le magicien de la ligne bleue, Les Éditions de l’Homme, 2024, pages 93 à 96,

″Le soir de triomphe de Blake et de ses joueurs″ - Pollock, 6 mai 1966, La Presse, page 27,

″Je suis fier de mon équipe, même dans la défaite″, dit Syd Abel de Marcel Desjardins, 6 mai 1966, La Presse, page 28,

″Campbell n’a pu se rendre au centre de la patinoire″, GC, 6 mai 1966, La Presse, page 28,

″Canadiens Capture Stanley Cup In Overtime, Richard Goal Nips Wings 3-2″ de Pat Curran, May 6, 1966″, Montreal Gazette, page 33,

″MM. les magnats de la LHN (sic), où aviez-vous la tête?″ d’André Trudelle, 7 mai 1966, La Presse, page 18,

″Banquet, Sunday Parade Honor Champs, Toe Blake Seems Serious About Retiring As Coach″ de Pat Curran, May 7, 1966, Montreal Gazette, page 8.


vendredi 30 mai 2025

Toucher au trophée


 

 

Les Oilers et les Panthers se retrouvent de nouveau en finale et comme c'est la plate coutume depuis trop longtemps, il fallait attendre de voir si le capitaine allait toucher son trophée de conférence respectif. Du côté des Panthers, ils ont opté pour ne pas toucher au trophée Prince-de-Galles (après y avoir touché en 2023 et s'être abstenu en 2024). Pour les Oilers, Connor McDavid a touché au trophée Clarence Campbell cette année, alors qu'il s'était abstenu l'an passé.

Mais que c'est donc plate tout ça. 

Et en plus d'être devenu une tradition/superstition que je trouve idiote et qui enlève au spectacle, ça n'a vraiment aucune importance et ça n'affecte en rien le résultat ultime. Voici un tableau (très) scientifique de la chose, en se concentrant premièrement sur le trophée Campbell depuis la saison 1998-99, soit un échantillon de 25 saisons.


En résumé, les clubs n'ayant pas touché au trophée ont remporté 9 fois la Coupe Stanley et l'ont perdu 9 autres fois. Les clubs ayant «OSÉ» toucher au trophée ont perdu 3 fois en finale et l'ont emporté 4 fois.

Donc si cela sert à prouver quelque chose, même si ça ne prouve rien, c'est que le clan «TOUCHER au trophée» est meilleur que de ne pas y toucher, l'emportant par une seule instance.

Oui mais ça c'est seulement le trophée de l'ouest, me direz-vous. Ok. Allons voir dans l'est.



Alors dans l'est. Toucher au trophée a remporté 8 coupes et en a perdu 6. Pas touche en a gagné 4 et en a perdu 7.

Donc une autre victoire encore plus décisive du clan «Touches-y au christie de trophée». 

Faites comme Ovechkin qui a même pris l'avion avec en 2018:

 


Donc, si ça marche même pas, pourquoi cette superstition existe et comment ça a commencé? 

Dans ce documentaire de la coupe de 1993, Benoit Brunet explique qu'ils étaient tous fier d'y toucher et même de parader avec comme si c'était la Coupe Stanley. Même que chaque joueur a pu le prendre en paradant sur la glace. 


De nos jours, même si quelqu'un y touche, il s'agit bien probablement seulement du capitaine, qui accepte de le prendre une trentaine de secondes et de retraiter vite au vestiaire. Pas mal moins le fun...

Mais était-ce un cas isolé en 1993 d'assiter à autant de célébration? C'était tu juste Montréal qui est plus crinqué que le reste de la ligue comme d'habitude?

Et bien fouillons dans les années précédentes pour voir.

En 1991 à Pittsburgh, c'était semblable à Montréal, même encore plus le fun. L'année suivante, comme la série avait été remportée à Boston, la coutume de l'époque était que le club gagnant le reçoive dans leur vestiaire après la partie. 

 

 


Comme ici en 1990 avec les Oilers, alors qu'ils avaient remporté le trophée à Chicago. Dans leur cas, on voit pas mal moins d'excitation de leur part mais c'était compréhensible puisqu'ils l'avaient gagné 5 autres fois dans la décennie précédente...

 


Donc, partons du point de référence qu'est 1993 (et première saison de Gary Bettman en poste) et essayons de trouver à quel moment ça a vraiment changé.

En 1994, les Rangers et les Canucks ont tous touché à leur trophée respectif. Mais on peut déjà commencer à trouver des failles avec Trevor Linden qui échappe le couvercle du trophée (pourquoi c'est pas soudé ensemble?) en le soulevant. C'est peut-être à ce moment que la superstition a commencé à planter ses graines...

 
Je viens finalement de découvrir qui était à l'origine de cette superstition. Et comme lors de plusieurs moments  controversés qui ont changé le visage du hockey durant les années 90, il s'agit d'Eric Lindros...

 


1997 était la première année qu'une équipe fit un point d'honneur de ne pas toucher le trophée avec Eric Lindros, un habitué de refuser des trucs, qui ne fit que poser pour une photo avec le trophée en compagnie du gars de la ligue (même pas Bettman) avant de rejoindre ses coéquipiers.

Du côté de l'ouest, les Red Wings retournaient en finale après leur défaite de 1995 et y retouchèrent sans problèmes, en plus d'éliminer ensuite les Flyers en seulement 4 matchs.

Donc comme première instauration de la tradition, on pouvait dire que c'est râté. En 1998, les Red Wings y retouchèrent de nouveau, même chose pour leurs opposants, les Capitals.

 
Ensuite, ce sont les Sabres de 1999 qui perpétuèrent en deuxième cette tradition malfamée. Et encore une fois, aucun argument solide selon quoi cela porte chance puisque les Sabres perdirent la coupe en 6 matchs contre les Stars, le tout décidé par un but en prolongation controversé de Brett Hull.

 

Ensuite, tout le monde retrouva ses esprits et toucha au trophée dans chaque conférence de 2000 à 2002. Les Mighty Ducks d'Anaheim vinrent toutefois fucker la patente en 2003 en refusant de toucher au trophée Campbell, encore une fois dans une cause perdante. 0 en 3 jusqu'à date...

C'est en 2004 qu'on peut finalement voir un argument pour la cause puisque les champions, le Lightning, ne toucha pas au trophée, tandis que les Flames y touchèrent... OH!

 

Je crois que c'est à ce moment que la superstition est vraiment devenue mainstream. La saison suivante de 2006, après un lock-out en 2005 où vraiment personne ne toucha à rien, les deux clubs en finale, les Oilers et les Hurricanes, refusèrent de toucher au trophée, soit la première fois que cela se produisit dans les deux conférences en même temps. C'est sûr que quand aucun y touche, on peut pas dire que ça porte chance ou non...

On commença même à voir la nouvelle superstition dans la série de jeux vidéos NHL.

 

 

 

Ensuite, 2007 vint cimenter la légende de cette superstition/malédiction alors que les Sénateurs y touchèrent et perdirent, tandis que les Ducks n'y touchèrent pas (comme en 2003) et remportèrent les grands honneurs.

Mais, après avoir perdu en finale en 2008 sans avoir touché au trophée Prince de Galles, Sidney Crosby décida d'y toucher lors du rematch de 2009 et cette fois-ci, ils gagnèrent.


Ouais... On peut dire qu'il s'agissait pas d'une célébration comme en 1993. Il l'a pris dans ses mains, mais il l'a pas vraiment soulevé à bout de bras non plus, tandis que Malkin et Gonchar y touchèrent à peine et c'en était fini de ce protocole. Y'a des joueurs bantam qui sont plus contents que ça en recevant une médaille en plastique pour un tournoi à Chibougamau.

Bref c'est pas mal ça. Depuis, c'est plus ou moins la même chose, quelques équipes y touchent, d'autres non, et tout le monde fait semblant que c'est important pendant 2-3 jours. 

Les Penguins ont gardé l'habitude d'y toucher lors de leur double conquête de 2016 et 2017, même chose pour le Lightning qui y toucha lors de leurs trois participations consécutives de 2020 à 2022 terminant 2 en 3. 

Mais on peut vraiment dire que ces deux magnifiques trophées ont perdu leur lustre. En plus, le trophée Prince de Galles a été instauré en 1925, donc exactement 100 ans cette année, et personne en parle, quoique il n'a pas toujours eu la même fonction de mérite, étant d'abord décerné au champion de la division américaine de 1925 à 1937 et ensuite au champion de la saison régulière jusqu'en 1967.

C'est quelque chose de se rendre en finale, même si on perd. Comme ce cher Benoit Brunet l'a dit, ça arrive pas souvent, même jamais pour plusieurs joueurs. Je me rappelle de 2021 avec le Canadien. Même si je savais qu'ils allaient se faire détruire en finale, j'étais fier de cette présence en finale et la série de finale de conférence contre Las Vegas était épique. 

Au baseball et au football, on en fait pas mal plus une grosse affaire. Mais au hockey c'est la coupe ou rien. Et c'est un peu dommage.

 

lundi 26 mai 2025

Scott Bjugstad


 


Né à St.Paul au Minnesota le 2 juin 1961, Scott Bjugstad était un athlète multidisciplinaire dans sa jeunesse, excellant au tennis, soccer et hockey. Il fut même nommé sur l'équipe d'étoiles américaine junior de soccer en 1978. Cependant, l'appel du hockey était le plus fort et il réécrit le livre des records de son équipe secondaire en compagnie de son frère, Mike Bjugstad. Ailier droit de 6'1" et 185 livres, il gradua ensuite avec l'Université du Minnesota où il fut finaliste du trophée Hobey Baker en 1983. 

Continuant dans leur tendance à recruter du talent local, les North Stars en firent leur choix de 9e ronde (181e au total) en 1981. Après sa 4e année à l'université, il s'enrôla avec l'équipe américaine en vue des Olympiques de 1984. Malgré une équipe remplie de futurs talents dans la LNH comme Pat LaFontaine, Chris Chelios, Ed Olczyk et Al Iafrate, l'équipe américaine termina avec une décevante 7e place.

Le calendrier olympique terminé, Bjugstad termina la saison avec les North Stars et leur club-école à Salt Lake City. Il fit l'équipe à temps plein la saison suivante et obtint un modeste 11 buts et 4 passes. 

Cependant, en 1985-86, il fut muté à la gauche du premier trio avec Dino Ciccarelli et son compatriote Neal Broten. Ce dernier connut sa meilleure saison en carrière avec 106 points tandis que Ciccarelli en récolta 89. Pour sa part, Bjugstad explosa avec 43 buts et 33 passes pour 76 points, soit 61 de plus que la saison précédente. Son 43 buts était même un record d'équipe pour un ailier gauche, battu depuis.

Neal Broten devint le premier américain à passer la barre des 100 points en une saison en 1985-86

Est-ce que les North Stars s'étaient trouvé une nouvelle vedette offensive ou était-ce un feu de paille?

Et bien avec une pression considérable sur ses épaules en 1986-87, il ne put faire mieux que 4 buts et 9 passes en 72 matchs, perdant sa place sur le premier trio au profit de Brian Bellows. Il fut souvent laissé de côté et retourna une dizaine de matchs dans les mineures. Il se blessa également en fin de saison.


Il tenta de se ressaisir en 1987-88 et répondit avec 22 points lors de ses 28 premiers matchs, étant même de retour avec Broten et Ciccarelli. Cependant, il se déchira un ligament au genou en décembre, tenta de revenir quelques semaines plus tard, mais aggrava davantage sa blessure et sa saison fut terminée.

Il revint à temps pour le camp d'entraînement de 1988 mais son cauchemar continua alors que la blessure revint et il rata encore plusieurs semaines d'activités. Avant son retour au jeu, les North Stars décidèrent de s'en débarrasser. Ils l'envoyèrent alors aux Penguins en compagnie de Gord Dineen, en retour de Ville Siren et Steve Gotaas. 

Les Penguins espéraient le faire évoluer sur le trio de Mario Lemieux et en refaire un attaquant à redouter. Cependant, ce fut un fiasco alors qu'il n'obtint que 3 buts en 24 matchs. Ils l'envoyèrent donc dans les mineures à Muskegon mais il refusa de s'y rapporter, menaçant de prendre sa retraite. Les Penguins le libérèrent et il termina plutôt la saison à Genève dans la ligue Suisse.

Agent libre, il signa ensuite avec les Kings pour la saison 1989-90. Il accepta toutefois de se rapporter à leur club-école à New Haven et il y connut une excellente saison avec 47 buts et 21 passes en seulement 47 matchs. Mais en seulement 11 matchs à L.A. il ne put faire mieux qu'un but et 2 passes. 

Les deux saisons suivantes furent dans la même veine avec des aller-retours L.A/mineures à répétition et des statistiques médiocres dans la LNH. Ses blessures continuèrent également de persister. Une chirurgie fut de nouveau nécessaire à l'été 1992 mais il ne revint plus jamais dans la LNH. Après seulement 7 matchs dans les mineures à l'automne 1992, il prit sa retraite.

En 317 matchs dans la LNH, sa fiche fut de 76 buts, 68 passes pour 144 points.

Après sa retraite, il retourna au Minnesota où il entraîna plusieurs saisons au niveau secondaire, en plus d'ouvrir une école renommée en perfectionnement du lancer.

Son neveu Nick Bjugstad, fils de son frère Mike, fut choisi en première ronde par les Panthers en 2010. Il évolue présentement avec l'Utah après des passages avec les Penguins, le Wild, les Oilers et les Coyotes.

 

vendredi 23 mai 2025

Normand Baron


Le parcours de hockeyeur de Normand Baron est pour le moins étonnant.

En 1976-77, il s’est joint au Junior de Montréal. Dans cette équipe dirigée par Jacques Laperrière, on retrouve Marco Baron, Normand Dupont, Robert Picard et Mark Hardy. Normand Baron ne joue que 7 matchs, amassant un but et une passe et aucune minute de pénalité.

Il se dirigea ensuite vers le junior B et des circuits intermédiaires.

Il prit sa retraite du hockey en 1979, pour ensuite mettre son énergie dans le culturisme. Il y rencontra un succès certain, alors qu’il fut désigné Monsieur Montréal et Monsieur Province de Québec en 1981. Sa force ne faisait pas de doute, réussissant à soulever 600 livres au développé couché (bench press). Son physique lui permit également de travailler comme portier de discothèque.

Au printemps 1983, alors que les Canadiens furent rapidement éliminés par Buffalo, Baron estima que Guy Lafleur s’était fait trop brasser. Il offrit alors ses services aux Canadiens. Claude Ruel lui dit de maigrir de 25 livres et de revenir.

Comme il avait tenu parole, il se présenta au camp. Ayant été inactif au hockey depuis un moment, sa présence suscita la curiosité. Ça ne l’empêcha pas d’affirmer qu’il était là pour prendre le poste de Chris Nilan. On l’envoya finalement à Halifax rejoindre les Voyageurs de la Nouvelle-Écosse de la Ligue américaine. Il y présenta une fiche respectable de 11 buts et 11 passes en 68 matchs. Quant à son total de minutes de pénalité, il se chiffra à 275, le troisième plus élevé de la ligue.

Il fut rappelé en mars, alors que Chris Nilan avait fait preuve d’indiscipline. Il joua son premier match le 25 à New York, contre les Rangers.

Le 29 mars, dans un match contre Québec, il avait dit qu’il n’aimait le style de Dale Hunter et qu’il lui dirait sur la glace. Il a plutôt pris une pénalité d’indiscipline pour double-échec contre lui. Dans une victoire facile des Nordiques, Michel Bergeron dit que c’était décevant de devoir recourir à de tels joueurs. En pleine rivalité, on fit des comparaisons avec Jimmy Mann, que les Nordiques avaient acquis le mois précédent, qui vient aussi de Verdun et qui était l’ami de Baron dans la vie.

Il demeure que Mann avait un parcours de hockey plus étoffé que celui de Baron et Serge Savard fut critiqué d’avoir eu recours à ses services, alors qu’il avait déjà dit qu’il faudrait nettoyer le hockey.

En bout de ligne, il joua 4 matchs en saison régulière, pour un total de 12 minutes de pénalité. En séries, il participa aux trois matchs du premier tour contre les Bruins, mais il ne joua plus par la suite. C’est donc dire que Baron, tout comme Mann, n’était pas en uniforme lors du match du Vendredi Saint, contre les Nordiques en deuxième ronde.

Au camp de 1984, Nilan montra qu’il était définitivement un meilleur joueur de hockey et Baron fut envoyé aux Canadiens de Sherbrooke.

En Estrie, il eut des différents avec l’entraîneur Pierre Creamer, parce qu’il ne voulait pas seulement se battre, affirmant qu’il avait eu de bons résultats avec Serge Boisvert et Randy Bucyk. Il passa finalement l’année en entier avec Sherbrooke et fit partie de l’équipe qui remporta la Coupe Calder.

En septembre 1985, il fut échangé aux Blues contre un montant d’argent.

Après avoir débuté la saison dans l’IHL, il fut rappelé en décembre et marqua son premier but le lendemain de Noёl contre Murray Bannerman des Blackhawks. Son deuxième et dernier but fut quant à lui compté contre Mark Laforest, des Red Wings. Ce furent ses seuls points en carrière. En 23 matchs avec St-Louis, il accumula 49 minutes de pénalité.

C’est ainsi que se termina le parcours atypique de Normand Baron dans le hockey.

Par après, il s’est ouvert un gymnase pour culturistes à Verdun, pour ensuite travailler de nombreuses années à Postes Canada. Il est maintenant à sa retraite.

Pour ceux que ça intéresse, il a composé le Blues des Glorieux.

Sources:

″Un matamore veut le poste de Nilan″ de Bernard Brisset, 9 septembre 1983, La Presse, page S4,

″«L’homme le plus fort que j’aie vu dans le hockey» - André Boudrias″ de Bernard Brisset, 22 mars 1984, La Presse, page S4,

″Baron : «Pas besoin de me dire quoi faire»″ de Ronald King, 23 mars 1984, La Presse, page S3,

″Where’s Baron of Beef? Nordiques put him in cooler″ de Herb Zurkowsky, March 30, 1984, Montreal Gazette, page C1,

″Que fait Savard dans ce cirque?″ de Claude Larochelle, 31 mars 1984, Le Soleil, page C1,

″Normand Baron: rêve fini?″, PC, 31 mars 1984, Le Soleil, page C3,

″Baron : «Je peux tenir mon bout sur une ligne»″ de Richard Hétu, 21 septembre 1984, La Presse, page S2,

″Normand Baron victime de sa propre force″ de Pierre Turgeon, 19 janvier 1985, La Tribune, page S9,

″Les ex-Glorieux font d’excellents Blues″, AP, 27 décembre 1985, La Presse, page S7,

″Offrir une voiture sport à un enfant de 16 ans..″ de Tom Lapointe, 17 février 1987, La Presse, page S6,

″Que sont-ils devenus?″ de Michel Beaudry, 20 septembre 2021, Journal de Montréal (journaldemontreal.com),

hockey-reference.com.