Comme c'est la semaine de la Coupe Grey, voici un billet au sujet de l'une de ses plus célèbres éditions, le Ice Bowl.
En 1977, les Alouettes sont dans une période heureuse. Dirigés de main de maître par Marv Levy, l’équipe a remporté la Coupe Grey en 1974 et atteint la finale en 1975. Malgré une saison un peu décevante en 1976, l’équipe s’est bien reprise l’année suivante avec une fiche de 11-5 et une première place dans l’est.
Dans les estrades aussi les choses vont bien. En fait, elles sont au sommet. Suivant les Olympiques, les Oiseaux ont terminé leur saison 1976 dans le tout nouveau stade. Il est vaste, moderne et confortable. Finis le vent et le froid associés à l’Autostade (voir texte du 24 mars 2010), le mal aimé. (Qui soit dit en passant, était situé à peu de chose près à l'endroit où certains voudraient construire un hypothétique stade de baseball...) Alors que le stade était depuis quelques années un handicap pour les Alouettes, il devient depuis le déménagement un atout. On veut le voir, tout comme on veut voir l’équipe sur le terrain. Avec comme résultat que les foules sont considérables pour les matchs de football. Au cours de la saison 1977, les Alouettes attirent en moyenne 59 067 spectateurs par match.
En finale de l’est, les Alouettes reçoivent Ottawa, qui leur donne une forte opposition. Les Oiseaux l’emportent quand même, 21-18.
Comme par hasard, la Coupe Grey doit être disputée à Montréal. De l’autre côté, on retrouve de vieilles connaissances. Pour la sixième fois (incluant les deux dernières présences en finale de 1974 et 1975), les Alouettes disputeront la Coupe aux Eskimos d’Edmonton.
Les Eskimos ont de leur côté remporté la division ouest, mais avec une fiche légèrement inférieure aux Alouettes, 10-6. Ils ont aussi perdu leur seul duel face à Montréal, 25-20.
En finale de division, ils ont écrasé les Lions, 38-1.
Le jour du match, il n’y a pas que le football qui retient l’attention. D’abord, il y a grève des transports en commun dans la métropole. Et comme si ce n’était pas encore assez, il y a eu une tempête de neige deux jours auparavant. La situation complique évidemment les déplacements des spectateurs, d’autant plus que ceux-ci sont plus nombreux que jamais. Au total, 68 318 personnes franchissent les tourniquets. Il s’agit encore à ce jour de la foule la plus importante pour un match de la Coupe Grey.
Mais la neige complique également l’aspect football. Pour faire fondre la neige (il n'y avait toujours pas de toit), du sel avait été répandu sur la surface. Suite à la baisse de la température, la neige fondue a regelé, ce qui a créé une fine couche de glace sur la surface synthétique du Stade Olympique, et la rendit aussi glissante qu’une patinoire.
Les joueurs se demandent alors quoi utiliser pour se chausser. Différentes solutions sont envisagées, incluant différents types de crampons, et même des souliers de ballon balai. Plusieurs se sont finalement tournés vers des crampons d’acier.
C’est alors que Tony Proudfoot, le demi défensif des Alouettes, aperçoit une brocheuse industrielle et qu’une idée lui passe par la tête. En envoyant des broches dans ses crampons, il peut améliorer de beaucoup sa traction sur la surface, autrement peu praticable. Comme son test est concluant, il refile le tuyau à ses coéquipiers. Plus le match avance et plus la solution de Proudfoot fait ses preuves, et plus de joueurs l’adoptent.
En première demie, alors qu'il y a plusieurs revirements, les seuls points marqués sont l’œuvre des botteurs. Don Sweet réussit trois placements et un simple pour les Alouettes. Dave Cutler en réussit un pour les Eskimos. La marque est de 10-3.
De retour au jeu, la différence est frappante. Pendant que les Eskimos glissent, les Alouettes parviennent à exécuter leurs jeux.
Le joueur du match (pour une troisième fois), Sonny Wade réussit des passes de touchés à Peter Dalla Riva (voir texte du 13 juillet 2015), John O’Leary et Bob Geddis. Don Sweet ajoute trois placements et un simple. Son total de 23 points lui vaut un record et le titre de joueur canadien du match.
Finalement, c’est un massacre. Les Alouettes remportent la Coupe Grey, 41-7.
L’année suivante, tout est en place pour une revanche, puisque les deux mêmes équipes s’affrontent, toujours au Stade Olympique. Par contre, Marv Levy, qui est maintenant avec les Chiefs à Kansas City, ne dirige plus les Alouettes.
Le résultat est toutefois bien différent. Les Eskimos l’emportent 20-13, dans ce qui sera la première de cinq Coupes Grey consécutives.
Sources : Januska, Michael, Grey Cup Century, Dundurn, 2012, p.163-167,
« Proudfoot, Alouettes staples Esks on icy home turf » (cfl.ca/greycupcentral), wikipedia.org.
Initialement publié sur bottedenvoi.blogspot.ca
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