
Le défenseur Roger «Broadway» Jenkins est né 18 novembre 1911 à Appleton au Wisconsin. Sa famille déménagea toutefois à Port Arthur en Ontario lorsqu'il n'avait que trois ans.
Après avoir joué son junior à Thunder Bay et une saison senior à Edmonton, il devint la propriété des Black Hawks pour la saison 1930-31. Cependant, les Black Hawks le prêtèrent aux Maple Leafs avant que la saison commence et c'est donc avec Toronto qu'il fit ses débuts professionnels. Après 21 matchs avec les Leafs, il fut retourné à Chicago pour finir cette première saison où il n'obtint qu'une seule passe.
La saison suivante, il fut recalé avec les obscurs Tigers du Bronx de la Canadian-American Hockey League, l'ancêtre de la AHL moderne. Les Tigers n'existeront que durant cette seule saison 1931-32. La saison suivante, Jenkins fut rapatrié à Chicago où il joua enfin une saison complète et récolta de bonnes statistiques avec 3 buts et 10 passes en 46 matchs, soit le meilleur rendement chez les défenseurs de l'équipe. Il évoluait aussi parfois comme attaquant.
En 1933-34, il joua encore toute la saison à Chicago, mais n'obtint que 4 points. Il fut toutefois en poste durant l'entièreté des séries éliminatoires et aida le club à remporter sa première Coupe Stanley. Avant que les séries commencent, Jenkins avait parié avec le gardien des Hawks Charlie Gardiner que s'ils gagnaient la coupe, il paraderait Gardiner en brouette dans les rues de Chicago lors de la parade.
Jenkins tint parole.
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Jenkins transportant Charlie Gardiner lors de la parade de 1934 |
Gardiner devint le seul gardien capitaine à remporter la Coupe Stanley dans l'histoire de cette dernière. Cependant, il souffrait d'une infection aux amygdales depuis deux saisons, et jouait constamment malgré la douleur, la fatigue et même des convulsions. Il dut même quitter le match décisif en finale contre les Red Wings, après la 3e période toujours avec une égalité de 0-0. Le match se termina en 2e période de surtemps sur un but de Mush March (tout un nom). Gardiner remporta également le Vézina cette saison-là. Malheureusement, son infection prit de l’ampleur et il mourut d'une hémorragie cérébrale deux mois après avoir été transporté en brouette par Jenkins.
Lors de l'entre-saison 1934, Jenkins fut impliqué dans une méga transaction alors que la légende du Canadien Howie Morenz prit (dans la controverse) le chemin de Chicago. En retour de Morenz, du gardien Lorne Chabot et du défenseur Marty Burke, le Canadien obtint l'excellent Lionel «Big Train» Conacher, l'attaquant Leroy Goldsworthy ainsi que Jenkins. Conacher fut toutefois échangé aussitôt aux Maroons où il avait déjà joué dans le passé.
Jenkins continua donc sa carrière avec le CH et obtint 4 buts et 6 passes en 1934-35. Il fut toutefois échangé à prix fort après cette seule saison, cette fois-ci aux Bruins. En retour de seulement Jenkins, le CH obtint le controversé et excentrique Jean Pusie et aussi le défenseur Walt Buswell qui jouera 5 solides saisons avec le faible club montréalais.
Donc Jenkins joua en 1935-36 pour un cinquième club différent en six saisons (en incluant les Tigers du Bronx). Il récolta 8 points en 42 matchs.
Mais, encore une fois, il fut impliqué dans une autre transaction d'importance avant la saison suivante. Cette fois-ci, il retourna avec le Canadien en compagnie du légendaire Babe Siebert. En retour, les Bruins rapatrièrent Leroy Goldsworthy, en plus de mettre la main sur Sammy McManus ainsi qu'un montant de 10 000$.
Cependant, les Canadiens n'avaient que très peu de plan pour ce deuxième séjour de Jenkins. Ils le firent jouer 10 matchs sans histoire avant de le laisser languir dans les gradins. Il fut finalement libéré à la mi-décembre 1936. Le soir même, les Maroons lui firent signer un contrat d'urgence pour colmater leur défense. Mais ce ne fut que son seul et unique match avec les Maroons et il fut également laissé de côté pour les prochains matchs. Il fut finalement prêté aux Americans de New York, son 3e club de la saison. Il est d'ailleurs un des premiers joueurs de l'histoire de la ligue à avoir joué pour trois équipes durant le même calendrier.
Libéré par les Americans après la saison, il débuta ensuite celle de 1937-38 sans contrat. Il fut toutefois signé quelques semaines plus tard par son premier club, les Black Hawks. L'air de Chicago sembla parfaitement lui convenir puisqu'il retrouva finalement son aplomb, obtenant 9 points en 37 matchs, et aidant de nouveau l'équipe à remporter la Coupe Stanley. Cette fois-ci il fut un contributeur majeur en séries, obtenant 6 points en 10 matchs.
Les Hawks de 1938 sont souvent considérés comme un des pires clubs à avoir remporté la Coupe. Le club avait raté les séries l'année précédente et s'étaient faufilé en séries avec une fiche de 14 victoires, 25 défaites et 9 nulles, ce qui était quand même bon pour la dernière position donnant accès aux séries dans leur division. Sur leur chemin, ils éliminèrent d'abord les Canadiens, et ensuite les Americans en deuxième ronde, soit deux clubs ayant abandonné dans le cas de Jenkins la saison précédente. Ils éliminèrent ensuite les Leafs en 4 matchs (d'une série 3 de 5). Les Leafs étaient également une ancienne équipe de Jenkins, mais comme vous pouvez voir, il a pas mal joué partout...
Leur pourcentage de victoire de .291 en saison demeure à ce jour un record pour un club champion de la coupe. Ils sont également le club champion ayant le moins de membres du temple de la renommée, seulement un en fait, le défenseur Earl Siebert.
Et encore une fois, j'imagine par tradition, Jenkins avait fait le pari avec le gardien des Black Hawks, cette fois-ci Mike Karakas, qu'il le transporterait en brouette. Je n'ai pas trouvé de photo cette fois-ci, seulement cette coupure de journal.
Les Black Hawks de 1938 étaient également l'équipe avec les plus de joueurs nés aux États-Unis ayant leur nom gravé sur la coupe avec 8 joueurs, incluant Jenkins.
Suite à cette deuxième coupe pour Jenkins (et les Hawks), il débuta la saison suivante à Chicago mais fut libéré après 14 matchs. Il fit alors un énième retour avec une ancienne équipe, en retournant avec les Americans de New York. C'est avec eux qu'il termina son parcours dans la LNH. Et son dernier match en saison régulière ne fut même pas complété en tant que patineur. Lors du dernier match de la saison des Americans contre les Rangers, le gardien Earl Robertson se blessa durant la deuxième période. N'ayant aucun substitut, ce fut Jenkins qui fut délégué pour remplacer Robertson. Alors qu'ils tiraient déjà de l'arrière 4-2, Jenkins alloua 7 buts et les Americans perdirent ce match 11-5, soit leur pire défaite de la saison. Ils atteignirent toutefois les séries mais s'inclinèrent en 2 matchs contre les Maple Leafs.
La saison suivante, Jenkins fut vendu aux Indians de Springfield de Eddie Shore dans la AHL. Après une saison à Springfield, il joua trois ans avec les Bears de Hershey et fut élu au passage sur l'équipe d'étoiles en 1942-43. Il mit ensuite le cap vers l'ouest pour terminer sa carrière dans les niveaux mineurs de l'ouest nord-américain. Il joua d'abord la saison 1943-44 avec les Iron Workers de Seattle de l'obscure Northwest International Hockey League, ligue purement amateure qui jouait seulement les dimanches... La NIHL se renomma sous le nom de la Pacific Coast Hockey League la saison suivante. Jenkins suivit, cette fois-ci avec les Stars de Seattle. Il joua ensuite pour les Ironmen de Seattle et termina finalement sa longue carrière en 1948 après deux saisons avec les Rockets de Tacoma.
En 327 matchs dans la LNH, sa fiche fut de 15 buts et 39 passes pour 54 points. Il aura joué pour 6 clubs de la LNH, à une époque où l'on comptait entre 7 et 10 équipes par saison. Les seuls clubs où il n'aura pas joué durant son passage furent les Rangers, les Red Wings, les Quakers de Philadelphie (1930-31) et les Senators d'Ottawa/Eagles de St.Louis,
Donc malgré une carrière assez anonyme, il aura tout de même laissé sa trace particulière, obtenant au passage deux coupes Stanley et ayant été impliqué dans plusieurs transactions majeures de l'époque. On peut dire qu'il a roulé sa brouette...