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jeudi 29 juin 2023

Repêcher Anton Šťastný


L’histoire des frères les Šťastný est assez connue. Ce quasi-roman d’espionnage bien ancré dans la période de la guerre froide et qui passe par l’Autriche a été bien documenté, en plus d’avoir été l’objet d’un livre du journaliste Robert Laflamme en 2012. La partie repêchage de l’histoire est toutefois un peu moins connue.

À ce moment, on regardait peu du côté de l’Europe pour former son équipe ou pour repêcher. À part quelques rares exceptions, presque exclusivement des suédois et des finlandais, on se limitait au Canada. Même les américains étaient rares. Alors pour ce qui est des joueurs des pays situés derrière le rideau de fer, qui n’étaient pas libres de quitter leur pays librement, on parle ici de quelques curiosités ici et là. Avant 1978, seulement les Flyers avaient choisi un soviétique au repêchage, en 1975, Viktors Hatulevs.

Les Canadiens avaient tenté le coup à ce même encan de 1978 avec un lointain choix de 12e ronde (201e au total) pour choisir le soviétique Vyacheslav Fetisov. À ce moment, Sam Pollock avait justifié ce choix inusité en évoquant le fait que les tchécoslovaques pensaient peut-être éventuellement laisser aller leurs vétérans jouer à l’étranger. Ainsi, qui sait ce qui pourrait se passer en URSS. C’était très hypothétique et vraiment une bouteille à la mer.

Outre Fetisov, seulement un autre soviétique a été sélectionné ce jour-là. Pour ce qui est des tchécoslovaques, il y a d’abord eu Ladislav Svozil, choisi par Détroit au 194e rang. Puis, quatre rangs plus tard, il y a eu Anton, qui est ainsi devenu le premier à être repêché du côté slovaque. Toutefois, en 1978, les Nordiques sont toujours dans l’AMH. Ce ne sont donc pas eux qui l’ont choisi. Ce sont les Flyers, qui avaient un œil sur les frères. Par contre, parmi les trois frères que nous avons connus avec les Nordiques (il y a aussi deux autres frères plus vieux que Marián, Peter et Anton), les deux plus vieux n’ont jamais été repêchés. À ce moment, Marián avait déjà 25 ans et Peter en avait 21 ans. À cette époque, l’âge de sélection était fixé à 20 ans.

Par contre, il y a eu confusion au sujet de l’âge d’Anton. Lorsqu’on réalisa qu’il n’avait que 19 ans, sa sélection fut invalidée.

En 1979, l’AMH est dissoute et les Nordiques font partie des quatre équipes (avec Edmonton, Hartford et Winnipeg) à être absorbées par la Ligue nationale. Les conditions d’admission sont par contre difficiles. Les nouveaux venus parviennent quand même à faire du marchandage pour pouvoir conserver certains de leurs joueurs (et ainsi éviter de devoir les retourner à l’équipe de la LNH à qui ils appartenaient). Par contre, elles ont définitivement besoin de profondeur.

Quand arriva leur premier repêchage, les Nordiques volèrent la vedette en manigançant pour mettre la main sur Michel Goulet au premier tour.

Au deuxième tour, le choix de Dale Hunter s’est avéré des plus judicieux. Au troisième, Lee Norwood est devenu un bon choix, bien que son passage à Québec ne représente qu’une petite partie de sa carrière.

C’est alors que lorsque vint la quatrième ronde, au 83e rang, Québec rechoisit Anton Šťastný. À ce moment, le choix d’un inaccessible tchécoslovaque par les Bleus parut alors plutôt incongru. Les besoins étaient pressants. Était-ce vraiment le temps d’aller à la pêche?

Évidemment, dans les journaux de l’époque, on parle beaucoup plus du coup fumant de Michel Goulet que de cet étonnant choix de quatrième ronde. Toutefois, il est intéressant de constater qu’à Montréal, dans La Presse, il a été reçu avec incompréhension, où l’on parla d’un coup d’épée dans l’eau, alors qu’à Québec, dans Le Soleil, on laissa le bénéfice du doute. On se disait qu’il y avait sûrement une raison pour justifier ce choix.

Il faudra attendre un an plus tard, en août 1980, pour que cette sélection finisse finalement par rapporter des dividendes, alors qu’un stratagème pour le moins audacieux permit de faire venir Peter et Anton. Après avoir pâti de la défection de ses frères, Marián ira les rejoindre un an plus tard.

Anton a joué 650 matchs dans l’uniforme fleurdelysé, amassant 252 buts, 384 passes, pour un total de 636 points.

Sources :

"Le Canadien choisit un Soviétique" de Bernard Brisset, 16 juin 1978, Montréal-Matin, page 70,

"Les Nordiques crient victoire" de François Béliveau, 10 août 1979, La Presse, page B1,

"Une sélection planifiée pour l’avenir" de Maurice Dumas, 10 août 1979, Le Soleil, page B1,

"Un nouveau livre sur la défection des Stastny" de Marc Delbès, La Presse Canadienne, 23 avril 2012, La Presse, (lapresse.ca),

hockeydraftcentral.com.

mercredi 28 juin 2023

La goinfrerie des Canadiens au repêchage de 1978


De nos jours, le nombre de rondes à une séance de repêchage est clairement défini. Comme l’an dernier, celle de 2023 aura sept rondes. Si une équipe arrivait au bout de sa liste, elle pourra toujours échanger son choix contre autre chose.

Cette façon de faire n’a pas toujours été celle en vigueur. Auparavant, les équipes pouvaient repêcher autant qu’elles le voulaient. On continuait tant que quelqu’un n’avait pas terminé.

Le record pour le nombre de tours appartient aux Capitals. À leur première séance, en 1974, avec en perspective un repêchage d’expansion particulièrement pauvre, Washington a continué pendant 25 rondes. Ce magasinage de soldes fut toutefois décevant et n’empêcha toutefois pas les Capitals de devenir la pire équipe d’expansion de l’histoire.

Si le record ne leur appartient pas, les Canadiens avaient quand même habitude pendant ces années de demeurer pratiquement jusqu’à la fin. Par contre, en 1978, ils étaient vraiment les derniers à la table.

Remettons-nous dans le contexte. En 1978, Montréal est le champion en titre des 3 dernières Coupes Stanley et de 9 des 14 dernières années. Le club-école, les Voyageurs de la Nouvelle-Écosse, avait gagné la Coupe Calder en 1976 et en 1977. Le directeur-gérant Sam Pollock empilait déjà les choix depuis des années et plusieurs prospects, malgré leur talent, ne parvenaient pas à se faire une place, tellement il y avait embouteillage.

Le Tricolore ne souffrait donc vraiment pas d’un manque de profondeur. Mais est-ce par arrogance (chaque choix coûtait quelque chose, mais en tant qu’équipe riche, peut-être que ça l’indifférait) ou peut-être est-ce parce que Pollock avait un petit côté acheteur compulsif, mais il ne semblait pas pouvoir s’arrêter.

À partir de la 12e ronde (où Montréal a choisi un soviétique, Vyacheslav Fetisov, alors complètement hors d’atteinte à cause du contexte politique de l’époque), plusieurs équipes ont plié bagage.

En 15e ronde, il ne restait que les Rangers (qui s’arrêtèrent là), les Red Wings (dans une période difficile et qui cherchaient probablement des aubaines) et les Canadiens.

En 16e ronde, Pollock était tellement convaincu qu’il avait le plancher à lui seul qu’il choisit Brian Crawley de l’Université St.Lawrence. Détroit protesta, mentionnant que c’était son tour. Peut-être était-ce par orgueil, mais les Wings choisirent aussitôt ce même Crawley, qui ne joua jamais un seul match dans les mineures, encore moins dans la Ligue nationale.

Détroit effectua une dernière sélection en 17e ronde, avant de finalement laisser la place à Montréal.

Pollock resta seul pendant cinq autres tours, jusqu’au 22e. Le plus étonnant dans tout ça est que ce diable de Pollock a tout de même trouvé le moyen de dénicher des joueurs de la Ligue nationale avec ces cinq dernières sélections faites en solo, dans un repêchage autrement ordinaire (le joueur ayant eu le plus d’impact pour Montréal fut Keith Acton, choisi en 6e ronde).

Il y a d’abord eu l’homme fort Chris Nilan, choisi en 19e ronde et qui se passe de présentation pour tous ceux qui ont suivi les Canadiens dans les années 1980.

L’autre est Louis Sleigher. Si le gaspésien a plutôt choisi d’accepter l’offre des Bulls de Birmingham de l’AMH, il est plus tard revenu hanter les Canadiens. En 1979, à la dissolution des Bulls et de l’AMH, ils n’ont pas jugé bon le rapatrier, le laissant ainsi libre de signer avec les Nordiques. Bien que sa carrière soit loin de se résumer à cette soirée, on se souvient de son rôle dans le match du Vendredi Saint. Il joua aussi plus tard avec un autre grand rival, Boston.

Dans les journaux de l’époque (entre autres La Presse, le Montréal-Matin et la Gazette, alors que Le Soleil et La Tribune étaient en grève), on fit peu de cas de ce fait. Seulement Le Nouvelliste mentionna brièvement l’hyperactivité de la Sainte Flanelle. La nouvelle du jour concernait plutôt la sélection inattendue de Daniel Geoffrion, le fils de Boum Boum, au premier tour et un peu celle du soviétique, Fetisov.

Les méthodes d’écureuil de Pollock allèrent même jusqu’à décourager certains élus. Ron Carter, des Castors de Sherbrooke et choisi en 2e ronde, se posa la prophétique question de quand allait-il pouvoir jouer là? Il ne joua effectivement jamais à Montréal, se contentant de deux matchs avec les Oilers.

Étonnamment, ce ne sont pas les Canadiens qui ont repêché le plus de joueurs lors de cette journée. Par contre, les Blues de St-Louis utilisèrent une autre stratégie que Montréal pour s’approprier le micro à répétition. L’équipe qui avait pourtant frôlé la faillite avant d’être rachetée pour ses dettes à peine un an plus tôt s’est mise à acheter une multitude de choix d’équipes qui avaient cessé de repêcher à partir de la 9e ronde, répétant le même manège jusqu’en 14e. Au total, ils choisirent 31 joueurs, un record qui ne sera probablement jamais battu. Seulement cinq d’entre eux jouèrent dans la Ligue nationale et Wayne Babych (choisi troisième au total) fut le seul qui eut un quelconque impact dans leur uniforme.

La ligue mit un peu d’ordre dans ce fouillis l’année suivante en changeant les règles et en déterminant le nombre de rondes à l’avance. Mais à ce moment, Pollock avait cédé sa place à Irving Grundman.

Sources :

"Canadiens très actifs" de Michel Lajeunesse, 16 juin 1978, Le Nouvelliste, page 17,

"Pollock repêche un «Russe»" de Robert Martin, 16 juin 1978, Le Nouvelliste, page 17,

"«Gingras, un vrai choix de 1ère ronde – Irving Grundman»" de Bernard Brisset, 10 août 1979, La Presse, page B1,

hockeydb.com, hockeydraftcentral.com, wikipedia.org.


mardi 27 juin 2023

Les prix LVEUP 2022-23

 


 
Re-bienvenue à une autre édition des prix et trophées LVEUP.
 
Si vous êtes nouveau ici, et bien les prix LVEUP sont un peu l'antithèse des prix remis par la LNH. Ici, on en a rien à foutre des marqueurs de buts et des joueurs gentilshommes. Nous, on récompense la médiocrité, la violence et les statistiques peu flatteuses. Pour voir les anciennes éditions des années précédentes, cliquez ici.

Voici maintenant sans plus tarder, les prix LVEUP 2022-23!


Le Dave Schultz Memorial Trophy

Encore une fois cette année, La Vie Est Une Puck est très fière de vous présenter son trophée original: le Dave Schultz Memorial Trophy, remis annuellement au joueur ayant accumulé le plus de minutes de pénalités durant la saison régulière. Si, comme nous, vous vous ennuyez du temps où les meneurs au chapitre des minutes de pénalité avaient droit à une carte de hockey soulignant cet exploit, voici votre revanche. 
 
Ce trophée porte le nom de celui qui détient toujours le record de minutes de pénalité en une saison dans l'histoire de la NHL, Dave "The Hammer" Schultz. Ce grand matamore des Broad Street Bullies passa 472 minutes au banc des pénalités lors de la saison 1974-75, deuxième année où les Flyers remportèrent la Coupe Stanley à coups de dents pétées et de côtes arrachées! Ce n'est donc pas un enfant de chœur qui se mérite ce trophée!

Les précédents gagnants :
2021-22 : Mark Borowiecki (151)
2020-21 : Tom Wilson (96)
2019-20 : Evanger Kane (122)
2018-19 : Evander Kane (153)
2017-18 : Michael Haley (212)
2016-17 : Mark Borowiecki (154)
2015-16 : Derek Dorsett (177)
2014-15 : Steve Downie (238)
2013-14 : Tom Sestito (213)
2013 : Colton Orr (155)
2011-12 : Derek Dorsett (235)
2010-11 : Zenon Konopka (307)
2009-10 : Zenon Konopka (265)


And the winner is :
 
Pat Maroon (150 minutes)
 
Une certaine surprise ici comparativement aux années précédentes où c'était des noms assez habituels; Kane, Wilson, Borowiecki, etc. C'est donc Patrick Maroon qui sort de nulle part cette année pour se mériter le trophée Schultz avec seulement 150 minutes, soit le plus bas total de l'histoire de ce trophée pour une saison complète.

Il a devancé des noms notables comme Nicolas Deslauriers à 136 minutes et ensuite les frères Tkachuk, Brady à 126 et Matthew à 123.



Le Bill Mikkelson Trophy


La Vie Est Une Puck est fière de vous présenter à nouveau le Bill Mikkelson Trophy, remis au joueur ayant accumulé le pire différentiel durant la saison régulière, donc le joueur le plus mal sur-utilisé de la Ligue nationale. 
 
Ce trophée est nommé en l'honneur du célèbre Bill Mikkelson qui, lors de la saison inaugurale des Capitals de Washington en 1974-75, termina la saison avec un impressionnant différentiel de -82. Il faut dire qu'il s'agissait de la pire équipe de l'histoire du hockey moderne. Ce résultat est d'autant plus impressionnant en sachant que Mikkelson joua seulement 59 matchs lors de cette fameuse saison. Sachez également que deux saisons auparavant avec un autre club d'expansion, les Islanders de New York, Mikkelson accumula un autre bon différentiel de -54 en 72 matchs. Il avait donc réussi a améliorer son score. 

Les précédents gagnants :
2021-22 : Keith Yandle (-47)
2020-21 : Rasmus Dahlin (-36)
2019-20 : Andreas Athanasiou (-46)
2018-19 : Rasmus Ristolainen (-41)

2017-18 : Nick Leddy (-42)
2016-17 : Tyson Barrie et Matt Duchene (-34)
2015-16 : Mikkel Bodker (-33)
2014-15 : Nail Yakupov (-35)
2013-14 : Alexander Edler (-39)
2013 : Erik Gudbranson et Brian Campbell (-22)
2011-12 : Milan Jurcina (-34)
2010-11 : Chris Philips (-35)
2009-10 : Patrick O'Sullivan (-35)

And the winner is :
 

Andrew Peeke (-41)


WTF is that? Je sais pas trop mais ce Andrew Peeke du Columbus a bien profité de la saison de crotte des Blue Jackets et leur fond de conférence pour se procurer un premier trophée Mikkelson. Choix de deuxième ronde de l'équipe en 2016, ce défenseur en était à sa deuxième saison complète dans la grande ligue. Fait amusant, il a terminé à -4 en 2019-20, ensuite -14 en 2020-21. C'était donc logique d'inverser les chiffres cette année et de finir à -41.
 
Il a devancé Seth Jones des Blackhawks et Jordan Kyrou des Blues, ex-æquo au deuxième rang avec -38.
 

Le Gary ''Suitcase'' Smith Trophy
 

Voici bien sûr le Gary "Suitcase" Smith Trophy, remis annuellement au gardien ayant enregistré le plus de défaites en saison régulière. On ne se mérite pas le surnom "Suitcase" pour rien, ça veut dire qu'on s'est promené beaucoup. Et c'est ce que Gary Smith fut, un mauvais gardien de but, à bien des mauvais endroits, à bien des mauvais moments.  Lors de la saison 1970-71, alors qu'il évoluait pour les Golden Seals de la Californie, Smith établit un record toujours inégalé avec rien de moins que 48 défaites en saison régulière…

Il faut dire que jouer pour les Golden Seals de la Californie, l'une des plus risibles équipes de l'histoire de la LNH, au début des années 70, n'aidait pas à faire de vous un grand gardien, mais de là à terminer la saison avec 48 défaites… Il n'était pourtant pas aussi mauvais que la légende le raconte, car en 1971-72, il remporta avec les Black Hawks le trophée Vézina en compagnie de Tony Esposito à une époque où ce trophée était remis au(x) gardien(s) ayant la plus basse moyenne durant la saison régulière. Il fut également nommé MVP des Canucks deux années de suite et finaliste au trophée Hart en 1975...

Comme quoi on retrouve aussi malgré tout de bons gardiens au mauvais endroit au mauvais moment…
 
Les précédents gagnants :
2021-22 : Karel Vejmelka (32)
2020-21 : John Gibson (19)
2019-20 : John Gibson (26)
2018-19 : Devan Dubnyk (28)
2017-18 : Cam Talbot (31)
2016-17 : Calvin Pickard (31)
2015-16 : Cam Talbot (27)
2014-15 : Mike Smith (42)
2013-14 : Ryan Miller (30)
2013 : Semyon Varlamov (21)
2011-12 : Jonas Hiller (30)
2010-11 : Nikolai Khabibulin (32)
2009-10 : Jeff Drouin-Deslauriers, Tomas Vokoun et Miikka Kiprusoff (28)


And the winner is :
 

John Gibson (31 défaites)


Il est de retour! John Gibson est le Dominik Hasek du Gary Smith alors qu'il revient en scène pour se procurer un 3e titre du Gary Smith, un record à LVEUP. Il est aussi le seul à l'avoir remporté deux années d'affilée... 
 
C'est donc un 3e titre en 4 saisons pour Gibson. Pauvre lui quand même avec cette fiche de 14 victoires, 31 défaites et 8 défaites en prolongation. Après les Blue Jackets représentés lors du trophée précédent, on a droit à l'autre fond de conférence ici alors que les Ducks ont fini derniers dans l'ouest. Si quelqu'un mérite de quitter Anaheim éventuellement c'est bien Gibson.

Il a devancé Jordan Binnington (a.k.a le cinglé) et ses 27 défaites ainsi que Darcy Kuemper des Capitals avec 26.


Le Frank Caprice Trophy


La Vie Est Une Puck est très fière de vous présenter à nouveau le fameux Frank Caprice Trophy, remis au gardien ayant gardé plus de 20 matchs avec le pire pourcentage d'arrêt. Ce trophée est nommé en l'honneur du grand Frank Caprice, gardien des Canucks des années 80 qui est en quelque sorte le gardien ayant gardé plus de 100 matchs dans la LNH avec le plus bas pourcentage d'arrêt (.859) depuis qu'on tient en considération cette statistique… Vous savez, quand on était un gardien plus que médiocre dans une période difficile pour les gardiens, ça mérite d'être souligné.


Les précédents gagnants :
2021-22 : Joonas Korpisalo (.877)
2020-21 : Carter Hart (.877)
2019-20 : Jimmy Howard (.882)
2018-19 : Aaron Dell (.886)
2017-18 : Scott Darling (.888)
2016-17 : Michal Neuvirth (.891)
2015-16 : Jonas Hiller (.879)
2014-15 : Viktor Fasth (.888)
2013-14 : Dan Ellis (.879)
2013 : Miikka Kiprusoff (.882)
2011-12 : Dwayne Roloson (.886)

And the winner is : 


Spencer Martin (.871)


Une fierté ici pour les Canucks alors que Spencer Martin est le premier gardien Canuck à remporter ce trophée au nom de l'ancien Canuck Frank Caprice. Et c'est tout digne de sa part alors que son .871 est également un record pour le plus bas pourcentage d'arrêt dans l'histoire de ce trophée. 

Il ne l'a pas volé alors que les plus proches prétendants étaient Elvis Merzlikins à .876 et Felix Sandstrom à .880.
 
Bravo Spencer!

Le Mike Milbury Trophy


Comme le circuit Bettman, nous récompensons un directeur général, mais nous, nous célébrons le cancre des cancres en lui décernant le Mike Milbury Trophy, remis au directeur général ayant fait la ou les pires transactions ou mouvements de personnel de l'année. 
 
Si vous vous demandez pourquoi Mike Milbury? En plus d'innombrables autres crampes au cerveau qui ont fait de lui un des pires DG de l'histoire du hockey contemporain, voici simplement une courte liste de joueurs que Mike a échangé pour 3 seaux de rondelles et 4 paquets de tape à palette durant son règne à la tête des Islanders : Zdeno Chara, Wade Redden, Bryan Berard, Eric Brewer, Darius Kasparaitis, Bryan McCabe, Roberto Luongo, Olli Jokinen, Todd Bertuzzi, Tim Connolly… Il a aussi signé Alexei Yashin pour un contrat éternel et plusieurs autres bad moves du genre.


Les précédents gagnants :
2021-22 : Kelly McCrimmon
2020-21 : Bob Murray
2019-20 : Stan Bowman
2018-19 : Peter Chiarelli
2017-18 : Pierre Dorion 
2016-17 : Tom Rowe  
2015-16 : Bryan Murray
2014-15 : non remis
2013-14 : Mike Gillis


And the winner is :
 

Chuck Fletcher


On avait l'embarras du choix en 2022-23 pour le pire DG et même après avoir sondé notre monde, on hésitait encore. Voici quelques-uns de nos possibles choix pris en considération:

Brad Triveling, Flames: Perd tout son monde à Calgary mais s'entête à garder Darryl Sutter... Tout le monde décrisse au final. La transaction Huberdeau/Tkachuk pèse aussi dans la balance mais malgré tout il a réussi à obtenir de gros morceaux en retour d'un joueur qui voulait partir.
Patrick Allvin, Canucks: Particulièrement pour sa gestion du dossier Bruce Boudreau (voir plus loin avec le trophée Dave Allison) quoique c'est probablement davantage le président Jim Rutherford qui est à blâmer.
Ron Hextall, Penguins: n'a pas fait les moves nécessaires, et a gardé son big 3 intact, ce qui a malheureusement mené à la première non-participation aux séries des Penguins depuis 2006. La transaction inutile de Mikael Granlund (1 but en 21 matchs) en fin de saison peut aussi être considérée comme la pire de la saison. Mais il aurait apparemment eu les mains liées par les proprios pour garder Malkin et Letang, c'est donc à prendre avec un grain de sel.
 
Mais finalement on y va pour Chuck Fletcher pour l'ensemble de son oeuvre. 
 
5 saisons en poste pour Fletcher mais les Flyers n'ont fait les séries qu'une seule fois durant cette période. Et pendant que tout stagne là-bas, Fletcher ne fait presque rien, si ce n'est que remplacer Alain Vigneault par John Tortorella et obtenir Tony DeAngelo à gros prix... un beau duo de trous de balle ça... La transaction DeAngelo pourrait elle aussi être considérée comme une des pires alors que ça aura coûté les choix de 2e, 3e, et 4e rondes des Flyers au repêchage de 2024. Fletcher a finalement été remercié en mars dernier, au grand plaisir des fans de Philadelphie qui réclamaient son départ depuis plus de 2 ans.

Donc c'était une bonne cuvée en 2022-23 pour le Milbury. Mais on peut toujours avoir tort alors que l'an passé nous avions choisi Kelly McCrimmon des Golden Knights...
 
Le Craig Smith Trophy

Remis au joueur de centre ayant au moins 50 mises en jeu et 50 matchs joués qui possède le pire pourcentage de mise au jeu remportées, le Craig Smith Trophy a été nommé en l'honneur du joueur qui détenait cet illustre distinction au moment où on y a pensé soit pour l'édition des prix de 2013-14. Il récompense donc le spécialiste des mises en jeu le moins doué de la LNH...


Les précédents gagnants :
2021-22 : Joel Farabee
2020-21 : Yegor Sharangovich
2019-20 : Tobias Rieder
2018-19 : Danton Heinen
2017-18 : Jordan Nolan
2016-17 : Jayson Megna 
2015-16 : Jordan Nolan
2014-15 : Jordan Nolan
2013-14 : Craig Smith 


And the winner is :

Brandon Hagel (28.4%)


Ça fait un peu bizarre de retrouver 2 membres du Lightning dans nos remises de trophées...
 
Techniquement ailier gauche, Brandon Hagel a quand même été employé pour un total de 81 mises en jeu en 81 matchs et n'en a remporté que 23 d'entre elles, perdant les 58 autres, pour un total de 28.4%. Il a devancé le centre Kent Johnson des Blue Jackets (29.5%) ainsi que Pavel Buchnevich des Blues (29.9%).



Le Dave Allison Memorial Trophy

Dave Allison est le king de l'éphémère. Il a joué seulement 3 matchs dans la LNH avec les Canadiens en 1983-84 et a sévi comme entraîneur par intérim des Sénateurs d'Ottawa pour un très modique 27 matchs (fiche de 2-22-3) lors de la saison 1995-96 avant d'être licencié et remplacé par Jacques Martin. Il dut même se congédier lui-même prématurément lors de la seule saison d'existence des infâmes Choppers d'Albany dans la IHL en 1990-91... 
 
En son honneur, le Dave Allison Trophy est un trophée qui est maintenant remis à l'entraîneur qui a été le plus rapidement congédié dans la Ligue nationale durant la saison.

Les précédents gagnants :
2021-22 : Jeremy Colliton/Joel Quenneville
2020-21 : Claude Julien
2019-20 : Mike Babcock
2018-19 : John Stevens
2017-18 : Alain Vigneault
2016-17 : Gérard Gallant
2015-16 : Todd Richards


And the winner is :

Bruce Boudreau


Il a fallu attendre légèrement plus qu'à la normale avant de voir le premier entraîneur limogé en 2022-23 alors que ce fut finalement Bruce Boudreau qui perdit son poste le 22 janvier 2022. Et ce fut tout un shitshow que cet épisode de longs couteaux à Vancouver alors que le principal intéressé fut grandement maltraité par la direction. Il avait tout de même le support de ses fans, ce qui mena à un dénouement émouvant lors de son dernier match alors qu'il pleura au banc en entendant les fans scander son nom.

Toute une saison de marde à Vancouver donc. Ils ont au moins un trophée Caprice et un trophée Allison pour se consoler...


Le Fishsticks Trophy

Pensé en hommage au célèbre chandail "Fishsticks" des Islanders des années 90, ce trophée récompense le pire chiffon qui fut porté lors d'un match régulier durant la dernière saison.  Nous ne comptons pas les chandails portés durant des échauffements ou au match des étoiles. Par conséquent, les candidats pour le Fishsticks Trophy furent tout d'abord choisis à l'interne. À moins d'un cas de force majeure, nous incluons seulement les chandails portés lors de matchs réguliers dans la LNH. Conséquemment, les uniformes du match des étoiles et des échauffements d'avant-match ne sont pas considérés pour le titre. 


Les précédents gagnants :
2021-22 : Le «Smashville» des Predators
2020-21 : Le Reverse retro «fantôme» des Stars
2019-20 : Le chandail "Bavette Stadium Series" de l'Avalanche
2018-19 : Le 3e chandail noir délavé du Lightning
2017-18 : Le chandail Stadium Series des Capitals
2016-17 : Le 3e chandail orange des "Mighty" Ducks d'Anaheim 
2015-16 - Le chandail "Bolts" du Lightning

And the winner is :

Le Reverse Retro des Blackhawks


OK ÇA Y EST! C'EST OFFICIEL. ILS N'ONT PLUS D'IDÉES.

Après plus d'une décennie comme vache à lait (avec les Penguins) à participer à tous les matchs extérieurs possibles, les Blackhawks ont finalement atteint le fond du baril de l'inspiration avec ce chandail «Reverse Retro» sans saveur, sans sucre, sans goût, (c'est 100 piasses).

L'abus de lignes style vintage, passe encore, mais ce qui est la plus grande infraction ici est ce «Chicago» totalement sans personnalité. Et tant qu'à faire, pourquoi avoir mis la tête d'amérindien sur une seule épaule et pas l'autre? Ça aurait été mieux de faire quelque chose avec les Tomahawks traditionnels. 

Semi-sérieusement, peut-être que ce serait bien pour les Blackhawks de finalement suivre les Redskins au football et les Indians au baseball et de retirer tout symbole amérindien. C'est probablement d'ailleurs ce qui les a mené à ne pas trop s'énerver pour le concept de ce chandail poche. Au moins avec un nouveau nom et logo ça leur redonnerait des idées pour de nouveaux chandails... à temps pour Connor Bedard en plus, KA-CHING$$ !

Comme autres prétendants au titre, on aurait pu prendre d'autres Reverse Retro, particulièrement le bleu poudre malchanceux du CH ou bien cette horreur du Lightning. C'était pas le choix qui manquait.



Le Mariusz Czerkawski Trophy


Lors de la saison 2015-16 et l'arrivée d'Alex Semin, nous avons introduit le Mariusz Czerkawski Trophy en l'honneur de cet ex-joueur polonais qui joua une saison plus que médiocre avec Montréal en 2002-03. Plusieurs facteurs entrent en compte afin de mériter ce trophée et il ne s'agit pas nécessairement du pire joueur du Canadien de la saison, mais on pourrait simplifier en qualifiant le gagnant du "plus grand flop" de l'année chez le CH.

Comme critère principal pour le Trophée Czerkawski, nous privilégions les cas d'expériences ratées, soit une signature comme joueur autonome (haut risque ou bas risque) qui a floppé. Il peut aussi s'agir d'un joueur qui a connu des bons moments avec l'équipe dans le passé avant de terminer son association dans la médiocrité. Ça peut aussi être un choix au repêchage qui n'a pas rempli les attentes, un joueur indésirable au sein de l'équipe ou bien celui qu'on avait le plus hâte que son contrat se termine. 
 
Les meilleurs facteurs qui déterminent le gagnant sont souvent lorsque le parcours du joueur avec le club se termine par un rachat de contrat, un renvoi dans les mineures ou un échange-débarras avant la fin de la saison.

2021-22 : Mike Hoffman
2020-21 : Michael Frolik
2019-20 : Keith Kinkaid
2018-19 : Karl Alzner
2017-18 : Mark Streit
2016-17 : Greg Pateryn
2015-16 : Alexander Semin
2014-15 : René Bourque
2013-14 : Louis Leblanc
2012-13 : Tomas Kaberle
2011-12 : Scott Gomez
2010-11 : Benoit Pouliot
2009-10 : Sergei Kostitsyn
2008-09 : Mike Komisarek
2007-08 : Mikhail Grabovski
2006-07 : Sergei Samsonov / Janne Niinimaa
2005-06 : Pierre Dagenais / José Théodore
2003-04 : Marcel Hossa
2002-03 : Mariusz Czerkawski


And the winner is :

Evgenii Dadonov


Celui-là on dirait qu'on a deviné, dès ses premiers coups de patin avec le club, qu'il serait notre récipiendaire du Czerkawski. Je crois que le meilleur qualificatif pour Dadonov à Montréal serait «grand flanc-mou». Je crois que ça veut parfaitement tout dire. Au moins il aura permis au club de se débarrasser du contrat de Shea Weber, mais les Golden Knights auraient pu envoyer n'importe quoi d'autre et la transaction aurait quand même eu lieu. 
 
4 buts et 14 passes aura été l'héritage laissé par Dadonov à Montréal, en plus de ce qu'on aura reçu en retour avec un autre russe désintéressé, Denis Garionov, qui l'a remplacé en tout point mais surtout là où ça importait, la terminaison de son nom en «onov».


Le Dennis O'Brien Trophy


Voici pour conclure le Dennis O'Brien Trophy, remis au joueur qui s'est le plus promené et qui a joué pour le plus grand nombre d'équipes lors de la saison régulière. À l'origine du nom pour ce trophée, on retrouve Dennis O'Brien, un solide défenseur cogneur mieux connu pour ses années passées au Minnesota dans les années 70. Cependant, durant la saison 1977-78, il eut l'honneur de devenir le premier joueur de l'histoire à jouer un match pour 4 équipes différentes de la LNH durant la même saison.

Alors qu'il en était à sa 8e saison avec les North Stars, l'équipe le plaça au ballottage et il fut réclamé par les Rockies du Colorado en décembre. Il fut par la suite échangé à nos chers Barons de Cleveland en janvier. Une  vingtaine de matchs plus tard, les Barons le placèrent au ballottage à leur tour et il termina la saison avec sa quatrième équipe, les Bruins. Au moins il eut la chance de terminer avec une bonne équipe contrairement aux trois autres… et il participa aux séries de surcroît.

Ce record fut réédité en 1991-92 par Dave McLlwain et plus récemment par Mark Arcobello en 2014-15 et Jussi Jokinen en 2017-18.

Les précédents gagnants:
2021-22 : Adam Brooks
2020-21 : Greg Pateryn
2019-20 : Ilya Kovalchuk
2018-19 : Chris Wideman 


And the winner is :

Dryden Hunt


W-T-F is that? Exactement.

Un très beau cas pour ce trophée O'Brien qu'est ce Dryden Hunt. On pourrait même faire un jeu de mot extrêmement poche et dire que Dryden est à «la chasse» pour un poste dans la LNH...

Joueur non repêché, il a évolué quelques saisons dans le système des Panthers avant de signer avec les Rangers en 2021. Il s'y était semi-distingué en 2021-22 avec une saison complète avec les Rangers et une fiche de 6-11-17. Il fut toutefois placé au ballotage par les Rangers après seulement 3 matchs au début de la saison et réclamé par l'Avalanche. 25 matchs plus tard au Colorado, il fut échangé aux Maple Leafs où il joua 9 matchs avant d'être envoyé dans la AHL avec les Marlies de Toronto. À la date limite des transactions, il passa aux Flames dans un échange mineur. Il joua ensuite à Calgary mais pas avec les Flames, demeurant plutôt dans la AHL avec les Wranglers de Calgary, soit son 5e chandail de la saison, faisant de lui celui qui s'est le plus promené en 2022-23. 

Statistique intéressante, sa fiche offensive fut la même avec chacune de ses 3 équipes de la LNH en 2022-23:
1 but 0 passe à New York (en 3 matchs)
1 but 0 passe au Colorado (en 25 matchs)
1 but 0 passe à Toronto (en 9 matchs)

Comme finaliste, un seul autre joueur a aussi joué pour 3 équipes, soit Michael Eyssimont. Ce dernier a joué pour les Jets, les Sharks et le Lightning. Cependant il n'a joué que pour une seule équipe dans les mineures, soit le Moose du Manitoba, ce qui le fait finir à 4 équipes.

À noter qu'il s'agit de la première fois dans l'histoire du Trophée O'Brien que le gagnant n'est pas un membre actuel ou passé du CH ... pour l'instant.

 
Sur ce, c'est ce qui conclut une autre année de prix LVEUP! Toute qu'une édition…
 
À l'an prochain!




dimanche 25 juin 2023

Charles Gavan Power


Même si quelqu’un a beaucoup de talent, il peut arriver que le hockey ne soit qu’un des nombreux chapitres qui définissent le parcours d’une personne. Ken Dryden est probablement celui qui symbolise le plus ce genre de situation. Par contre, sur son remarquable chemin, le hockey est l’étape qui le définit le plus.  Dans le cas de Charles Gavan Power, ce ne fut qu’un bref épisode.

Il est par ailleurs impossible de mentionner celui qu’on surnommait "Chubby" sans parler de cette famille des plus en vue de la ville de Québec.

Lorsque Charles se joignit au Québec Hockey Club (surnommé "Bulldogs") en 1907, il y rejoint son frère Joe. À ce moment, l’équipe évoluait dans la Eastern Canada Amateur Hockey Association (ECAHA). En 1908, lorsque Charles devint un régulier, il sera rejoint par James (surnommé "Rockett"), qui y joua de façon plus ou moins régulière. Ainsi, les Šťastný n’étaient pas le premier trio de frères à jouer au hockey à Québec.

Chubby évoluait parfois au centre, parfois à la défunte position de "rover" (qu’on pourrait traduire par maraudeur, mais à l’époque, René Lecavalier ne s’était pas encore attardé à franciser le vocabulaire). Lors de sa formation en 1910, la NHA (l’ancêtre de la LNH) abandonna cette position qui n’avait pas d’endroit fixe et ne conserva que six joueurs sur le jeu. Les autres ligues suivirent plus tard.

Le 18 janvier 1908, au troisième match de la saison, les Bulldogs recevaient le Montreal Hockey Club (affilié au Montreal Amateur Athletic Association ou MAAA, qui existe toujours) au Patinoir (sans "e") Québec. Comme Montréal arriva en retard à Québec, le match débuta à 21h25, avec près d’une heure de retard. Le duel vira rapidement en faveur des locaux et les frères Power y contribuèrent amplement. Charles compta 4 buts et Joe en ajouta 2 autres. Le plus étonnant, c’est que ce ne fut pas suffisant pour faire de Charles la grande étoile du match. Ed Hogan en marqua autant que lui, pendant qu’Herb Jordan les surpassa avec 7. Québec l’emporta 18-5.

À peine une semaine plus tard, Charles reprit où il avait laissé. Québec affrontait alors les Wanderers à l’Aréna de Montréal. Ceux-ci étaient toutefois des adversaires beaucoup plus coriaces que le Montreal HC.

L’arbitre désigné fut "Bad" Joe Hall, un joueur au style pour le moins robuste qui s’alignait avec le Montreal HC. C’est un peu comme si aujourd’hui on demandait à Tom Wilson d’arbitrer un match entre les Rangers et les Islanders. Quant au juge de ligne, il s’agissait de Jack Marshall, qui portait alors les couleurs des Shamrocks de Montréal. (Sans oublier que Joe Power était à ce moment vice-président de la ligue.) Dans la ECAHA, le premier "A" signifiait amateur, bien qu’il s’agissait de la première année où des joueurs pouvaient ouvertement se déclarer professionnel, à leur choix. Par contre, l’approche amateur demeurait à bien des niveaux. On s’arrangeait donc à la bonne franquette, entre amis (et adversaires). C’était une autre époque…

Pour le match lui-même, les Wanderers affichèrent leur supériorité en venant à bout des Bulldogs par la marque de 13-8 devant 5000 spectateurs. Les Power fournirent alors tout de même l’essentiel de l’opposition, lorsque Joe compta un but et Charles en compta cinq. En fait, l’a-t-il vraiment fait? Le Soleil affirme que oui, mais la Gazette de Montréal en attribua deux de ceux-ci à Jordan. La Presse et La Patrie se situèrent entre les deux en créditant quatre buts à Charles. Le moins qu’on puisse dire, c’est que les statistiques n’étaient pas compilées de façon aussi minutieuse que de nos jours. C’était définitivement une autre époque… Dépendamment de la version, en deux matchs à une semaine d’écart, Charles a donc marqué 7, 8 ou 9 buts…

À la fin de sa saison, Power totalisa 22 buts (ou 23?, je ne suis plus sûr) en 10 matchs.

Charles revint avec les Bulldogs pour la saison 1908-09. Son frère Joe était toujours son coéquipier, en plus de devenir président de la ligue. Dans une campagne qui contenait maintenant 12 matchs, il ne marqua pas moins de 30 buts.

Il décida ensuite de tirer un trait sur sa carrière de hockeyeur (où il avait conservé son statut d’amateur) pour reprendre ses études. Après avoir fréquenté Loyola College (faisant aujourd’hui partie de l’Université Concordia) avant de se joindre aux Bulldogs, il prit la décision d’aller étudier le droit à l’Université Laval, ce qui lui permit de devenir avocat.

Le contexte mondial était toutefois volatile à cette époque et en 1914, la guerre éclata. Charles s’enrôla d’abord comme simple soldat, avant de devenir officier. Il fut blessé sérieusement deux fois, dont pendant la bataille de la Somme, en France. Rapatrié au pays en 1917, Charles amorça alors un autre chapitre de sa vie professionnelle qui, encore une fois, avait un volet familial.

Son père William avait été député fédéral libéral de Québec-Ouest de 1902 à 1908, avant de revenir en 1911. À l’élection de 1917, il décida de céder sa place. Au cœur de la crise de la conscription, Charles décida de tenter sa chance dans Québec-Sud avec les Libéraux de Laurier (les Libéraux demeurés fidèles à l’ancien premier ministre Wilfrid Laurier, qui s’opposait à la conscription, plutôt que de se joindre au gouvernement unioniste).

Power fut à la Chambre des communes sans interruption pendant 38 ans. Il a occupé au fil des ans plusieurs postes de ministre, dont les postes, les pensions et la santé nationale et la défense. Il a d’ailleurs œuvré à la mise en place d’un escadron canadien-français, le 425 Alouette, qui a d’ailleurs inspiré le nom de l’équipe de football.

Lors de la crise de la conscription de 1944, Power quitta le gouvernement de Mackenzie King pour siéger comme libéral-indépendant, avant de plus tard réintégrer le caucus libéral.

En 1955, il fut nommé au sénat, et c’est son fils Francis qui prit sa place dans Québec-Sud, s’ajoutant ainsi à une longue lignée de politiciens, qui en plus de comprendre William et Charles, inclut Joe, qui fut député provincial de Québec-Est, William Gerard, frère de Charles et Joe et qui siégea au Conseil législatif du Québec (le défunt "sénat québécois") et Lawrence Cannon, le petit-fils de Charles, qui fut ministre à Québec, avant de devenir ministre des affaires étrangères à Ottawa sous Stephen Harper. Comme pour le hockey, la politique est une affaire de famille chez les Power.

Charles Power est décédé en 1968, à l’âge de 80 ans.

Sa mémoire a été honorée en 2014 lorsqu’une plaque en son honneur a été dévoilée au Cercle de la Garnison de Québec.

Sources :

Durand, Marc, La Coupe à Québec, Les Bulldogs et la naissance du hockey, Éditions Sylvain Harvey, 2012, pages 64 à 68, 152 à 154,

"Hockey – Championnat Senior", 18 janvier 1908, Le Soleil, page 11,

"Hockey – Une victoire facile", 20 janvier 1908, Le Soleil, page 3,

"Quebec, 18; Montreal, 5. Montreal Forwards Suffered From Lack Of Team Work.", January 20, 1908, Montreal Gazette, page 4,

"Une victoire signalée pour les Wanderers", 27 janvier 1908, La Patrie, page 2,

"Les Wanderers et Ottawa victorieux", 27 janvier 1908, La Presse, page 3,

"Hockey – Les champions gagnent", 27 janvier 1908, Le Soleil, page 3,

"Quebec Defeated ", Montreal Gazette, January 27, 1908, page 2,

"La mort du sénateur Power", 1er juin 1968, Le Soleil, page 4,

"«Chubby» Power honoré par le gouvernement du Canada", 6 juin 2014, Le Soleil, page 20,

"Chubby Power honoré par le gouvernement du Canada", de Marc Durand, 6 juin 2014, quebecbulldogs.com,

museebagotville.ca, wikipedia.org.

vendredi 16 juin 2023

Pause Pub - Premier / Sabian


Être gardien de but dans la LNH ne doit pas être de tout repos, alors quoi de mieux que de se défouler sur un "set de drums". C'est ce que faisait, selon la pub, Dominc Roussel, avec apparamment un équipement qui n'est pas le sien.

jeudi 15 juin 2023

La date de remise de la Coupe Stanley


Ça y est. La Coupe Stanley a été remise avant-hier aux Golden Knights, à seulement leur sixième saison d’existence. Les partisans des Sabres et des Canucks, qui attendent toujours le premier triomphe de leur équipe favorite après 53 ans, les envient sûrement.

Cette remise de la Coupe en ce 13 juin s’inscrit dans une tendance qui voit la date de la fin de la saison être repoussée de plus en plus. Il peut y avoir une certaine variation en raison d’une finale qui peut être plus longue ou plus courte. Il peut aussi y avoir des événements fortuits comme un lockout ou la covid, qui peuvent modifier le calendrier, mais règle générale, on remet le trophée de Lord Stanley à une date de plus en plus avancée, comme on peut le voir sur le graphique.



J’ai débuté ma collecte de données en 1914-15, puisque c’est à ce moment qu’on cesse de pouvoir défier les champions de la Coupe à tout moment de la saison et qu’on voit un format semblable à ce qu’on retrouve aujourd’hui (saison, puis séries qui couronnent une équipe championne).

À ce moment, la saison ne compte que 20 matchs et les séries ne comptent qu’une finale entre les deux meilleures équipes de la NHA, avant que les champions n’affrontent les champions de la PCHA (Pacific Coast Hockey Association) pour le titre. À une époque où les glaces artificielles ne sont pas encore la norme, on a remis la Coupe Stanley aux Millionaires de Vancouver (qui bénéficiaient de la première glace artificielle au Canada) le 26 mars. Le nombre de matchs par saison ira ensuite en progressant de façon constante, ce qui prolongea évidemment la saison, en plus de voir le format des séries changer au gré du nombre d’équipes et de différentes formules mises à l’essai.

Au début de la période des Original Six (1942-43), le calendrier passe à 50 matchs. Si le format des séries se stabilise (deux équipes exclues, deux demi-finales dont les gagnants s’affrontent en finale), le nombre de matchs continue sa progression de façon graduelle jusqu’à atteindre 70 à partir de 1949-50.

C’est en 1965 que la Coupe est remise en mai (le 1er) pour la première fois.

En 1967-68, la LNH double ses cadres, passant de 6 à 12 équipes, fait passer son calendrier à 74 matchs et ajoute des quarts de finale. La Coupe est alors remise le 11 mai.

Après une suite d’expansions, le nombre d’équipes atteint 18 en 1974-75, forçant la Ligue nationale à ajouter un quatrième tour de séries. Combiné avec un calendrier de maintenant 80 matchs, la Coupe a été remise le 27 mai aux Flyers.

En 1992, on franchit la barre du 1er juin pour la première fois pour couronner les Penguins.

Suite à une saison marquée par un lockout, c’est le 24 juin qu’on remet la Coupe aux Devils en 1995, un record à ce moment. Un autre lockout en 2012-13 résultera en une autre remise à la même date, aux Blackhawks cette fois.

On se souvient tous de la saison 2019-20 marquée par l’arrêt prolongée des activités en raison de la covid. C’est finalement le 28 septembre qu’on décerna la Coupe au Lightning, record que nous souhaitons qui ne sera jamais battu. L’année suivante, toujours en contexte de pandémie et limitée à 56 matchs, tira à sa fin le 7 juillet, toujours en faveur de Tampa Bay.

mercredi 14 juin 2023

La famille Staline et le hockey




 

Vasily Iosifovich Staline est né le 21 mars 1921 à Moscou, un an avant que son célèbre père, Joseph Staline, ne devienne le successeur de Vladimir Lénine à la tête de l'URSS. Il était le deuxième enfant de Joseph, et premier de son deuxième mariage. 

Son enfance fut difficile alors qu'il fut largement ignoré par le père et même la mère, Nadezhda Alliluyeva, qui refusait de se soumettre aux ordres de Joseph de rester à la maison pour s'occuper des enfants. Vasily fut donc élevé principalement par des bonnes et des gardes du corps. En 1932, après une dispute entre les deux parents, Nadezhda fut retrouvée morte, s'étant suicidée par arme à feu. Les enfants Staline, soit Vasily et sa soeur Svetlana, furent induits en erreur pendant 10 ans avant de savoir la vérité sur la mort de leur mère, croyant jusque là qu'elle était morte d'une appendicite. La mort de sa mère eut un profond impact sur Vasily, qui commença à boire abondamment dès l'âge de 13 ans et qui ne vit que très rarement son père par la suite, lui qui le trouvait indigne.

Élève moyen sinon médiocre et turbulent à l'école, Vasily débuta son service militaire à 17 ans et commença à servir au front en août 1941 sous le nom de famille de Ivanov, pour dissimuler son identité. Mais ses supérieurs, voulant attirer la faveur du père, l'envoyèrent rarement au combat et lui donnèrent des promotions rapides et probablement non-méritées. Il abattit toutefois au moins 2 avions au combat. Il devint à 24 ans le plus jeune majeur-général de l'Armée rouge. 
 

Après la deuxième guerre mondiale, il commença à cultiver un intérêt pour le sport, particulièrement le hockey. Il participa à la création d'une équipe pour représenter les forces aériennes russes, le VVS Moscou, dont il devint président et directeur-général.
 
Logo du VVS Moscou
L'équipe débuta dans la ligue de championnat de Russie dès la saison 1946-47, première saison de l'histoire de la ligue. Anatoly Tarasov, surnommé le «père du hockey Russe» et futur créateur de la puissante équipe nationale de Russie, y débuta sa carrière comme joueur-entraîneur. 
 
Mais après une seule saison, Tarasov se disputa avec Vasily Staline et quitta l'équipe pour aller fonder le légendaire club du CSKA Moscou, qui deviendra le principal rival du VVS. 
 
Ces deux équipes représentant l'armée russe se livreront alors leur propre guerre interne de recrutement (parfois forcé) et de pillage de joueurs des autres clubs de la ligue. Vasily utilisa particulièrement son influence et son prestige pour parvenir à ses fins, comme par exemple le recrutement entier du premier trio d'un autre rival, le Spartak Moscou, au début de la saison 1948-49.

Lors de la saison 1949-50, Stalin continua son recrutement agressif en soutirant un joueur du nom de Viktor Shuvalov, joueur vedette du faible club du Dzerzhinets Chelyabinsk, en plus de celui qui était considéré comme le meilleur gardien de la ligue, le letton Harijs Mellups, qui venait de remporter le titre de gardien de l'année lors des trois saisons précédentes avec le Dinamo de Riga.
 
Vsevolod Bobrov avec le VVS Moscou

 
Mais le meilleur coup de Staline fut envers le CSKA en leur soutirant Vsevolod Bobrov, celui qui est considéré comme la première supervedette du hockey russe, et qui était d'ailleurs aussi une vedette au bandy et au soccer. Bobrov termina sa carrière avec 254 buts en 130 matchs, et fut plus tard comparé à Wayne Gretzky par Tarasov lui-même. Cependant, Bobrov était en froid avec ce dernier à cause de son jeu défensif, et accepta avec joie de joindre le VVS. Il deviendra un grand ami de Vasily Staline, qui organisait apparemment de grandes beuveries extravagantes en honneur de son joueur vedette après chaque match. 
 
Un film biographique fut même réalisé à partir de cette histoire en 1991, intitulé «Mon meilleur ami, le général Vassili, fils de Joseph», que je vous inclus intégralement ici parce que je l'ai trouvé sur YouTube... Je comprends rien de l'histoire mais ça a un peu l'air d'un «Lance et Compte» russe...



Bobrov deviendra joueur-entraîneur durant cette saison 1949-50 suite au renvoi de l'entraîneur précédent après quelques matchs. La puissante équipe de Staline avait donc en vue de remporter son premier championnat et de freiner la domination du CSKA, champion lors des deux années précédentes.

Cependant, le sort en fut tout autrement. Le 7 janvier 1950, l'équipe prit l'avion pour un match à Chelyabinsk. Les conditions météo étaient très mauvaises et l'avion dut plutôt tenter d’atterrir dans la ville voisine de Sverdlovsk (aujourd'hui Ekaterinbourg). L'entreprise échoua toutefois, et l'avion s'écrasa, tuant l'entièreté des 19 passagers à bord dont 11 joueurs du VVS, ainsi que le docteur et le massothérapeute de l'équipe. Trois joueurs éviteront toutefois la mort; Bobrov, Shuvalov et le défenseur Alexander Vinogradov. Ce dernier était suspendu pour s'être battu, tandis que Shuvalov avait été ordonné de ne pas jouer ce match contre Chelyabinsk par Staline lui-même qui voulait éviter les représailles violentes de la part des fans de l'ancienne vedette locale. L'équipe avait auparavant subi des représailles du genre après le vol du premier trio du Spartak l'année précédente. Bobrov pour sa part, aurait manqué le vol car il s'était réveillé trop tard et n'avait pas entendu son alarme. Il était en voyage en train lors de ces événements...

Parmi les joueurs décédés, on trouvait ce premier trio d'ex-Spartak discuté précédemment, qui était constitué de Ivan Novikov, Zdenek Zigmund, ainsi que Yuri Tarasov, qui était le frère du célèbre Anatoly. Le gardien Mallups fut lui aussi parmi les victimes, lui qui n'avait que 23 ans et qui était devenu père la semaine précédente et qui n'aura jamais pu voir son fils. Il recevra un autre titre de gardien de l'année, cette fois malheureusement à titre posthume.




Comme on était en pleine ère de communisme stalinien, le jeune Staline voulut complètement étouffer l'affaire, ne voulant pas que son père et le public soient au courant. Aucune mention de l'écrasement ne fut publiée dans la presse, les familles des joueurs furent laissés dans l'ignorance et les corps furent enterrés à la va-vite dans une fausse commune près du lieu de l'écrasement.

Et ne voulant pas que s'ébruite la disparition de ses joueurs manquants, Staline reconstruisit rapidement son équipe et parvint malgré tout à lui faire jouer ce match contre Chelyabinsk et le reste de la saison en remplaçant la majorité des joueurs décédés par des joueurs au même nom de famille...
 
Donc, lors de ce qu'on pourrait appeler un repêchage d'expansion digne de la «Twilight Zone», Staline trouva apparemment d'autres joueurs aux noms de Novikov, Zigmund, Tarasov, Moissev, etc...  
 
Pavel Zhiburtovich
Même que l'attaquant Yuriy Zhiburtovich fut remplacé par son frère, Pavel Zhiburtovich... qui ignorait probablement le sort de son frère. 
 
Il n'y avait cependant pas que des «faux joueurs» désormais avec le VVS alors qu'un des remplaçants à la défense pour l'équipe fut une autre figure légendaire du hockey russe, soit Viktor Tikhonov, futur entraîneur de l'équipe nationale et du CSKA. J'ignore toutefois si Tikhonov remplaça un autre joueur avec son véritable nom ou un nom «d'emprunt»...
 
Avec cette équipe «reconstituée» mais toujours puissante avec l'apport (et surtout présence divine) de Bobrov et Shuvalov, le VVS Moscou remporta ce match contre Chelyabinsk par la marque de 8-3. Pour éviter des soupçons supplémentaires ou pour se protéger, Staline ordonna aux annonceurs et à la presse de ne publier le sommaire qu'avec seulement les noms de famille des joueurs, sans prénom. Apparemment que Staline père n'a effectivement jamais eu bruit de cet écrasement.
 
La saison s'achevait toutefois et le VVS termina avec une fiche de 16-5-1 en 22 matchs, bon pour le 4e rang de la ligue, baissant de nouveau pavillon contre le CSKA qui termina au premier rang. Staline et le VVS Moscou se relevèrent toutefois de cette saison mouvementée avec la dominance de son premier trio toujours composé de Bobrov, Shavalov ainsi que Yevgeny Babich, un autre joueur vedette soutiré du CSKA et ami de Bobrov. Staline régla également le trou laissé dans les buts avec la mort de Mallups en volant de nouveau le CSKA avec le recrutement de Grigory Mkrtychan.
 
Bobrov termina cette saison 1950-51 avec 43 buts en 15 matchs (!) et le VVS Moscou remporta le premier championnat de son histoire, ainsi que les deux saisons suivantes.
 



Cependant, après ces trois championnats consécutifs, Joseph Staline subit une hémorragie cérébrale et mourut 4 jours plus tard, le 5 mars 1953. Il fut aussi spéculé qu'il aurait été empoisonné par des membres de son équipe politique, une thèse hautement secondée par Vasily lui-même, qui lors d'un épisode de rage et d'état d'ébritété avancé, aurait insulté les docteurs et les officiels présents. Il arrêta aussitôt ses fonctions au sein du VVS qui fut ensuite dissout et intégré au CSKA suite à l'arrivée du successeur de Staline, Nikita Khrouchtchev, et le début de la «déstalinisation». 
 
Ne pouvant plus profiter de la protection que son nom de famille lui avait jusque-là procurée, Vasily fut forcé de se retirer de l'armée russe et il fut peu après arrêté le 28 avril 1953 suite à une visite au restaurant avec des diplomates étrangers. Il fut accusé de propagande anti-soviétique et condamné à 8 ans de prison, qu'il servit sous le nom de Vasily Pavlovich Vasilyev pour éviter toute tentative de représailles contre lui. Ayant pitié de lui, Khrouchtchev le libéra en 1960 et lui rendit ses médailles militaires. Il mourut toutefois dans un certain anonymat assombri d’un profond alcoolisme le 19 mars 1962, 5 jours avant son 42e anniversaire.

Après la dissolution du VVS Moscou, Vsevolod Bobrov rejoignit les rangs du CSKA en compagnie de Shavalov et Babich qui continuèrent leur dominance du hockey soviétique. Les trois firent d'ailleurs partie de l'équipe nationale aux Olympiques de 1956, avec Bobrov comme capitaine, et ramenèrent la première médaille d'or olympique de la Russie de ce tournoi, commençant officiellement la domination russe à l'échelle internationale. Bobrov mena le tournoi avec 9 buts.


Yevgeny Babich, Viktor Shuvalov et Vsevolod Bobrov


Après sa retraite comme joueur, Bobrov devint entraîneur-chef du Spartak Moscou et brièvement pour l'équipe nationale, notamment durant la Série du Siècle de 1972. Bobrov mourut en 1979 à l'âge de 56 ans et fut introduit au temple de la renommée du hockey international (IIHF) en 1997, soit lors de la première année de l'existence de ce temple.

En plus d'avoir été un des chanceux qui ont évité la mort lors de l'écrasement de 1950, Viktor Shuvalov vécut très longtemps, devenant le dernier joueur encore vivant de cette époque de l'émergence du hockey russe. Il mourut finalement en 2021 à l'âge de 97 ans, suite à des complications reliées à la Covid-19.

J'ignore quand et comment les familles des joueurs décédés lors de l'écrasement de 1950 furent mis au courant de ce secret et des manigances de Vasily Staline. Une plaque fut toutefois érigée en leur mémoire près du lieu de leur enterrement.



Une comédie du nom de «The death of Stalin» est sortie en 2017 où ces faits sont de nouveau relatés:


 

Conway's Russian Hockey Blog
Soviet Union ice hockey great Shuvalov dies at 97, Insidethegames.biz, 20 avril 2021
Eliteprospects.com