Né à Savonlinna en Finlande le 29 mai 1965, Jarmo Myllys n'aura peut-être pas réussi à percer véritablement la LNH mais aura tout de même réussi à se monter un pas pire CV sur la scène européenne et internationale.
Gardien de petite stature (5'8" et 171 lbs), il débuta au sein de son club local, le Savonlinnan Pallokerho (plus souvent abbrévié sous le nom SaPKo) en deuxième division de Finlande en 1980-81. Toujours d'âge junior, il se distingua aux championnat mondial U18 en 1982-83 en aidant la Finlande à remporter l'argent et en étant nommé meilleur gardien du tournoi. Il répéta ensuite aux U20 en remportant de nouveau l'argent en 1983-84.
L'année 87-88 fut ensuite sa grande éclosion. Il aida d'abord le Lukko Rauman à se rendre en finale, dans une cause perdante. Il gagna le titre du MVP de la SM-Liiga ainsi que celui du meilleur gardien. Il fut aussi le gardien partant de l'équipe Finlandaise aux Olympiques de 1988, aidant sa patrie à remporter l'argent, alors la plus haute distinction internationale du hockey finlandais jamais atteint à ce moment.
Le choix tardif des North Stars semblait alors en valoir la peine et Myllys traversa en Amérique du nord pour la saison 1988-89. Il débuta la saison avec les North Stars, mais après trois matchs sans victoires et 17 buts accordés, il fut retranché dans la IHL avec les Wings de Kalamazoo. Les North Stars avaient en fait de meilleurs prétendants devant le filet avec l'émergence de Jon Casey et celle du compatriote de Myllys, Kari Takko, qui lui avait déjà une quarantaine de matchs de la LNH à son actif.
Myllys termina donc la saison à Kalamazoo, finissant avec une fiche de 13-8-4. Il fut rappelé le temps de 3 autres matchs au Minnesota, remportant finalement sa première victoire le 31 décembre 1988. Sa fiche de première saison dans la LNH fut donc de 1-4-0.
Le même scénario se poursuivit en 1989-90 alors que Myllys joua presque exclusivement dans la IHL, ne jouant que 4 matchs au Minnesota (0-3-0). Il connut toutefois une excellente saison à Kalamazoo, terminant à 31-9-3 et étant élu sur la 2e équipe d'étoiles.
Même histoire en 1990-91, cette fois seulement 2 matchs dans la LNH (0-2-0) mais de bonnes stats dans la IHL (24-13-1), ce qui semblait confirmer que les North Stars n'avaient pas plus de plans le concernant.
Donc sans grande surprise, les North Stars le laissèrent sans protection lors du repêchage de dispersion menant à la naissance des Sharks de San Jose, un sujet dont je ne peux m'échapper quoique je décide d'écrire...
Si la compétition devant le filet était difficile au Minnesota, c'était plus ou moins «wide open» au sein de la première équipe d'expansion dans la LNH depuis 1974 (je ne compte pas l'arrivée des 4 équipes de l'AMH en 1979). Myllys avait alors la chance de devenir numéro 1, ou du moins adjoint principal des Sharks, étant alors en compétition avec des Jeff Hackett, Arturs Irbe, Bryan Hayward et Wade Flaherty...
Avec Hayward blessé une grosse partie de la saison, c'est finalement Jeff Hackett qui jouera le plus de matchs (43) lors de cette saison inaugurale des Sharks, tandis que les 4 autres alternèrent au titre d'adjoint et firent souvent le trajet entre San Jose et Kansas City, où était situé le club-école des Sharks dans la IHL. Mais finalement, Myllys devint le principal deuxième violon des Sharks cette saison-là, étant d'office durant 27 matchs.
Mais, en tant qu'exemple flagrant de cette saison misérable des premiers Sharks, et continuant dans le peu de standards qu'il avait démontré au Minnesota, il ne put faire mieux qu'une fiche de 3-18-1. Il eut également la pire moyenne de buts alloués de la ligue cette saison-là avec 5.02.
Un classique cas de «Rentre? Rentre pas?» ici avec la puck en périphérie du masque et de la mitaine de Myllys... Mais en consultant le sommaire du seul match que Myllys a joué contre St.Louis cette saison-là, il a alloué 4 buts sur 42 tirs donc rien de moins sûr... |
Un des matchs qui fit grandement gonfler cette moyenne eut lieu le 17 décembre 1991 sur la route contre les trop puissants Penguins de Pittsburgh. Les Sharks encaissèrent ce soir-là une dégelée de 10-2 et Myllys fut devant le filet pour l'entièreté de ces 10 buts. Les Penguins comptèrent en fait 8 buts seulement en 2e période, ce qui demeure un record de franchise, et pas loin du record de la LNH de 9 établi par les Sabres en 1981.
Après le 10e but, Myllys explosa de colère en brisant son bâton sur le filet et en se retirant lui-même du match en rentrant au banc. Son capitaine, le vétéran Doug Wilson, alla le voir et lui dit «Jarmo, there’s no reason to get that mad because honestly, you’re not that good.» ou librement traduit ici: «Jarmo, tu n'as aucune raison d'être autant en colère parce qu’honnêtement, tu n'est juste pas assez bon.» . Myllys revint devant le filet en troisième et n'accorda pas de but supplémentaire.
Cette dégelée et totale annihilation de Myllys est disponible sur Youtube et la voici pour vous:
Pour rajouter à l'insulte, Doug Wilson était un des meilleurs «jokers» de sa génération. Donc en plus d'être le capitaine, il n'avait pas son pareil pour alléger l'ambiance dans le vestiaire. Le lendemain de cette destruction en règle, un vidéo du match jouait dans le vestiaire montrant la reprise des buts. Wilson prit la mitaine de Myllys et recréa humoristiquement chaque manière dont Myllys pouvait rater la rondelle sur chaque but des Penguins. Le reste du vestiaire était apparemment couché par terre d'hystérie mais on imagine que Myllys ne devait pas se sentir plus grand que ses 5'8"...
Et malgré qu'il s'agissait de sa première vraie saison dans la LNH et qu'il joua à peine dans les mineures (seulement 5 matchs), Myllys opta de retourner en Finlande la saison suivante. Il avait néanmoins été échangé aux Maple Leafs après la saison en retour d'une somme d'argent mais on imagine qu'il ne se voyait pas nécessairement très haut non plus dans l'organigramme des Maple Leafs avec Félix Potvin, Grant Fuhr et Darren Puppa le devançant.
En fait, en regardant le vidéo plus haut, je crois que l'on peut deviner à quel moment exactement le pauvre Jarmo décida de retourner en Finlande après la saison...
Il retourna donc dans sa patrie en 1992-93, cette fois-ci en 2e division avec le KooKoo Kouvola (quel fantastique nom). Il remonta ensuite la pente en 93-94, retournant en première division avec son ancien club, le Lukko de Rauman, et fut élu sur l'équipe d'étoiles. Il retourna également aux Olympiques en 1994 comme partant pour la Finlande, les aidant à remporter le bronze, ainsi qu'aux championnats du monde où ils remportèrent l'argent.
Il opta ensuite de transférer en Suède dans la Elitserien avec le Luleå HF. Il joua avec eux jusqu'en 2001, remportant le titre de gardien de l'année en 94-95, le MVP en 96-97 et terminant annuellement en tête pour les blanchissages. Il gagna ensuite une autre médaille de bronze aux Olympiques de 1998.
Il marqua également non pas un, mais deux buts durant cette période, une fois en 99-00 et l'autre fois en 2000-01. Le Luleå HF remporta également le championnat suédois en 95-96.
Après 7 saisons passées avec le Luleå HF, il revint en Finlande terminer sa carrière avec le Blues d'Espoo (2001 à 2003) et le SaiPa (2003 à 2005). Il fut également prêté aux HV71 en Suède pour les séries de 2004, durant lesquelles il remporta de nouveau un championnat de la Elitserien.
Après sa retraite, il demeura au sein du SaiPa (nom complet Saimaan Pallo) comme entraineur des gardiens pour ensuite entrainer en Autriche et dans différentes ligues jusqu'à ce jour.
Le gardien qui était «Not that good» pour la LNH peut tout de même se considérer comme un des meilleurs gardiens finlandais et européens de sa génération. Son numéro 35 fut retiré par le Luleå HF et il fut également élu au Temple de la Renommée du hockey finlandais en 2009. On imagine qu'en tant qu'un des premiers gardiens finlandais dans la LNH, il fait grandement figure de pionnier pour des joueurs comme Pekka Rinne, Tukka Rask ou autres Juuse Saros...
En 39 matchs dans la LNH, la fiche de Jarmo Myllys fut de 4 victoires, 27 défaites et 1 match nul. J'aimerais bien vous donner ses stats en Finlande et Suède mais elles sont incomplètes sur mes sites.
En 2016, les Sharks avec Doug Wilson comme DG se sont mesurés aux Penguins en finale. On peut s'imaginer que le bon vieux Wilson a eu une petite pensée pour Jarmo...
Il aurait bien eu besoin d'un tel setup à San Jose...
Sources:
An oral history of the San Jose Sharks as they celebrate their 25th anniversary, The Hockey News, 6 décembre 2015
Sharks Tales: First season was classic exercise in futility, Sports Illustrated, 6 juin 2016
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