Dans ce violent hockey des années 1910 et 1920, les défenseurs étaient sans doute les joueurs les plus redoutables. Le rôle du défenseur était en soit plus celui du quel il porte son nom et dans cet ordre d'idée il est normal que les défenseurs des premières années du hockey aient été des brutes assez redoutables. Bert Corbeau faisait bien sûr parti de ces joueurs salauds qui patrouillaient la ligne bleue du Canadien durant les premières décennies de l'équipe. Toutefois, Corbeau peut être considéré comme étant l'un des premiers vrais avants offensif et ce à une période où les défenseurs étaient plus occupés à empêcher la rondelle de traverser que de marquer des buts...
Mais avant tout, c'est son nom qui nous impressionne...
Bertram
Orian Corbeau est né en 1894 à Penetanguishine en Ontario, sur le bord
de la Baie Georgienne. Apparemment, il n'a jamais joué au hockey
organisé avant l'adolescence. Après une saison à Halifax en 1913-14, il
se joint au Canadien à l'aube de la saison 1914-15. À noter qu'à
l'époque, le Canadien n'avait presque pas d'anglophones dans ses rangs
par règlement, mais Corbeau, malgré son nom, en était un. Dès ses
premiers moments avec le Canadien, Corbeau s'est non seulement imposé
par son fort gabarit en patrouillant à la défense pour le Canadien, mais
également en marquant des buts grâce à son lancer foudroyant.
Lors
de la saison 1915-16, à sa deuxième saison avec le Canadien, Corbeau
récolta 7 buts en 23 matchs, ce qui est quand même encore beaucoup de
nos jours pour un défenseur, tout en menant la LNH avec 134 minutes de
pénalités. Cette même saison, Corbeau fit partie de cette formation qui
remporta la première des 24 Coupes Stanley du Canadien.
(La troisième photo est celle de Corbeau.)
Durant les saisons suivant cette conquête, Corbeau n'alla qu'en améliorant ses qualités offensives pour ainsi aider le Canadien à se maintenir en tant qu'équipe compétitive. Il fit également partie de la formation du Canadien qui prit part à la finale de la Coupe Stanley en 1919 qui fut annulée en raison d'une épidémie de grippe espagnole. Corbeau aurait été d'ailleurs un des seuls joueurs du Canadien à ne pas avoir attrapé la grippe.
Au début des années 1920, le Canadien a en quelque sorte remanié son alignement et Corbeau, toujours membre de l'équipe, a vu se joindre deux des défenseurs les plus rudes de l'histoire de la ligue à ses côtés, Sprague Cleghorn (probablement LE plus salaud de tous les temps) et Billy Coutu. Avec ces deux joueurs, Corbeau forma en quelque sorte le premier "Big 3" de son histoire. À cet époque, Corbeau atteint ses sommets offensifs en récoltant pas moins de 11 buts lors de deux saisons consécutives en 1919-20 et en 1920-21. Il n'aura pas toutefois la chance de remporter à nouveau la Coupe Stanley avec le club...
En 1922, après 8 saisons avec le CH, Corbeau demanda aux dirigeants du Canadien de l'échanger aux Tigers d'Hamilton afin d'être plus prêt de sa famille. Ne pouvant qu'accepter cette requête en raison des fiers services rendus par le passé, le Canadien l'échangea à Hamilton en retour d'une somme d'argent. Après une très bonne saison avec les Tigers en 1922-23, il fut échangé aux St-Pats de Toronto en décembre 1923.
Corbeau joua encore quatre saisons avec les St-Pats. Lorsque ces derniers devinrent les Maple Leafs en 1927, Corbeau devint le premier d'une lignée de joueurs qui encore de nos jours sont assez mal vus, soit ceux qui ont porté les couleurs des Canadiens et des Maple Leafs...
Après la saison 1926-27, Corbeau joua encore quelque saisons à des niveaux inférieurs. Il retourna dans sa ville natale de Penetanguishine après sa carrière de hockeyeur où il devint surintendant dans une fonderie.
En 1942, Bert Corbeau mourut accidentellement alors qu'il tenait un party sur son yacht personnel, le Wawinet. Alors qu'une fête avait lieu afin de célébrer un contrat de guerre que venait d'obtenir la fonderie, le bateau toucha un haut fond et s'échoua. Un nombre total de 25 personnes sur les 42 invités dont Corbeau âgé de 48 ans perdirent la vie...
À cette même époque, il agissait également à titre d'entraîneur pour les Sea Gulls d'Atlantic City dans la Eastern Hockey League américaine...
Un autre fait intéressant, la carte "recrue" de Bert Corbeau de 1923-24 (dont il s'agit de la photo ci-dessus) de la compagnie William Patterson est en quelque sorte la "Honus Wagner" du hockey, c'est-à-dire la carte de hockey la plus rare... Cette carte faisait partie d'une série produite par une compagnie de friandises (Patterson) de Brantford en Ontario qui introduisait ces cartes dans ses barres de chocolats. La compagnie fit alors une promotion qui allait faire en sorte de mousser les ventes auprès des jeunes, complétez la série et vous allez ainsi pouvoir obtenir une paire de patin gratuites. Vous voyez où je veux en venir... Et oui, la compagnie a fait en sorte de limiter le nombre de séries potentiellement semblables en émettant une carte en particulier à tirage très limité... Le hasard a fait en sorte que cette carte soit la série numéro 25 de Bert Corbeau qui fut imprimée en infime quantité pour limiter les dépenses en patins gratuits...
Les quelques copies restantes de cette carte de nos jours valent entre 100 00$ - 150 00$ en espérant qu'elle soit en bonne condition...
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