Jimmy Hoffa est né en Indiana en 1913. Son père, qui était mineur dans une mine de charbon, est décédé alors d’une maladie pulmonaire, alors que le jeune Jimmy n’avait que 7 ans, laissant sa mère seule pour s’occuper de ses quatre enfants. Ils déménagèrent ensuite à Détroit. À l’âge de 14 ans, il alla travailler pour aider sa famille.
Dès le début, Hoffa eut des revendications dans le cadre de son emploi dans un entrepôt d’épicerie. Ses activités syndicalistes lui causèrent du tort, ce qui résulta en son départ de l’endroit. Il devint alors organisateur pour les Teamsters pour la section des conducteurs de camion.
Charismatique, mais sans émotion et prêt à tout pour faire avancer ses causes, Hoffa monta les échelons des Teamsters tout en créant des liens avec le crime organisé et en utilisant la corruption. En 1957, il devint président des Teamsters.
Lorsqu’en 1961, John F. Kennedy devint président des États-Unis, il nomma son frère Robert comme procureur général, qui s’attaqua au crime organisé. Ce dernier eut Hoffa et ses activités douteuses dans sa ligne de mire. En décembre 1962, il fut accusé.
En mai 1963, il fut accusé à nouveau, cette fois pour avoir tenté de corrompre les membres du jury. Condamné à 8 ans de prison, il enfila les appels, puis d’autres procès, en avant de finalement prendre le chemin de la prison en mars 1967, pour des peines combinées de 13 ans, suite à des condamnations pour corruption et fraude.
À noter qu’entretemps, John Kennedy fut assassiné en novembre 1963. Il y eut une multitude de théories qui circula à ce sujet et l’une d’elle impliquait Jimmy Hoffa.
Hoffa ne purgea toutefois pas l’entièreté de sa peine, puisqu’il fut gracié par le président Nixon en décembre 1971, avant que les Teamsters n’appuient ce dernier lors de l’élection de 1972.
Il tenta ensuite un retour chez les Teamsters, même si une clause de sa libération lui interdisait. De plus, en son absence, un autre clan, aussi relié au crime organisé, avait pris sa place. Il y avait donc de la résistance à plusieurs niveaux.
En juillet 1975, Hoffa disparut. Aucune enquête ne parvint à élucider le mystère, mais même aujourd’hui, une quantité de théories tout aussi scabreuses les unes que les autres, demeure. L’une prétend même qu’il aurait été enterré sous le troisième but du Milwaukee County Stadium, l’ancien stade des Brewers, maintenant démoli. Son fils prétend à ce jour que son successeur, Frank Fitzsimmons (aujourd’hui décédé) et la mafia de Détroit sont responsables de sa disparition. Hoffa fut déclaré juridiquement mort en juillet 1982.
En 1992, un film lui fut consacré, avec Jack Nicholson dans le rôle-titre.
Avec une histoire semblable, la présence de Jimmy Hoffa était aux antipodes des relations de travail paternalistes de la Ligue nationale de hockey. Pourtant, il s’y est intéressé.
En février 1966, il affirma son intention de former un immense syndicat pour regrouper les joueurs de baseball, de football, de basketball et de hockey. À titre de rappel, à ce moment, Hoffa était au milieu de ses nombreux procès et appels dignes d’un malotru.
Le tout aurait commencé alors que des joueurs des Lions de Détroit, insatisfaits de leur salaire, invitèrent un de ses assistants, Charlie O’Brien, à l’une de leurs rencontres. L’équipe appartenait alors à William Clay Ford, de la famille du manufacturier automobile du même nom. Ayant expérimenté des relations de travail difficiles avec des syndicats, sa réaction fut vive.
Joe Foss, le commissaire de l’American Football League (pas encore amalgamée avec la NFL) tourna le projet en dérision. Jouant avec la perception que les joueurs étaient des privilégiés, il affirma qu’Hoffa pourrait tout aussi bien syndiquer les présidents d’entreprise.
O’Brien affirma que les salaires n’étaient pas aussi importants que les gens pensaient. De plus, les fonds de pension et la sécurité d’emploi d’athlètes pouvant subir d’importantes blessures demandaient des rectificatifs. Il faut aussi garder en tête que les revenus de télévision étaient à ce moment en forte croissance, ce qui entraînait de nouveaux enjeux.
Joe Cronin, le président de la Ligue américaine de baseball, affirma de son côté que cette syndicalisation n’était vraiment pas nécessaire, puisque les relations de travail étaient très bonnes et que le fonds de pension était à ses yeux enviable.
Milt Pappas, un lanceur qui avait servi pendant trois ans comme représentant des joueurs pour les Orioles de Baltimore, était originaire de Détroit. Il avait aussi la particularité d’être allé à l’école secondaire et d’avoir été ami avec Jimmy Jr. S’étant déjà rendu chez lui, il n’eut que de bons mots pour Jimmy Sr. Pourtant, il affirma que les joueurs du baseball majeur auraient été fous de se syndiquer, mentionnant que les relations de travail étaient bonnes, qu’elles n’avaient pas besoin d’être formalisées par une syndicalisation et que les joueurs étaient ceux qui connaissaient le mieux leur situation. De plus, une potentielle grève lui paraissait inimaginable.
Quant au hockey, le président des Rangers, Bill Jennings affirma que pour qu’il y ait syndicalisation, il fallait qu’il y ait des mécontents. À sa connaissance, il n’y en avait aucun. Il faut aussi se rappeler que lors de la précédente tentative de former une association des joueurs, la réaction des propriétaires, déjà catégorique, ne fut qu’exacerbée lorsqu’on invoqua la possibilité d’un réel syndicat. Et pourtant, à ce moment, il n’était pas question de l’implication de quelqu’un avec une réputation sulfureuse comme Jimmy Hoffa.
C’est finalement au début de 1967 que l’association des joueurs de la LNH (et non un syndicat) fut formée. Hoffa fut finalement emprisonné quelques semaines plus tard. Comme président, on choisit quelqu’un de moins controversé, l’agent de joueur Alan Eagleson. Par contre, quelques décennies plus tard, ce même Eagleson eut un point en commun avec Hoffa, soit celui d’avoir fait de la prison pour fraude…
Et même sans statut de syndicat en place, la NFL et le baseball majeur vécurent plusieurs grèves lors des années suivantes.
Sources :
Brunt, Stephen, Searching for Bobby Orr, Vintage Canada, Toronto, 2007, page 191,
″Between Whistles″ de Jack Dulmage, February 5, 1966, Windsor Star, page 22,
″Leaders deride Teamsters’ plan; Hoffa union may organize sports stars″, AP, February 5, 1966, Windsor Star, page 22,
″Hoffa veut syndiquer le sport professionnel″, UPI-PA, February 5, 1966, La Presse, page 16,
″Pappas : We’d have to be crazy″ de Milton Richman, UPI, February 8, 1966, Windsor Star, page 18,
″Jimmy Hoffa, l’omnipuissant patron du syndicat des Teamsters américains″ de Karine Prémont, 7 juin 2019, Aujourd’hui l’histoire, Ohdio (ici.radio-canada.ca),
″Jimmy Hoffa may be buried at site of demolished MLB stadium : cold case group″ de Andrew Mark Miller, November 1st, 2023, Fox News (foxnews.com),
″Jimmy Hoffa’s disappearance remains most famous, unsolved mysteries – but there is anew theory″ de Rich Calder, July 26, 2025, New York Post (nypost.com),
″Jimmy Hoffa’s son : Who killed my dad, why, and what it did to my family″ d’Eric Shawn, July 26, 2025, Fox News (foxnews.com),
wikipedia.org.

1 commentaire:
Très bon travail de recherche, merci keithacton pour cet article.
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