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samedi 31 mai 2025

La remise de la Coupe en 1966


1966. Il y a toujours seulement six équipes. Les deux éternels mauvais de l’époque, New York et Boston, sont évidemment exclus des séries. Étonnamment, parmi les équipes qui participent ″au détail″ (comme on disait parfois à ce moment), le premier ne fait pas face au quatrième, mais au troisième, pendant que deuxième affronte le quatrième.

Montréal remporte la palme et balaie ensuite le troisième, Toronto. Dans l’autre série par contre, Détroit, quatrième, cause la surprise et élimine Chicago. On se retrouve donc avec une finale 1 (Montréal) contre 4 (Détroit).

Détroit démarre en lion en remportant les deux premiers matchs, au Forum, mais les Canadiens se mettent ensuite en marche, remportant les trois matchs suivants, incluant une victoire facile de 5-1 au match 5.

Le match 6 a lieu à l’Olympia de Détroit, où Montréal peut mettre fin aux hostilités. Le match est serré et se rend en prolongation.

Après deux minutes, Dave Balon est dans le coin et lance vers le devant du but. La rondelle atteint alors celui que Balon décrit comme le ″défenseur chauve″. (Gary Bergman. Considérant qu’il n’y a que six équipes, qu’on nous a souvent dit que les joueurs se connaissaient tous, j’ai trouvé cocasse que c’est ainsi que Balon a désigné Bergman.) Le disque frappe ensuite le genou d’Henri Richard pour ensuite aboutir dans le but.

Le gardien des Wings, Roger Crozier, proteste, arguant que Richard a compté avec sa main. L’arbitre Frank Udvari n’a pas voulu l’entendre, alors qu’au même moment, dans un début de chaos, des spectateurs qui apparemment venaient de Windsor, sautaient sur la patinoire.

À ce moment, le Trophée Conn Smythe (qui n’existait que depuis un an) est décerné suite à un vote des six gouverneurs. Par contre, ceux-ci ne parviennent pas à se rejoindre dans l’aréna. (Il n'y a évidemment aucun cellulaire.)  Lorsqu’ils y arrivent finalement, ils ne s’entendent pas au sujet  du vainqueur. Lassés d’attendre que le président Clarence Campbell se présente, Jean Béliveau et Jean-Claude Tremblay saisissent la Coupe et la transportent dans le vestiaire.

Sur place, il n’y a qu’une seule bouteille de champagne, alors qu’il y aurait eu une question de superstition en lien avec le fait d’acheter du champagne à l’avance pour un match sur la route. Toe Blake taquine plutôt Lucien Desrochers, publiciste, en affirmant que c’était son travail.

Terry Harper est le premier à se servir et il en laisse bien peu à ses coéquipiers. Gump Worsley, qui eut de très bonnes séries, en eut un peu, mais bientôt, il n’en reste plus pour le capitaine Jean Béliveau, celui qui avait compté le but décisif, Henri Richard, et les autres.

Clarence Campbell finit par se présenter sur la patinoire alors que la plupart des spectateurs ont déjà quitté. On s’attendait à ce que Béliveau, Worsley ou Jean-Claude Tremblay soit nommé récipiendaire du Conn Smythe. On opte plutôt pour Roger Crozier, qui avait joué un rôle certain dans le parcours surprenant des Wings, mais dont le choix est tout de même étonnant. Le gardien sort donc du vestiaire en nouant sa cravate et en attachant ses boutons de manchettes pour recevoir son trophée. Si la défaite de son équipe lui a fait passer un boni de 2000$ sous le nez, son Conn Smythe lui a tout de même valu 1000$ et une Ford Mustang. Tremblay, souvent sous-estimé au cours de sa carrière, fut déçu que sa très bonne performance passe encore sous le radar.

D’un point de vue télévisuel, disons qu’on a déjà fait mieux…  Les téléspectateurs devaient se demander ce qui se passait.

Sources :

Lalancette, Mikaёl, Jean-Claude Tremblay, Le magicien de la ligne bleue, Les Éditions de l’Homme, 2024, pages 93 à 96,

″Le soir de triomphe de Blake et de ses joueurs″ - Pollock, 6 mai 1966, La Presse, page 27,

″Je suis fier de mon équipe, même dans la défaite″, dit Syd Abel de Marcel Desjardins, 6 mai 1966, La Presse, page 28,

″Campbell n’a pu se rendre au centre de la patinoire″, GC, 6 mai 1966, La Presse, page 28,

″Canadiens Capture Stanley Cup In Overtime, Richard Goal Nips Wings 3-2″ de Pat Curran, May 6, 1966″, Montreal Gazette, page 33,

″MM. les magnats de la LHN (sic), où aviez-vous la tête?″ d’André Trudelle, 7 mai 1966, La Presse, page 18,

″Banquet, Sunday Parade Honor Champs, Toe Blake Seems Serious About Retiring As Coach″ de Pat Curran, May 7, 1966, Montreal Gazette, page 8.


vendredi 30 mai 2025

Toucher au trophée


 

 

Les Oilers et les Panthers se retrouvent de nouveau en finale et comme c'est la plate coutume depuis trop longtemps, il fallait attendre de voir si le capitaine allait toucher son trophée de conférence respectif. Du côté des Panthers, ils ont opté pour ne pas toucher au trophée Prince-de-Galles (après y avoir touché en 2023 et s'être abstenu en 2024). Pour les Oilers, Connor McDavid a touché au trophée Clarence Campbell cette année, alors qu'il s'était abstenu l'an passé.

Mais que c'est donc plate tout ça. 

Et en plus d'être devenu une tradition/superstition que je trouve idiote et qui enlève au spectacle, ça n'a vraiment aucune importance et ça n'affecte en rien le résultat ultime. Voici un tableau (très) scientifique de la chose, en se concentrant premièrement sur le trophée Campbell depuis la saison 1998-99, soit un échantillon de 25 saisons.


En résumé, les clubs n'ayant pas touché au trophée ont remporté 9 fois la Coupe Stanley et l'ont perdu 9 autres fois. Les clubs ayant «OSÉ» toucher au trophée ont perdu 3 fois en finale et l'ont emporté 4 fois.

Donc si cela sert à prouver quelque chose, même si ça ne prouve rien, c'est que le clan «TOUCHER au trophée» est meilleur que de ne pas y toucher, l'emportant par une seule instance.

Oui mais ça c'est seulement le trophée de l'ouest, me direz-vous. Ok. Allons voir dans l'est.



Alors dans l'est. Toucher au trophée a remporté 8 coupes et en a perdu 6. Pas touche en a gagné 4 et en a perdu 7.

Donc une autre victoire encore plus décisive du clan «Touches-y au christie de trophée». 

Faites comme Ovechkin qui a même pris l'avion avec en 2018:

 


Donc, si ça marche même pas, pourquoi cette superstition existe et comment ça a commencé? 

Dans ce documentaire de la coupe de 1993, Benoit Brunet explique qu'ils étaient tous fier d'y toucher et même de parader avec comme si c'était la Coupe Stanley. Même que chaque joueur a pu le prendre en paradant sur la glace. 


De nos jours, même si quelqu'un y touche, il s'agit bien probablement seulement du capitaine, qui accepte de le prendre une trentaine de secondes et de retraiter vite au vestiaire. Pas mal moins le fun...

Mais était-ce un cas isolé en 1993 d'assiter à autant de célébration? C'était tu juste Montréal qui est plus crinqué que le reste de la ligue comme d'habitude?

Et bien fouillons dans les années précédentes pour voir.

En 1991 à Pittsburgh, c'était semblable à Montréal, même encore plus le fun. L'année suivante, comme la série avait été remportée à Boston, la coutume de l'époque était que le club gagnant le reçoive dans leur vestiaire après la partie. 

 

 


Comme ici en 1990 avec les Oilers, alors qu'ils avaient remporté le trophée à Chicago. Dans leur cas, on voit pas mal moins d'excitation de leur part mais c'était compréhensible puisqu'ils l'avaient gagné 5 autres fois dans la décennie précédente...

 


Donc, partons du point de référence qu'est 1993 (et première saison de Gary Bettman en poste) et essayons de trouver à quel moment ça a vraiment changé.

En 1994, les Rangers et les Canucks ont tous touché à leur trophée respectif. Mais on peut déjà commencer à trouver des failles avec Trevor Linden qui échappe le couvercle du trophée (pourquoi c'est pas soudé ensemble?) en le soulevant. C'est peut-être à ce moment que la superstition a commencé à planter ses graines...

 
Je viens finalement de découvrir qui était à l'origine de cette superstition. Et comme lors de plusieurs moments  controversés qui ont changé le visage du hockey durant les années 90, il s'agit d'Eric Lindros...

 


1997 était la première année qu'une équipe fit un point d'honneur de ne pas toucher le trophée avec Eric Lindros, un habitué de refuser des trucs, qui ne fit que poser pour une photo avec le trophée en compagnie du gars de la ligue (même pas Bettman) avant de rejoindre ses coéquipiers.

Du côté de l'ouest, les Red Wings retournaient en finale après leur défaite de 1995 et y retouchèrent sans problèmes, en plus d'éliminer ensuite les Flyers en seulement 4 matchs.

Donc comme première instauration de la tradition, on pouvait dire que c'est râté. En 1998, les Red Wings y retouchèrent de nouveau, même chose pour leurs opposants, les Capitals.

 
Ensuite, ce sont les Sabres de 1999 qui perpétuèrent en deuxième cette tradition malfamée. Et encore une fois, aucun argument solide selon quoi cela porte chance puisque les Sabres perdirent la coupe en 6 matchs contre les Stars, le tout décidé par un but en prolongation controversé de Brett Hull.

 

Ensuite, tout le monde retrouva ses esprits et toucha au trophée dans chaque conférence de 2000 à 2002. Les Mighty Ducks d'Anaheim vinrent toutefois fucker la patente en 2003 en refusant de toucher au trophée Campbell, encore une fois dans une cause perdante. 0 en 3 jusqu'à date...

C'est en 2004 qu'on peut finalement voir un argument pour la cause puisque les champions, le Lightning, ne toucha pas au trophée, tandis que les Flames y touchèrent... OH!

 

Je crois que c'est à ce moment que la superstition est vraiment devenue mainstream. La saison suivante de 2006, après un lock-out en 2005 où vraiment personne ne toucha à rien, les deux clubs en finale, les Oilers et les Hurricanes, refusèrent de toucher au trophée, soit la première fois que cela se produisit dans les deux conférences en même temps. C'est sûr que quand aucun y touche, on peut pas dire que ça porte chance ou non...

On commença même à voir la nouvelle superstition dans la série de jeux vidéos NHL.

 

 

 

Ensuite, 2007 vint cimenter la légende de cette superstition/malédiction alors que les Sénateurs y touchèrent et perdirent, tandis que les Ducks n'y touchèrent pas (comme en 2003) et remportèrent les grands honneurs.

Mais, après avoir perdu en finale en 2008 sans avoir touché au trophée Prince de Galles, Sidney Crosby décida d'y toucher lors du rematch de 2009 et cette fois-ci, ils gagnèrent.


Ouais... On peut dire qu'il s'agissait pas d'une célébration comme en 1993. Il l'a pris dans ses mains, mais il l'a pas vraiment soulevé à bout de bras non plus, tandis que Malkin et Gonchar y touchèrent à peine et c'en était fini de ce protocole. Y'a des joueurs bantam qui sont plus contents que ça en recevant une médaille en plastique pour un tournoi à Chibougamau.

Bref c'est pas mal ça. Depuis, c'est plus ou moins la même chose, quelques équipes y touchent, d'autres non, et tout le monde fait semblant que c'est important pendant 2-3 jours. 

Les Penguins ont gardé l'habitude d'y toucher lors de leur double conquête de 2016 et 2017, même chose pour le Lightning qui y toucha lors de leurs trois participations consécutives de 2020 à 2022 terminant 2 en 3. 

Mais on peut vraiment dire que ces deux magnifiques trophées ont perdu leur lustre. En plus, le trophée Prince de Galles a été instauré en 1925, donc exactement 100 ans cette année, et personne en parle, quoique il n'a pas toujours eu la même fonction de mérite, étant d'abord décerné au champion de la division américaine de 1925 à 1937 et ensuite au champion de la saison régulière jusqu'en 1967.

C'est quelque chose de se rendre en finale, même si on perd. Comme ce cher Benoit Brunet l'a dit, ça arrive pas souvent, même jamais pour plusieurs joueurs. Je me rappelle de 2021 avec le Canadien. Même si je savais qu'ils allaient se faire détruire en finale, j'étais fier de cette présence en finale et la série de finale de conférence contre Las Vegas était épique. 

Au baseball et au football, on en fait pas mal plus une grosse affaire. Mais au hockey c'est la coupe ou rien. Et c'est un peu dommage.

 

lundi 26 mai 2025

Scott Bjugstad


 


Né à St.Paul au Minnesota le 2 juin 1961, Scott Bjugstad était un athlète multidisciplinaire dans sa jeunesse, excellant au tennis, soccer et hockey. Il fut même nommé sur l'équipe d'étoiles américaine junior de soccer en 1978. Cependant, l'appel du hockey était le plus fort et il réécrit le livre des records de son équipe secondaire en compagnie de son frère, Mike Bjugstad. Ailier droit de 6'1" et 185 livres, il gradua ensuite avec l'Université du Minnesota où il fut finaliste du trophée Hobey Baker en 1983. 

Continuant dans leur tendance à recruter du talent local, les North Stars en firent leur choix de 9e ronde (181e au total) en 1981. Après sa 4e année à l'université, il s'enrôla avec l'équipe américaine en vue des Olympiques de 1984. Malgré une équipe remplie de futurs talents dans la LNH comme Pat LaFontaine, Chris Chelios, Ed Olczyk et Al Iafrate, l'équipe américaine termina avec une décevante 7e place.

Le calendrier olympique terminé, Bjugstad termina la saison avec les North Stars et leur club-école à Salt Lake City. Il fit l'équipe à temps plein la saison suivante et obtint un modeste 11 buts et 4 passes. 

Cependant, en 1985-86, il fut muté à la gauche du premier trio avec Dino Ciccarelli et son compatriote Neal Broten. Ce dernier connut sa meilleure saison en carrière avec 106 points tandis que Ciccarelli en récolta 89. Pour sa part, Bjugstad explosa avec 43 buts et 33 passes pour 76 points, soit 61 de plus que la saison précédente. Son 43 buts était même un record d'équipe pour un ailier gauche, battu depuis.

Neal Broten devint le premier américain à passer la barre des 100 points en une saison en 1985-86

Est-ce que les North Stars s'étaient trouvé une nouvelle vedette offensive ou était-ce un feu de paille?

Et bien avec une pression considérable sur ses épaules en 1986-87, il ne put faire mieux que 4 buts et 9 passes en 72 matchs, perdant sa place sur le premier trio au profit de Brian Bellows. Il fut souvent laissé de côté et retourna une dizaine de matchs dans les mineures. Il se blessa également en fin de saison.


Il tenta de se ressaisir en 1987-88 et répondit avec 22 points lors de ses 28 premiers matchs, étant même de retour avec Broten et Ciccarelli. Cependant, il se déchira un ligament au genou en décembre, tenta de revenir quelques semaines plus tard, mais aggrava davantage sa blessure et sa saison fut terminée.

Il revint à temps pour le camp d'entraînement de 1988 mais son cauchemar continua alors que la blessure revint et il rata encore plusieurs semaines d'activités. Avant son retour au jeu, les North Stars décidèrent de s'en débarrasser. Ils l'envoyèrent alors aux Penguins en compagnie de Gord Dineen, en retour de Ville Siren et Steve Gotaas. 

Les Penguins espéraient le faire évoluer sur le trio de Mario Lemieux et en refaire un attaquant à redouter. Cependant, ce fut un fiasco alors qu'il n'obtint que 3 buts en 24 matchs. Ils l'envoyèrent donc dans les mineures à Muskegon mais il refusa de s'y rapporter, menaçant de prendre sa retraite. Les Penguins le libérèrent et il termina plutôt la saison à Genève dans la ligue Suisse.

Agent libre, il signa ensuite avec les Kings pour la saison 1989-90. Il accepta toutefois de se rapporter à leur club-école à New Haven et il y connut une excellente saison avec 47 buts et 21 passes en seulement 47 matchs. Mais en seulement 11 matchs à L.A. il ne put faire mieux qu'un but et 2 passes. 

Les deux saisons suivantes furent dans la même veine avec des aller-retours L.A/mineures à répétition et des statistiques médiocres dans la LNH. Ses blessures continuèrent également de persister. Une chirurgie fut de nouveau nécessaire à l'été 1992 mais il ne revint plus jamais dans la LNH. Après seulement 7 matchs dans les mineures à l'automne 1992, il prit sa retraite.

En 317 matchs dans la LNH, sa fiche fut de 76 buts, 68 passes pour 144 points.

Après sa retraite, il retourna au Minnesota où il entraîna plusieurs saisons au niveau secondaire, en plus d'ouvrir une école renommée en perfectionnement du lancer.

Son neveu Nick Bjugstad, fils de son frère Mike, fut choisi en première ronde par les Panthers en 2010. Il évolue présentement avec l'Utah après des passages avec les Penguins, le Wild, les Oilers et les Coyotes.

 

vendredi 23 mai 2025

Normand Baron


Le parcours de hockeyeur de Normand Baron est pour le moins étonnant.

En 1976-77, il s’est joint au Junior de Montréal. Dans cette équipe dirigée par Jacques Laperrière, on retrouve Marco Baron, Normand Dupont, Robert Picard et Mark Hardy. Normand Baron ne joue que 7 matchs, amassant un but et une passe et aucune minute de pénalité.

Il se dirigea ensuite vers le junior B et des circuits intermédiaires.

Il prit sa retraite du hockey en 1979, pour ensuite mettre son énergie dans le culturisme. Il y rencontra un succès certain, alors qu’il fut désigné Monsieur Montréal et Monsieur Province de Québec en 1981. Sa force ne faisait pas de doute, réussissant à soulever 600 livres au développé couché (bench press). Son physique lui permit également de travailler comme portier de discothèque.

Au printemps 1983, alors que les Canadiens furent rapidement éliminés par Buffalo, Baron estima que Guy Lafleur s’était fait trop brasser. Il offrit alors ses services aux Canadiens. Claude Ruel lui dit de maigrir de 25 livres et de revenir.

Comme il avait tenu parole, il se présenta au camp. Ayant été inactif au hockey depuis un moment, sa présence suscita la curiosité. Ça ne l’empêcha pas d’affirmer qu’il était là pour prendre le poste de Chris Nilan. On l’envoya finalement à Halifax rejoindre les Voyageurs de la Nouvelle-Écosse de la Ligue américaine. Il y présenta une fiche respectable de 11 buts et 11 passes en 68 matchs. Quant à son total de minutes de pénalité, il se chiffra à 275, le troisième plus élevé de la ligue.

Il fut rappelé en mars, alors que Chris Nilan avait fait preuve d’indiscipline. Il joua son premier match le 25 à New York, contre les Rangers.

Le 29 mars, dans un match contre Québec, il avait dit qu’il n’aimait le style de Dale Hunter et qu’il lui dirait sur la glace. Il a plutôt pris une pénalité d’indiscipline pour double-échec contre lui. Dans une victoire facile des Nordiques, Michel Bergeron dit que c’était décevant de devoir recourir à de tels joueurs. En pleine rivalité, on fit des comparaisons avec Jimmy Mann, que les Nordiques avaient acquis le mois précédent, qui vient aussi de Verdun et qui était l’ami de Baron dans la vie.

Il demeure que Mann avait un parcours de hockey plus étoffé que celui de Baron et Serge Savard fut critiqué d’avoir eu recours à ses services, alors qu’il avait déjà dit qu’il faudrait nettoyer le hockey.

En bout de ligne, il joua 4 matchs en saison régulière, pour un total de 12 minutes de pénalité. En séries, il participa aux trois matchs du premier tour contre les Bruins, mais il ne joua plus par la suite. C’est donc dire que Baron, tout comme Mann, n’était pas en uniforme lors du match du Vendredi Saint, contre les Nordiques en deuxième ronde.

Au camp de 1984, Nilan montra qu’il était définitivement un meilleur joueur de hockey et Baron fut envoyé aux Canadiens de Sherbrooke.

En Estrie, il eut des différents avec l’entraîneur Pierre Creamer, parce qu’il ne voulait pas seulement se battre, affirmant qu’il avait eu de bons résultats avec Serge Boisvert et Randy Bucyk. Il passa finalement l’année en entier avec Sherbrooke et fit partie de l’équipe qui remporta la Coupe Calder.

En septembre 1985, il fut échangé aux Blues contre un montant d’argent.

Après avoir débuté la saison dans l’IHL, il fut rappelé en décembre et marqua son premier but le lendemain de Noёl contre Murray Bannerman des Blackhawks. Son deuxième et dernier but fut quant à lui compté contre Mark Laforest, des Red Wings. Ce furent ses seuls points en carrière. En 23 matchs avec St-Louis, il accumula 49 minutes de pénalité.

C’est ainsi que se termina le parcours atypique de Normand Baron dans le hockey.

Par après, il s’est ouvert un gymnase pour culturistes à Verdun, pour ensuite travailler de nombreuses années à Postes Canada. Il est maintenant à sa retraite.

Pour ceux que ça intéresse, il a composé le Blues des Glorieux.

Sources:

″Un matamore veut le poste de Nilan″ de Bernard Brisset, 9 septembre 1983, La Presse, page S4,

″«L’homme le plus fort que j’aie vu dans le hockey» - André Boudrias″ de Bernard Brisset, 22 mars 1984, La Presse, page S4,

″Baron : «Pas besoin de me dire quoi faire»″ de Ronald King, 23 mars 1984, La Presse, page S3,

″Where’s Baron of Beef? Nordiques put him in cooler″ de Herb Zurkowsky, March 30, 1984, Montreal Gazette, page C1,

″Que fait Savard dans ce cirque?″ de Claude Larochelle, 31 mars 1984, Le Soleil, page C1,

″Normand Baron: rêve fini?″, PC, 31 mars 1984, Le Soleil, page C3,

″Baron : «Je peux tenir mon bout sur une ligne»″ de Richard Hétu, 21 septembre 1984, La Presse, page S2,

″Normand Baron victime de sa propre force″ de Pierre Turgeon, 19 janvier 1985, La Tribune, page S9,

″Les ex-Glorieux font d’excellents Blues″, AP, 27 décembre 1985, La Presse, page S7,

″Offrir une voiture sport à un enfant de 16 ans..″ de Tom Lapointe, 17 février 1987, La Presse, page S6,

″Que sont-ils devenus?″ de Michel Beaudry, 20 septembre 2021, Journal de Montréal (journaldemontreal.com),

hockey-reference.com.

mercredi 14 mai 2025

Roger Jenkins


 

 

Le défenseur Roger «Broadway» Jenkins est né 18 novembre 1911 à Appleton au Wisconsin. Sa famille déménagea toutefois à Port Arthur en Ontario lorsqu'il n'avait que trois ans. 

Après avoir joué son junior à Thunder Bay et une saison senior à Edmonton, il devint la propriété des Black Hawks pour la saison 1930-31. Cependant, les Black Hawks le prêtèrent aux Maple Leafs avant que la saison commence et c'est donc avec Toronto qu'il fit ses débuts professionnels. Après 21 matchs avec les Leafs, il fut retourné à Chicago pour finir cette première saison où il n'obtint qu'une seule passe. 

La saison suivante, il fut recalé avec les obscurs Tigers du Bronx de la Canadian-American Hockey League, l'ancêtre de la AHL moderne. Les Tigers n'existeront que durant cette seule saison 1931-32. La saison suivante, Jenkins fut rapatrié à Chicago où il joua enfin une saison complète et récolta de bonnes statistiques avec 3 buts et 10 passes en 46 matchs, soit le meilleur rendement chez les défenseurs de l'équipe. Il évoluait aussi parfois comme attaquant.

En 1933-34, il joua encore toute la saison à Chicago, mais n'obtint que 4 points. Il fut toutefois en poste durant l'entièreté des séries éliminatoires et aida le club à remporter sa première Coupe Stanley. Avant que les séries commencent, Jenkins avait parié avec le gardien des Hawks Charlie Gardiner que s'ils gagnaient la coupe, il paraderait Gardiner en brouette dans les rues de Chicago lors de la parade. 

Jenkins tint parole.

Jenkins transportant Charlie Gardiner lors de la parade de 1934
 

Gardiner devint le seul gardien capitaine à remporter la Coupe Stanley dans l'histoire de cette dernière. Cependant, il souffrait d'une infection aux amygdales depuis deux saisons, et jouait constamment malgré la douleur, la fatigue et même des convulsions. Il dut même quitter le match décisif en finale contre les Red Wings, après la 3e période toujours avec une égalité de 0-0. Le match se termina en 2e période de surtemps sur un but de Mush March (tout un nom). Gardiner remporta également le Vézina cette saison-là. Malheureusement, son infection prit de l’ampleur et il mourut d'une hémorragie cérébrale deux mois après avoir été transporté en brouette par Jenkins.

Lors de l'entre-saison 1934, Jenkins fut impliqué dans une méga transaction alors que la légende du Canadien Howie Morenz prit (dans la controverse) le chemin de Chicago. En retour de Morenz, du gardien Lorne Chabot et du défenseur Marty Burke, le Canadien obtint l'excellent Lionel «Big Train» Conacher, l'attaquant Leroy Goldsworthy ainsi que Jenkins. Conacher fut toutefois échangé aussitôt aux Maroons où il avait déjà joué dans le passé.


Jenkins continua donc sa carrière avec le CH et obtint 4 buts et 6 passes en 1934-35. Il fut toutefois échangé à prix fort après cette seule saison, cette fois-ci aux Bruins. En retour de seulement Jenkins, le CH obtint le controversé et excentrique Jean Pusie et aussi le défenseur Walt Buswell qui jouera 5 solides saisons avec le faible club montréalais.

Donc Jenkins joua en 1935-36 pour un cinquième club différent en six saisons (en incluant les Tigers du Bronx). Il récolta 8 points en 42 matchs. 

Mais, encore une fois, il fut impliqué dans une autre transaction d'importance avant la saison suivante. Cette fois-ci, il retourna avec le Canadien en compagnie du légendaire Babe Siebert. En retour, les Bruins rapatrièrent Leroy Goldsworthy, en plus de mettre la main sur Sammy McManus ainsi qu'un montant de 10 000$.

Cependant, les Canadiens n'avaient que très peu de plan pour ce deuxième séjour de Jenkins. Ils le firent jouer 10 matchs sans histoire avant de le laisser languir dans les gradins. Il fut finalement libéré à la mi-décembre 1936. Le soir même, les Maroons lui firent signer un contrat d'urgence pour colmater leur défense. Mais ce ne fut que son seul et unique match avec les Maroons et il fut également laissé de côté pour les prochains matchs. Il fut finalement prêté aux Americans de New York, son 3e club de la saison. Il est d'ailleurs un des premiers joueurs de l'histoire de la ligue à avoir joué pour trois équipes durant le même calendrier.

Libéré par les Americans après la saison, il débuta ensuite celle de 1937-38 sans contrat. Il fut toutefois signé quelques semaines plus tard par son premier club, les Black Hawks. L'air de Chicago sembla parfaitement lui convenir puisqu'il retrouva finalement son aplomb, obtenant 9 points en 37 matchs, et aidant de nouveau l'équipe à remporter la Coupe Stanley. Cette fois-ci il fut un contributeur majeur en séries, obtenant 6 points en 10 matchs. 

Les Hawks de 1938 sont souvent considérés comme un des pires clubs à avoir remporté la Coupe. Le club avait raté les séries l'année précédente et s'étaient faufilé en séries avec une fiche de 14 victoires, 25 défaites et 9 nulles, ce qui était quand même bon pour la dernière position donnant accès aux séries dans leur division. Sur leur chemin, ils éliminèrent d'abord les Canadiens, et ensuite les Americans en deuxième ronde, soit deux clubs ayant abandonné dans le cas de Jenkins la saison précédente. Ils éliminèrent ensuite les Leafs en 4 matchs (d'une série 3 de 5). Les Leafs étaient également une ancienne équipe de Jenkins, mais comme vous pouvez voir, il a pas mal joué partout...

Leur pourcentage de victoire de .291 en saison demeure à ce jour un record pour un club champion de la coupe. Ils sont également le club champion ayant le moins de membres du temple de la renommée, seulement un en fait, le défenseur Earl Siebert.

Et encore une fois, j'imagine par tradition, Jenkins avait fait le pari avec le gardien des Black Hawks, cette fois-ci Mike Karakas, qu'il le transporterait en brouette. Je n'ai pas trouvé de photo cette fois-ci, seulement cette coupure de journal.


Les Black Hawks de 1938 étaient également l'équipe avec les plus de joueurs nés aux États-Unis ayant leur nom gravé sur la coupe avec 8 joueurs, incluant Jenkins.

Suite à cette deuxième coupe pour Jenkins (et les Hawks), il débuta la saison suivante à Chicago mais fut libéré après 14 matchs. Il fit alors un énième retour avec une ancienne équipe, en retournant avec les Americans de New York. C'est avec eux qu'il termina son parcours dans la LNH. Et son dernier match en saison régulière ne fut même pas complété en tant que patineur. Lors du dernier match de la saison des Americans contre les Rangers, le gardien Earl Robertson se blessa durant la deuxième période. N'ayant aucun substitut, ce fut Jenkins qui fut délégué pour remplacer Robertson. Alors qu'ils tiraient déjà de l'arrière 4-2, Jenkins alloua 7 buts et les Americans perdirent ce match 11-5, soit leur pire défaite de la saison. Ils atteignirent toutefois les séries mais s'inclinèrent en 2 matchs contre les Maple Leafs.

La saison suivante, Jenkins fut vendu aux Indians de Springfield de Eddie Shore dans la AHL. Après une saison à Springfield, il joua trois ans avec les Bears de Hershey et fut élu au passage sur l'équipe d'étoiles en 1942-43. Il mit ensuite le cap vers l'ouest pour terminer sa carrière dans les niveaux mineurs de l'ouest nord-américain. Il joua d'abord la saison 1943-44 avec les Iron Workers de Seattle de l'obscure Northwest International Hockey League, ligue purement amateure qui jouait seulement les dimanches... La NIHL se renomma sous le nom de la Pacific Coast Hockey League la saison suivante. Jenkins suivit, cette fois-ci avec les Stars de Seattle. Il joua ensuite pour les Ironmen de Seattle et termina finalement sa longue carrière en 1948 après deux saisons avec les Rockets de Tacoma.

En 327 matchs dans la LNH, sa fiche fut de 15 buts et 39 passes pour 54 points. Il aura joué pour 6 clubs de la LNH, à une époque où l'on comptait entre 7 et 10 équipes par saison. Les seuls clubs où il n'aura pas joué durant son passage furent les Rangers, les Red Wings, les Quakers de Philadelphie (1930-31) et les Senators d'Ottawa/Eagles de St.Louis, 

Donc malgré une carrière assez anonyme, il aura tout de même laissé sa trace particulière, obtenant au passage deux coupes Stanley et ayant été impliqué dans plusieurs transactions majeures de l'époque. On peut dire qu'il a roulé sa brouette...


lundi 12 mai 2025

Appel de textes

 

Notre blogue est un peu au ralenti cette année, moins de textes et moins de lectorat. On aimerait bien fournir une autre saison de 100 points (100 textes) et de continuer l'expansion de notre véritable encyclopédie du hockey, alors on lance un appel de textes en ramenant le «courrier des lecteurs».

Plusieurs de nous ont d'ailleurs débuté sur ce blogue en fournissant une contribution sur tel ou tel sujet ou joueur avant de devenir des fournisseurs réguliers, alors si ça vous tente de participer également, si vous avez une quelconque plume potable et un intérêt pour l'histoire du hockey et les histoires farfelues, faites nous signe! On pense faire la publication d'un texte d'un lecteur par semaine, ou bien plus si on en reçoit vraiment beaucoup.

Bien sûr n'oubliez pas de consulter nos archives pour voir si le sujet a pas déjà été traité.

Alors, faites-nous une passe sur la palette et envoyez-nous vos contributions!

mercredi 7 mai 2025

Le repêchage intraligue - 2e partie


 

 

Comme vu dans la première partie, le repêchage intraligue d'origine exista de 1952 jusqu'à sa dissolution en 1975. Durant ces presque 25 ans, on pouvait dire que, malgré ses ratés, le repêchage avait quand même réussi sa mission qui était d'équilibrer les forces en présence dans la LNH. Grâce à ce repêchage, des joueurs comme Gerry Cheevers, Vic Hadfield et Tony Esposito ont grandement aidé les organisations les ayant choisi, tandis que plusieurs autres pièces de rechange et joueurs de soutien ont aussi contribué.

Cependant, à partir des années 70, l'intérêt des dirigeants envers cette pratique avait drastiquement diminué. C'était particulièrement causé par le mauvais climat avec les récentes expansions et la présence de l'AMH depuis 1972, elle qui soutirait plusieurs joueurs de la LNH par ses gros salaires. Prendre le risque de choisir un joueur pour possiblement le perdre lors d'une expansion ou au profit de l'AMH était très risqué. Il y avait également le prix des compensations monétaires qui en refroidissait plusieurs, alors qu'il était désormais fixé à 40,000$ par sélection. La date du repêchage fut également déplacée du mois de juin au début de la saison, après les camps d'entraînement, mais sans grand effet.

Mais, suite à sa dissolution, il y avait toujours des problèmes de disparité à travers la ligue avec quelques super-puissances mais plusieurs clubs en difficulté, autant financières qu'au niveau hockey.  

Donc, en 1977, alors que les négociations d'une fusion avec l'AMH avaient déjà commencé, on décida de ramener le repêchage intraligue sous une deuxième forme. Si auparavant il s'appelait le «intra-league draft», il serait désormais nommé le «waiver draft» ou en français le «repêchage au ballotage». Cependant, en français on garda la plupart du temps l'appellation «repêchage intraligue». 

Désormais, il n'y aurait plus de compensation fixe de 40,000$. Il y aurait toutefois une compensation à échelle, basée sur l'âge et l'expérience du joueur. La compensation à payer pour un jeune joueur serait plus dispendieuse qu'un vétéran en fin de carrière, ce qui avait pour but de décourager les équipes à vider les espoirs d'une autre équipe et en même temps d'encourager ces équipes à trouver une place à des joueurs vétérans. Il y avait également le retour d'une règle en fonction dans les dernières années de l'ancien repêchage, soit que si tu sélectionnais un joueur, tu devais ajouter un nouveau joueur sur ta liste de joueurs non-protégés. À partir de 1986, la première ronde du draft serait exclusivement réservée aux clubs ayant raté les séries.

Donc le repêchage intraligue revint en scène en 1977, et comme les premières années de l'ancien draft, ce fut assez timide alors que seulement 3 joueurs furent sélectionnés; Dave Forbes, Wayne Thomas et Paul Woods. 

Mais le cas de Paul Woods est intéressant. Ce sont les Canadiens qui perdirent ce jeune attaquant deux fois champion de la coupe Calder avec les Voyageurs de la Nouvelle-Écosse au profit des Red Wings. Cependant, ces derniers durent dépenser 50 000$ pour sa sélection. Pour leur part, Forbes et Thomas n'exigèrent qu'une compensation de 12,500$.

Le repêchage intraligue était donc de retour pour de bon, à l'exception de 1979 où il fut annulé suite à la fusion avec l'AMH et en 1991 avec l'arrivée compliquée des Sharks de San Jose...

Cependant on ne vit pratiquement plus aucun changement majeur aussi marquant que les Cheevers, Esposito ou Hadfield du premier repêchage intraligue. 

Le repêchage intraligue 2.0 perdura jusqu'en 2003. Il n'eut évidemment pas lieu lors de l'arrêt des activités en 2004-05 et il fut ensuite éliminé suite à la nouvelle convention collective découlant du lock-out.

Voici les principales acquisitions et histoires intéressantes qu'on a pu noter au cours des décennies suivantes. Vous allez voir qu'il s'agit souvent de joueurs vedettes notables qui n'étaient plus désirés dans leur ancienne équipe ou qui étaient au bout du rouleau. Mais on a quand même pu voir quelques instances où il s'agissait de très bonnes acquisitions.

Pierre Bouchard, réclamé des Canadiens par les Capitals en 1978.

Irv Grundman, le DG des Canadiens, n'avait pas de place pour garder Bouchard mais désirait conserver ses services. Il fit donc un marché avec les Caps selon quoi si les Capitals sélectionnaient Bouchard, il leur enverrait le jeune prospect Rod Schutt, vedette des Voyageurs dans l'AHL. La sélection et l'échange eurent lieu (seulement 2 500$ de compensation pour Montréal) mais la ligue annula cette transaction, car il était toujours illégal d'échanger un joueur obtenu lors de ce repêchage durant la saison en cours. Bouchard ne voulait pas jouer à Washington et ne joua qu'un match avec eux avant de prendre sa retraite. Il se ravisa toutefois la saison suivante et joua 3 autres saisons dans l'organisation des Caps. 

Yvon Lambert, réclamé des Canadiens par les Sabres en 1981

Un autre glorieux déchu, Lambert joua une saison avec les Sabres et ensuite deux autres avec leur club-école de Rochester où il remporta la coupe Calder en 1983.

Serge Savard, réclamé des Canadiens par les Jets en 1981.

Un autre signe de la fin de la dynastie des glorieux des années 70 avec Serge Savard qui prit le chemin de Winnipeg. Il y joua deux saisons avant de revenir comme DG à Montréal.

Carol Vadnais, réclamé des Rangers par les Devils en 1982.

Après avoir été réclamé du Canadien par les Seals en début de carrière, Carol Vadnais retourna de nouveau par voie du repêchage intraligue à l'autre équipe faible du moment. Il refusa initialement de se rapporter avec les Devils mais fut ensuite convaincu par l'équipe de signer un nouveau contrat. Les Devils le libérèrent toutefois après une seule saison et il prit sa retraite.

Wayne Babych, réclamé des Blues par les Penguins en 1984.

Bob Bourne, réclamé des Islanders par les Kings en 1986.

Clark Gillies, réclamé des Islanders par les Sabres en 1986.

 

Un autre signe d'une autre dynastie qui s'éfrite avec Bob Bourne et Clark Gillies, des membres importants des coupes Stanley de 1980 à 1983, qui quittèrent tous les deux les Islanders en 1986. Les Islanders post-dynastie furent vraiment mal gérés c'est le moins qu'on puisse dire. Ils avaient également perdu Dave Langevin en 1985, tandis que Bob Nystrom prit sa retraite en 1986. Mike Bossy et Denis Potvin prirent leurs retraites également dans les deux années suivantes. Perdre autant de bons joueurs sans rien recevoir en retour, si ce n'est que de maigres compensation financières de 2,500$ par joueur...

Wilf Paiement, réclamé des Rangers par les Sabres en 1986.

Charlie Simmer, réclamé des Bruins par les Penguins en 1987.

Reijo Ruotsalainen et Risto Siltanen, réclamés par les Devils en 1987.

Comme moi, les Devils étaient fascinés par ces deux défenseurs finlandais et profitèrent de ce repêchage pour obtenir leurs droits des Oilers et des Nordiques respectivement. Mais seulement Ruotsalainen joua quelques matchs au New Jersey, tandis que Siltanen retourna jouer en Europe par la suite.

Brad Marsh, réclamé des Flyers par les Maple Leafs en 1988.

Wayne Van Dorp, réclamé des Blackhawks par les Nordiques en 1990.


Pas vraiment notable, mais Van Dorp a quand même coûté 50 000$ aux Nordiques... L'homme fort joua seulement 4 matchs au début de la saison 1990-91 avant se devoir se faire opérer à l'épaule et rater le reste de la saison. Apparement que les Blackhawks savaient pour l'état de Van Dorp et que ce fut la raison de son placement au ballotage. Le DG Pierre Pagé tenta de réclamer une enquête de la LNH à ce sujet mais rien n'aboutit au final. Van Dorp joua ensuite seulement 24 matchs en 1991-92, ses derniers dans la LNH, avant de terminer sa carrière deux ans plus tard dans les mineures.

Mario Marois, réclamé des Nordiques par les Blues en 1990.

Bob Bassen, réclamé des Blackhawks par les Blues en 1990.

Une très bonne acquisition sous le radar ici car Bassen sera un des joueurs favoris de la foule à St.Louis.

Norm Maciver, réclamé des Oilers par les Sénateurs en 1992.

Ici j'avais quelque peu oublié que Maciver n'avait pas été réclamé lors du repêchage d'expansion mais plutôt au repêchage intraligue. Il termina la saison inaugurale des Sénateurs au premier rang des pointeurs de l'équipe.

Igor Larionov, réclamé des Canucks par les Sharks en 1992.

Malgré que Larionov avait obtenu des bonnes stats à Vancouver et qu'il avait pris Pavel Bure sous son aile, son contrat de trois saisons était terminé et plutôt que de l'échanger ou de le resigner, les Canucks le laissèrent sans protection au profit des Sharks. Il décida de jouer une saison en Suisse en 1992-93 avant de revenir dans la LNH avec les Sharks en 1993-94.

Doug Brown, réclamé des Penguins par les Red Wings en 1995. 

Craig Billington, réclamé des Panthers par l'Avalanche en 1996.

Une solide acquisition sous le radar. Billington sera l'adjoint principal de Patrick Roy pendant trois saisons. Il jouera ensuite 4 autres saisons avec les Capitals.

Robert Lang, réclamé des Penguins par les Bruins en 1997.

Ici c'était un chapitre bizarre de la carrière de Robert Lang. Libéré par les Kings après la saison 95-96, Lang joua un an en Europe avant de revenir dans la LNH comme agent libre avec les Penguins. Cependant, les Penguins le perdirent au repêchage intraligue au profit des Bruins. Cependant, il ne joua que 3 matchs à Boston avant d'être placé au ballotage. Les Penguins le rapatrièrent et il y joua ensuite pendant 6 saisons, durant lesquelles il devint finalement un joueur d'élite.

Chris Osgood, réclamé des Red Wings par les Islanders en 2001.

Probablement l'acquisition du repêchage intraligue 2.0 la plus majeure alors que Osgood était parmi les meilleurs gardiens de la ligue. Mais ayant mis la main sur LE meilleur gardien avec Dominik Hasek durant l'été 2001, les Red Wings tentèrent sans succès d'échanger Osgood. Ils durent finalement se résoudre à le laisser sans protection. J'imagine qu'ils ne voulaient pas le laisser croupir dans l'attente ou le reléguer comme numéro deux. 

Alors pour services rendus, il put quitter pour Long Island. Après une saison et demie avec les Islanders (qu'il aida à retourner en séries) et une autre avec les Blues, il revint à Détroit en 2005-06 comme agent libre. Il se retrouva éventuellement en tandem avec Hasek, qui fit également un retour à Détroit en 2006-07. Osgood fut le partant de confiance des Wings pour une dernière coupe en 2008.

Stéphane Robidas, réclamé du Canadien par les Thrashers en 2002.

Francis Bouillon, réclamé du Canadien par les Predators en 2002.

Le premier aller-retour Nashville/Montréal de Francis Bouillon. Ce fut toutefois très court. Après seulement 4 matchs, il fut placé au ballotage et rapatrié à Montréal. Il resigna toutefois comme agent libre avec les Predators en 2009 et y joua trois saisons. Il revint ensuite à Montréal comme agent libre en 2012.

 

Steve Bégin, réclamé des Sabres par le Canadien en 2003.


Un petit cadeau pour finir avec la seule bonne acquisition du Canadien dans l'histoire de ces deux repêchages. En fait, l'équipe était plutôt habituée d'être de l'autre côté de l'équation avec des joueurs de talent en trop qui vont dans l'autre sens. Mais pour cette dernière édition du repêchage intraligue en 2003, l'équipe fit l'acquisition du valeureux Steve Begin qui deviendra un joueur culte à Montréal. 


Sources:
Pagé réclame une enquête à la LNH, Le Soleil, 30 novembre 1990
Historical hockey stats and trivia

vendredi 2 mai 2025

Le repêchage Intraligue


 


Lors du texte de Chris Joseph que j'ai publié l'autre jour, j'ai mentionné que ce dernier avait été réclamé à plusieurs reprises au repêchage intraligue durant sa carrière, soit 3 fois, ce qui est probablement un record. Mais pour vous plus jeunes lecteurs, vous ignorez peut-être ce qu'était le repêchage intraligue. Même moi je ne savais pas exactement en quoi ça consistait exactement. Dans le passé, j'ai déjà parlé du repêchage supplémentaire, alors dans la même veine voici l'histoire de ce repêchage particulier et vestige du passé qu'est le repêchage intraligue.

Les origines du repêchage intraligue remontent à 1952. La LNH se retrouvait alors en pleine ère «Original 6» où il y avait peu d'équipes mais beaucoup de disparité entre les clubs, ce que mon collègue keithacton surnomme «la ligue à deux vitesses». Afin d'aider à équilibrer les clubs en place, l'idée de ce repêchage fut implantée.

Les principales règles initiales furent les suivantes:

  • Le repêchage avait lieu une semaine avant le début de la saison.
  • Chaque équipe pouvait protéger 20 patineurs et 2 gardiens.
  • Pour chaque sélection d'un joueur non-protégé, l'équipe devait payer 10 000$ à l'ancien club.
  • Le joueur ne pouvait pas être échangé ou prêté à un autre club durant la saison, à l'exception du ballotage.
  • L'ordre des sélections était l'inverse des positions finales au classement de la saison précédente.
  • Tous les joueurs en bas de 22 ans n'ayant pas joué au moins 4 matchs dans la ligue étaient exclus.

Mais lors de la première séance du repêchage intraligue le 5 octobre 1952, un jour avant le match des étoiles, aucune équipe ne fit de sélection. Un mauvais départ pour cette initiative de la ligue.

Des amendements eurent lieu lors des saisons suivantes, abaissant d'abord le nombre de patineurs protégés à 18 et le montant réclamé monta à 15 000$. L'âge et le nombre de matchs minimum furent aussi éventuellement laissés de côté.

Mais encore une fois, aucune équipe n'exerça cette option lors du repêchage de 1953.

John McCormack
 

Ce n'est qu'en 1954 qu'on vit finalement de l'action lorsque les Blackhawks sélectionnèrent l'attaquant John McCormack du Canadien. McCormack était un joueur de soutien du CH depuis quelques saisons et ne jouera qu'une seule saison à Chicago et finira sa carrière en 1956 dans les mineures. À noter que lors de ce repêchage, Elmer Lach était aussi disponible chez le CH. Ce dernier a toutefois pris sa retraite avant la saison.

On était donc encore loin de voir quelque chose de spectaculaire avec ce repêchage...

Si bien qu'en 1955, la rencontre entre les dirigeants fut même annulée à la demande générale, devant le peu de choix disponibles chez les joueurs...

Il fut ensuite décidé qu'il était mieux de procéder à ce repêchage en juin lors du rendez-vous annuel des dirigeants. Et ça commença peu à peu à lever. En 1956, on assista à deux sélections, soit Larry Cahan (des Maple Leafs aux Rangers) et Tom McCarthy (des Rangers aux Red Wings).

En 1957, on assista à 5 sélections et finalement des joueurs notables comme Larry Hillman (des Red Wings aux Blackhawks) et Bronco Horvath (des Canadiens aux Bruins). Hillman connaîtra une longue carrière tandis que Horvath connaitra deux saisons de 30 buts avec les Bruins.

Je ne vais pas résumer chaque année en détail mais voici les principales acquisitions d'importance lors des années suivantes. Vous allez voir que l'on commença à voir de plus en plus de sélections qui auront effectivement aidé à balancer les pouvoirs en place.

Bert Olmstead

Bert Olmstead réclamé du Canadien par les Maple Leafs en 1958
Après sa 8e saison à Montréal, les docteurs dirent à Olmstead qu'il ne restait plus de force dans ses genoux et qu'il devrait contempler la retraite. Suite à ce diagnostic, les Canadiens le laissèrent donc sans protection. Il joua quand même 4 autres saisons avec les Leafs, remportant une dernière coupe en 1962. 

Al Arbour réclamé des Red Wings par les Blackhawks en 1958
Arbour fit partie de l'équipe championne des Hawks en 1961. Il repassa par le même repêchage à l'automne suivant, et fut cette fois-ci réclamé par les Leafs où il gagna deux autres coupes.  

Jean-Guy Gendron réclamé des Rangers par les Bruins en 1958
Jean-Guy Gendron, futur joueur et entraîneur des Nordiques dans l'AMH, fut lui aussi un membre constant du repêchage intraligue, passant à deux autres équipes au courant des années suivantes.   

Ted Green réclamé du Canadien par les Bruins en 1960
Jeune défenseur dans le système du Canadien, Green sera longtemps membre de la brigade défensive et de la montée en puissance des Bruins avec qui il remportera la coupe en 1970 et 1972. Il fit ensuite le saut dans l'AMH avec les Whalers, où il fut nommé comme premier capitaine de l'équipe et les menant au premier championnat de l'AMH.


Vic Hadfield

Vic Hadfield réclamé des Blackhawks par les Rangers en 1961
Hadfield n'avait encore jamais joué avec les Blackhawks avant sa sélection. Il deviendra un des meilleurs joueurs de l'histoire de la franchise, obtenant au passage une saison de 50 buts en 1971-72. Il sera également capitaine de 1971 à 1974. Son numéro 11 (le même que Mark Messier) fut retiré par l'équipe en 2018.   

Gary Bergman réclamé du Canadien par les Red Wings en 1964
Bergman sera un solide pilier de la défense des Red Wings jusqu'en 1973. Il fera également partie de l'équipe de la série du siècle en 1972.  

Dickie Moore réclamé du Canadien par les Maple Leafs en 1964
En fin de carrière, Moore jouera seulement une saison à Toronto avant de prendre sa retraite mais fera un comeback d'une saison avec les Blues en 1967.  

Terry Sawchuk réclamé des Red Wings par les Maple Leafs en 1964
En 1964, on vit un mouvement majeur alors que les Red Wings laissèrent le légendaire Terry Sawchuk non-protégé. Il passa alors aux Maple Leafs et les aida grandement lors de la conquête de 1967.

Gerry Cheevers
 

Gerry Cheevers réclamé des Maple Leafs par les Bruins en 1965
Un autre mouvement d'importance chez les gardiens avec l'acquisition de Cheevers en 1965. Il jouera deux saisons dans les mineures mais deviendra numéro un de l'équipe jusqu'en 1980 suite à la sélection de Bernard Parent par les Flyers à l'expansion de 1967. 

Pat Stapleton réclamé des Bruins par les Blackhawks en 1965 
Stapleton avait d'abord été lui-même obtenu au repêchage intraligue des Blackhawks en 1961. Mais 4 ans plus tard il retourna à Chicago par le même procédé. Il sera un rouage important de l'équipe pendant 8 saisons.

Carol Vadnais réclamé des Canadiens par les Seals de Californie en 1968
En surplus de talent à Montréal, Vadnais devint disponible et deviendra le meilleur défenseur de la faible franchise des Seals pendant quelques saisons.

Jacques Plante réclamé des Rangers par les Blues en 1968
En retraite depuis qu'il ne voulait plus jouer avec les Rangers, ces derniers acceptèrent finalement de le libérer et utilisèrent le repêchage intraligue pour finalement s'en débarrasser. Plante aida les Blues à retourner en finale et jouera jusqu'en 1975 dans l'AMH avec les Oilers.

Tony Esposito réclamé des Canadiens par les Blackhawks en 1969
Une autre acquisition d'importance du repêchage intraligue, probablement la meilleure en fait. Également en surplus de talent au niveau des gardiens, le CH n'avait pas le choix de laisser Esposito disponible. Il gagnera le trophée Calder en 1970 ainsi que trois trophées Vézina. Son numéro 35 fut retiré par les Hawks et il fut élu au temple de la renommée en 1988.

À noter qu'à partir de 1966, les équipes perdant le joueur avaient l'option de réclamer un joueur de l'autre équipe au lieu de prendre le montant d'argent, qui était désormais de 20,000$. Les Canadiens obtinrent alors le gardien Jack Norris, qui ne jouera qu'une saison dans le système des mineures du CH.

Dean Prentice réclamé des Red Wings par les Penguins en 1969
Joueur de longue date des Rangers, Bruins et Red Wings, Prentice avait encore quelques bonnes saisons à donner. Il jouera 2 saisons à Pittsburgh et 3 autres au Minnesota, amassant au final 391 buts et 860 points en 1378 matchs.

René Robert

René Robert réclamé des Maple Leafs par les Penguins en 1971
Un fait que j'ignorais totalement était le bref passage de Robert avec les Penguins (?). Mais oui, il joua d'abord 49 matchs à Pittsburgh en 1971-72 avant d'être échangé aux Sabres (en retour de Eddie Shack) et de devenir membre de la fameuse «French Connection».

Le repêchage intraligue dura ensuite jusqu'en 1975. Les précédentes expansions et le surplus d'équipes firent en sorte qu'il n'y avait plus beaucoup de joueurs intéressants et donc moins de sélections. Il y a toujours Tim Horton qui passa des Penguins aux Sabres en 1972 mais à part ça, rien de majeur. Également les compensations financières faisaient reculer plusieurs équipes en difficulté financière. D'ailleurs, les Penguins ne purent participer à la dernière séance de 1975 puisqu'ils étaient alors techniquement en faillite avant de redresser la barque.

Le repêchage intraligue fut ensuite ressuscité en 1977 avec quelques modifications, ce que nous verrons dans une deuxième partie.