Et voilà! Le rideau est finalement tombé sur la séance de repêchage de 2022. Le fait que les Canadiens qui détenaient le premier choix (une première depuis 1980), alors que l’événement avait lieu dans leur cour, a fait en sorte de créer un grand engouement. Tous avaient une opinion et il en a résulté de nombreuses discussions pas toujours civilisées entre des personnes qui avaient peu ou pas vu jouer les principaux protagonistes. Maintenant, rendez-vous dans 3 ou 4 ans pour avoir une opinion un peu plus informée sur la chose.
La situation a grandement aidé à mousser l’intérêt pour les billets pour assister à l’encan. Pour la première journée (jeudi soir, première ronde), il en coûtait 90$ pour les rouges, 80$ pour la section club et 40$ pour le niveau supérieur. Ces billets se sont envolé à la vitesse de l’éclair et n’ayant pas été assez rapide, j’ai dû m’en passer. Pour la deuxième journée (vendredi, rondes 2 à 7), les prix étaient de 30$ pour les rouges, 20$ pour la section club et 10$ pour les niveaux supérieurs. Je me suis dit que, même si le suspense était moins grand que pour le jeudi, voir comment le tout fonctionnait valait bien un petit 10$. Je me suis donc dirigé vers les hauteurs.
Il fut une époque où je suivais les activités de la LHJMQ de beaucoup plus près que maintenant. Aujourd’hui, je connais quelques espoirs, mais sans plus. Aussi, si le championnat mondial junior m’aide habituellement à connaître quelques noms, ce ne fut pas le cas cette année, puisqu’il a été grandement écourté. Je me suis donc imprimé les listes de la centrale de dépistage, histoire de me repérer et de comparer avec les choix des équipes.
À mon arrivée, il était facile de repérer les espoirs. Il suffisait de chercher les jeunes hommes en complet cravate. Plusieurs prenaient des photos avec les membres de leur famille. On sentait une fébrilité partagée. Atteindre ce niveau sans un appui indéfectible de ses proches est pratiquement impossible.
D'après vous, qui sont les espoirs parmi la foule? |
Je me suis ensuite dirigé vers mon siège. Le plancher était disposé comme une classe. À l’avant, les cancres : Montréal, Arizona et Seattle. À l’arrière, les premiers de classe : Colorado, Tampa Bay, New York et Edmonton. Avant de commencer la séance, Bill Daly, le commissaire adjoint, a même pris les présences en nommant chacune des équipes par ordre alphabétique. Il ne manquait que le son de la cloche…
La photo n'est pas très bonne, mais on y voit les cancres de la classe (Montréal, Arizona et Seattle) en avant, au pied du podium |
À l'arrière, les premiers de classe, de haut en bas, Colorado, Tampa Bay, New York et Edmonton |
Comme à l'école, le professeur Bill Daly prend les présences |
La section médias |
Nos amis de TVA Sports |
La foule était plus clairsemée que la veille |
Contrairement à la première journée, où une tribu de personnes se rendait sur le podium à chacune des annonces pour ensuite attendre l’arrivée de l’heureux élu et de lui remettre un chandail, les autres tours se déroulent plus rondement. On fait l’annonce à partir de la table et si le joueur est présent, il peut descendre et rejoindre sa nouvelle équipe, mais pendant cette période, les sélections continuent. Si l’équipe suivante traînait, Daly l’incitait à se dépêcher. (Gary Bettman n’était pas sur le podium lors de la deuxième journée.) À certains moments, l’annonceur Michel Lacroix, qui répétait les choix, s’est même fait couper la parole. Ceci laisse donc moins de temps pour chercher parmi les listes.
Au début, on peut tout de même suivre, puisque les premiers nommés sont habituellement en haut de la liste. Mais dans un repêchage où celle-ci était plus ou moins suivie, ça devenait de plus en plus difficile de les repérer rapidement. Je me suis donc concentré sur les choix des Canadiens, des Sénateurs et ceux issus de la LHJMQ. Pour le défenseur russe choisi en cinquième ronde par les Hurricanes, désolé… D’autant que pour la deuxième journée, les noms des joueurs choisis n’étaient pas affichés sur le tableau central, mais seulement sur celui du podium, peu visible d’où j’étais. Mais pourquoi j’ai oublié mes lunettes?
Un peu difficile pour moi de lire sur le tableau du podium... |
Les équipes avaient ensuite une loge pour manger et recevoir leurs nouvelles acquisitions.
À la sortie, les exaucés avaient leur nouveau chandail sur le dos, alors que les déçus n’avaient que leur veston. Certains se sont prêté à des séances de photos, que ce soit avec des parents et amis ou avec des partisans. Une multitude de navettes attendait tout ce beau monde à l'extérieur.
En route vers l'aéroport. On espère qu'ils sont patients... |
Somme toute, c’est une expérience intéressante, mais l’intérêt est encore plus grand si vous suivez le hockey junior. L’aspect humain (joie, déception, solidarité et fierté familiales) est particulier, et je suppose que j’en aurais été témoin encore plus si j’avais été assis parmi les joueurs et leurs familles.
Isiah George des Knights de London et nouvelle acquisition des Islanders qui prend un bain de foule |
Faits et commentaires au sujet du repêchage
-Kent Hughes a eu l’intelligence d’éviter la controverse au sujet de l’aspect local. Il a repêché un franco-ontarien (Cédric Guindon au 4e tour) et un québécois de la LHJMQ avec sa dernière sélection (Miguel Tourigny au 7e tour). C’est peu, d’autant plus que le tricolore a choisi onze joueurs, mais c’est mieux que rien. Je n’ai jamais compris que Marc Bergevin soit tombé à quelques reprises dans ce piège à ours et dut passer du temps à se justifier au lieu de parler de ses choix, alors qu’il aurait été si simple de prendre au moins une sélection tardive pour montrer qu’on s’intéresse à la LHJMQ. S’il peut arriver que les étoiles ne s’alignent pas pour les premières rondes, pour celles qui suivent, il n’y a pas d’excuse. Je comprends aussi que les règles favorisent entre autres les joueurs universitaires, puisqu’on peut conserver leurs droits plus longtemps, mais il demeure que les probabilités que ces sélections tardives ne jouent même qu’un seul match dans la grande ligue sont de toute façon faibles. Tourigny (que je n’ai pas vu jouer) a autant de mérite que n’importe quel américain qui ne mettra peut-être jamais les pieds à Montréal. Lui donner sa chance est sain et peu coûteux, en plus de permettre d'éviter des débats philosophiques redondants.
-Parlant des espoirs de la LHJMQ, ce sont les Ducks d’Anaheim qui ont "nettoyé la place" en s’accaparant trois des quatre premiers joueurs issus de cette ligue : Nathan Gaucher, Noah Warren et Tristan Luneau. On leur souhaite bonne chance.
-Les Sénateurs aiment beaucoup les suédois (4 choix sur 9). Les Canadiens sont plus diversifiés (deux slovaques, deux ontariens, deux albertains, un québécois, un suédois, un finlandais, un américain et un autrichien).
-La liste de la centrale est une indication, mais après un moment, elle ne tenait plus et les équipes choisissaient un peu partout, même à l’extérieur de celle-ci. Par exemple, chez les gardiens européens, quatre cerbères sur la liste (sur dix) ont été choisis, alors que sept autres ont été sélectionnés sans même y apparaître.
-Chez les patineurs nord-américains, le triste honneur du plus haut classé à ne pas être choisi appartient à Jake Livanavage, de l’Arizona. Il était classé 54e. On peut imaginer la déception. Comme il a 18 ans, il pourra se reprendre. Chez les gardiens, le troisième espoir nord-américain, le californien Dylan Silverstein et le deuxième européen, le suédois Hugo Havelid, ont également été ignorés. Ils ont aussi 18 ans. Autre preuve que la liste ne fait pas foi de tout.
-À l’inverse, les Panthers ont choisi au 93e rang Marek Alscher des Winterhawks de Portland. Selon la liste de la centrale de recrutement, il n’était que 177e et ce, seulement parmi les patineurs nord-américains. L’avenir nous dira si ce qu’ils ont vu et que la centrale n’a pas vu se transformera en or ou si ce n’était qu’une illusion.
-Toujours au sujet des gardiens, la récolte a été faible. Il a fallu attendre au 41e rang avant qu’un d’eux ne soit choisi (le finlandais Topias Leinonen, par Buffalo). Seulement deux ont été sélectionnés parmi les 100 premiers.
-Kent Hughes n'a pu être aux côtés de son fils Jack, choisi 51e rang par les Kings, puisqu'il était occupé à la table des Canadiens. Ils se sont toutefois évidemment repris un peu plus tard dans la journée, alors qu'ils se sont fait l'accolade.
-Au quatrième tour, les Red Wings ont repêché un jeune prodige, Amadeus Lombardi. Peut-être que lui et Ludwig Persson, le choix de troisième tour des Capitals, nous produiront éventuellement de grands classiques.
-Espérons que Cutter Gauthier, le premier choix des Flyers, est bien outillé pour accéder à la LNH.
-Le prix du choix itinérant revient au 216e, celui qui a servi à choisir Miguel Tourigny. Il s'agit à la base du 7e choix des Blues. Il est ensuite passé par Montréal (dans l'échange de Jake Allen), puis Philadelphie (en retour d'Erik Gustafsson. "On n'a jamais assez de défenseurs" comme disait l'ancienne administration.), puis Arizona, avant de revenir à Montréal (en retour du 7e choix de 2021). 5 destinations dans 4 villes différentes.
-Une fois que la séance avançait, une charmante personne s’est mise à crier comme une perdue à chaque sélection, comme si elle faisait partie de la famille de tous les joueurs choisis. Comme plusieurs personnes avaient quitté, c’était plus silencieux et il était difficile de ne pas l’entendre, même en étant loin d’elle. Un peu comme un jeune bébé qui découvre qu’il entend sa voix et qui le fait sans arrêt, elle devait avoir le même niveau de maturité… On espère qu’elle a fait son dodo.
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