Peu de temps après le début de l'aventure "La Vie Est Une Puck", Martin est devenu chroniqueur pour le défunt site 25stanley.com, avec sa "Chronique Vintage". Bien qu'on croyait ces textes perdus à jamais, la magie d'Internet (et beaucoup de patience …) nous a permis d'en retrouver la majorité. Au cours des prochaines semaines / mois, nous en ressortirons quelques-uns des boules à mites, pour votre plus grand plaisir.
Originalement publié le 26 juin 2011
On s’apprête à vivre ce moment de l’année où les joueurs en fin de contrat vont tester le marché afin de voir si le gazon est plus vert ailleurs qu’avec notre équipe. Il s’agit d’un geste assez exemplaire de l’individualisation d’un sport d’équipe, deux concepts qui peuvent paraître antiéthiques mais qui se fondent bien dans notre société contemporaine… Le sport d’équipe, la primauté de l’équipe au-dessus de l’athlète, s’est estompé au profit d’un joueur mercenaire. Si vous n’aimez pas ce terme, dites-vous qu’il a pour étymologie le mot latin mercenarius, lui-même dérivé du mot merces qui signifie salaire. Une période où le salaire du joueur prime sur les décisions d’un sport, comment ne pas nommer cela du mercenarisme…
Anyway… Si nous sommes très habitués à ce mercenarisme sportif de nos jours, la pratique n’a pas en une autre période été courante.
En fait, jusqu’au début des années 70, la plupart des joueurs avaient ce que l’on appelait une clause de réserve dans leur contrat. Cette clause faisait en sorte qu’une équipe possédait toujours les droits d’un joueur après que le contrat de ce dernier soit arrivé à terme. À l’inverse d'aujourd'hui, les dirigeants des équipes avaient le gros bout du bâton et le joueur n’était souvent qu’un pion. Donc, à cette époque, si une autre équipe voulait acquérir un joueur dont le contrat était terminé, il devait transiger pour avec l’équipe qui possédait toujours ses droits…
C’est avec l’arrivée de la WHA (World Hockey Association, Association Mondiale de Hockey) dans les années 70 que la pratique d’inclure une clause de réserve dans un contrat disparut. Le passage notamment de Bobby Hull vers les Jets de Winnipeg a fait en sorte que la LNH émit une injonction contre la nouvelle ligue en raison de cette clause de réserve. Le cas fut rejeté et la clause de réserve devint une chose obsolète dans le monde du hockey au même titre que la position de maraudeur, le gardien sans masque et le joueur sans casque plus tard…
Suite à cette décision, les joueurs étaient donc maintenant libres de pouvoir aller où bon leur semblait dès la fin de leur contrat. À cette époque, peu de joueurs n’ont fait de changement vers une autre équipe de la LNH après leur contrat, préférant essayer de jouer avec la ligue rivale souvent parce que les contrats étaient plus lucratifs et les problèmes que pourraient engendrer une clause de réserve n’étant pas nécessairement résolus. Ce n’était à l’origine que des joueurs de moindre importance, les journeymen, qui passaient d’une équipe à l’autre à titre d’agents libre et souvent avec un mince dédommagement de la part de l’équipe qui faisait l’acquisition du joueur pour ne pas envenimer le débat.
C’est avec l’acquisition de Rogatien Vachon par les Red Wings en 1978 que l’ère des agents libres et de la mercerisation des joueurs débuta officiellement…
En 1978, après plusieurs saisons avec les Kings où il a fortement contribué à faire de cette équipe d’expansion une des plus puissantes équipes de la NHL, Rogatien Vachon décide de quitter la Californie pour évoluer avec une équipe qui connaissait des années de misère, les Red Wings. Jadis une des équipes des plus dominantes de la NHL, les Red Wings étaient maintenant une équipe minable de fond de cave. Le directeur général de l’époque, et légende vivante des Red Wings, Ted Lindsay, convaincu de pouvoir changer la situation, offrit un très lucratif contrat à Vachon afin qu’il s’amène au Michigan en sauveur. Le prix payé par Lindsay représentait à cette époque le plus gros salaire jamais accordé à un gardien de but… Le contrat était d’environ 1,9 million de dollars.
La méthode d’acquisition n’étant pas nécessairement courante à cette époque, les Kings demandèrent compensation pour le départ de leur gardien vedette. Le 8 août, un arbitre indépendant de la NHL nommé Ed Houston décida que les Kings devaient recevoir une compensation et que celle-ci allait être le jeune Dale McCourt et non Jim Rutherford et Bill Lochead, ce que les Red Wings proposaient. McCourt, un jeune prospect, mentionna aussitôt qu’il refusait de se joindre aux Kings et ce malgré le contrat de 3 millions de dollars que les Kings lui offraient. Une longue saga judiciaire s’en suivit et l’affaire fut réglée peu de temps avant d’atteindre la Cour Suprême des États-Unis… Les Red Wings durent céder André St-Laurent et leur choix de première ronde de 1980 et de 1981 afin de conserver McCourt.
À noter que ce choix de 1980 servira à repêcher un futur membre du Temple de la renommée, Larry Murphy. Mais bon, McCourt put demeurer avec les Red Wings… Entre temps, O-Pee-Chee avait publié cette horrible carte où McCourt apparaissait dans un uniforme des Kings peinturé par-dessus son uniforme des Red Wings…
Pour ce qui est de Vachon, son arrivée avec les Red Wings fut plutôt décevante, remportant que 6 de ses 21 premiers départs lors de cette saison 1978-79. Les fans des Red Wings se mirent aussitôt à réclamer le gardien Jim Rutherford en guise de protestation… Ce qui était anticipé comme un gros coup lors de la signature devint rapidement un flop et après deux difficiles saisons avec les Red Wings, Rogatien Vachon fut cédé aux Bruins en retour du fameux « Gilles Gilbert du Boston ». Vachon termina sa carrière quelques saisons plus tard avec ces mêmes Bruins…
Pour ce qui est de Vachon, son arrivée avec les Red Wings fut plutôt décevante, remportant que 6 de ses 21 premiers départs lors de cette saison 1978-79. Les fans des Red Wings se mirent aussitôt à réclamer le gardien Jim Rutherford en guise de protestation… Ce qui était anticipé comme un gros coup lors de la signature devint rapidement un flop et après deux difficiles saisons avec les Red Wings, Rogatien Vachon fut cédé aux Bruins en retour du fameux « Gilles Gilbert du Boston ». Vachon termina sa carrière quelques saisons plus tard avec ces mêmes Bruins…
Le geste de signer Rogatien Vachon fut peut-être un flop sur la glace, mais fit énormément évoluer la cause des joueurs voulant changer d’équipe à la fin de leur contrat en ce que pour la première fois de l’histoire, une vedette partit de son équipe pour aller vers une autre au sein de la NHL. La pratique s’est depuis régularisée, les compensations par exemple furent abandonnées, laissant le joueur plus souverain de son destin. On a même fait de nos jours une date importante dans le calendrier des fans de hockey avec la journée des l’ouverture des joueurs autonomes, c’est peu dire…
1 commentaire:
Je me souviens de cette histoire. St-Laurent venait de connaître avec les Dead Wings ses 2 meilleures saisons à vie, 31 et 18 buts, ce qui fut considéré comme une alternative valable à la place de McCourt. Quant à lui, on ne reverra plus jamais ça un joueur qui refuse de quitter Détroit pour L.A. assorti à une hausse de salaire :0) Merci pour cet article.
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