(Comme je l'ai fait l'an passée avec le combat Pascal-Hopkins, j'ai demandé à mon ami Max de me faire un résumé de son expérience au Colisée Pepsi samedi dernier pour le combat de Lucian Bute. Je lui ai également demandé de se trouver un nom de joueur de hockey pour faire comme les autres collaborateurs. Alors voici une nouvelle chronique Boxe avec Max AKA ZarleyZalapski)
Soyons sincères et avouons-le : Nous, les québécois, sommes des chiâleux. Je ne sais pas sic'est par jalousie ou par méchanceté intrinsèque mais à chaque fois qu'un membre de notre tribu réussit dans un quelconque domaine, que ce soit les affaires, les arts, le sport ou peu importe, on se met en gang pour minimiser le succès de cette personne en disant que c'est un crosseur, qu'il l'a eu facile, ou que ce n'était pas mérité pour n'importe quelle baliverne qu'on peut trouver pour contenter le petit diable qui nous souffle la haine à l'oreille depuis notre épaule.
Ce qui m'amène à vous demander de ne pas tomber dans ce piège lorsqu'il s'agit de Lucian Bute. Bute est sans contredit un des meilleurs, sinon LE meilleur 168 livres de la planète. Contrairement aux faussetés véhiculées par certains pour qui la boxe n'existait pas avant que Joachim Alcine ne casse violamment le nez de Stéphane Ouellet par une froide soirée de décembre 2004, Lucian Bute est le "real deal". Une classe à part. Un boxeur comme il s'en fait très peu. Quelque chose qu'on ne voit qu'une fois par génération. Il l'a prouvé une fois de plus en surclassant hier soir le vétéran Glen Johnson, un boxeur qui ne s'était jamais fait servir une leçon de boxe comme celle qu'il a reçue hier soir. Un seul regard vers la feuille de route du "Road Warrior" vous montrera qu'il a livré des batailles à des pugilistes dont la crédibilité n'est plus à faire. Carl Froch, Tavoris Cloud, Chad Dawson, Antonio Tarver, Roy Jones Jr et j'en passe. Oui, ces gars-là ont battu Johnson à un moment ou à un autre (bien que certaines des décisions furent très douteuses) mais aucun ne l'a fait avec autant de finesse, d'habiletés et d'autorité que Lucian Bute hier soir.
La manière dont Bute a dominé Johnson et dont il a passé le K-O à 80% de ses adveraires (24 KOs sur 30 victoires) sont les raisons pourquoi Mikkel Kessler a préféré aller se cacher chez lui au Danemark et Kelly Pavlik a fait volte-face une semaine avant que la promotion du combat commence, refusant 1.3 millions de dollars en disant qu'il n'irait pas "affronter un gaucher pour des peanuts". Je ne sais pas pour vous, mais 1.3 millions de dollars ça fait pas mal de peanuts. Ces boxeurs-là savaient exactement dans quoi ils s'embarquaient s'ils signaient au bas du contrat qui officialisait un combat contre Lucian Bute : ils allaient se faire corriger royalement. Personne ne veut ça. Pas quand il s'agit de ta carrière. Les adversaires contre qui Bute a défendu sa ceinture jusqu'à présent méritaient une chance pour le titre de l'IBF et Lucian les a fait mal paraître en s'en débarassant à grand coup d'uppercuts au foie. Certains d'entre eux avaient déjà affronté des participants du Super Six** et leur ont donné beaucoup plus de difficultés. Il va sans dire que les Kesslers et Pavliks de ce monde ont pris des notes.
Une performance aussi dominante a par contre ses revers, ce n'était certes pas le combat le plus excitant de la soirée! La palme revient à Sébastien Gauthier et Steve Molitor qui s'en sont donné à coeur joie pendant 10 solides rounds ou tout y était. Action, pression, combinaisons et une coupure qui saignait à profusion. Gauthier a peut-être trop voulu en faire lors des deux premiers rounds et a semblé manquer d'énergie dans la deuxième moitié du combat à cause de ça. Au final, c'est Molitor qui l'a emporté par décision partagée (2 juges contre 1). Une décision contraire n'aurait pas été surprenante, et si jamais on présente une revanche sur une sous-carte
d'un prochain gala, j'achète!
On ne peut pas en dire autant de Sébastien Demers et Allan Green, qui semblaient plus avoir envie de pratiquer leur valse pour être prêt pour leur cours de danse de mardi soir au centre communautaire que de se cogner dessus. Green, qui s'était fait passer KO par Glen Johnson en novembre 2010, a finalement remporté pratiquement tous les rounds de ce festival d'accrochage et a infligé une troisième défaite d'affilée à Demers pour qui ça sent la fin...
Le point d'exclamation de la soirée revient par contre à Pier-Olivier Côté. Le sympathique "Apou", que j'ai le plaisir de croiser de temps en temps en déambulant dans Limoilou, a soulevé la foule avec un fulgurant knockout de Jorge Luis Teron qui avait pourtant été choisi parce qu'il était vu comme un adversaire crédible qui pouvait tester Côté. Ce qui est encore mieux, c'est que tout ça s'est déroulé en direct aux USA sur les ondes de showtime et que ça a été vu par plusieurs centaines de milliers de personnes.
Le reste de la carte était sans histoire. Notons au passage la victoire par KO de Kevin Bizier au dépends d'un obscur Danois qui semblait complètement dérouté et qui n'avait pas vraiment envie d'être là. Côté pur divertissement, il y a eu le KO spectaculaire de Schiller Hyppolite sur Dale Golden, qui n'a apparamment de golden que le nom. Mention honorable aux danseuses habillées en petits kits moulants "coors light" qu'Interbox avait pris le soin de placer au dessus des sorties et à l'idiot qui criait toujours "FAIS-Y MANGER D'LA MAAAAAAAARDE" pendant les combats.
Nous avons la chance au Québec d'avoir dans notre cour un athlète comme il s'en fait peu. Quelqu'un qui a le pouvoir de transcender son sport et devenir un symbole sur la scène internationale. Lucian Bute est cet athlète. La porte est tout juste devant lui et quand viendra le temps d'affronter le gagnant du duel entre Carl Froch et Andre Ward en finale du Super Six qui a lieu le 17 décembre prochain, il aura l'occasion de donner un coup de pied dans cette porte pour la défoncer et mettre son nom dans le top 10 des meilleurs boxeurs "livre pour livre" de la planète. On ne réussit pas ça par hasard. Je vous invite fortement à apprécier son travail et sa carrière. Faites-vous une faveur et allez le voir boxer. Vous pourrez vous dire dans quelques années que vous étiez là et que vous l'avez vécu. N'en déplaise à tous ceux qui prétendent qu'il est surprotégé, qu'il a affronté des bums, ou peu importe quelle autre excuse qu'ils peuvent inventer, Bute est juste trop fort. Comme Mario Lemieux l'était avant lui. C'est bizarre, mais je ne me rappelle pas avoir entendu qui que ce soit dire que les gardiens de but qu'il affrontait et les défenseurs qu'il contournait étaient tous des bums...
** Le "Super Six" est un tournoi organisé par le réseau américain Showtime et qui implique 6 des meilleurs 168 livres au monde. Lucian Bute n'a pas été invité à ce tournoi. Showtime, reconnaissant sa bourde, lui a fait signer un contrat de télédiffusion pour 3 de ses combats dans l'espoir qu'il en affronte le gagnant à leur antenne.
1 commentaire:
Très bonne collaboration... Lucian est un exemple à suivre, un joyau de la boxe comme on a rarement vu au Québec... Il mérite en effet qu'on reconnaisse davantage ses exploits sur le ring et qu'on suive ses exploits avec peut-être un peu plus de passion.
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