William Hodgson «Hod » Stuart était originaire d’Ottawa. Athlète accompli, il avait joué quelques matchs avec les Rough Riders d’Ottawa. Par contre, c’est surtout pour ses talents de hockeyeur que lui et son frère Bruce furent reconnus.
Après un passage avec les Thistles de Rat Portage (aujourd’hui Kenora), il retourna dans sa ville natale en 1898, pour se joindre aux Silver Seven avec son frère. L’année suivante, Hod, un joueur de pointe (défenseur) fut nommé capitaine.
Par contre, en ces années, on ne gagnait pas sa vie avec le hockey, qui était toujours amateur. Le père des Stuart était maçon et ses fils travaillaient avec lui. Lorsqu’en 1900, il déménagea à Québec pour son travail, Hod et Bruce le suivirent. Ottawa perdit donc ses deux vedettes, qui se retrouvèrent alors avec le Quebec Hockey Club (plus tard surnommé « Bulldogs »).
L’addition était bienvenue car, en plus de traverser des années difficiles sur la patinoire, l’équipe venait de perdre neuf membres, partis au front en Afrique du Sud, pour la Guerre des Boers. Québec eut malgré tout une autre saison laborieuse (1-7-0) dans une CAHL (Canadian Amateur Hockey League) dominée par Ottawa (7-0-1).
En 1901-02, Bruce retourna à Ottawa. De son côté, Hod fut de nouveau nommé capitaine, à Québec cette fois. Il marqua cinq buts au cours de la saison et Québec fit enfin des progrès (4-4). Par contre, ce fut sa dernière saison dans la Vieille Capitale. Une première ligue professionnelle se formait à Pittsburgh. Dans ce cas, il n’y avait pas de cachette ou de « cadeaux » comme ça pouvait parfois être le cas à cette époque. Il s’agissait bien d’un salaire qu’on offrait à Stuart, considéré comme l’un des meilleurs joueurs de cette période : 15 à 20$ par semaine, en plus d’un emploi de jour.
Hod signa donc pour les Bankers de Pittsburgh, pendant que Bruce signa pour les Victorias de la même ville. Hod amassa quinze points en treize matchs, fut nommé le meilleur joueur de pointe de la ligue et aida les Bankers à gagner le titre de la Western Pennsylvania Hockey League. Il fut ensuite attiré au Michigan en 1903-04, avant de se faire offrir 1500$ pour jouer la saison 1904-05 avec les Miners de Calumet de l’IPHL (International Professional Hockey League) et gérer le club. L’équipe gagna le titre de la ligue et Stuart fut de nouveau nommé meilleur joueur de pointe.
Hod retourna à Pittsburgh pour 1905-06, au grand déplaisir des autres équipes, qui voulurent le faire suspendre parce qu’ils le considéraient trop fort et trop dur pour la ligue. Il compta onze buts en vingt matchs et fut une fois de plus nommé meilleur joueur de pointe.
De retour à Pittsburgh en 1906-07, il devint de plus en plus insatisfait du degré de violence et du niveau de l’arbitrage dans la ligue et ne s’en cacha pas. Il fut finalement libéré par son club. Il en profita alors pour retourner au Canada, avec les Wanderers de Montréal.
En décembre 1906, lors d’un challenge pour la Coupe Stanley contre les Cubs de New Glasgow, lui et quatre autres coéquipiers devinrent les premiers joueurs professionnels à jouer pour la Coupe. Les Wanderers sortirent vainqueurs. Après avoir ensuite perdu la Coupe contre Kenora en janvier, les Wanderers la récupérèrent en mars.
Néanmoins, même de ce côté-ci de la frontière, Stuart n’était pas à l’abri de la violence. Il s’en lassa et abandonna le hockey à la fin de la saison. Il retourna ainsi travailler avec son père.
En juin, alors qu’il travaillait à Belleville, en Ontario, il décida d’aller se baigner dans la Baie de Quinte. En voulant plonger, un triste incident se produisit. Il tomba sur des roches, se brisa le cou et mourut sur le coup.
Pour venir en aide à sa veuve (qu’il avait rencontrée lors de son passage à Québec) et ses deux enfants, les Wanderers organisèrent le 2 janvier 1908 un match bénéfice entre eux et une sélection des meilleurs joueurs, une première. Les Wanderers l’emportèrent 10-7 et 2000$ furent amassés.
Hod Stuart fit partie de la première classe intronisée au Temple de la Renommée du Hockey en 1945.
Sources : Durand, Marc, La Coupe à Québec, Les Bulldogs et la naissance du hockey, Éditions Sylvain Harvey, 2012, p.46, 50, 52, 63.
1 commentaire:
L'ère pré-LNH est fascinant. Certaines équipes encore présentes (toutes ligues confondues) puisent leurs origines à cette époque.
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