Il n'est pas rare de nos jours de voir des joueurs de hockey être payés plus cher que ce qu'ils méritent. Nous aurons longtemps souvenir, ici à Montréal, de l'aventure Scott Gomez. Cette chose qui caractérise notre ère du sport professionnel, ce que je nomme l'ère des mercenaires (et ça n'ira probablement pas en descendant), est un peu plus stupéfiante quand on tient compte qu'avant les années 70, notamment avec l'arrivée de la WHA, les joueurs de hockey professionnels avaient des bien maigres salaires. Elles sont légions les histoires de joueur morts dans la pauvreté après avoir connu une brillante carrière.
Mais une partie de l'histoire du hockey est encore plus surprenante quant à la manière dont les joueurs furent traitrés. Au début du hockey organisé, le hockey était un sport réservé aux riches bourgeois membres de clubs sportifs, ce qui conférait, pour des raisons élitistes si je peux m'avancer, un statut de joueur amateur aux meilleurs joueurs. C'est un fait de son époque, par exemple, lorsque le baron Pierre de Coubertin décida que seuls les athlètes amateurs devaient compétitionner aux Jeux Olympiques, l'idée de ce bon aristocrate n'était pas tant de donner un sens noble au sport que d'éloigner la "plèbe" de ces compétitions. C'était une époque où les classes sociales étaient en quelques sortes plus marquées que de nos jours, quoi que si vous croyez que les classes sociales n'existent pas, allez faire un tour sur le site Rich Kids Of Instagram.
Le hockey par contre n'a pas pris trop de temps à devenir un sport professionnel. L'intérêt de certains propriétaires d'équipes à attirer les meilleurs joueurs en les rémunérant fit en sorte de faire plier les ligues où évoluaient les équipes les plus connues qui commencèrent à payer des joueurs afin de les retenir. Par contre, certaines de ces équipes puissantes du début du XXe siècle refusèrent de devenir des équipes professionnelles et continuèrent à être des équipes amateurs dans un bassin d'équipes professionnelles. Ce fut le cas des Victorias de Montréal qui alignaient le meilleur joueur de l'époque, Russell Bowie...
Russell Bowie est né en 1880 à Montréal. Très tôt. il fut reconnu comme un des joueurs les plus exceptionnels de la métropole, ce qui lui valut une invitation pour les célèbres Victorias de Montréal alors qu'il était âgé que de 16 ans. Ce n'est en 1898 que Bowie fit ses débuts officiels avec les "Vics", alors les défendants de la Coupe Stanley. Je vous rappelle que la Coupe Stanley était alors disputée en challenge. Bowie fit d'ailleurs parti de la dernière formation des Victorias qui défendirent la Coupe Stanley, en 1899 contre les Victorias de Winnipeg.
Mais ce qui caractérisait fortement le jeu de Bowie, c'est qu'il était un très gros marqueur de but. D'ailleurs, en 1901, il remporta le premier de cinq championnat des marqueurs en huit ans avec sa récolte de pas moins de 24 buts en 7 matchs (!). Sa meilleure campagne fut en 1906-07 alors qu'il récolta 39 buts en 10 matchs, terminant toutefois second au championnat des marqueurs derrière Ernie Russell des Wanderers de Montréal qui en récolta 42 en 9 match... Ayoye...
Mais comme je l'ai mentionné plus haut, Russell Bowie était non seulement le premier des grands marqueurs de but, avant Joe Malone, Cyclone Taylor et Newsy Lalonde, récoltant en tout 234 buts en 80 matchs durant sa carrière qui s'échelonna de 1898 à 1910, mais il fut reconnu comme un des derniers joueurs à avoir refusé de devenir d'être un professionnel. Apparemment que par principe, Bowie a même refusé une offre des Silver Senven d'Ottawa de 3000$ pour une saison plus 4$ par minutes jouées et aurait refusé une offre des Wanderers qui lui offrirent un piano comme cadeau afin de l'inviter, piano qui fut retourné. Bowie se considérait comme un amateur et affirmait qu'il allait mourir en amateur. Malgré tout, Bowie jouait dans une ligues où amateurs et professionnels s'affrontaient. Par contre, les Victorias furent contraint de quitter les ligues de haut niveau en 1908 en raison de leur acharnement à demeurer une équipe amateur, les autres équipes étant devenues professionnelles.
Bowie joua encore deux saisons avec son équipes au sein de ligues inférieures avant de se retirer en 1910 suite à une blessure à la clavicule. Il devint arbitre par la suite au sein de la très professionnelle NHA.
Lorsqu'il prit sa retraite, il fut un des derniers joueurs à avoir joué au 19e siècle...
Il est décédé en 1959 à l'âge vénérable de 79 ans...
Il fut l'un des premiers joueurs à être intronisé au Temple de la Renommée, en 1947.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire