Léo Bourgault (qu’on appelait parfois à tort Bourgeault) était originaire de Sturgeon Falls, dans le nord de l’Ontario. Petit défenseur, c’est toutefois dans l’ouest, avec les Sheiks de Saskatoon de la Western Canada Hockey League, qu’il fit ses débuts professionnels en 1924.
Après deux ans dans leur uniforme, la ligue s’écroula. Bourgault revint alors dans l’est, lorsque son contrat fut vendu aux St.Patricks (futurs Maple Leafs) de Toronto. Son passage dans la Ville Reine fut par contre de courte durée. Après 22 matchs, il fut échangé à l’une des trois nouvelles équipes d’expansion, les Rangers, contre une somme d’argent.
Menés par Frank Boucher, les Rangers ne mirent pas de temps à s’illustrer. Dès leur deuxième année, en 1927-28, ils devinrent la première équipe américaine de la LNH à remporter la Coupe Stanley. (Les Metropolitans de Seattle l’avaient gagnée en 1917, mais ils jouaient dans la PCHA, et non dans la LNH ou dans son prédécesseur, la NHA.) Au cours de ce parcours, Bourgault s’est montré particulièrement courageux et résilient. Un nez cassé, une épaule endommagée et une grave lacération au pied ne l’ont pas empêché de prendre part à tous les matchs des séries, jusqu’à ce que les Blueshirts aient le dessus sur les Maroons.
Bourgault demeura à New York jusqu’en décembre 1930, où il eut l’occasion de côtoyer entre autres Babe Ruth et le boxeur Jack Dempsey, deux grandes vedettes de l’époque.
C’est ensuite vers Ottawa qu’il se dirigea, lorsqu’il fut été échangé aux Senators, encore contre un montant d’argent. Il y termina la saison, mais comme l’équipe suspendit ses activités pour la saison 1931-32, Bourgault retourna dans la région de New York pour s’aligner avec les Tigers du Bronx de la Ligue Can-Am (l’ancêtre de la Ligue américaine).
Les Sens reprirent leurs activités en 1932-33 et Bourgault retourna donc dans la capitale fédérale, mais seulement jusqu’en février, alors qu’il fut échangé aux Canadiens. Il retrouva alors l’entraîneur "Newsy" Lalonde et le gardien George Hainsworth, deux anciens coéquipiers avec les Sheiks de Saskatoon.
Bourgault joua l’année 1933-34 en entier, mais pour la saison suivante, il fut relégué aux Castors de Québec de la Ligue Can-Am. Par contre, lorsqu’il fut rappelé pour quelques matchs, Bourgault passa à l’histoire d’une façon inusitée. À une époque où ailleurs dans la ligue, personne n’avait un numéro plus élevé que 19, et alors que Bourgault avait porté plus tôt dans sa carrière le 5, le 11 et le 15, il devint l’un des rares joueurs de l’histoire à porter le numéro 99. En fait, il est devenu le troisième. Les deux premiers, Joe Lamb et Desse Roche, ont également joué pour les Canadiens cette même saison.
En une seule saison et au sein de la même équipe, on retrouve donc la moitié de tous les joueurs de la LNH qui ont porté le 99. Autre que Lamb, Roche et Bourgault, il y a eu Rick Dudley avec les Jets en 1980-81 et Wilfrid Paiement avec les Maple Leafs de 1980 à 1982. Ah oui! Il y aussi un type du nom de Wayne Gretzky qui a porté le 99 et qui a incité la LNH à retirer le numéro 99 pour la ligue entière. Le nombre de joueurs à avoir porté ce numéro est donc limité à six pour toujours.
Fait intéressant, avec les Canadiens de 1934-35, d’autres joueurs portèrent également le 33, le 48, le 64, le 75 et le 88, chose tout à fait inusitée à l’époque. Pourquoi donc des numéros aussi inhabituels furent utilisés au cours de cette seule saison? Parce que l’équipe avait des chandails qu’elle refilait d’un joueur de passage à un autre, d’où pourquoi il y a eu trois 48, quatre 75 et trois 99. Mais d’où venaient ces chandails? Selon une théorie, ils venaient de l'équipe de crosse qui appartenait aux Canadiens et qui portait le même nom. L’équipe venait de rendre l’âme et on voulait économiser au maximum. On réutilisa donc les chandails. Les temps étaient durs pendant la Grande dépression…
Pour revenir à Bourgault, il a joué deux autres matchs en 1935-36 avec les Indians de Springfield de la Ligue Can-Am avant de prendre sa retraite et de s’établir dans la région de Québec. Il est décédé en 1978, à l'âge de 75 ans.
Son fils, Léo Jr, a joué avec le Rouge et Or de l’Université Laval, avec qui il a remporté un championnat canadien, et en France. Par contre, on se souvient surtout de lui comme étant le fondateur du Complexe des 4 glaces de Brossard.
Sources : « Le premier numéro 99 » d’André Rousseau, 5 novembre 2013, Les Coulisses du sport (lescoulissesdusport.ca), « Playing Under the Influence – Of Pain » de Glen R. Goodhand, 29 mai 2017 (sihrhockey.org), « Who wore the first number 99 in hockey? » de Robert L., 24 novembre 2009, Habs Eyes On The Prize (habseyesontheprize.com), « Numéros des arbitres et des joueurs de la N.H.L. », 11 novembre 1934, Le Petit Journal, p.27.
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