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lundi 17 janvier 2022

Pete Mahovlich



Ce n’est pas toujours facile d’avoir un grand frère qui vous fait de l’ombre. Ce fut le cas pour Peter Mahovlich.

En 1963, la LNH instaura finalement un repêchage, mettant ainsi fin à l’ère où les équipes pouvaient signer autant d’espoirs qu’elles voulaient, tant qu’elles parvenaient à les convaincre. À ce moment, les plus beaux espoirs appartenaient toutefois déjà à une équipe et celles-ci purent les conserver. Le repêchage ne s’adressait donc qu’aux joueurs restants.

Au moment où Détroit fit de Mahovlich le deuxième choix de cet événement qui ne revêtait pas encore beaucoup d’importance, son frère Frank, de huit ans son aîné, était déjà une vedette avec les Maple Leafs. D’ailleurs, celui qui n’avait même pas fini de grandir à ce moment, hérita du surnom de "Little M", en opposition à Frank, qui était le "Big M", même si à 6’5’’, il était non seulement l’un des plus grands joueurs de la ligue, mais il était aussi 4 pouces plus grand que Frank.

C’est finalement en décembre 1965 que Pete fit ses débuts avec les Red Wings. Toutefois, alors qu’il n’était pas encore un régulier à Détroit, il fut rejoint par Frank, qui passa aux Wings dans une méga-transaction, avec Carl Brewer et Garry Unger, en retour de Norm Ullman, Paul Henderson et Floyd Smith.

Toujours réserviste, Pete quitta toutefois la ville de l’automobile en juin 1969. Il prit alors le chemin de Montréal dans un échange impliquant principalement de l’autre côté Garry Monahan, son ancien coéquipier à St.Michael’s qui fut choisi juste avant lui au repêchage de 1963.

C’est à ce moment que son nouveau coéquipier, le rugueux John Ferguson, convainquit le sympathique Mahovlich d’utiliser son imposant physique et de montrer un peu plus d’agressivité (mais pas trop quand même). Le grand Pete sortit finalement de sa coquille et il marqua 35 buts à sa première saison complète dans la Ligue nationale, en plus d’être le meneur de l’équipe dans la colonne des minutes de pénalité, avec 181.

En janvier 1971, Pete vit encore une fois son grand frère débarquer en ville, alors qu’un autre échange important permit aux Canadiens de faire son acquisition, en retour de Guy Charron, Mickey Redmond et Bill Collins. Frank relança sa carrière et, mené par un jeune Ken Dryden sorti de nulle part, les deux frères remportèrent la Coupe Stanley.

Un changement de garde avec le Tricolore permit à Peter de s’établir définitivement et même, suite à l’insistance de John Ferguson, maintenant assistant-entraîneur, de faire partie de l’équipe canadienne qui remporta la Série du siècle. Si comme son frère, il y eut un rôle plutôt effacé, il marqua un but important lors du deuxième match, à Toronto, la seule victoire canadienne en sol canadien.

En 1973, les deux frères remportèrent une autre Coupe (la dernière pour Frank). Par contre, on retrouvait maintenant derrière le banc des Canadiens Scotty Bowman, un entraîneur pour le moins autoritaire. Le courant ne passait pas vraiment entre lui et le grand Pete, qui était un bon vivant, aimant rire, s’amuser, payer des tournées et qui n’était pas celui qui prenait le plus soin de lui.

Bowman ne fut d’ailleurs pas le seul à être critique du manque de discipline de Mahovlich. Les médias lui reprochèrent aussi d’être égoïste avec la rondelle. Pourtant, malgré quelques lendemains de cuite pénibles, il forma un trio redoutable avec Guy Lafleur et Steve Shutt. D’ailleurs, en 1974-75 et 1975-76, alors que Lafleur remportait ses deux premiers titres de champion pointeur (Trophée Art Ross), Mahovlich amassa respectivement 82 et 71 passes, sans pourtant donner l’impression qu’il poussait la machine à fond. La marque de 82 passes est d’ailleurs toujours un record d’équipe.

Notre fêtard fut toutefois éventuellement rattrapé par ses comportements et Jacques Lemaire le déclassa sur le premier trio du CH.

Entre temps, les Penguins, une équipe qui tournait en rond sur la glace et qui n’était pas si prospère, pouvaient compter sur un jeune prodige plutôt fantasque, Pierre Larouche. Après quelques accrochages avec la direction, l’abitibien était dû pour un changement d’air. Sam Pollock, l’astucieux directeur-général des Canadiens, profita alors de l’occasion pour lui mettre le grappin dessus. En retour, il se servit de Mahovlich comme appât, en plus d’ajouter Peter Lee à la transaction.

Bien que moins bien entouré qu’avec les Canadiens, il connut deux bonnes saisons à Pittsburgh et devint un favori de la foule, ce qui contrastait avec Montréal. Il fut toutefois ralenti par des blessures au genou, avant d’être échangé en août 1979 à l’équipe qui l’avait repêché, Détroit, en retour du vétéran Nick Libett.

S’il connut une très décente saison de 66 points avec les faibles Wings en 1979-80, l’année suivante fut moins reluisante et après 24 matchs, il fut relégué dans la Ligue américaine. Il s’attela alors à aider l’équipe, en établissant entre autres un record de la ligue avec 18 passes pendant les séries. Adirondack remporta ainsi la Coupe Calder. Pour Mahovlich, il s’agissait de sa deuxième, l’ayant aussi remporté avec les Hornets de Pittsburgh en 1967, en plus de ses quatre Coupes Stanley remportées à Montréal, de la Série du siècle de 1972 et de la Coupe Canada de 1976.

Il faut dire qu’il avait vieilli et qu’un divorce acrimonieux l’avait incité à se ranger et à diminuer sa consommation d’alcool. Toujours sous contrat et voulant toujours jouer, il passa une autre saison à Adirondack.

Chose qui aurait paru impensable dix ans plus tôt, il devint plus tard joueur-entraîneur des Goaldiggers de Toledo de l’IHL, puis entraîneur des Rangers de Denver, où il eut brièvement sous ses ordres un Marcel Dionne en fin de carrière. Il a également été à Fort Worth dans la CHL et au Cap Breton dans la Ligue américaine. À chaque occasion, l’expérience a été relativement de courte durée et couronnée de peu de succès.

Au fil des ans, il a aussi été dépisteur professionnel avec les Rangers, le Lightning, les Thrashers et les Panthers et travaillé à la diffusion des matchs des Devils et des Canadiens.  À la fin des années 1990, il a dû prendre une pause pour combattre un cancer de la prostate, mais il s'en est remis.

Sa fiche dans la LNH est de 288-485-773 en 884 matchs.

Sources :

Dryden, Ken, The Game, HarperCollins, Toronto, 1983 (réédition de 2013), pp.167 à 170,

"Un coup de maître de Pollock" de François Lemenu, 30 novembre 1977, Le Devoir, page 29,

"Peter an instant hero in Pittsburgh" de Bob Morrissey, December 1, 1977, Montreal Gazette, page 26,

"Pete Mahovlich retourne à Détroit", UPI, 4 août 1979, La Presse, page D1,

"Pete Mahovlich veut effacer son image de fêtard" de Guy Robillard, PC, 23 mars 1982, Le Devoir, page 15,

"Pete Mahovlich, Le bon vivant devenu enseignant" de Réjean Tremblay, 13 février 1989, La Presse, page S13,

"La reconnaissance de Peter Mahovlich" de Marc De Foy, 29 juillet 2016, Journal de Montréal (journaldemontreal.com),

hockeydraftcentral.com, wikipedia.org.

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