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mardi 25 janvier 2022

Joueur oublié des 90's #59 - Éric Dazé


 
 
Le joueur d'aujourd'hui n'est pas le plus oublié, principalement pour nous au Québec ou chez ses anciens fans à Chicago, mais la manière pénible dont s'est terminé sa carrière fait en sorte qu'il mérite une petite place dans cette série et qu'on se souvienne davantage de lui. C'était le genre de joueur que j'adorais suivre à l'époque, le genre que j'allais chercher dans mon alignement à NHL 2001 ou 2002 et que je faisais marquer 50 buts... Mais malheureusement, Éric Dazé devint graduellement une sorte de fantôme dans le paysage de la LNH alors qu'on ignorait s'il était toujours actif, demeurant dans les limbes à chaque début de saison selon l'état de ses blessures.



 
Né le 2 juillet 1975 à Montréal, Dazé débuta dans le Junior AAA avec les Régents de Laval en 1990-91 où il joua deux saisons. Les Régents semblaient d'ailleurs être une équipe assez «paquetée» alors que Dazé avait comme coéquipiers Alexandre Daigle, Sébastien Bordeleau et Jocelyn Thibault en 1990-91 et ensuite Martin St-Louis et Éric Perrin en 1991-92. Daigle termina d'ailleurs la saison 90-91 en tête des pointeurs avec 110 points avant de quitter pour Victoriaville dans la LHJMQ et c'est Martin St.Louis qui fit son arrivée la saison suivante et qui pris le relai, terminant aussi premier de la ligue en 91-92 avec 103 points. Dazé pour sa part obtint des saisons de 45 et 59 points respectivement.
 
Il fut ensuite repêché par les Olympiques de Hull où il débuta à temps plein en 1992-93. Il ne fut toutefois pas très utilisé lors de cette première saison à Hull, récoltant 32 points en 55 matchs. Ne semblant pas avoir de plans pour lui, il fut très en demande sur le marché des transactions et fut éventuellement échangé aux Harfangs de Beauport où il cadrait pas mal plus et où il termina la saison en force avec 23 points en 13 matchs.

Mesurant alors 6'-4" (il plafonnera plus tard à 6'-6") en plus d'être rapide et un talent naturel de marqueur, Dazé avait ce profil parfait du power forward qui fait tant saliver les recruteurs. Plus tard à Chicago, son talent de marqueur et la manière qu'il utilisait sa longue portée pour se démarquer me rappelait un peu Mario Lemieux dont il semblait être du même moule. Bien sûr je ne peux pas comparer davantage leurs talents respectifs mais on peut voir plusieurs similitudes si ce n'est que deux grands costauds nés à Montréal en plus d'avoir joué à Laval dans le junior (AAA pour Dazé) et les deux portaient un numéro à double chiffre, 55 dans le cas de Dazé...
 
Les Blackhawks en firent donc leur choix de 4e ronde (90e au total) au repêchage de 1993. Cette sélection provenait en fait des «considérations futures» obtenues des Sabres lors de l'échange malfamé de Dominik Hasek en retour de Stéphane Beauregard au mois d'août 1992. Malgré que cet échange est souvent rappelé comme un des pires de l'histoire, on peut quand même dire que les Blackhawks auront réussi à ne pas perdre totalement la face avec la sélection de Dazé.




Il joua deux autres saisons à Beauport, récoltant 59 buts et 107 points en 1993-94 et ensuite 54 buts et 99 points en 1994-95, une saison qu'il termina à Chicago, étant rappelé pour les 4 derniers matchs des Hawks durant lesquels il marqua son premier but à son 2e match en carrière. Il fit ensuite partie du parcours de l'équipe jusqu'en finale de conférence où il ne récolta cependant qu'une seule passe.
 
Avant de se joindre aux Blackhawks, il s'était précédemment aligné avec l'équipe canadienne aux Championnats du Monde junior. Malgré qu'il avait peiné à se faire une place lors de leur camp d'entrainement, Dazé termina meilleur compteur du tournoi avec 8 buts en 7 matchs, aidant le Canada à remporter l'or. Dazé déclara plus tard qu'il s'agit de son meilleur souvenir en carrière.

Il débuta ensuite à temps plein avec les Blackhawks en 1995-96, saison où il obtint 30 buts et 23 passes pour 53 points, ce qui lui valut une place sur l'équipe d'étoiles des recrues en plus de terminer deuxième au scrutin du trophée Calder qui fut finalement remporté par Daniel Alfredsson lors d'un vote serré (437 votes pour Alfredsson contre 416 pour Dazé).



Dazé fit donc partie des derniers bons moments de cette période des Blackhawks, période que je surnomme l'ère «Roenick/Belfour». Les Blackhawks sont d'ailleurs un parfait exemple de déclin graduel d'une équipe dominante. Ils se rendirent en finale en 1992 (défaite en 4 matchs contre Pittsburgh) pour ensuite s'incliner rapidement en première ronde les années suivantes. Ils retournèrent en finale de conférence en 1995 mais le déclin graduel réapparut par la suite alors qu'ils s'inclinèrent en 2e ronde en 1996 et en première ronde en 1997. 
 
Commença alors une longue traversée du désert pour les Blackhawks qui ratèrent les séries 9 fois lors des 10 saisons suivantes et étant surtout mal administrés par la vieille garde du propriétaire Bill Wirtz qui refusait de diffuser des matchs locaux à la télévision en plus d'être partiellement ou directement responsable de plusieurs départs de joueurs vedettes dont Roenick et Belfour. L'équipe retrouva la respectabilité avec le début de l'ère «Toews/Kane» vers la fin des années 2000 mais entre l'ère Roenick/Belfour et celle de Toews/Kane, il y eut l'ère qu'on pourrait surnommer l'ère «Tony Amonte/Eric Dazé», eux qui furent quelques uns des seuls points positifs (avec Alexei Zhamnov) chez les Blackhawks de l'époque.

Après son excellente saison recrue en 1995-96, Dazé fut une constante chez les Blackhawks lors des saisons suivantes, récoltant au moins 20 buts lors de huit saisons consécutives dont 4 de 30 buts et plus. C'était, inutile de vous l'expliquer trop en détails, dans une période où les buts étaient une denrée rare, la «dead-puck era» où les marqueurs de 30 buts, même 20 buts, étaient très rares.




Mais Dazé n'était pas sans reproches malgré son bon rendement honnête. Il fut souvent critiqué pour son manque d'implication physique, de ne pas assez foncer au filet et de ne pas remplir le rôle de power forward qu'on attendait vraiment de lui. Il connut également une période difficile avec les Blackhawks durant la saison 1999-00 où malgré une récolte de 23 buts, il n'avait obtenu que 13 passes pour 36 points en plus de connaitre son premier vrai épisode de problèmes de santé lorsqu'il manqua une vingtaine de matchs à cause de blessures. 
 
Son début de saison en 2000-01 ne fut pas plus encourageant, ne parvenant pas à s'inscrire au pointage pendant une dizaine de matchs consécutifs. Après avoir été rayé de l'alignement lors d'un match contre le Wild à la fin du moins d'octobre, il demanda d'être échangé, déclarant ne plus se sentir désiré à Chicago. Il s'agissait également de sa dernière saison de contrat. Mais les choses se replacèrent peu à peu pour lui et l'équipe et il termina la saison avec un impressionnant 33 buts. L'équipe lui fit ensuite signer un nouveau contrat durant l'été.

Dazé honorera en grande son nouveau contrat en 2001-02, sa meilleure saison en carrière où il obtint 38 buts et 32 passes pour 70 points en plus de participer au match des étoiles où il fut même nommé le meilleur joueur du match avec 2 buts et 1 passe dans un match des étoiles assez «défensif» où la marque finale ne fut «seulement» que de 7-5. La saison 2001-02 fut également la seule fois où les Hawks firent les séries entre 1996-97 et 2008-09. Il se firent toutefois éliminer en 5 matchs par les Blues qui éteignirent totalement l'attaque des Blackhawks, les blanchissant 3 fois en 5 matchs. Comme plusieurs Blackhawks, Dazé n'obtint aucun point durant cette sortie expéditive.

La saison 2001-02 fut malheureusement l'apogée de la carrière de Dazé. Son dos lui avait causé des problèmes à maintes reprises au fil des années précédentes, nécessitant deux opérations pour hernie discale. On peut ici faire de nouveau un parallèle avec Mario Lemieux, lui aussi aux prises avec d'innombrables maux de dos.




Ces problèmes prirent de l'ampleur durant la saison 2002-03 où il ne put jouer que 54 matchs, gardant toutefois la cadence de sa précédente saison avec 22 buts et 22 passes. La saison suivante fut encore pire alors qu'il ne put jouer que 3 matchs au début de la saison avant d'être au rancart pour la majorité du calendrier, subissant une 3e opération qui demanda une longue convalescence. Il fut toutefois capable de revenir au jeu pour le dernier droit de cette saison perdue pour les Hawks (avant-derniers de la ligue en 2003-04) mais il prouva qu'il était encore bon avec 4 buts et 7 passes pour 11 points en 16 matchs.

Vint ensuite le lock-out de 2004-05 où il profita de l'arrêt des activités pour continuer son rétablissement. Il revint au jeu au retour des activités en 2005-06 mais cela fut encore plus court que sa saison précédente. Les maux de dos toujours intenables, il ne joua que 12 minutes du premier match de la saison, ce qui s'avéra son dernier match en carrière où il ne récolta aucun point et termina à -2.  Il ne déclara toutefois pas qu'il s'agissait du temps de la retraite, demeurant dans les limbes de nombreuses années suivant ce dernier match et comme je l'expliquais au début du texte, cela fit de Dazé une sorte de fantôme alors qu'on croyait toujours le voir réapparaitre sur le radar à un moment ou un autre. Ce n'est qu'en 2010 qu'il annonça officiellement sa retraite lors d'une entrevue à Sportsnet avant un match des Hawks. Et ce n'est qu'en 2013 qu'il parvint finalement à patiner de nouveau après 7 ans depuis sa dernière tentative.

Ayant toujours été amer envers cette fin de fin de carrière abrupte et anonyme, Éric Dazé fut invité par les Blackhawks lors d'une de leurs cérémonies «One More Shitft» en 2018 où il put remettre l'équipement et le chandail des Blackhawks et faire ses adieux correctement à ses anciens fans. J'ai regardé quelques-unes de ces cérémonies que je trouve correctes sans plus, comme pour Denis Savard (qui avait le mauvais chandail avec un écusson de 1993 lors de la cérémonie, WTF?), Eddie Olczyk ou Dennis Hull mais le cas de Dazé était celui où le contexte convenait le plus, lui qui méritait définitivement un dernier shift. 
 

 

Il demeure toujours en banlieue de Chicago et entraine présentent son fils au niveau mineur après avoir travaillé longtemps dans l'immobilier.

En 601 matchs en carrière dans la LNH, Dazé a récolté 226 buts et 172 passes pour 398 points.





Sources:
Éric Dazé s'amène à Beauport, Le Soleil, 16 février 1993
Éric Dazé au sein des Étoiles, Le Devoir, 6 janvier 1995
Former Blackhawk of the Week: Eric Daze, Second City Hockey, 18 janvier 2018
Finies les craintes pour Éric Dazé, Le Soleil, 3 janvier 2016
Daze demands trade from Blackhawks, CBC, 31 octobre 2000
Les Blackhawks et Éric Dazé font la paix, Le Nouvelliste, 3 août 2001

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