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samedi 13 janvier 2024

Wayne Thomas



Alors que la notion de repêchage débutait à peine et que plusieurs jeunes joueurs devenaient la propriété d’une des équipes sans passer par l’encan, Wayne Thomas devint la propriété des Maple Leafs.

Choisissant la voie non-traditionnelle de l’université américaine en prenant la direction du Wisconsin, le gardien originaire d’Ottawa fut échangé aux Kings en 1968. Il ne joua toutefois pas plus avec Los Angeles qu’avec Toronto, puisqu’à sa sortie de l’université, il fut échangé aux Canadiens dans une transaction à six joueurs qui impliquait entre autres Léon Rochefort et Lucien Grenier.

Thomas se retrouva ainsi en 1970-71 devant le filet des Voyageurs de Montréal, dans la Ligue américaine. Il partagea alors la tâche avec Ken Dryden, qui alla terminer sa saison avec les Canadiens et mener ces derniers à une Coupe Stanley inattendue.

L’année suivante, le club école des Canadiens prit le chemin de la Nouvelle-Écosse, et Thomas fit partie du voyage. Cette fois appuyé par Michel Plasse, il aida l’équipe à remporter la Coupe Calder.

C’est toutefois Plasse qui alla seconder Dryden en 1972-73. Thomas demeura à Halifax, avec cette fois Michel Larocque comme coéquipier. Il eut toutefois finalement sa chance d’être rappelé par les Canadiens. Par contre, une fois avec le grand club, il fit connaissance avec les méthodes de communication particulières de l’entraîneur Scotty Bowman, alors que ce dernier ne daignait même pas lui adresser la parole. Thomas gravitait autour de l’équipe, mais il ne jouait pas.

En janvier, il était à Vancouver, mais il déprimait seul dans une pizzéria aux petites heures du matin. C’est par hasard que Bertrand Raymond, alors au Journal de Montréal, le rencontra et le vit dans ce piteux état, lui qui était de nature effacée et presque timide. Raymond tenta de le réconforter, avant de retourner à son hôtel.

Le lendemain, pour un match d’après-midi, c’est finalement Thomas qui affronta les Canucks, puisque Dryden s’était blessé au dos et Plasse était importuné par la grippe. Sachant dans quel état il était la veille, Raymond craignait qu’en combinant avec la nervosité de l’événement, les débuts de Thomas dans la LNH soient catastrophiques. Finalement, ce ne fut pas le cas. Au contraire, Thomas blanchit les Canucks 3-0, même s’il avoua discrètement à Raymond qu’il avait craint être malade pendant les deux premières périodes. D’ailleurs, histoire de se mettre à l’aise, Thomas dut avant le match chercher son patin, puisqu’il n’y en avait qu’un dans son sac. C’est finalement le préposé à l’équipement Eddy Palchak qui retrouva l’autre dans le sac de Ken Dryden.

Question de ne pas détruire le début de considération que Bowman pouvait avoir à son endroit, Raymond n’ébruita pas l’histoire. Thomas continua de jouer et remporta ses sept premiers matchs en carrière. Il perdit son huitième et dut ensuite laisser le filet à Plasse, avant d’attendre deux mois pour revoir de l’action.

C’est finalement en 1973-74 qu’une occasion se présenta à Thomas. Dryden eut une dispute salariale avec les Canadiens et devant l’impasse, l’avocat de formation décida d’aller travailler pour une firme de Toronto.

Les Canadiens décidèrent quand même de maintenir un ménage à trois en faisant graduer Michel Larocque, mais en bout de ligne, c’est Thomas qui disputa le plus de matchs avec 42.

Parmi ceux-ci, on note entre autres le match du 10 mars 1974. À ce moment, Thomas s’est fait bombarder par des Penguins pourtant pas si impressionnants. Il reçut 57 tirs, effectuant 53 arrêts. Encore aujourd’hui, il s’agit d’un record d’équipe (égalé par Carey Price en 2009). Étonnamment, malgré ce canonnage, le Tricolore l’a tout de même emporté, puisque devant le filet de Pittsburgh, Gary Inness a cédé cinq fois sur seulement 18 tirs. Victoire ou pas, Scotty Bowman était furieux après le match.

Si c’est Thomas qui joua le plus de matchs durant la saison, lorsqu’arrivèrent les séries, Bowman se tourna vers sa recrue, Larocque. Il joua alors les six matchs de la première ronde. Il se débrouilla relativement bien, mais ce fut insuffisant. Les Canadiens baissèrent pavillon devant les Rangers.

Dans l’entre-saison, Sam Pollock fit un compromis et s’entendit finalement avec Ken Dryden, causant un véritable embouteillage devant le filet montréalais. Plasse quitta toutefois, étant le premier choix des Scouts de Kansas City au repêchage d’expansion. Et si on ramena Dryden, c’était évidemment pour en faire le numéro 1. La bataille fut donc pour le poste de numéro 2, bataille que remporta Larocque, plus jeune. Par contre, comme les Canadiens n’avaient aucun problème de profondeur, on conserva tout de même Thomas avec l’équipe, mais il ne joua aucun match, passant son temps sur la galerie de presse. Heureusement, Thomas prit la chose avec philosophie et à la fin de la saison, on l’accommoda finalement en l’envoyant à Toronto contre un choix de première ronde qui deviendra Peter Lee. Montréal avait aussi une offre du Minnesota, qui était supérieure à celle de Toronto puisque leur premier choix était mieux placé, mais on l’envoya chez la meilleure équipe pour lui faire une faveur. Peut-être pour se faire pardonner?

La saison 1975-76 fut ainsi très différente pour Thomas. Après n’avoir joué aucun match l’année précédente, il en joua 64 avec les Leafs, deux de plus que Ken Dryden avec les Canadiens.

La situation ne dura toutefois pas. Thomas fut déclassé l'année suivante par une jeune sensation, Mike Palmateer. Il joua 33 parties, avant d’être placé au ballotage à la fin de la saison.

Les Rangers le réclamèrent et Thomas se retrouva à nouveau dans un ménage à trois, cette fois avec John Davidson et Doug Soetaert. Son temps de jeu diminua d’année en année. Il joua ses derniers matchs en 1980-81, pour un total de 243 en carrière.

Il devint ensuite entraîneur des gardiens, puis adjoint, toujours avec les Rangers.

En 1986-87, comme entraîneur-chef, il mena les Golden Eagles de Salt Lake, le club-école des Flames dans l’IHL, à la Coupe Turner, en plus d’être nommé entraîneur de l’année. Il passa ensuite par Chicago, St-Louis et San Jose. Il a d’ailleurs travaillé pendant 22 ans avec les Sharks dans divers rôles.

Il a pris sa retraite en 2015 et habite maintenant au Massachussetts.

Sources:

Raymond, Bertrand, 50 ans parmi les grands : le carnet de mes souvenirs, Les Éditions Hurtubise, Montréal, 2017, pages 96-97,

″Wayne Thomas fait ses débuts dans la ligue Nationale avec un blanchissage″ de Pierre Gobeil, 15 janvier 1973, Montréal-Matin, page 56,

″Thomas n’avait qu’un patin″ de Pierre Gobeil, 15 janvier 1973, Montréal-Matin, page 57,

″Dryden abandonne les Canadiens, son salaire passe de $80,000 à $6,968″ de Jean Aucoin, 15 septembre 1973, Montréal-Matin, page S20,

″Thomas sauve le Canadien de la honte″ de Bernard Brisset Des Nos, 11 mars 1974, Montréal-Matin, page 69,

″Goalie situation clearing up – Dryden plays; Thomas on the block″ de Dick Chapman, October 7, 1974, Montreal Gazette, page 21,

″Thomas méritait bien cette faveur″ d’Yvon Pedneault, 18 juin 1975, Montréal-Matin, page 85,

″Big night for ′rejects′″ d’Al Strachan, December 11, 1975, Montreal Gazette, page 45,

″Thomas back in harness″, CP, December 6, 1980, Regina Leader-Post, page 20,

″Avant Antti Niemi, il y a eu Wayne Thomas″ de Richard Labbé, 17 janvier 2019, La Presse (lapresse.ca).

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