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vendredi 22 novembre 2024

Jimmy Mann


C’est avec le National de Laval que le verdunois Jimmy Mann a commencé son passage junior. En 1976, il quitta son coéquipier Mike Bossy lorsqu’il fut échangé à l’équipe dominante de la LHJMQ de cette période, les Castors de Sherbrooke. Avec sa nouvelle équipe, le robuste ailier droit apporta sa dose d’énergie, mais il compta aussi sa part de buts.

À sa première saison (partielle) avec Sherbrooke, en 1976-77, il marqua 12 buts. Ce total était peut-être inférieur à ceux de ses coéquipiers Jere Gillis, Ron Carter et Rick Vaive, mais il contribua tout de même à faire des Castors les champions de la LHJMQ. Ce titre les mena au tournoi de la Coupe Memorial, mais Sherbrooke n’y remporta aucun match et ce sont finalement les Bruins de New Westminster qui sortirent victorieux.

L’année suivante, son total monta à 27 buts, mais ce n’était pas son seul total à augmenter. Ses minutes de pénalité passèrent quant à elles de 205 à 277 minutes. Parmi elles, on compte celles accumulées le 28 mars 1978, lorsqu’il agressa celui qui fut brièvement son coéquipier, Mario Tardif du National de Laval, lors de la période d’échauffement. Il fut accusé et reconnu coupable d’une accusation de voies de faits mais reçut finalement une libération inconditionnelle. Pour le défendre, son entraîneur Ghislain Delage se présenta en cour, vanta ses talents de joueur et mentionna qu’il n’était pas un joueur salaud.

À sa dernière année junior, il en marqua 35, ce qui le prépara pour le repêchage de 1979. Toutefois, peu de gens s’attendaient à ce qu’il soit choisi en première ronde, 19e total. C’est John Ferguson, le directeur-gérant des Jets de Winnipeg, qui en fit la première sélection de la franchise dans la Ligue nationale de son histoire, alors que l’équipe faisait auparavant partie de la défunte AMH. Et l’intérêt de Ferguson, lui-même un ancien joueur robuste, ne faisait pas de doute. S’il a choisi Mann avant deux autres québécois, Michel Goulet et Kevin Lowe, ce n’était pas pour ses talents de marqueur.


Mann fit immédiatement l’équipe et participa à l’entrée des Jets dans la LNH. Au sein d’une équipe faible, il fit ce qu’on attendait de lui et remporta même le titre de joueur le plus puni de la ligne, avec 287 minutes. Il dépassa ainsi des joueurs avec une réputation certaine pour cette facette du jeu, comme ″Tiger″ Williams, Paul Holmgren et Terry O’Reilly. Offensivement, il dut toutefois se contenter de 3 buts et 5 passes. En fait, il obtint plus d’inconduites de partie (4) que de buts.

Si sa saison 1980-81 a inclus un passage dans la Ligue centrale à Tulsa, elle fut aussi marquée par ses frasques. Le 9 décembre 1981, il bouscula le juge de ligne Greg Broseker lors d’une bataille dans un match contre les Maple Leafs. Il écopa alors d’une amende de 500$ et d’une suspension de 3 matchs.

Mann continua de cimenter sa réputation lorsque le 13 janvier 1982, dans un match contre Pittsburgh, Mann a quitté le banc pour s’en prendre à Paul Gardner. À deux reprises, il le frappa par derrière et lui brisa la mâchoire. La ligue le suspendit pour 10 matchs et lui imposa une amende de 100$. Gardner trouva la suspension trop clémente, puisque son absence fut plus longue que celle de Mann. Les Jets répliquèrent que c’est Gardner qui avait initialement brisé son bâton dans le visage de Doug Smail. Ce ne fut toutefois pas la fin de l’affaire, puisque la justice s’en est mêlé. La conclusion de l’affaire arriva en juin lorsqu’il fut condamné par un juge de Winnipeg à une amende de 500$.

Ce ne sont toutefois pas seulement les suspensions qui ralentirent sa carrière. Les blessures jouèrent aussi un rôle. Sa performance offensive anémique n’aida pas non plus. C’est pourquoi qu’au cours de la saison 1983-84, il fit un retour à Sherbrooke, puisque les Jets y avaient maintenant leur club de la Ligue américaine.

Cette saison le vit aussi finalement quitter l’organisation qui l’avait repêché. En effet, le 6 février 1984, alors qu’il jouait toujours avec Sherbrooke malgré son contrat de 100 000$ par année, il fut échangé aux Nordiques contre des considérations futures. Celles-ci deviendront un choix de 5e ronde. Les Jets choisiront Brent Severyn, qui ironiquement fera plus tard ses débuts dans l’uniforme des Nordiques. À ce moment, Québec semblait être à la recherche d’un défenseur offensif et les noms de Borje Salming et Randy Carlyle avaient été évoqués. Finalement, on obtint Mann, qui voulait faire oublier ses frasques et rappeler qu’il était capable de jouer au hockey autrement. Du côté des Nordiques, on voulait plus de robustesse pour combler l’absence de Wally Weir. Pendant la même période, les Canadiens embauchaient l’homme fort Normand Baron. Mann et Baron ne seront toutefois pas en uniforme lors de l’infâme match du Vendredi Saint.

C’est finalement encore pour sa robustesse que Mann fut utilisé lors de son passage dans la Vieille Capitale, qui fut parsemé de blessures, de matchs sur la galerie de presse et d’un passage avec l’Express de Fredericton de la LAH.

Après la saison 1985-86, Québec signifia son intention de ne pas lui offrir un contrat de la LNH et lui laissa évaluer ses options. Mann fut approché par son ancienne équipe, les Jets, mais il n’y eut pas de suite.
En juillet 1985, le magazine humoristique Croc
illustrait les différentes races de chien,
incluant le doberman.

Au moment du camp d’entraînement de la saison 1986-87, Mann n’avait toujours pas de contrat et évoqua la possibilité de s’inscrire à l’Institut de police de Nicolet. Il y eut aussi des rumeurs qui l’envoyait avec les Red Wings d’Adirondack et les Canadiens de Sherbrooke (où il habitait à ce moment), mais finalement, il rata la saison au complet.

Il y eut un regain d’intérêt pour Mann à l’été 1987, de la part entre autres de Calgary, New Jersey et Pittsburgh. Ayant offert un contrat de deux ans et un plus gros montant, ce sont finalement les Penguins qui l’ont convaincu. On voulait faire de lui le protecteur de Mario Lemieux. Il ne joua par contre que 9 matchs avec Pittsburgh. Il joua aussi à Muskegon dans la Ligue internationale, mais rata la majeure partie de la saison en raison d’une blessure à un bras.

L’année suivante, il y avait une nouvelle administration à Pittsburgh et Mann ne faisait plus partie des plans. Espérant qu’il prenne sa retraite, on l’envoya avec le Ice d’Indianapolis, une équipe indépendante de l’IHL, où il écoula la dernière année de son contrat.

Par la suite, il s’est établi en Mauricie, où il a investi en immobilier. Au fil des ans, celui que tous qualifient de sympathique a participé à des centaines de matchs des anciens et à une multitude de parties de balle-molle pour une variété d’activités et d’oeuvres de charité.

Si sa fiche de 10 buts et 20 passes et 895 minutes de pénalité en 293 matchs montre bien qu’il a rempli le mandat qu’on s’attendait de lui, il demeure qu’il aurait bien aimé qu’on lui laisse la chance de montrer l’ensemble de son talent de hockeyeur.

Aux dernières nouvelles, Mann s’occupe de patinoires extérieures dans la région de Trois-Rivières.

S’il nous lit, nous le saluons!

Sources :

Croc, juillet 1985, page 52,

″Jimmy Mann libéré sans condition″, PC, 23 mars 1979, Le Soleil, page C1,

″Que puis-je demander de plus″ - Jimmy Mann de Mario Goupil, 10 août 1979, La Tribune, page 19,

″Mann pourrait être poursuivi″, PC, 19 janvier 1982, La Presse, page S6,

″Gardner trouve légère la suspension de Mann″, UPI, 29 janvier 1982, La Presse, page S5,

″Que vient faire Mann avec les Nordiques?″ de Maurice Dumas, 7 février 1984, Le Soleil, page C1,

″Jimmy Mann arrive dans de bonnes dispositions″ d’André Bellemare, 8 février 1984, La Presse, page S17,

″Jimmy Mann de retour à Winnipeg?″, PT, 19 août 1986, La Tribune, page D1,

″Jimmy Mann sans emploi″ de Pierre Turgeon, 12 septembre 1986, La Tribune, page D1,

″Douris rappelé à Winnipeg″ de Pierre Turgeon, 28 octobre 1986, La Tribune, page D3,

″Mieux vaut pour Kordic que je ne retourne pas dans la Ligue Nationale″, MG, 17 janvier 1987, La Tribune, page D1,

″750,000$ pour 10 buts et une bonne gauche″ de Mario Goupil, 3 décembre 1988, La Tribune, page D1,

″Jimmy Mann aurait bien voulu jouer au hockey″ de Mario Goupil, 25 février 1993, La Tribune, page B3,

″Jimmy Mann se désole de l’interdiction de jouer au hockey à l’extérieur″, Toujours le matin, 3 décembre 2020, Ohdio (radio-canada.ca),

hockedraftcentral.com, wikipedia.org.

2 commentaires:

Jellos a dit…

Très intéressant article. Je n'ai aucun doute que Jimmy Mann soit un gaillard fort sympathique et impliqué dans de bonnes causes mais c'est au niveau de son talent de hockeyeur que je ne vous rejoins pas. Ses statistiques à la hausse durant ses 3 saisons avec les Castors sont facilement explicables par sa réputation de dur-à-cuire à la hausse au même moment, lui laissant une marge de manoeuvre sur la glace pour lui et ses coéquipiers. Que personne n'ait réussi à faire éclore ce talent durant ces années dans la LNH me semble plutôt étonnant. Comme les souvenirs ont tendance à s'embellir avec le temps qui passe, mon opinion est que celui de ce joueur au talent limité mais au grand coeur s'est embellit aussi...

keithacton a dit…

@Jellos Les statistiques parlent d'elles-mêmes. Il n'a compté que 10 buts en carrière. Toutefois, il demeure qu'au fil des ans dans les entrevues qu'il a données, Mann revient souvent sur le fait qu'Il aurait aimé que quelqu'un le laisse jouer autrement.