Après avoir attiré l’attention en marquant 73 buts avec les Remparts de Québec en 1977-78, Michel Goulet reçut une offre des Bulls de Birmingham de l’AMH. La LNH imposait à ce moment que les joueurs aient au moins 20 ans, exigence que n’avait pas l’AMH. Les Bulls signèrent d’ailleurs plusieurs autres jeunes comme Rick Vaive, Craig Hartsburg, Rob Ramage et Gaston Gingras. Goulet utilisa d’ailleurs ce dernier comme interprète chez ceux qu’on appelait les Baby Bulls, car à ce moment, il ne parlait pas anglais.
Jouant sur le même trio que Vaive et Rick Adduono, Goulet marqua 28 buts en 1978-79.
Par contre, le bateau de l’AMH prenait déjà amplement l’eau et les Bulls ne faisaient pas partie des franchises des plus solides du circuit déjà chambranlant. Dans cette optique, l’agent de Goulet, l’avocat bien connu Guy Bertrand, avait fait inclure une clause particulière dans son contrat avec les Bulls. Dans le cas où l’AMH fusionnerait avec la LNH et que les Bulls n’en feraient pas partie, ceux-ci se devaient d’offrir le contrat de Goulet aux Nordiques de Québec.
Suite à la saison 1978-79, l’AMH cessa ses activités, les Nordiques furent admis dans la LNH et les Bulls en furent exclus. Selon le contrat de Goulet, celui-ci devait donc se retrouver avec Québec.
La Ligue nationale ne reconnut toutefois pas cette clause et s’attendait donc à ce que Goulet soit soumis au repêchage, comme Vaive, Hartsburg, Ramage et compagnie.
Me Guy Bertrand s’empara alors de la cause et l’amena devant les tribunaux. La Cour supérieure du Québec commença par reconnaître la clause voulant que les services de Goulet devaient être offerts aux Nordiques. Dans ce cas, les Nordiques auraient tout de même dû inclure Goulet sur leur liste (très limitée de deux joueurs et deux gardiens) de joueurs desquels ils pouvaient conserver les droits. Bertrand voulut ensuite faire exclure Goulet du repêchage.
Toutes ces démarches contre la LNH entraînèrent des frais juridiques d’environ 50 000$ (172 000$ en dollars d’aujourd’hui). Tout au long de celles-ci, les Nordiques espéraient évidemment une décision favorable. Par contre, ils venaient à peine d’être admis dans la LNH et ce, à contrecœur, tout comme les autres équipes du circuit maudit. Il fallait donc tout de même ménager un tant soit peu la susceptibilité de leurs nouveaux partenaires d’affaires.
"Drafted from Birmingham"? |
Le jour du repêchage, Goulet se retrouvait parmi les cinq plus beaux espoirs. Parmi les conditions d’admission plutôt dures, il avait été convenu que les anciennes équipes de l’AMH repêcheraient à la fin. Les Nordiques sélectionnaient donc 20e sur 21 équipes.
Au moment de l’encan, les Baby Bulls firent grandement parler d’eux. Rob Ramage fut choisi premier par les Rockies du Colorado. Au 5e rang, les Canucks prirent Rick Vaive, suivi de Craig Hartsburg, sélectionné par les North Stars du Minnesota. Toutefois, craignant les représailles, aucune formation de la LNH n’osa choisir Goulet.
Le tour des Nordiques vint finalement et sans surprise, ils choisirent le talentueux ailier gauche, qui sauta de joie. De son côté, l'impétueux Me Bertrand se mit à pleurer. Ceci mettait fin à l’imbroglio bien que, comme l’admit Goulet par la suite, si une autre équipe l’avait choisi, il aurait eu à se rapporter à celle-ci. Les Nordiques étaient par contre également en bonne position de répondre à une autre demande de Me Bertrand, soit celle d’avoir un contrat en français.
Du côté de Goulet, la démarche était audacieuse. Le jeune espoir avait remis l’ordre établi en cause et ce, dans un contexte revanchard envers tout ce qui avait touché à la détestée AMH. Goulet répondit merveilleusement bien à cette pression, avec une carrière de 543-604-1152 en 1089 matchs avec Québec et Chicago.
Le natif de Péribonka fit son entrée au Temple de la renommée en 1998.
Sources : "Me Bertrand : La LNH a bafoué ses propres lois" de Maurice Dumas, 13 juillet 1979, Le Soleil, p.A12, "Des réjouissances très silencieuses chez les Nordiques" de Maurice Dumas, 19 juillet 1979, Le Soleil, p.B2, "NHL draft sports new look today" de Glenn Cole, 9 août 1979, Montreal Gazette, p.16, "Michel Goulet avec les Nordiques", 9 août 1979, Le Soleil, p.A1, "Goulet à Québec: incroyable tour de force” de Maurice Dumas, 10 août 1979, Le Soleil, p.B1, "Aubut n’y croit pas" d’Albert Ladouceur, 6 décembre 2012, Journal de Québec (journaldequebec.com), banqueducanada.ca, hockeydraftcentral.com.
2 commentaires:
Wow!
J'ignorais cette histoire. Merci !
Enregistrer un commentaire