Drop Down MenusCSS Drop Down MenuPure CSS Dropdown Menu

mardi 2 avril 2019

Barrer la route à Gordie Howe



Lorsque la saison s’achève, on assiste à différentes courses : courses au classement, courses pour une place en séries, mais aussi courses au record.

Le 22 mars 1953, on jouait les derniers matchs de la saison. À Détroit, Montréal affrontait les Wings. Au point de vue du classement, il n’y avait pas d’enjeu, puisque Détroit était assuré de terminer en tête, alors que le Bleu Blanc Rouge ne pouvait terminer ailleurs qu’au deuxième rang. L’histoire était ailleurs.

Gordie Howe avait 49 buts après 68 matchs, et il semblait presque assuré qu’il allait devenir le deuxième joueur de l’histoire, après Maurice Richard, à marquer 50 buts en une saison. (Richard l’avait toutefois fait lors d’une saison de 50 matchs.) Par contre, malgré que l’entraîneur Tommy Ivan lui avait donné plus que sa portion de temps de glace, des Hawks motivés par la possibilité d’atteindre les séries pour la première fois en 7 ans, empêchèrent Howe de marquer. Le match contre les Canadiens était donc sa dernière chance.

Il faut toutefois rappeler qu’à ce moment, la rivalité entre Détroit et Montréal était intense et que Richard faisait toujours partie de l’équipe. Le mot d’ordre du côté des Canadiens était donc clair : il fallait stopper Howe et préserver le record de Richard.

C’est Bert Olmstead qui eut la tâche de couvrir Howe pas à pas, malgré qu’Ivan lui donna encore une fois beaucoup de temps de glace. Olmstead remplit sa mission à merveille, mais il fut aussi appuyé par une performance inspirée du gardien Gerry McNeil, qui fit entre autres un arrêt spectaculaire au milieu de la troisième période aux dépends de Howe. En bout de ligne, McNeil n’accorda qu’un seul but, qui fut initialement accordé à Red Kelly. Par contre, en gentleman qu’il était et malgré qu’il aurait été son 20e but de la saison, lui valant ainsi un généreux boni, Kelly alla voir le marqueur pour lui souligner que Metro Prystai avait fait dévier la rondelle. Kelly dut attendre 8 autres saisons avant de finalement atteindre le plateau des 20 buts.

Le match se termina finalement 1-1. Dans un geste manquant de classe, l’entraîneur des Canadiens Dick Irvin sauta sur la glace à la fin de la partie pour lever le bras de Richard dans les airs, se faisant ainsi huer par la foule de l’Olympia de Détroit.

Howe ne perdit pas tout, puisque son total de 95 points constituait à ce moment un nouveau record en une saison. Néanmoins, il n’atteignit pas la marque de 50 buts, ni en 1952-53, ni à aucun autre moment de sa longue carrière.

Bien qu’il était heureux pour Richard, McNeil n’a pas conservé de fierté particulière au sujet de sa performance, estimant qu’elle avait tout de même une connotation négative.

C'est finalement Bernard Geoffrion qui égala le record de Richard en 1960-61, la saison qui suivit la retraite de son ex-coéquipier.

Sources :
McNeil, David, In the Pressure of the Moment: Remembering Gerry McNeil, Midtown Press, 2016, p.164 à 166,

“Canadiens, Red Wings Play to 1-1 Draw; Gordie Howe Fails in Bid for 50th Goal”, AP, 23 mars 1953, Montreal Gazette, p.20, “Gordie Howe ne peut atteindre son objectif de 50 buts en une saison”, 23 mars 1953, La Presse, p.30, “Howe and Wings Set Record”, Canadian Press, 24 mars 1953, Ottawa Citizen, p.17.

Aucun commentaire: