On entend souvent que les
joueurs de "l’ancien temps" gagnaient des salaires de misère. Bien que leur rémunération était certainement
très inférieure à celle des joueurs d’aujourd’hui, la situation n’était probablement
pas aussi dramatique qu’on peut parfois penser, pour les joueurs vedettes du
moins.
Par exemple, à sa dernière
saison, en 1970-71, Jean Béliveau a gagné 100 000$. En dollars d’aujourd’hui, l’équivalent serait
de 670 297$. Nous sommes très loin
des 15,9 millions $ de John Tavares, mais ça demeure un salaire plus qu’intéressant.
En reculant un peu plus, on
constate qu’en 1959-60, à sa dernière saison, Maurice Richard a touché 25 000$. En tenant compte de l’inflation, ce montant
équivaudrait à 219 771$ aujourd’hui.
A-t-il touché sa juste part de tous les profits qu’il a généré? Sûrement pas.
De plus, il faut tenir compte qu’en prenant sa retraite à presque 39
ans, il devait ensuite trouver d’autres façons de gagner sa vie, ce qu’un
ouvrier moyen n’avait pas à faire. Par
contre, il ne s’agit pas exactement d’un salaire de misère. On note tout de même une progression importante
en 11 ans.
En fait de comparaison, si
on veut prendre le moment où le pouvoir de négociation des joueurs était au
plus bas, il pouvait difficilement l’être plus que pendant la grande
dépression.
En 1931-32, la LNH venait de perdre les
Quakers de Philadelphie et les Senators d'Ottawa, qui avaient suspendu leurs opérations. (Seulement les Senators reviendront, pour
deux ans seulement.) À la fin de la
saison, cinq des huit équipes étaient déficitaires, incluant les Falcons de
Détroit, en faillite. Bref, les choses n’allaient
pas très bien.
À ce moment, la ligue décida
d’imposer un plafond salarial, limité à 7500$ par joueur et à 70 000$ par
équipe. À titre de comparaison, 7500$ en
1932 vaut aujourd’hui 132 760$.
Pendant la grande crise, sans être un pont d’or, ça demeurait tout de
même enviable.
Au niveau de l’équipe, 70 000$
est l’équivalent actuel de 1 238 815$.
Pour ceux que ça intéresse, Matthew Peca, un joueur réserviste, a touché
1 300 000$ à lui seul cette année.
Même s’il ne s’agissait pas de salaires de famine à l’époque, il
demeure que le progrès des salaires des joueurs est phénoménal.
Avec son salaire de 15 000 000$
cette année, Connor McDavid gagne donc l’équivalent
du plafond salarial de 12,1 équipes de 1932.
Comme il y n’avait que neuf équipes dans la LNH à ce moment, c’est donc
dire que McDavid gagne plus que la ligue au complet en 1932. En fait, en un match (192 308$), il a
gagné presque une fois et demie le salaire annuel maximum qu’un joueur pouvait
toucher en 1932 (pour une saison de 48 matchs).
Pour la petite histoire,
toujours pendant l’entre-saisons de 1932, James Norris proposa tout de même d’installer
une équipe à St-Louis malgré la situation difficile, demande qui fut refusée en
raison des coûts de voyagement trop élevés.
(Ottawa tentera tout de même de s’y installer en 1934-35 en devenant les
Eagles. L’expérience ne dura qu’un an,
en raison… des coûts de voyagement trop élevés.) Norris se rabattit donc sur les Falcons, qu’il
renomma "Red Wings", et qu’il conserva jusqu’à sa mort en 1952 et
qu’il légua à ses enfants. Il exerça
également un contrôle notable sur les Black Hawks et les Rangers.
Sources : "La
rigueur des temps force la N.H.L. à l’économie", 11 mai 1932, La Patrie,
p.10, "N.H.L. Decides To Set Salary Limit Of $7,500 A Man" de L.S.B.
Shapiro, 11 mai 1932, Montreal Gazette, p.16, "Comparing current NHL
salaries with past ones in Tableau" de Roberto Rocha, 20 septembre 2012,
Montreal Gazette (montrealgazette.com), “Le salaire de Jean Béliveau en dollars
d’aujourd’hui” de Caroline Belley, 3 décembre 2014, Radio-Canada
(radio-canada.ca), banqueducanada.ca
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire