En 2009, aux championnats du monde d’athlétisme, la victoire au 800m de la sud-africaine Caster Semenya avait causé une controverse. Son allure très masculine suscitait des doutes. Après une longue saga, Semenya fut soumise à des tests d’identification poussés. Les résultats de ces tests demeurèrent confidentiels, mais Semenya put continuer à compétitionner avec les femmes.
Ce n’était toutefois pas la première controverse du genre. Il y eut avant elle Stella Walsh.
Né en 1911 en Pologne sous le nom de Stanislawa Walasiewicz, elle immigra aux États-Unis, dans la région de Cleveland, avec sa famille alors qu’elle était encore bébé. Ses parents anglicisèrent son nom, qui devint alors Stella Walsh.
Elle débuta plus tard une fructueuse carrière en athlétisme. Toutefois, ne détenant pas la citoyenneté américaine, on lui offrit de corriger la situation pour lui permettre de représenter les États-Unis aux Jeux de Los Angeles de 1932. À la dernière minute, elle changea d’idée et représenta plutôt sa Pologne natale. Elle y égalisa le record du monde au 100m (11,9 s) et gagna la médaille d’or.
Aux Jeux de Berlin, elle termina deuxième derrière l’américaine Helen Stephens. L’apparence masculine de cette dernière alimenta une rumeur à l’effet que celle-ci était en fait un homme. Une vérification démontra que Stephens était vraiment une femme.
Walasiewicz (ou Walsh) continua sa carrière, mais la guerre vint compliquer les choses. La Pologne étant dans un état lamentable, elle s’établit définitivement aux États-Unis, où elle prit finalement la citoyenneté américaine. En 1947, elle fut brièvement mariée à Neil Olson, un boxeur, mais l’union ne dura pas longtemps. Elle vécut par la suite une vie paisible et anonyme, travaillant pour le département des parcs de Cleveland.
En décembre 1980, elle fut attaquée par deux hommes qui voulaient la voler. Elle tenta de faire perdre son arme à un de ses agresseurs, mais en vain. Le coup partit et Walsh fut mortellement atteinte.
Les événements prirent alors un tournant inattendu. L’autopsie révéla qu’elle possédait un pénis (bien que non fonctionnel et avec une malformation) et une poitrine masculine. Un examen approfondi révéla aussi qu’elle n’avait pas d’organes reproducteurs internes féminins.
Les réactions ne se firent pas attendre. Hilda Strike, la canadienne gagnante de la médaille d’argent à Los Angeles jugea que la médaille d’or lui revenait. Elle ne la revendiqua pas officiellement mais laissa savoir qu’on savait où la trouver.
Toutefois, celui qui fut probablement le plus abasourdi fut son ex-mari. Il affirma qu’il se trouvait particulièrement stupide et que les rares fois où il eut des relations sexuelles avec sa femme, celle-ci avait toujours insisté pour le faire la lumière fermée.
Le voile fut alors levé sur un aspect grandement tabou. Des proches affirmèrent qu’ils étaient au courant que Stella avait certaines malformations, qui s’avèrent être une forme d’hermaphrodisme. La chose avait bien sûr été cachée, étant considérée comme honteuse.
Une recherche révéla d’ailleurs que Stella avait initialement été inscrite au registre des naissances comme un garçon, avant que le tout ne soit changé. Il faut dire que dans la Pologne de 1911, les parents d’un enfant avec de telles malformations avaient peu d’options. Ils choisissaient le genre de leur enfant et l’élevait en conséquence. Sa condition n’a donc jamais été diagnostiquée formellement. Quant aux tests d'identification au cours des compétitions, ils n’ont été imposés qu’en 1966.
A-t-elle alors bénéficié d’un avantage hormonal indu? Considérant sa capacité de produire et de réagir à la testostérone, apparemment que non. Son histoire démontre toutefois que la question de l’identité sexuelle n’est pas nécessairement toujours tranchée au couteau.
Sources : “The Runner’s Secret” de Paul Farhi, 22 août 2008 (washingtonpost.com), “Woman, man or a little bit of both? How deciding Caster Semenya's gender is more complex than you might think” de Michael Hanlon, 23 août 2009 (dailymail.co.uk), “We've been here before with Stella the high-speed fella” de Guy Walters, 23 août 2009 (dailymail.co.uk), wikipedia.org
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