La guerre interrompit des carrières de joueurs qui durent aller au front, mais se faisant, elle créa aussi des opportunités pour d’autres. Dans une ligue à six équipes où la notion de gardien auxiliaire n’existait pas encore (voir texte du 6 mai 2013), les postes étaient rares.
Le départ de Johnny Mowers vers le front, après un Trophée Vézina, une sélection au sein de la première équipe d’étoiles et une Coupe Stanley (voir texte du 12 mai 2014) créa bien sûr un grand vide devant le filet des Red Wings.
Quatre gardiens prirent le relais pour la saison 1943-44, ce qui était très inhabituel dans cette époque où il était commun qu’un seul joue tous les matchs. On sortit même le vétéran Normie Smith de sa retraite, lui qui n’avait pas joué depuis 1938-39.
Parmi les trois autres, il y avait Conrad Dion. Après avoir joué dans la Ligue Senior du Québec, il avait appartenu à l’organisation des Canadiens, mais n’y a jamais joué. En janvier 1944, les Wings firent appel à ses services et le signèrent comme agent libre. Malgré sa petite taille (hockeydb.com l’inscrit à 5’6’’ 145 lbs, hockey-reference.com à 5’4’’ 140 lbs), il réussit à se faire un chemin vers la Ligue Nationale.
Dion ne prit pas de temps à passer à l’histoire. Le 23 janvier, il signa son premier (et son seul) blanchissage dans la LNH. Pour y parvenir, il n’eut pourtant qu’à faire neuf arrêts. Ce soir-là, Détroit écrasa les misérables Rangers (fiche de 6-35-9 cette année-là) 15-0. Encore aujourd’hui, il s’agit d’une marque qui tient toujours : la pire défaite par blanchissage. Malgré les 15 buts accordés, incluant un tour du chapeau de Syd Howe (voir texte du 30 septembre 2011) dans la seule troisième période, le gardien des Rangers, Ken McAuley, réalisa tout de même 43 arrêts.
En bout de ligne, c’est Dion qui joua le plus (26 matchs, 17-7-2, 3,06) et c’est lui qui prit le filet pour les séries. Les Wings perdirent alors au premier tour contre Chicago.
L’année suivante, Dion joua 12 matchs, mais on lui préféra éventuellement Harry Lumley, avec qui il alterna à Détroit et avec les Capitals d’Indianapolis de la Ligue Américaine.
Il s’établit ensuite dans la AHL, principalement avec les Bisons de Buffalo. En 1949-50, il se mérita même le Trophée ˮHapˮ Holmes, en tant que gardien ayant conservé la meilleure moyenne de la ligue.
Il revint au Québec pour jouer la saison 1952-53 avec les Saints de Sherbrooke de la Ligue Senior, avant de passer la saison suivante dans les Maritimes.
Il retourna ensuite dans sa région natale de l’Amiante, où il s’impliqua beaucoup au niveau du hockey mineur. Il travailla aussi pour doter son coin d’un aréna couvert. Ouvert en 1954-55, l’aréna d’Asbestos porte aujourd’hui le nom d’Aréna Connie Dion. Le tournoi de hockey de la municipalité porte aussi son nom.
Grand amateur de golf, il a également participé à la conception du terrain d’Asbestos.
Sources : « Détroit annéantit (sic) les Rangers par 15-0, hier soir », La Patrie, 24 janvier 1944, p.19, « The 15 Worst Shutout Defeats in NHL History » de Brad Kutzberg, 26 février 2013 (bleacherreport.com), « 21e édition du Tournoi Connie Dion » de Nathalie Hurdle, Les Actualités, 20 janvier 2012 (hebdosregionaux.com), « Connie Dion… une légende du golf québécois », 28 mai 2003 (rds.ca), ahmasbestos.com, hockeydb.com, hockey-reference.com, wikipedia.org.
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