Je profite de la fête du travail pour aborder le sujet des équipes de compagnie, et pour déborder un peu du hockey.
Pendant la première partie du siècle dernier,
les ouvriers changeaient moins souvent d’employeurs. C’était évidemment particulièrement le cas
dans les villes mono industrielles. Même
si quelqu’un avait voulu changer d’entreprise, le choix était assez limité…
On côtoyait donc les mêmes collègues pendant de
nombreuses années et un sentiment d’appartenance plus grand se développait.
Plusieurs avaient des clubs sociaux qui
organisaient de nombreuses activités.
Parmi elles, il pouvait y avoir des équipes de hockey. D’ailleurs, la première incarnation des As de
Québec, en 1928, en était une. Son nom
original était A.C.E.s, pour Anglo-Canadian Employees. L’Anglo-Canadian Pulp and Paper était une
papetière qui a plus tard été connu sous le nom de Reed, Daishowa (à un moment
actionnaire des Nordiques), Stadacona (propriété d’Enron), Brant-Allen et White
Birch, avant de fermer en 2012.
La photo qui suit en est une de l’équipe de la
multinationale américaine Singer, de St-Jean-sur-Richelieu. Elle évoque les champions de la ligue de la
ville de 1925-26, associés à l’usine de machines à coudre.
Source : Musée virtuel du Canada (MVC), protégé par le droit d’auteur. |
Cette photo a donc été prise environ à la
période où mon grand-père y a été embauché, à l’âge de 15 ans.
Déclaré trop frêle pour l’armée pendant la
Deuxième Guerre mondiale, il demeura à l’usine, mobilisée pour l’effort de
guerre. Des femmes y firent alors leur
entrée pour remplacer les hommes partis au front. Parmi elles, il y avait celle qui deviendra
son épouse. Oui, mes grands-parents se
sont rencontrés en fabriquant des bombes… Comme c’est romantique!
Il y sera jusqu’en 1976, où il sera remercié
peu de temps avant ses 50 ans de service, seuil qui lui aurait valu une montre
en argent.
La production sera ensuite graduellement
transférée vers des pays du tiers-monde, jusqu’à la fermeture définitive de ce
qu’il restait de l’usine en 1986.
Il s’avéra plus tard que l’entreprise avait
allégrement pigé dans le maigre fonds de pension des employés, en plus de
prendre de nombreux congés de cotisations.
S’en suivit une interminable
bataille juridique, la faillite de Singer, avant le dernier règlement en 2006,
avec Rentes sur l’état du gouvernement fédéral.
À ce moment, des 600 retraités éligibles, il n’en restait qu’environ 70
toujours vivants et mon grand-père n’en faisait pas partie.
Bonne fête à tous les travailleurs, passés,
présents et futurs, incluant mon grand-père, celui qui m'a fait découvrir le hockey.
Sources : « Papier White Birch annonce la
fermeture de l’usine Stadacona » de Pierre Couture, 12 janvier 2012, Le
Soleil, (lapresse.com), « Les retraités
de Singer pourront souffler un peu » de Laurier Cloutier, 9 mars 2006, La
Presse Affaires p.1, museevirtuel.ca, ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/archives/,
wikipedia.org.
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