Norman Beaudin a grandi en Saskatchewan. Au cours de sa carrière junior, il eut l’occasion de jouer à deux reprises pour la Coupe Memorial, pour deux équipes aux longues traditions, les Pats de Regina (en 1961) et les Oil Kings d’Edmonton (en 1962). Dans les deux cas, son équipe s’est toutefois inclinée.
Beaudin a ainsi attiré l’attention des Canadiens, avec qui il signa un contrat. Assigné aux Canadiens d’Hull-Ottawa, il fut ensuite laissé sans protection et réclamé par les Red Wings. Il passa quatre ans dans leur organisation, mais sans jouer de match dans la Ligue nationale.
Comme pour bien d’autres joueurs de l’époque, la première expansion de 1967 représenta une opportunité en or pour Beaudin. Parmi les six nouvelles équipes, ce sont les Blues de St-Louis qui le réclamèrent. Il eut ainsi l’occasion de jouer ses premiers matchs dans la grande ligue, mais seulement pour 13 parties.
Il retourna ensuite dans les mineures jusqu’en 1971, alors qu’il eut la chance de jouer 12 autres matchs, avec les North Stars du Minnesota cette fois.
En 1972, les perspectives d’avenir de Beaudin étaient limitées. Malgré l’ajout de nouvelles équipes, il demeurait dans les mineures, se promenant d’un endroit à l’autre et n’ayant joué que 25 matchs dans la LNH. C’est alors que le vent tourna rapidement.
On discutait de la formation probable d’une nouvelle ligue pour concurrencer la LNH, l’Association mondial de hockey. Derrière ce projet se trouvaient les mêmes promoteurs qui avaient fondé l’American Basketball Association (ABA) en 1967, une rivale de la NBA.
Des annonces furent faites, bien que de nombreux sceptiques doutaient que la nouvelle ligue puisse réellement décoller. Lorsqu’on approcha Beaudin en lui offrant environ le triple de ce qu’il gagnait en s’alignant avec les Barons de Cleveland (alors la filiale des North Stars dans la Ligue américaine), il écouta. Jugeant que dans sa situation, il avait peu à perdre, Beaudin devint le premier joueur à signer avec les nouveaux Jets de Winnipeg aussitôt sa saison à Cleveland terminée. Mais ce n’était pas tout.
On lui en avait glissé un mot, mais ça se confirmait. Le 27 juin 1972, l’AMH réalisa réalisa un coup fumant. Pour le montant astronomique de 2 750 000$ pour 10 ans (incluant un boni à la signature de 1 000 000$), on annonça que le joueur étoile des Black Hawks de Chicago, Bobby Hull, se joignait au nouveau circuit. Et où allait-il poursuivre sa carrière? À Winnipeg.
La ligue étant à ses premiers balbutiements et ayant dépensé une bonne partie de son budget pour signer quelques étoiles à des montants jamais vus (voir texte du 26 février 2014), la plupart des équipes avaient peu de profondeur. À Winnipeg, il fallait bien trouver des joueurs pour compléter le trio de Bobby Hull. On choisit donc Christian Bordeleau (voir texte du 24 janvier 2012) et… Beaudin! Celui qui jusqu’à récemment roulait sa bosse dans les mineures, se retrouvait soudainement sur la même ligne que Bobby Hull.
Les résultats furent immédiats. Hull et Beaudin terminèrent au quatrième rang des pointeurs de la ligue avec 103. (Hull avait toutefois joué moins de matchs.) Bordeleau en obtint de son côté 101. Dans le cas de Beaudin, il n’avait jamais atteint un tel total, même au niveau junior. Les Jets terminèrent deuxièmes dans la ligue et se rendirent jusqu’en finale, avant de s’incliner contre les Whalers de la Nouvelle-Angleterre.
Par contre, les choses furent un peu plus difficiles en 1973-74. Les Jets firent à peine les séries, avant d’être balayés par les Aeros de Houston de Gordie Howe. Hull obtint tout de même 95 points, mais le total de Bordeleau tomba à 75 et celui de Beaudin, à 55.
L’année suivante, on chercha à mieux entourer Hull. C’est alors qu’on regarda vers l’Europe (une solution révolutionnaire à ce moment, voir texte du 13 avril 2015) pour aller chercher du renfort. Les suédois Anders Hedberg et Ulf Nilsson se joignirent ainsi aux Jets, avec des résultats au-delà des espérances.
Beaudin joua la saison 1974-75 à Winnipeg, avant de se tourner vers la Suisse et de jouer deux saisons avec le SC Langnau.
De retour en Amérique de Nord, il travailla pendant plusieurs années comme représentant d’une entreprise vinicole. Il est ensuite déménagé en Floride, où il a détenu pendant longtemps des magasins d’articles de sport.
Il habite maintenant en Arizona, près de son ancienne équipe, devenue les Coyotes de l’endroit.
Sources :
Reid, Ken, Hockey Card Stories, ECW Press, p.54 à 56,
″Former NHL Player Norm Beaudin coaching in Snoopy’s Tournament″ de Michael Coit, 19 juillet 2014, The Press Democrat (pressdemocrat.com), legendsofhockey.net.
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