Nous avons appris cette semaine le décès de Fred Stanfield, à l’âge de 77 ans. Si vous n’avez pas connu les années 1970, peut-être que ce nom ne vous dit rien. Pourtant, il a connu une carrière plus qu’enviable, mais il a souvent été dans l’ombre.
Comme ses frères Jim et Jack, Fred Stanfield fut recruté par les Black Hawks de Chicago. Si Jack a joué un match avec les Hawks et deux saisons avec les Aeros de Houston et Jim, 7 matchs avec les Kings, Fred était de toute évidence le plus talentueux de la fratrie.
Chicago avait toutefois une formation avec de la profondeur et Stanfield dut se contenter de jouer 107 matchs en trois ans, entrecoupés de séjours dans les mineures.
C’est toutefois le 15 mai 1967 que le vent tourna et ce, à plusieurs aspects. À ce moment, les Hawks envoyèrent Stanfield, Phil Esposito et Ken Hodge aux faibles Bruins. En retour, ce sont Pit Martin, Gilles Marotte et Jack Norris qui prirent le chemin inverse.
Même si ceux-ci venaient de s’assurer des services du jeune prodige Bobby Orr, il demeure que les Bruins venaient de rater les séries pour une huitième année de suite et ce, dans une ligue qui à l’époque ne comptait toujours que six équipes.
Dès leur première année dans l’uniforme noir et jaune, les trois joueurs connurent leur meilleure saison à ce jour, aidant les Bruins à finalement atteindre les séries. Si Esposito (deuxième pointeur de la ligue) et Hodge attirèrent beaucoup l’attention, Stanfield y alla d’une première de six saisons de vingt buts ou plus consécutives.
Dans les années qui suivirent, alors qu’Esposito (qui collectionnait les honneurs et les records) et Hodge formèrent l’omniprésent premier trio avec Wayne Cashman, Stanfield apporta son importante contribution sur la deuxième ligne de façon plus discrète, avec John McKenzie et Johnny Bucyk. Sans rien enlever à Marotte, Martin et Norris, l’un des échanges les plus déséquilibrés de la LNH avait apporté la moitié des deux premiers trios à ce qui s’avéra une équipe dominante de cette époque.
Si Stanfield accumulait de très peu nombreuses punitions, ça ne l’empêchait pas de déplacer de l’air d’une autre façon, avec un coup de patin efficace et un tir frappé fulgurant. D’ailleurs, lors du premier match de la finale de 1970, au début de la deuxième période, son tir a atteint Jacques Plante en plein visage, qui brisa son masque. Plante mit trois minutes à quitter la patinoire, avant d’être conduit à l’hôpital. On lui diagnostiqua alors une commotion. Le pointage était alors de 1-1. Le match se termina 6-1. Plante ne revint pas de la série et le duel qui s’annonçait inégal entre une équipe établie et les Blues, une équipe de troisième année, se termina en balayage. À peine trois ans après une absence prolongée en séries, la Coupe retourna à Boston après 29 ans d’absence.
En 1970-71, les Bruins atteignirent des sommets statistiques, incluant Stanfield, avec 76 points. La saison se termina toutefois en queue de poisson, alors que les Canadiens menés par un gardien recrue, Ken Dryden, les surprirent au premier tour des éliminatoires.
Ce ne fut toutefois que partie remise pour 1971-72. Stanfield réalisa sa meilleure saison en carrière avec 79 points (un total dans l’ombre de ceux d’Orr et d’Esposito, mais tout de même appréciable). En finale, on assista à une rencontre des deux équipes qui, peu de temps auparavant, étaient les éternels derniers de la ligue, Boston et New York. Les Bruins durent travailler un peu plus dur que la fois précédente, mais ils remportèrent à nouveau le trophée de Lord Stanley.
En mai 1973, suite à une autre sortie hâtive en séries, Boston jugea que la perte de Gerry Cheevers à l’AMH lui avait coûté trop cher et voulut se renforcer devant le filet. Stanfield fut alors sacrifié et expédié au Minnesota en retour de Gilles Gilbert.
Le séjour de Stanfield avec les North Stars fut toutefois peu fructueux. Les Stars convertirent le centre en ailier droit et les résultats ne furent pas au rendez-vous. Après une saison et demie, il fut échangé aux Sabres, une équipe en pleine montée, mais jeune. Normand Gratton prit la direction du Minnesota.
Le pari des Sabres porta fruit puisqu’ils atteignirent la finale, où ils durent toutefois s’incliner devant les Flyers.
Stanfield joua trois autres saisons à Buffalo, incluant un match de trois buts et une passe dans un massacre de 14-2 des misérables Capitals, la pire équipe d’expansion de l’histoire. Encore une fois, malgré performance remarquable, elle passa derrière la soirée de quatre buts et une passe de Richard Martin…
En 914 matchs, sa fiche est de 211-405-616 et seulement 136 minutes de pénalité.
Il termina avec une saison dans la Ligue américaine, avec les Bears de Hershey, où il y fut brièvement joueur-entraîneur.
Après sa carrière de joueur, le torontois d’origine demeura dans la région de Buffalo, où il géra pendant 25 ans son magasin d’ameublement de bureau.
Sources:
"Plante injury helped Bruins", AP, May 4, 1970, Montreal Gazette, page 17,
"Former Bruin Fred Stanfield dies at age 77" de Steve Conroy, September 14, 2021, Boston Herald (bostonherald.com),
"Fred Stanfield, member of the Sabres 1975’ Stanley Cup Final team, dies at 77" de Mike Harrington, September 13, 2021, Buffalo News (buffalonews.com),
wikipedia.org.
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