Vous connaissez l'histoire mais ici à LVEUP, notre sujet fétiche le plus récurrent est la genèse menant à la création des Sharks de San Jose. Mais si vous êtes nouveau ici je n'ai pas le choix de me répéter une 1000e fois de plus.
Les Sharks n'étaient pas une équipe d'expansion traditionnelle lors de leur arrivée en 1991. Leurs propriétaires étaient les anciens propriétaires
des North Stars qui reçurent une équipe d'expansion à
condition de ne pas déménager les North Stars et de les vendre à un
autre acheteur. Également comme compensation, ils avaient droit de
choisir une vingtaine de joueurs du système des North Stars pour leur nouvelle
équipe en plus du repêchage d'expansion traditionnel. Pour renflouer
leurs pertes de personnel, les North Stars purent également participer à
ce repêchage d'expansion, même s'ils n'étaient pas une équipe
d'expansion...
Vous voyez, le paragraphe précédent est en fait un copié-collé d'un autre paragraphe de mon ancien texte sur Alan Haworth, un des joueurs impliqués dans ces 2 étranges repêchages. On dirait en fait que plus je creuse et plus je me rends compte que la plupart de ces joueurs marginaux ont des histoires intéressantes à raconter. D'ailleurs la liste s'allonge dans nos bios car c'était le cas pour Haworth, Jayson More, Link Gaetz, Doug Zmolek et Bengt-Åke Gustafsson. Même Guy Lafleur y a passé...
Et tout ça ne prend même pas en compte les vraies origines de la genèse des Sharks, soit la dissolution de la fusion North Stars/Barons de 1978 mais là c'est trop long à résumer....
Mais toute cette longue intro a pour but d'en venir à un autre joueur qui fut impliqué dans cette intarissable dispersion North Stars/Sharks, Kevin Evans.
Mais avant de réellement commencer sa bio, je voulais vous expliquer comment j'ai décidé de choisir ce joueur. Voici une photo d'un de mes cartables de cartes pour vous montrer un exemple de ma fixation pour cette équipe d'expansion particulière. Ici c'est une page où j'essaie de rassembler cette sous-collection douteuse d'O-Pee-Chee de 10 cartes exclusivement comprise de ces joueurs obscurs provenant des North Stars.
En plus de cette série, j'essaie d'avoir le plus de cartes possible des joueurs de la première saison des Sharks en 91-92, (processus que j'ai ensuite répété pour toutes les équipes d'expansion récentes). J'ai donc beaucoup de Kelly Kisio et de Rob Zettler, mais je n'avais jusqu'à maintenant aucune carte de Kevin Evans, lui qui ne joua qu'une poignée de matchs dans la LNH et qui n'était même pas dans les 10 joueurs de la série d'O-Pee-Chee.
Mais l'autre jour je me suis rendu compte que j'avais désormais cette carte:
Je n'y avais pas beaucoup porté attention au départ, j'étais juste content d'en rajouter un à ma liste mais en croyant peut-être que je l'avais déjà, son nom ne m'étant que très peu familier. Je n'avais jusque-là que très peu d'intérêt envers Kevin Evans.
Mais c'était avant de lire sa bio au verso...
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648 minutes de pénalité en une saison, ce qui en ferait le recordman du hockey professionnel à ce niveau. Je me devais d'en savoir plus.
Allons-y donc pour vrai avec sa bio.
Kevin Robert Evans est né le 10 juillet 1965 à Peterborough en Ontario. Il évolua dans le hockey mineur local de Peterborough à divers niveaux. Déjà à l'âge junior on pouvait voir quel joueur il allait devenir alors qu'il récolta 181 minutes de punition en 33 matchs en 82-83 et ensuite 210 minutes en 39 matchs en 83-84 avec les Legionnaires de Peterborough, un club AAA. Ce n'est que durant cette saison 1983-84 qu'il parvint à se rendre à la OHL avec son équipe locale, les Petes, où il disputa seulement 2 matchs. Il attira assez l'attention pour graduer dans la OHL en 1984-85 avec les Knights de London où il joua 52 matchs et obtint cette fois-ci 148 minutes de pénalité.
Ici je prends une pause pour vous annoncer que, comme le sujet va revenir souvent, pour le reste de l'article je vais désormais raccourcir avec le standard «PUN» pour minutes de pénalité...
Toujours non repêché jusque-là, Evans opta de passer dans la WHL pour sa dernière saison junior en 1985-86, saison qu'il joua avec les Cougars de Victoria où il mena la ligue avec 441 PUN.
Il termina cette même saison 1985-86 en devenant professionnel avec les Wings de Kalamazoo dans la IHL. En seulement 11 matchs pour terminer la saison, il récolta 97 PUN et 56 en 6 matchs des séries.
Il débuta ensuite à temps plein à Kalamazoo en 1986-87 et ce fut une saison pour la légende. En 73 matchs, Evans récolta effectivement pas moins de 648 minutes de pénalité. Ici ça vaut la peine de l'écrire au complet... Une moyenne de 8,7 minutes par match au cachot. C'est un total assez impressionnant malgré que c'était bien sûr durant ces folles années 80, mais à ma mémoire je n'ai pas souvenir d'avoir vu un autre joueur dans les 600 minutes. J'ai quelquefois vu 500 et quelques 400 dans la LNH mais 600 c'est une première dans toutes mes années de recherche.
Et pourtant, Evans n'avait pas l'air du goon traditionnel. Il faisait seulement 5'9" et 182 livres et avait aussi un certain talent offensif alors qu'il récolta également 19 buts, 31 passes pour 50 points durant cette saison.
Il «s'assagit» légèrement lors des saisons suivantes à Kalamazoo avec 404 PUN en 54 matchs, 328 PUN en 54 matchs et ensuite 346 PUN en 76 matchs durant la saison 1989-90. Cette dernière était également sa meilleure saison professionnelle avec 30 buts et 54 passes pour 84 points. Cette bonne saison attira l'attention du club affilié aux Wings, les North Stars, qui l'invitèrent au camp de l'équipe pour la saison 1990-91. Il y joua ses 4 premiers matchs dans la LNH, récoltant 19 PUN et aucun point, avant d'être retourné à Kalamazoo.
De ces 19 minutes, seulement une bagarre semble être répertoriée selon le site hockeyfights.com. Je ne suis pas un apôtre de la violence au hockey mais parfois ce sont les seuls extraits vidéos que je peux trouver. Et dans le cas d'Evans, je me permets d'au moins mettre cette première bagarre dans la LNH:
On ne voit pas grand chose mais comme bonus on peut voir des caméos de quelques autres joueurs repêchés par les Sharks comme Shane Churla et Rob Zettler.
Après sa courte initiation dans la LNH, Evans sembla reprendre de plus belle dans la IHL avec 22 points en 16 matchs mais une blessure au genou le mit au rancart pour la majorité de la saison.
Durant l'été 1991, un tournant allait s'effectuer au Minnesota avec la dissolution officielle du «merger» Cleveland/Minnesota de 1978. Les anciens proprios des North Stars allaient alors pouvoir garder une partie du système des North Stars pour la base de leur nouvelle équipe à San Jose. Parmi ces joueurs non-protégés disponibles pour les Sharks, la plupart évoluaient avec Evans à Kalamazoo et allaient avoir la chance de graduer dans la LNH avec cette nouvelle opportunité à San Jose. Evans obtint sa chance au début de la saison 91-92 où il joua 5 matchs, récoltant 1 passe et 25 PUN. Il fut toutefois envoyé dans les mineures avec les Blades de Kansas City et ne revint jamais avec les Sharks ou dans la LNH. Il put toutefois célébrer cette saison 91-92 avec un championnat de la IHL avec les Blades. Car si les Sharks étaient sans surprise poches à leur première saison, le club-école se retrouva grandement «boosté» avec ces joueurs obtenus du système des North Stars (dont Arthurs Irbe). Evans obtint d'ailleurs 15 points en 14 matchs durant ces séries (et 70 PUN).
Libéré par les Sharks après cette seule saison, il retourna, pour la plus grande joie de ses fans, avec les Wings de Kalamazoo en 92-93 mais il joua seulement 49 matchs (283 PUN). Il évolua ensuite 3 autres saisons dans la IHL avec Peoria et un retour d'une saison à Kansas City.
En 95-96, il migra pour la CHL (Central Hockey League) avec les Riverkings de Memphis (356 PUN en 38 matchs). Il évolua ensite deux saisons dans la ECHL avec les Sea Wolves du Mississippi et où il canalisa le Kevin Evans de 10 ans plus tôt avec 505 PUN en 63 matchs durant la saison 96-97. C'était sa seule autre saison au dessus de 500 minutes. J'ai dit plus tôt qu'il s'était un peu assagi depuis 1987 mais il lui arrivait bien sûr d'être une tête folle à plus d'une reprise... Le terme «lunatique» revient d'ailleurs assez souvent dans les commentaires de ceux qui l'ont vu jouer.
Il termina sa carrière en 2000 après une saison partagée entre les T-Rex de Tupelo de la WPHL et un court retour de 7 matchs avec les Riverkings de Memphis.
En 9 matchs dans la LNH, Kevin Evans obtint 1 passe et 44 minutes de pénalité.
C'est toutefois principalement dans la IHL qu'il évolua, dont 7 saisons à Kalamazoo, et il y obtint en tout 128 buts et 271 passes pour 399 points en 517 matchs et un total de 3083 minutes de pénalité.
Au moment de sa retraite, Evans détenait le record du joueur le plus puni de toute l'histoire du hockey professionnel. En combinant ses statistiques de la LNH, IHL, CHL, ECHL et WPHL, on obtient un total de 4417 minutes de pénalité, soit l'équivalent de 73 heures ou 3 jours + 1 heure au cachot. On pète le 5000 minutes en incluant ses statistiques du junior.
Le recordman de la LNH à ce niveau, Dave «Tiger» Williams détient le record de 3966 minutes dans la LNH mais «seulement» 4172 minutes au total avec ses statistiques des ligues mineures.
Le record de Evans dura jusqu'en 2007 lorsqu'il fut dépassé par Dennis Bonvie, anciennement des Penguins et des Oilers. Lors de sa retraite, Bonvie établit alors la marque à 4804 PUN.
Cette carte Score 91-92 de Evans vue plus haut est sa seule carte en carrière dans la LNH.
Il demeure à ce jour un joueur culte à Kalamazoo. Les Wings l'ont d'ailleurs honoré lors de la «Kevin Evans Night» en mars 2019 où les 1000 premiers spectateurs obtinrent un slendide «bobblehead» à son éffigie:
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