Le monde du hockey connut de très grands joueurs qui provenaient du Saguenay. Le plus connu d'entre tous fut certainement le premier d'une lignée de redoutables gardiens de buts qui ont fait du Canadien de Montréal une grande équipe. Ce fut bien sûr Georges Vézina, grand gardien dont le nom est donné au trophée qui récompense à chaque année le meilleur gardien de la NHL. Un grand défenseur originaire de Kénogami, Pierre Pilote, pilier à la ligne bleue des Black Hawks lorsqu'ils remportèrent leur dernière Coupe Stanley, en 1961. Son numéro 3 fut récemment retiré par cette même équipe. Le nom du célèbre défenseur baieriverain Jean-Claude Tremblay se retrouve à 5 reprises sur la Coupe Stanley, lui qui fut un des piliers à la ligne bleue des Canadiens lors des années 1960 et des Nordiques de la WHA des années 1970. Mais connaissez-vous un autre grand saguenéen ayant évolué dans la LNH du nom de Johnny Gagnon? Il fut pourtant membre d'un des trios les plus célèbres de son époque, évoluant avec les légendaires Howie Morenz et Aurèle Joliat... Voici son histoire...
Johnny Gagnon est né en 1905 à Chicoutimi dans une famille qui comptera 11 enfants. À l'âge de 18 ans, il quitte le Saguenay pour jouer dans différents clubs amateurs à Québec et à Trois-Rivières. Avec les Renards de Trois-Rivières, il touchait un petit salaire de 10$ par semaine dont 8$ qui servait afin de se loger et de se nourrir... C'est suite à sa seconde saison pour les Renards où il enfila 18 buts en 16 matchs que Gagnon commença à faire parler de lui jusqu'à Montréal
Hockeyeur natif du Saguenay, Gagnon fut touché par le décès de Georges Vézina en mars 1926. Il retourna même au Saguenay pour les funérailles de ce dernier. C'est à l'occasion de ces funérailles que Gagnon fut approché par Léo Dandurand, le président des Canadiens de Montréal. Dandurand s'avérait très intéressé par ses habilités de marqueur, mais trouva que Gagnon était trop petit pour la NHL. Gagnon, qui voulait à tout prix évoluer avec les Canadiens, demanda à Dandurand de juger par lui-même qu'il était de taille à jouer dans la NHL en l'invitant à mesurer son poids. Les poches remplies de roches, Gagnon "montra" au président qu'il était de taille à jouer dans la grande ligue...
La volonté sans limite de Gagnon fut récompensée alors qu'il fut invité au camp d'entrainement du Canadien la saison suivante. Il fut cependant retranché aux Castors de Québec de la ligue Canado-Américaine pour la saison 1926-27. Cette ligue est en fait la Ligue Américaine actuelle qui retira le terme "canado" dans son nom lorsque toutes les équipes canadiennes disparurent dans les années 1930. Gagnon fut dès sa première saison professionnelle le meilleur marqueur de l'équipe. Suite à l'élimination de l'équipe de Québec, Gagnon fut invité à se joindre à l'occasion d'un match à une autre équipe de la ligue, les Reds de Providence. Suite à sa performance lors de ce match, les Canadiens arrangèrent avec l'équipe du Rhode Island un prêt qui allait durer 3 saisons.
C'est à la saison 1930-31 que Gagnon se joint aux Canadiens alors champions défendants de la Coupe Stanley. Tout de suite à son arrivée avec le grand club, Gagnon se joint aux célèbres Aurèle Joliat et à Howie Morenz. L'équipe allait se rendre en finale de la Coupe Stanley à la fin de la saison face aux Blackhawks de Chicago. La série éliminatoire se rendit au 5e match qui fut disputé le 14 avril 1931 au Forum de Montréal. La recrue Johnny Gagnon marqua le but qui allait donner la Coupe aux Canadiens à la première période du match, portant la marque à 1-0. Howie Morenz marqua un autre but qui allait assurer un second championnat d'affilée pour le CH. Ils n'allaient pas remporter le précieux trophée avant 13 saisons.
C'est donc dans ces années de misère du Canadiens que Johnny Gagnon allait évoluer aux côtés de Morenz et Joliat jusqu'en 1934. Joueur modeste, il se contentait de passer à ses partenaires vedettes de trio qui terminaient le boulot. D'où peut-être le surnom de chat noir... L'arrivée du légendaire Newsy Lalonde derrière le banc du Canadiens allait toutefois briser la chimie du trio. La relation entre Gagnon et Lalonde ne fut jamais bonne et elle allait atteindre le point de non retour en 1934 alors que Gagnon refusa d'obéir aux instructions de l'entraîneur. Il fut échangé aux Bruins de Boston contre un joueur nommé Joe Lamb en octobre 1934. Howie Morenz allait également connaître des difficultés avec l'entraineur et se fit échanger à Chicago à la même période. L'exode de Gagnon au Massachussets n'allait toutefois pas durer très longtemps. La carrière d'entraîneur de Newsy Lalonde se termina au milieu de la saison alors qu'il fut congédié et le Canadiens rapatria Gagnon de Boston pour un montant d'argent. Il fut le coéquipier d'Eddie Shore seulement qu'à l'occasion de 24 matchs...
Le chicoutimien allait évoluer encore 5 saisons à Montréal. Il fut par ailleurs le meilleur marqueur de l'équipe à la fin de la saison 1936-37. Durant cette même saison, il fut réuni avec ses anciens compagnons de trio après deux saisons de séparation. Alors que le Canadien fut au sommet du classement général, le trio fut séparé de nouveau mais cette fois pour toujours. Morenz se blessa à la jambe durant un match face aux Blackhawks le 28 janvier 1937 et mourut de complications suite à cette blessure quelques semaines plus tard, le 8 mars 1937...
Gagnon termina sa carrière dans la Ligue nationale à la saison 1939-40 dans l'uniforme des Americans de New York avec qui il joua 24 parties. Il passa par la suite quelques autres saisons avec les Reds de Providence, l'équipe avec laquelle il évolua une décennie plus tôt. Il devint par la suite dépisteur pour les Reds pendant 14 ans et devint dépisteur pour les Rangers de New York à partir de 1957. C'est d'ailleurs Gagnon qui convainquit Emile Francis de faire l'acquisition d'un des joueurs les plus populaires de l'histoire des Rangers, le célèbre gardien Ed Giacomin.
Johnny Gagnon mourut en 1984 à Providence, la ville où il s'établit 1927 pour y jouer au hockey.
Un édifice en décrépitude porte son nom à Chicoutmi dans le quartier St-Paul, la Palestre Johnny-Gagnon, ancien aréna reconvertit en gymnase...
Voici l'article paru dans le Progrès-Dimanche, le 25 Mars 1984.
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L'ancienne étoile du Canadien meurt à 79 ans
"Johnny n'avait jamais été malade"
-Léon Gagnon
Par Paul Girard
Chicoutimi- "Johnny avait une seule idée dans la tête quand il était jeune. C'était de jouer dans la Ligue nationale de hockey.
C'est pour cette raison qu'il a quitté la maison très jeune pour réaliser ses ambitions. Par la suite, il n'est revenu à Chicoutimi que pour des visites. Maintenant, il est mort et c'est curieux que cette maladie au foie l'ait emporté si rapidement car Johnny n'avait jamais été malade auparavant".
Premier admirateur de Johnny Gagnon, son frère Léon nous parlait en ces termes, en milieu de semaine, en nous annnonçant le décès de l'illustre ex-joueur du Canadien de Montréal, décédé à l'âge de 79 ans, à Providence, Rhode Island où il avait élu domicile dès 1927.
Selon Léon Gagnon, l'ancienne étoile des années trente avec le Tricolore conservait précieusement deux excellents souvenirs. "Pour Johnny, la conquête de la Coupe Stanley par le Canadien en 1930-31 était probablement le plus beau. Surtout qu'il avait terminé au deuxième rang des marqueurs des séries éliminatoires cette année-là. Le second et ça lui faisait toujours chaud au coeur de le rappeler, c'est quand la ville de Chicoutimi a donné son nom à un aréna de poche. Il a apprécié grandement le geste".
Né à Chicoutimi en 1905, Johnny Gagnon a brillé avec la formation de Providence de 1927 à 1930 pour ensuite rallier le Canadien de Montréal où il poursuivit sa carrière jusqu'au début des années quarante.
Au terme de sa carrière de hockeyeur, le réputé ailier droit devint dépisteur pour le compte des Rangers de New York, travail qu'il conserva d'ailleurs jusqu'à sa mort. "Lorsque j'ai visité Johnny la dernière fois, il me confia qu'il recevait encore son chèque des Rangers. Effectivement, il était toujours sur la liste de paye de l'équipe de la LNH", de révéler son frère Léon.
Outre son frère Léon, Johnny Gagnon laisse dans le deuil sa femme Gertrude (Mayer), ses soeurs Louise (Bonhomme), Antoinette (Laporte) et Germaine (St-Laurent). Toute les trois vivent à Montréal.
L'unique Johnny Gagnon est entré dans la légende...
Johnny Gagnon est né en 1905 à Chicoutimi dans une famille qui comptera 11 enfants. À l'âge de 18 ans, il quitte le Saguenay pour jouer dans différents clubs amateurs à Québec et à Trois-Rivières. Avec les Renards de Trois-Rivières, il touchait un petit salaire de 10$ par semaine dont 8$ qui servait afin de se loger et de se nourrir... C'est suite à sa seconde saison pour les Renards où il enfila 18 buts en 16 matchs que Gagnon commença à faire parler de lui jusqu'à Montréal
Hockeyeur natif du Saguenay, Gagnon fut touché par le décès de Georges Vézina en mars 1926. Il retourna même au Saguenay pour les funérailles de ce dernier. C'est à l'occasion de ces funérailles que Gagnon fut approché par Léo Dandurand, le président des Canadiens de Montréal. Dandurand s'avérait très intéressé par ses habilités de marqueur, mais trouva que Gagnon était trop petit pour la NHL. Gagnon, qui voulait à tout prix évoluer avec les Canadiens, demanda à Dandurand de juger par lui-même qu'il était de taille à jouer dans la NHL en l'invitant à mesurer son poids. Les poches remplies de roches, Gagnon "montra" au président qu'il était de taille à jouer dans la grande ligue...
La volonté sans limite de Gagnon fut récompensée alors qu'il fut invité au camp d'entrainement du Canadien la saison suivante. Il fut cependant retranché aux Castors de Québec de la ligue Canado-Américaine pour la saison 1926-27. Cette ligue est en fait la Ligue Américaine actuelle qui retira le terme "canado" dans son nom lorsque toutes les équipes canadiennes disparurent dans les années 1930. Gagnon fut dès sa première saison professionnelle le meilleur marqueur de l'équipe. Suite à l'élimination de l'équipe de Québec, Gagnon fut invité à se joindre à l'occasion d'un match à une autre équipe de la ligue, les Reds de Providence. Suite à sa performance lors de ce match, les Canadiens arrangèrent avec l'équipe du Rhode Island un prêt qui allait durer 3 saisons.
C'est à la saison 1930-31 que Gagnon se joint aux Canadiens alors champions défendants de la Coupe Stanley. Tout de suite à son arrivée avec le grand club, Gagnon se joint aux célèbres Aurèle Joliat et à Howie Morenz. L'équipe allait se rendre en finale de la Coupe Stanley à la fin de la saison face aux Blackhawks de Chicago. La série éliminatoire se rendit au 5e match qui fut disputé le 14 avril 1931 au Forum de Montréal. La recrue Johnny Gagnon marqua le but qui allait donner la Coupe aux Canadiens à la première période du match, portant la marque à 1-0. Howie Morenz marqua un autre but qui allait assurer un second championnat d'affilée pour le CH. Ils n'allaient pas remporter le précieux trophée avant 13 saisons.
C'est donc dans ces années de misère du Canadiens que Johnny Gagnon allait évoluer aux côtés de Morenz et Joliat jusqu'en 1934. Joueur modeste, il se contentait de passer à ses partenaires vedettes de trio qui terminaient le boulot. D'où peut-être le surnom de chat noir... L'arrivée du légendaire Newsy Lalonde derrière le banc du Canadiens allait toutefois briser la chimie du trio. La relation entre Gagnon et Lalonde ne fut jamais bonne et elle allait atteindre le point de non retour en 1934 alors que Gagnon refusa d'obéir aux instructions de l'entraîneur. Il fut échangé aux Bruins de Boston contre un joueur nommé Joe Lamb en octobre 1934. Howie Morenz allait également connaître des difficultés avec l'entraineur et se fit échanger à Chicago à la même période. L'exode de Gagnon au Massachussets n'allait toutefois pas durer très longtemps. La carrière d'entraîneur de Newsy Lalonde se termina au milieu de la saison alors qu'il fut congédié et le Canadiens rapatria Gagnon de Boston pour un montant d'argent. Il fut le coéquipier d'Eddie Shore seulement qu'à l'occasion de 24 matchs...
Le chicoutimien allait évoluer encore 5 saisons à Montréal. Il fut par ailleurs le meilleur marqueur de l'équipe à la fin de la saison 1936-37. Durant cette même saison, il fut réuni avec ses anciens compagnons de trio après deux saisons de séparation. Alors que le Canadien fut au sommet du classement général, le trio fut séparé de nouveau mais cette fois pour toujours. Morenz se blessa à la jambe durant un match face aux Blackhawks le 28 janvier 1937 et mourut de complications suite à cette blessure quelques semaines plus tard, le 8 mars 1937...
Gagnon termina sa carrière dans la Ligue nationale à la saison 1939-40 dans l'uniforme des Americans de New York avec qui il joua 24 parties. Il passa par la suite quelques autres saisons avec les Reds de Providence, l'équipe avec laquelle il évolua une décennie plus tôt. Il devint par la suite dépisteur pour les Reds pendant 14 ans et devint dépisteur pour les Rangers de New York à partir de 1957. C'est d'ailleurs Gagnon qui convainquit Emile Francis de faire l'acquisition d'un des joueurs les plus populaires de l'histoire des Rangers, le célèbre gardien Ed Giacomin.
Johnny Gagnon mourut en 1984 à Providence, la ville où il s'établit 1927 pour y jouer au hockey.
Un édifice en décrépitude porte son nom à Chicoutmi dans le quartier St-Paul, la Palestre Johnny-Gagnon, ancien aréna reconvertit en gymnase...
Voici l'article paru dans le Progrès-Dimanche, le 25 Mars 1984.
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L'ancienne étoile du Canadien meurt à 79 ans
"Johnny n'avait jamais été malade"
-Léon Gagnon
Par Paul Girard
Chicoutimi- "Johnny avait une seule idée dans la tête quand il était jeune. C'était de jouer dans la Ligue nationale de hockey.
C'est pour cette raison qu'il a quitté la maison très jeune pour réaliser ses ambitions. Par la suite, il n'est revenu à Chicoutimi que pour des visites. Maintenant, il est mort et c'est curieux que cette maladie au foie l'ait emporté si rapidement car Johnny n'avait jamais été malade auparavant".
Premier admirateur de Johnny Gagnon, son frère Léon nous parlait en ces termes, en milieu de semaine, en nous annnonçant le décès de l'illustre ex-joueur du Canadien de Montréal, décédé à l'âge de 79 ans, à Providence, Rhode Island où il avait élu domicile dès 1927.
Selon Léon Gagnon, l'ancienne étoile des années trente avec le Tricolore conservait précieusement deux excellents souvenirs. "Pour Johnny, la conquête de la Coupe Stanley par le Canadien en 1930-31 était probablement le plus beau. Surtout qu'il avait terminé au deuxième rang des marqueurs des séries éliminatoires cette année-là. Le second et ça lui faisait toujours chaud au coeur de le rappeler, c'est quand la ville de Chicoutimi a donné son nom à un aréna de poche. Il a apprécié grandement le geste".
Né à Chicoutimi en 1905, Johnny Gagnon a brillé avec la formation de Providence de 1927 à 1930 pour ensuite rallier le Canadien de Montréal où il poursuivit sa carrière jusqu'au début des années quarante.
Au terme de sa carrière de hockeyeur, le réputé ailier droit devint dépisteur pour le compte des Rangers de New York, travail qu'il conserva d'ailleurs jusqu'à sa mort. "Lorsque j'ai visité Johnny la dernière fois, il me confia qu'il recevait encore son chèque des Rangers. Effectivement, il était toujours sur la liste de paye de l'équipe de la LNH", de révéler son frère Léon.
Outre son frère Léon, Johnny Gagnon laisse dans le deuil sa femme Gertrude (Mayer), ses soeurs Louise (Bonhomme), Antoinette (Laporte) et Germaine (St-Laurent). Toute les trois vivent à Montréal.
L'unique Johnny Gagnon est entré dans la légende...
2 commentaires:
Salut, je laisse rarement de commentaires, mais je te lis toujours régulièrement! Même que maintenant, il y a surement 10 personnes dans mon entourage qui doivent suivre ton blog! Anyway, en lisant ton dernier post, je me suis dit que la jambe de Morenz méritait un post aussi... si jamais t'as le temps!
Il y a beaucoup de jambes célèbres, le genoux de Cam Neely, ceux d'Yvan Cournoyer, celle de Jean Béliveau, mais celle de Morenz est difficile à battre en importance...
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