En plus des nombreux surnoms (tricolore, sainte
flanelle, bleu blanc rouge, etc.), même dans sa forme officielle, on entend
souvent deux façons différentes de désigner le club montréalais : le
Canadien et les Canadiens. Qu’en est-il
vraiment?
Le club lui-même se désigne comme étant les
Canadiens. Son site internet (canadiens.com) s’identifie comme étant
le site des Canadiens de
Montréal. Même chose sur les billets et
une foule d’autres items. La chose a d’ailleurs
été confirmée par le club lui-même.
Mathias Brunet, le journaliste de La Presse, a d’ailleurs
admis sur son fil twitter s’être trompé pendant de nombreuses années à ce sujet.
On constate la même chose au niveau de la
ligue. Sur LNH.com, on mentionne
effectivement les Canadiens
de Montréal. Cet aspect a son
importance, puisque le club est une franchise évoluant dans un championnat
fermé. Le club n’existe donc qu’en tant
que franchise de la LNH (à moins d’un scénario plus qu’improbable où il voudrait
devenir un club complètement indépendant, à la Harlem Globetrotters). Et la raison sociale reconnue par le
franchiseur (la LNH) est "Canadiens". Le site de l’équipe mentionne d’ailleurs (en
petits caractères) que : "Tous les logotypes et
toutes les marques de la LNH, ainsi que les logotypes et les marques des
équipes de la LNH illustrés aux présentes, appartiennent à la LNH et à ses
équipes respectives et ne peuvent être reproduits sans le consentement
préalable écrit de NHL Enterprises, L.P." C’est donc la LNH qui
effectue le contrôle des marques de commerce.
Mais qu’est-ce que
Geoff Molson et compagnie ont acheté alors ? En vérifiant au Registre des entreprises du
Québec, on note qu’ils détiennent "Club de Hockey Canadien, inc." On note également que parmi les autres noms
utilisés, on ne retrouve pas "Canadiens".
Je ne suis pas
avocat. Je n’ai pas accès à l’entente de
franchise et même si c’était le cas, je n’aurais aucunement envie de me taper
le document. Mais on peut supposer que le
franchisé "Club de Hockey Canadien, inc." opère une franchise de la
Ligue Nationale de Hockey sous le nom de "Canadiens de Montréal". Entre d’autres termes, "Club de Hockey
Canadien, inc." (dans ce cas, il faudrait plus utiliser "Club de
Hockey Canadien" ou "CHC" que le "Canadien" ou "CH")
fait plutôt référence à l’aspect affaire et les "Canadiens" à l’aspect sportif. Comme je m’intéresse principalement à ce
dernier, je préfère les "Canadiens".
Cette situation ne
serait pas différente de ce que nous avons connu pendant des années, alors que
nous achetions des billets du "Club de baseball Montréal limitée"
pour encourager un club que tous appelaient du nom de la franchise, les "Expos".
Et si c’était si simple…
J’ai profité d’une visite récente au Temple de
la renommée du hockey à Toronto (en plus de compléter avec des trucs trouvés sur internet), pour valider sur la source ultime. Qu’est-ce qui est gravé dans l’argent de la
Coupe Stanley?
(Vous excuserez la qualité quelconque de
certaines photos. Je devais faire
vite. Déjà que j’ai probablement
exaspéré quelques personnes qui attendaient leur tour après moi. De plus, la Coupe est luisante. Ce n’est pas une illusion. On voit parfois mon reflet en train de
prendre une photo. On voit même celui de
mon fils à quelques occasions. Merci de votre compréhension.)
1924 Canadiens, simplement |
1930 et 1931 Montreal Canadiens |
On prend ensuite l'appellation française.
1943-44 Canadiens de Montréal |
1945-46 Canadiens de Montréal |
On reprend ensuite l'appellation anglaise. Pourtant, le sénateur Donat Raymond est toujours propriétaire...
1956-57 Montreal Canadiens |
1964-65 Montreal Canadiens |
On passe ensuite au "Club de Hockey Canadien".
1977-78 Club de Hockey Canadien |
1978-79 Club de Hockey Canadien |
1985-86 Club de Hockey Canadien |
Puis le retour aux "Montreal Canadiens".
1992-93 Montreal Canadiens |
Pas très cohérent tout ça… Mais au fond, faut-il s’en surprendre? Il s’agit de la même coupe où l’on désigne le
même individu de cinq façons différentes (D., Dickie, R., Rich et Richard
Moore).
Je me suis donc tourné vers les trophées
individuels pour regarder comment était désigné le club dans les mêmes années
où on mentionnait "Club de Hockey Canadien" sur la Coupe. J’ai alors constaté qu’alors qu’on inscrivait
une chose sur la Coupe ("Club de Hockey Canadien"), au même moment,
on inscrivait autre chose ("Montreal Canadiens")
sur les honneurs individuels.
Trophée Hart 1976-77 et 1977-78 Guy Lafleur Montreal Canadiens |
Trophée Norris 1976-77 Larry Robinson Montreal Canadiens |
Trophée Art Ross 1976-77 et 1977-78 Guy Lafleur Montreal Canadiens |
Qu’en est-il alors d’un autre honneur d’équipe? Sur le Trophée Prince de Galles, on fait d’abord
référence à "Les Canadiens",
puis aux "Montreal Canadiens",
mais jamais au "Club de Hockey Canadien", même pendant les années où
c’est ce qu’on inscrivait sur la Coupe.
Trophée Prince de Galles, Les Canadiens dans les années 1920, puis Montreal Canadiens dans les années 1970 |
Trophée Prince de Galles, Montreal Canadiens, autant dans les années 1960 que 1970 |
Et les bagues?
Et pour rendre les choses encore plus confuses, l’équipe a eu pendant un moment une chanson promotionnelle où elle se désignait elle-même comme étant "le Canadien"… (voir texte du 14 novembre 2011)
1976 Club de Hockey Canadien |
1986 La bague indique Canadiens, même si la Coupe indique Club de Hockey Canadien |
Et pour rendre les choses encore plus confuses, l’équipe a eu pendant un moment une chanson promotionnelle où elle se désignait elle-même comme étant "le Canadien"… (voir texte du 14 novembre 2011)
J’ai tenté de comprendre pourquoi pendant une
période, le club s’est désigné comme étant le "Club de Hockey Canadien" avant de revenir à la forme précédente. Du milieu des années 1960 jusqu’en 1986, il y
a eu plusieurs propriétaires (la famille Molson, puis les Bronfman, puis la
Brasserie Molson), plusieurs présidents (David Molson, Jacques Courtois, Morgan
McCammon et Ronald Corey) et plusieurs directeurs gérants (Sam Pollock, Irving
Grundman et Serge Savard). On ne peut
donc pas attribuer le changement (et le retour aux "Canadiens") à une ère particulière.
Le seul lien que j’ai pu faire, c’est avec
Claude Mouton, qui en tant qu’annonceur, faisait souvent référence au "Club
de Hockey Canadien" et qui est décédé juste avant la conquête de 1992-93
(ce qui expliquerait le retour aux "Montreal Canadiens"?). Par
contre, il n’est devenu relationniste qu’en 1973. Il s’est joint à l’équipe à la fin des années
1960, mais à ce moment, il n’était qu’annonceur. Il serait alors étonnant que ce soit lui qui ait pris cette décision. Cette théorie ne tient donc pas. Quant à Camil Desroches, l’homme à tout faire
pendant des décennies, il y était toujours en 1993. (Il a pris sa retraite peu de temps après.)
Je n’ai donc pas d’explication. Quelqu’un en a-t-il une?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire