Ève Gascon est devenue cette saison la première femme à garder les filets pour une équipe Midget AAA, le Phénix du Collège Esther-Blondin. Elle ne fut pas que de passage, disputant 17 des 40 matchs de l'équipe. Près de la moitié des matchs, pour une joueuse de 15 ans, c'est très bien. Parmi les gardiens de 15 ans dans le circuit, elle affiche la 2e meilleure moyenne de buts accordés. Peut-être sera-t-elle repêché ce printemps par une équipe de la LHJMQ, tout comme Charline Labonté il y a de cela 20 ans?
Étant heureux du dénouement pour elle, j'ai écris sur les réseaux sociaux que je croyais bien qu'une femme réussira, un jour, à percer l'alignement d'une équipe de la LNH. Bien que j'ai attiré plusieurs "Likes", ma remarque a, bien sûr, attiré plusieurs commentaires douteux sur le potentiel de Gascon d'atteindre la grande ligne.
Y arrivera-t-elle? Dans son cas particulier, j'en doute. Sa taille joue contre elle. À 5'7", bien qu'elle n'est pas encore à la fin de son développement physique, Gascon est trop petite pour la LNH d'aujourd'hui. Les plus petits gardiens toujours en poste dans le circuit (Halak et Khudobin) mesurent 5'11'', mais ils réussissent à tirer leur épingle du jeu.
Mais ce que j'aime chez Gascon présentement, c'est qu'elle a toujours évolué avec des garçons, affrontant des lancers plus lourd et un jeu plus rapide que le hockey féminin. "Sur la glace, le calibre est meilleur. Les tirs viennent plus vite. Le jeu est différent." Si elle continue dans des circuits masculins, qu'elle grandit un peu et qu'elle gagne des matchs, je ne verrais pas pourquoi elle ne se frayerait pas un chemin jusqu'au circuit Bettman, quitte à être une éternelle gardienne auxiliaire.
Personnellement, je crois que si une femme réussit à atteindre la LNH, ce sera une gardienne. Car, malgré le talent de toutes les joueuses de haut calibre, ex. Marie-Philip Poulin, je ne crois pas qu'elles tiendraient leur bout physiquement pendant une saison complète de 82 matchs dans la LNH. Mais puisqu'une gardienne ne participe pas à tous les matchs, (surtout si elle se retrouve derrière un gardien numéro un à qui on donne le filet pendant près de 60 matchs), la charge physique se trouve diminuée.
Depuis quelques temps, la Ligue semble de plus en plus ouverte à la participation des femmes au sein de leurs activités. Pensons à Hayley Wickenheiser qui a été nommée directrice-adjoint au développement des joueurs des Maple Leafs. En fait, une tête de hockey n'a pas de sexe. Peut-être que les esprits s'ouvrent de plus en plus à éventuellement laisser une femme prendre place dans un vestiaire.
Oui, Manon Rhéaume a participé à deux matchs hors-concours dans la LNH (en '92 et en '93) mais, sans rien vouloir lui enlever, sa participation était simplement un coup marketing de Phil Esposito, alors directeur-général du Lightning. Elle n'avait aucune chance réelle de faire l'équipe.
Lors d'un de ses deux matchs hors-concours |
Shannon Szabados, la gardienne de Team Canada est, à ma mémoire, la seule femme à avoir complété au moins une saison dans une ligue masculine nord-américaine. Au sein du Cottonmouth de Colombus dans la Southern Pacific Hockey League, elle afficha une fiche de 15v - 9d et 1 nulle à sa première saison complète. Ce fut plus difficile la saison suivante, récolant une fiche de 5-11-5. Après un passage avec les Rivermen de Peoria, elle quitta le hockey masculin. Mais dans son cas, elle évoluait dans les circuits féminins depuis un certain temps avant de joindre le Cottonmouth.
Szabados, avec le Cottonmouth de la SPHL |
Qu'en pensez-vous ? Est-ce que Ève Gascon est en train de paver la voie ? Verra-t-on une gardienne fouler les patinoires de la LNH ?
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