C’est en 1972 que Jean-Luc Phaneuf fit sa place avec le Bleu Blanc Rouge de Montréal de la LHJMQ. Petit avant offensif, Phaneuf avait une particularité assez rare à ce moment, il étudiait au cégep d’Ahuntsic, en sciences santé. Il devait donc étudier dans les autobus et faire ses travaux reliés à son horaire de classe de 32 heures par semaine, alors que ses coéquipiers (incluant André St-Laurent, Robert Sirois, Mario Tremblay et Michel Dion) pouvaient se concentrer entièrement au hockey. L’équipe faisait toutefois de son mieux pour l’accommoder en allant le chercher et le reconduire lorsque les matchs étaient près, plutôt que de le contraindre à prendre l’autobus d’équipe.
L’année suivante, alors que l’équipe fut renommée "Junior", Phaneuf augmenta sa production, passant de 40 à 85 points, tout en réussissant à compléter son diplôme d’études collégiales.
À sa dernière année junior, Phaneuf put se consacrer uniquement au hockey, puisqu’il voulut aller jusqu’au bout de ses ambitions sportives. Avec son ailier gauche, Normand Dupont, ils remplirent le but. Le 14 novembre 1974, Phaneuf alla même jusqu’à amasser trois buts et cinq passes, pendant que Dupont en marqua cinq, en plus de deux passes, dans un massacre de 19-3 sur Chicoutimi.
À la fin de la saison, c’est Dupont qui remporta le championnat des pointeurs de la ligue avec 158. Quant à Phaneuf, le capitaine de l’équipe, il termina deuxième, avec 151. Il remporta également le Trophée Frank Selke, remis au joueur démontrant le meilleur esprit sportif. D’ailleurs, de 1973 à 1975, il passa une séquence de 99 matchs sans obtenir une seule pénalité, ce qui constituait alors un record de la ligue. Cette marque tint d’ailleurs jusqu’en 2013, alors qu’elle fut battue par Zach O’Brien du Titan d’Acadie-Bathurst.
Cette saison se termina toutefois sur une note amère, alors qu’en séries, le National de Laval de Mike Bossy se releva d’une saison ordinaire pour empêcher Montréal d’atteindre la finale de la LHJMQ.
Cette dernière note n’empêcha toutefois pas Phaneuf d’être repêché. Toutefois, probablement en raison de sa taille (5’8’’, 160 lbs) en cette période de grande robustesse, il a fallu attendre à la septième ronde (113e rang) avant que les Red Wings de Détroit ne le choisissent. Ainsi, il ne fut que le huitième joueur du Junior de Montréal choisi, derrière entre autres Pierre Mondou, Rick Bowness et Blair MacKasey.
Phaneuf choisit plutôt de tenter sa chance du côté de l’AMH. Il accepta alors l’offre de deux ans des Toros de Toronto pour un salaire annuel de 30 000$, assorti d’un boni à la signature 7 500$.
L’expérience a eu ses aspects intéressants, comme de partager un vestiaire avec des légendes comme Paul Henderson et Frank Mahovlich. Toutefois, les Toros eurent l’idée d’embaucher une autre icône des Leafs, Bobby Baun, comme entraîneur même s’il n’avait à peu près pas d’expérience derrière le banc. Les résultats furent catastrophiques. Les Toros (24-52-5) ne parvinrent même pas à dépasser les Fighting Saints du Minnesota, une équipe dissoute 21 matchs avant la fin de la saison. Quant à Phaneuf, il marqua 8 buts et obtint 8 passes en 48 matchs.
À la fin de la saison, les Toros plièrent bagage pour se diriger vers l’Alabama, pour devenir les Bulls de Birmingham.
La première saison dans le sud des États-Unis, sans Baun, fut légèrement mieux, mais pas tant (31-46-4). Du côté de Phaneuf, il amassa 2 buts et 7 passes en 30 matchs. Arrivé à la fin de son contrat et mécontent de son temps d’utilisation, il décida de passer à autre chose.
Il prit donc la décision de s’inscrire en médecine, mais avec sa moyenne de 80%, il dut convaincre le doyen de la faculté de lui faire confiance. Il utilisa alors l’argent gagné au hockey, en plus d’avoir travaillé à la livraison pour une brasserie, pour payer ses études.
Phaneuf releva son défi et devint médecin. Il exerça sa profession à l’urgence et en médecine de famille pendant de nombreuses années.
En 2014, on se remémora les exploits du médecin-hockeyeur lorsqu’il fut intronisé au Temple de la renommée de la LHJMQ.
Malheureusement, son parcours prit fin prématurément en mai 2021, lorsqu’il décéda, à l’âge de 65 ans.
Sources:
“Le Junior massacre bêtement la visite” de François Béliveau, 15 novembre 1974, La Presse, page B4;
"Appelez-le Dr. Jean-Luc Phaneuf" de Marc Lachapelle, 29 septembre 2006, Journal de Montréal;
“One visit to the penalty box in 200 games”, March 11, 2013, CTV Atlantic (atlantic.ctvnews.ca);
hockeydraftcentral.com, lhjmq.qc.ca/jean-luc-phaneuf-s/, wikipedia.org.
2 commentaires:
Excellent article sur ce petit joueur québécois pas très connu qui a fait sa marque sur la glace et à l'extérieur.
@ Jellos Merci!
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