Lorsque Mark Lofthouse est arrivé avec l’équipe junior de sa ville en 1974-75, les Bruins de New Westminster, celle-ci était sur une lancée. À sa première année, elle atteignit (un peu par surprise) la finale de la Coupe Memorial. Elle en fit de même à sa deuxième et à sa troisième année. C’est d’ailleurs au cours de cette dernière que les Bruins remportèrent leur premier titre. Ils en remportèrent un autre l’année suivante, mais à ce moment, Lofthouse n’y était plus. Le compteur de 36, 68 et 54 buts avait été repêché par les misérables Capitals en deuxième ronde du repêchage de 1977.
Il est d’ailleurs somme toute étonnant de constater que pour une équipe dominante (quatre finales de la Coupe Memorial de suite, dont deux titres), il y eut certains joueurs qui connurent une carrière honnête, voire enviable, comme Barry Beck, Stan Smyl et John Ogrodnick, mais aucun ne s’est même approché du Temple de la renommée.
Pour en revenir à Lofthouse, la faiblesse des Capitals lui permit de jouer 18 matchs dans la LNH dès sa première année professionnelle, après des passages dans la Ligue centrale et dans la Ligue américaine.
Cette saison 1977-78 fut à l’image de ce qui allait suivre, alors qu’il fit de nombreux allers-retours entre Hershey et Washington. Selon Lofthouse, malgré les difficultés de l’équipe, il n’eut jamais vraiment l’occasion de se faire valoir. Selon ses souvenirs, lorsqu’il arriva avec l’équipe, la moyenne d’âge était élevée, au-dessus de 30 ans, et son intégration au reste du groupe fut difficile. Les vétérans, avec un contrat à un volet, étaient favorisés par rapport à lui, qui avait un contrat à deux volets et qui pouvait être retourné dans les mineures et générer des économies. De plus, en tant que joueur offensif, il était pénalisé en étant cantonné au quatrième trio dans une équipe au talent limité.
En vérifiant ces affirmations, on constate qu’au cours des quatre saisons où il a joué avec les Caps, ceux-ci ont eu respectivement 6, 5, 5, et 7 joueurs de 30 ans et plus. Ceci inclut même des joueurs qui n’ont joué qu’une poignée de matchs et pour la plupart, ils étaient beaucoup plus près de 30 ans que de 39. Difficile de voir comment on peut ainsi arriver à une moyenne de 30 ans…
Peut-être que le tout avait plus à voir avec son coup de patin déficient. De plus, celui qui a été surnommé "Hollywood" était très soucieux de son image. Il passait son temps à se peigner et avait l’habitude de se regarder dans les baies vitrées avant les matchs. Un soir à Hartford, il avait passé tellement de temps à regarder dans les estrades qu’il avait trébuché devant la Zamboni pendant l’échauffement. Sa blessure lui a finalement fait rater quatre matchs. Pas exactement la meilleure façon de s’intégrer au groupe…
Sa difficulté à s’établir avec Washington est d’ailleurs soulignée par le fait qu’en quatre fractions de saison qu’il y a passées, il a porté quatre numéros différents. Le dernier de la série fut le huit. C’est pourquoi il a averti Alexander Ovechkin que le jour où ils retireront leur numéro commun, il aimerait être présent.
Le passage de Lofthouse à Washington n’a toutefois pas été que négatif. Le 9 décembre 1978, il a réussi un tour du chapeau. Ce fait saillant n’a d’ailleurs pas été réalisé n’importe où, mais bien chez lui, à Vancouver, contre les Canucks. Par contre, cet exploit devant environ 300 parents et amis a failli ne jamais avoir lieu. En première période, alors qu’il était au banc et qu’il avait retiré son gant, son coéquipier Guy Charron sauta sur glace en se donnant un élan avec son patin sur le banc. Le problème était que la main de Lofthouse s’est retrouvée ainsi sous le patin de Charron. Avec du sang aussitôt répandu un peu partout, Lofthouse dut passer à "l’atelier de couture". Il put malgré tout revenir au jeu en deuxième période, où bien qu’il avait de la difficulté à tenir son bâton, il compta deux buts, auxquels il en ajouta un troisième en troisième période. Suite à cette performance qui permit aux Capitals de battre les Canucks 7-5 et de porter leur fiche à un mirobolant 7-17-4, Lofthouse fut retourné aux Bears de Hershey dans la Ligue américaine…
En juillet 1981, après avoir remporté le championnat des pointeurs de la Ligue américaine avec Hershey, l’aventure de Lofthouse avec les Capitals prit fin lorsqu’il fut échangé aux aussi misérables Red Wings, contre le gardien Al Jensen. Alors que Jensen remporta le Trophée William Jennings avec Pat Riggin en 1983-84 avec les Caps, Lofthouse ne joua que 40 matchs en deux ans avec les Wings.
Il a par la suite appartenu aux Kings et aux Flyers, mais il n’a jamais joué d’autres matchs dans la LNH. Il a toutefois remporté la Coupe Calder en 1987-88. Curieusement, c’est avec Hershey, maintenant affilié aux Flyers, qu’il ajouta ainsi à son palmarès.
Celui qui a joué au total 181 matchs dans la grande ligue est ensuite retourné dans son coin de pays, à Vancouver, pour devenir agent d’immeubles, travail qu’il pratique toujours. Ironique, pour un type qui s'appelle "Lofthouse"...
Sources:
Reid, Ken, Hockey Card Stories, ECW Press, Toronto, 2014, pages 154 à 156;
"J’estime être un des trois meilleurs de la ligue" de Tom Lapointe, 3 janvier 1986, La Presse, page S6.
"Checking In With Mark Lofthouse" de John Sparenburg, October 20, 2021, (hersheybears.com),
hockeydb.com, hockey-reference.com, royallepage.ca.
1 commentaire:
Mark Lofthouse : la carte qu'on était toujours heureux d'apercevoir sur le dessus de la pile quand on déballait le paquet de cartes :-/
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