Les talents offensifs de Pat Price ne prirent pas de temps à attirer l’attention. Le défenseur des Blades de Saskatoon de la Ligue de l’ouest fut même comparé à nul autre que Bobby Orr.
Lors de la Coupe Memorial de 1974 à Calgary, il s’y rendit avec son entourage, même si son équipe n’y participait pas. Il prit alors une chambre d’hôtel où son agent venait lui faire part des différentes offres qu’il recevait.
Dans la Ligue Nationale, le premier choix appartenait aux nouveaux Capitals de Washington. Dans l’Association mondiale (AMH), ce sont les Blazers de Vancouver qui avaient ce privilège. Propriété du richissime Jim Pattison, ceux-ci recherchaient un moyen de damner le pion aux Canucks, misérables depuis le début de leur existence en 1970.
La surenchère monta à un niveau inespéré pour Price. Son but était clairement de jouer dans la Ligue nationale, mais si une équipe de l’AMH pouvait le convaincre, c’était celle de sa province natale. Et elle a mis toute la gomme. On lui offrit pratiquement tous les biens qu’il voulait et on conclut finalement pour un contrat de 5 ans de 1,3 million $ (énorme à l’époque), un boni à la signature de 250 000$ (1,6 million $ en dollars d’aujourd’hui) et l’utilisation d’une Ferrari. Comme il s’agissait de plus d’argent qu’il n’avait gagné dans toute sa vie, le père de Price crut que le chèque visé du boni à la signature de son fils avait une erreur, car il croyait qu’il y avait un zéro de trop. Price voulut inviter tout le monde à souper pour fêter le tout, mais personne ne voulait encaisser son chèque…
Les Blazers choisirent ainsi Price au repêchage. Les Capitals passèrent donc leur tour et choisirent plutôt Greg Joly pour débuter leur existence, avec des résultats qui seront mitigés. La suite pour Price ne fut pas non plus à la hauteur des énormes attentes à son endroit.
D’abord, un mois et demi après la signature de son contrat, il eut des problèmes de voiture. Alors qu’il roulait à 140 km/h sous la pluie, il fit une sortie de route et emboutit sa Ferrari. Heureusement, il ne fut pas blessé, mais on la remplaça toutefois par une Monte Carlo.
Avant le début de la saison, Price fut invité à se joindre à l’équipe d’étoiles de l’AMH qui allait disputer l’équivalent du circuit maudit de la série du siècle. Sa participation fit toutefois aussi une sortie de route. À l’hôtel, Gerry Cheevers attendait un appel au sujet de l’état de santé de son beau-père. Comme il n’était pas aux alentours lorsque le téléphone sonna finalement, Price se précipita pour prendre l’appel mais du haut de ses souliers plateformes, il chuta. Il en résulta une foulure de la cheville et il rata ainsi la série.
Une fois finalement sur la glace, Price eut de la difficulté à faire la transition du style ouvert où il dominait dans le junior vers un style plus serré et robuste de l’AMH. De plus, il ne s’entendait pas vraiment avec son entraîneur de la vieille garde, Joe Crozier. Le vétéran Andy Bathgate voulut servir d’intermédiaire entre les deux, mais il arriva à Price de faire preuve d’arrogance envers cette légende pour qui il éprouvait pourtant du respect.
Lorsque l’équipe eut des problèmes, le climat se détériora. Quand Price se retrouvait en difficulté, ses coéquipiers, peu inspirés par son attitude et son salaire élevé, avaient peu tendance à venir à son aide.
En bout de ligne, Price termina sa saison avec 5 buts et 29 passes, ce qui n’était pas mauvais, mais insuffisant pour justifier son salaire. Voulant jouer dans la LNH, il s’entendit alors avec les Blazers (qui déménagèrent à Calgary pour devenir les Cowboys) pour rompre son contrat.
Maintenant libre, Price fut un choix de premier tour des Islanders en 1975, où ses anciens coéquipiers avec Saskatoon, Dave Lewis et Bob Bourne, eurent de bons mots à son sujet.
Sous les ordres d’Al Arbour, Price s’éloigna de son rôle purement offensif, où Denis Potvin remplissait ce rôle de toute façon, pour devenir un défenseur plus complet. La jeune équipe montra une progression certaine, mais sans parvenir à se rendre jusqu’au bout. Lors des séries de 1979, Price joua toutefois peu et exigea un échange.
Son souhait fut exaucé lorsque les Islanders le laissèrent sans protection lors du repêchage d’expansion et qu’il fut choisi par les Oilers. Une fois en Alberta, il se mit à pratiquer un style plus robuste. Il obtint également son plus haut total de buts avec 11. Pendant ce temps, à New York, les Islanders remportèrent la première de leur quatre Coupes consécutives.
Sa saison suivante fut partagée entre Edmonton et Pittsburgh, alors qu’il fut échangé contre Pat Hughes. Sa récolte de 42 points fut alors son sommet en carrière. En 1981-82, ce fut son total de minutes de punition qui atteignit son sommet, avec 322.
L’année suivante, il fut l’un des joueurs qui se brouilla avec l’entraîneur Eddie Johnston et fut alors soumis au ballotage. Ayant besoin de renfort suite aux blessures de Jean Hamel et Mario Marois, les Nordiques le réclamèrent en retour de 2500$.
La présence de Price à Québec fut toutefois l’objet d’un faux-départ. Après quatre parties dans l’uniforme fleudelysé, il fut victime d’un mal sérieux et mystérieux pour lequel différents diagnostiques furent émis. La conclusion fut finalement une grave infection virale au cerveau. Si celle-ci lui fit finalement manquer deux mois d’activité, elle aurait aussi pu lui coûter la vie.
Ce ne fut toutefois que partie remise. Par la suite, Price rendit de fiers services aux Nordiques. Ayant déjà des connaissances en français à son arrivée, il s’intégra bien à la vie dans la Vieille capitale, qu’il apprécia beaucoup. Pendant son séjour, il incita ses coéquipiers à apprendre la langue de Molière et l’équipe à les soutenir dans leurs efforts. Il investit également dans une entreprise locale de déménagement. Ce fut finalement à Québec qu’il joua le plus de matchs dans sa carrière professionnelle, avec 255, où il fut au cœur de la rivalité Québec - Montréal.
L’aventure québécoise de Price prit fin en mars 1987, lorsqu’il fut échangé aux Rangers en retour de Lane Lambert, qui deviendra plus tard l’entraîneur-chef que Patrick Roy a remplacé derrière le banc des Islanders l’an dernier.
Price termina la saison à New York, avant d’être à nouveau échangé, aux North Stars cette fois, contre Willi Plett.
Il joua ses 14 derniers matchs dans la Ligue nationale avec le Minnesota avant de prendre sa retraite. En 726 matchs, sa fiche est de 43-218-261, en plus d’avoir amassé 1456 minutes de pénalité.
S’il avait déjà envisagé de s’établir en permanence à Québec, il décida finalement de retourner dans sa Colombie-Britannique natale, où il opéra pendant dix ans une entreprise dans le domaine du bois avec son frère.
Il conduisit également des remorqueurs, en plus de travailler en restauration et pour un club de golf.
Sources :
Willes, Ed, The Rebel League, the short and unruly life of the World Hockey Association, McClelland & Stewart, 2004, p.141 à 146,
″Pat Price n’a pas le temps de s’ennuyer″ d’Alain Bouchard, 3 janvier 1983, Le Soleil, page B1,
″Pat Price… acte II″ d’Alain Bouchard, 15 mars 1983, Le Soleil, page C1,
″Pat Price réclame plus de français″, PC, 19 août 1986, La Tribune, page D2,
″I’m one of the fortunate few who have realized their dreams″ de Emanuel Sequeira et Will Johnson, Black Press, July 29, 2014, Nelson Star (nelsonstar.com),
″Le sang bleu à jamais″ de Jean-François Tardif, 24 août 2015, Le Soleil, page 38,
″Canucks at 50: Vancouver Blazers tries, but failed to capture the hockey market″ de Ed Willes, December 10, 2019, The Vancouver Province (theprovince.com),
banqueducanada.ca, hockeydraftcentral.com, hockey-reference.com.
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