Pendant longtemps, il y avait un cliché au sujet des gardiens de but. Apparemment que ceux qui jouaient dans les buts étaient ceux qui à la base, ne savaient pas patiner. Il faut croire qu’il y avait une certaine dose de vérité dans cette affirmation lorsqu’on connait l’histoire d’Alex Connell.
Celui-ci était un bon athlète, jouant à des niveaux assez élevés au baseball, au football et à la crosse. Par contre, il ne jouait pas au hockey, puisqu’il ne savait pas patiner. Lorsqu’il fut stationné à Kingston pendant la Première Guerre mondiale, on lui demanda s’il voulait jouer. Faute de bien patiner, il prit le but. Son apprentissage fut semble-t-il assez rapide, puisqu’il se joignit ensuite aux Frontenacs, équipe junior de l’endroit. Il retourna par après dans sa ville natale, Ottawa, en 1919, où il continua de jouer.
En 1924, le gardien des Senators, Clint Benedict, fut acquis par les nouveaux Maroons de Montréal. Ottawa se tourna donc vers Connell.
En 1925-26, les Senators connurent une excellente saison en terminant en tête de la ligue. Néanmoins, ils échappèrent la Coupe Stanley en perdant devant les Maroons de leur ancien gardien, Benedict. Ils se reprirent toutefois l’année suivante en battant les Bruins en finale. Cette victoire s’est avérée la dernière des Senators.
En 1927-28, Connell a établi un record qui risque peu d’être battu. Du 31 janvier au 18 février, il a réalisé six blanchissages consécutifs. Sa séquence a duré au total 461 minutes et 29 secondes. Et pendant celle-ci, Connell a eu bien peu d’appui de ses coéquipiers, puisque les Sens ont compté un mirobolant total de six buts. Après une victoire de 4-0 contre les Leafs, les Sens ont battu les Maroons 1-0 en prolongation, avant d’aligner trois matchs nuls de 0-0 de suite (deux contre les Rangers et un contre les Pirates de Pittsburgh). Ottawa a ensuite battu les Canadiens 1-0 avant que la séquence ne s’arrête le 22 février, avec une défaite de 3-2 contre Chicago.
Pour la petite histoire, les deux matchs suivants de Connell ont également été des blanchissages : une autre nulle de 0-0 face aux Cougars de Détroit et une victoire de 2-0 contre Pittsburgh. Il a donc accumulé huit blanchissages en neuf matchs. À la fin de la saison, Il en avait un total de 15 à sa fiche (évidemment un sommet dans la ligue, mais à égalité avec Hal Winkler des Bruins) et affichait une moyenne de 1,24.
Malgré le brio de leur gardien, les Senators présentèrent une fiche de 20-14-10 et furent éliminés au 1er tour par les Maroons. Il faut dire qu’ils n’ont marqué qu’un but en deux matchs en séries…
Plus les années allaient et plus les choses devenaient difficiles pour Ottawa, au point qu’ils suspendirent leurs activités en 1931-32. Connell se retrouva alors avec les Falcons de Détroit, en remplacement de Clarence Dolson.
La saison suivante, il retourna à Ottawa, où il partagea (chose rare à l'époque) le filet avec Bill Beveridge. Autre fait rare, il fut également capitaine durant cette saison.
Il prit ensuite sa retraite. Toutefois, il réenfila ses jambières pour un match, lorsque les Americans de New York eurent besoin de se trouver un remplaçant pour Roy Worters. Ce fut une défaite de 3-2 contre son ancienne équipe, Ottawa.
Dans l’entre-saison, les Maroons firent son acquisition contre des considérations futures (qui devinrent Glen Brydson). Ce dernier prit alors la direction de St-Louis avec le reste de l’équipe, alors que les Senators devinrent les Eagles.
Connell démontra alors que son inactivité ne l’avait pas trop affecté, puisqu’il joua tous les 48 matchs. En série, il remporta une deuxième Coupe, lorsqu’il aida grandement les Maroons à surprendre les Maple Leafs en finale.
En 1935-36, incapable d’obtenir un congé de son poste au département des pompiers d’Ottawa, Connell prit ensuite une deuxième retraite. Suite à l’arrêt des activités des Eagles de St-Louis, l’ex-coéquipier de Connell, Bill Beveridge devint disponible et prit le filet des Maroons à sa place.
Connell revint toutefois pour un dernier tour de piste en 1936-37, lorsqu’encore une fois, il partagea le filet avec Beveridge, avant de prendre sa retraite, cette fois pour de bon.
En 417 matchs, il montre une fiche de 193-156-67 et une moyenne de 1,91. Ses 81 blanchissages représentent encore aujourd’hui le 6e total de tous les temps, à égalité avec Dominik Hasek et Tiny Thompson.
Malade depuis un certain temps, Alex Connell est décédé à l’âge de 58 ans, treize jours après avoir appris qu’il avait été sélectionné pour être admis au Temple de la renommée du hockey.
Sources : legendsofhockey.net, wikipedia.org.
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