Peu de temps après le début de l'aventure "La Vie Est Une Puck", Martin est devenu chroniqueur pour le défunt site 25stanley.com, avec sa "Chronique Vintage". Bien qu'on croyait ces textes perdus à jamais, la magie d'Internet (et beaucoup de patience …) nous a permis d'en retrouver la majorité. Au cours des prochaines semaines / mois, nous en ressortirons quelques-uns des boules à mites, pour votre plus grand plaisir.
Les As de Québec furent fondés dans les années 20 à titre d’équipe senior, ce qui veut dire que les joueurs qui évoluaient avec l’équipe devaient travailler pour vivre mais évoluaient dans une ligue très bien organisée. La plupart du temps, au Québec, les équipes étaient la propriété d’usines à papier ou d’autres industries et les joueurs travaillaient plus ou moins à temps partiel afin de subvenir à leur besoins. D’ailleurs, les As furent fondés par la Anglo-Canadian Pulp and Paper et le nom ACES était un acronyme pour Anglo-Canadian Employees. On a francisé le nom par la suite mais les deux noms se disent. À l’époque, l’argent parlait anglais, que voulez-vous…
Les As de Québec, champions de la Coupe Allan de 1945 |
Même à l’époque où Jean Béliveau évoluait avec les As de Québec, c’était de cette manière que fonctionnait les équipes de hockey senior au Québec, d’ailleurs fort populaires. Ce n’est qu’une clause dans le contrat d’un seul joueur qui fit basculer toute la patente et pour ce joueur et pour l’équipe…
Lorsque que le Canadien fit signer un contrat professionnel à Jean Béliveau, ce dernier signa un contrat spécial qui faisait en sorte que le Canadien n’avait les droits de Béliveau que si ce dernier devait se rapporter à une équipe professionnelle. Ce qui voulait dire que tant que Béliveau évoluait avec une équipe senior, il pouvait jouer avec n’importe quelle équipe et le Canadien n’avait rien à dire… À ce que je sache, le seul autre qui avait un contrat de la sorte à l’époque, c’était Jacques Plante. Comme Béliveau se plaisait à Québec, qu’on avait même construit un aréna afin que plus de gens aillent le voir et qu’il gagnait même plus cher que la presque entièreté de la LNH, Béliveau préféra, à l’aube de sa carrière, demeurer à Québec et évoluer avec les As. L’histoire ne dit pas si le Canadien aurait pu remporter quelques autres coupes Stanley avec Béliveau dans leur alignement…
Néanmoins, on ne déconne pas avec le Canadien de Montréal, ceux qui amènent de la boisson au Centre Bell et se font prendre le savent… À cette époque, en 1953, le DG du Canadien, Frank J Selke (comme le trophée), tanné d’attendre après Béliveau, prit une mesure drastique. Selke acheta la Ligue de hockey senior du Québec au complet et la déclara ligue professionnelle. Les As de Québec étant dorénavant membres d’une ligue professionnelle dont tous les clubs étaient affiliés au Canadien, Jean Béliveau devait se joindre au Grand Club…
Le fait que dorénavant les As étaient une équipe professionnelle eut un bon effet pour le rayonnement de cette populaire équipe. En 1959, les As quittèrent la Ligue de hockey du Québec pour se joindre à la vénérable AHL. Je crois qu’il est toujours nécessaire de mentionner qu’à l’époque des six équipes, le calibre de jeu de cette ligue était très élevé car elle était souvent formée de joueurs ayant été boudés par le grand circuit, n’étant plus désirés ou attendant leur chance dans une ligue qui ne comprenait qu’environ 100 joueurs…
Et les Flyers dans tout ça???
Entre 1962 et 1967, les As de Québec furent le club école du Canadien de l’AHL. D’ailleurs, Gump Worsley passa quelques saisons avec l’équipe afin de retrouver sa forme après quelques blessures et Boum-Boum Geoffrion fut l’entraîneur des As après avoir mis un terme à sa carrière, suivant son échange aux Rangers en 1964, avant de retourner au jeu avec ces derniers en 1966.
C’est en 1967, alors que le Canadien retira ses pions de Québec afin de retourner son club-école à Cleveland, que les As devinrent le club-école d’une équipe d’expansion : les Flyers de Philadelphie. Avec son club-école au Québec, les Flyers voulaient se construire avec un noyau de canadiens-français afin de construire l’équipe avec le modèle du Canadien. Bien que le Canadien pouvait toujours sélectionner deux canadiens-français prioritairement, les jeunes Flyers, grâce à leur club-école québécois, purent se monter un fin cercle de joueurs québécois comme André Lacroix (qui sera plus tard le plus grand marqueur de tous les temps de la WHA), de Simon Nolet (photo) qui fit partie de l’équipe des Flyers qui remporta la coupe Stanley en 1974 et de futurs Nordiques comme Jean-Guy Gendron et mon moustachu préféré, Serge Bernier.
À cette époque, les Flyers misaient tellement sur la filière québécoise qu’ils possédaient même une équipe junior également nommée également les As de Québec qui évoluaient dans la ligue junior du Québec. En 1969, les Flyers vendirent l’équipe à des intérêts locaux de Québec et l’équipe devint les Remparts de Québec.
Malheureusement pour le hockey québécois, après quelques saisons à tenter de se développer avec un style « canadien-français » sans trop de succès, la direction des Flyers décida de tenter autre chose. Souvent intimidés par d’autres équipes en raison de la grosseur de leur joueurs, les Flyers décidèrent de ne plus se laisser faire. Avec l’arrivée d’un jeune joueur complet nommé Bobby Clarke, les Flyers surent autour de qui se construire et dans quelle voie, celle de la robustesse…
Dans cet ordre d’idée, la direction décida de déménager son club-école. C’est ainsi que la vénérable équipe des As de Québec, fondée en 1928, déménagea en 1971 à Richmond en Virginie afin de devenir les Robins de Richmond. L’équipe évolua durant 5 saisons dans l’AHL et disparut définitivement en 1976 en plein milieu de la crise qui menaça la plupart des ligues professionnelles mineures en raison de la surabondance d’équipes due à la guerre entre la NHL et la WHA.
Mais à cette époque, la ville de Québec s’était retrouvée une équipe professionnelle pour la faire vibrer…
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