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samedi 29 juillet 2023

Les Barbares de La Malbaie


Je l’ai déjà dit, je ne suis pas à jour au niveau des films. Ce n’est donc que maintenant que j’ai vu Les Barbares de La Malbaie de Vincent Biron. Ce long métrage avait pourtant été lancé en novembre 2019, quelques mois avant la pandémie. Comme il s’agit d’un film à thématique de hockey, je vous en fais ici un compte-rendu… quelques années plus tard.

Jean-Philippe (joué par Justin Leyrolles-Bouchard), 16 ans, est issu d’un milieu modeste. Il a toutefois espoir de faire mieux, bien qu’il néglige ses études. Il est passionné de hockey et s’accroche désespérément à son cousin Yves (interprété par Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques). Dans ce qu’il estime être une famille de perdants, aux yeux de Jean-Philippe, Yves est le seul gagnant.

Espoir de premier plan, Yves a été un choix de deuxième ronde des Panthers. Les choses ne se sont toutefois pas déroulées comme prévu. Sa carrière fut finalement limitée à un match dans Ligue Nationale, avant d’être interrompue par une blessure. Aujourd’hui au début de la trentaine, il évolue maintenant pour l’équipe senior locale, les Barbares. Si son talent le garde à flot, il semble lui-même à la dérive. Passant son temps à boire, autant au bar de danseuses que sur le banc des joueurs, il doit être constamment être couvert par son jeune cousin. Que ce soit pour aller le chercher aux petites heures de la nuit à la sortie du bar ou pour prendre sa place au magasin de sport où ils travaillent tous les deux lorsqu’Yves n’est pas en état de s’y rendre, Jean-Philippe se sacrifie pour son cousin. Ce sont toutefois ses études qui écopent.

Yves subit toutefois une blessure lors d’un match des Barbares, ce qui accentue son dérapage. Pendant ce temps, son équipe se regroupe et malgré l’absence de son meilleur joueur, elle remporte le championnat de la ligue. Même si officiellement, il est toujours blessé (la réalité est probablement autre), Yves croit qu’il lui revient de droit de réintégrer l’équipe. Ne voulant pas briser la chimie, son entraîneur (Jean-Michel Anctil) pense autrement, ce qui l’exclut du championnat national, qui se déroule à Thunder Bay.

Yves décide alors de s’y rendre malgré tout. N’ayant pas de voiture et ayant perdu son permis de conduire pour alcool au volant, il ne trouvera pas mieux que de tirer avantage de l’admiration sans borne que lui porte son cousin, qui se croit aussi son agent. Il le convainc alors de prendre son bazou pour qu’il puisse le conduire vers Thunder Bay.

S’en suit alors un road trip où au fil des kilomètres, Yves reprend contact avec différentes anciennes connaissances et fait tout pour extraire les dernières gouttes de jus de sa notoriété passée. Par le fait même, Jean-Philippe constate ses agissements discutables et prend connaissance de cadavres qu’il a dans son placard. On voit donc graduellement fondre son estime pour son cousin, pour finalement se rendre compte que malgré son talent, il est aussi un perdant.

Nous avons tous côtoyé à des degrés divers un Yves, quelqu’un qu’on jalouse un peu (peut-être beaucoup) en raison de son grand talent et qui pourtant ne semble pas être capable de se sortir les doigts du nez. On se dit que si quelqu’un d’autre qui a du cœur au ventre avait ce talent, les résultats seraient extraordinaires. Ça peut être dans un autre domaine que le sport mais ici, le fait que ce soit au hockey lui donne une autre béquille, sa célébrité, dont il profite amplement. Celle-ci entraîne en plus une certaine arrogance qui nous fait rapidement perdre la certaine sympathie qu’on pourrait avoir pour une personne qui aurait été victime d’un coup du sort. En effet, Yves ne cesse de rappeler en plein visage de ses coéquipiers qu’il est le meilleur, que c’est lui qui a été repêché, ainsi de suite. On plaint Jean-Philippe qui lui, n’y voit pas clair, jusqu’à ce que graduellement il vienne nous rejoindre.

Cette introduction dans ce monde en périphérie du hockey (junior entre autres) est faite sans emballage et de façon lucide.

Larrue St-Jacques est très crédible en star déchue. Si on y retrouve des touches de certains de ses personnages de Like-moi (adulescent d’une intelligence en bas de la moyenne et qui a la profondeur philosophique d’une roche), le registre est par contre tout autre. Nous ne sommes pas dans la franche comédie, au contraire. Florence Longpré, qui était aussi dans Like-moi, fait d’ailleurs également une brève apparition qui n’est pas plus dans la comédie. Jean-Michel Anctil n’est pas là pour faire des blagues non plus.

Quant à Leyrolles-Bouchard, qu’on avait vu dans Pieds nus dans l’aube, il rend bien la graduation de l’estime que son personnage a pour son cousin, qui débute au plafond et qui finit par s’écraser au sol.

Au final, il s’agit d’un film de désillusion, qui est bien fait. L’intérêt pour ceux qui s’intéressent au monde du hockey est évident, mais peut-être un peu moins pour ceux que ça indiffère. La relation entre les deux cousins a beau être au cœur de l’histoire, le monde du hockey en est indissociable.

Parlant du hockey, les scènes de patinoire sont peu nombreuses, mais crédibles pour une ligue senior. Toutefois, le geek en moi a tout de même accroché sur certains petits détails :

-Dans leur périple, les deux cousins s’arrêtent à Val-d’Or, où Yves a joué junior. Au plafond de l’aréna, on a accroché une fausse bannière en honneur d’Yves, à côté de celle de Roberto Luongo, un beau clin d’œil;

-Lors de cette même visite, Yves montre à Jean-Philippe comment patiner. Je ne sais pas comment un ado de 16 ans qui a grandi à La Malbaie, qui est absolument passionné de hockey (et qui vend des patins dans un magasin de sport) peut ne pas savoir patiner…

-Yves a été repêché en deuxième ronde. Son ancien agent (Vincent Graton) confie à Jean-Philippe qu’il est son plus grand regret et qu’il aurait pu être un Mario Lemieux… Peut-être un peu poussé, disons.

Malgré tout, rien de majeur ou d’impardonnable. Un bon petit film, un peu acidulé et bien fait.

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