À une certaine époque, la famille Conacher était presque une forme de royauté dans le monde du hockey. Les frères Lionel, Charlie et Roy ont tous accédé au Temple de la renommée. Bert, le frère jumeau de Roy, avait aussi beaucoup de talent, mais la perte d’un œil lors d’un accident alors qu’il jouait au hockey avec ses frères l’empêcha d’accéder à la LNH. Lionel, qui était aussi un redoutable joueur de football, de crosse et de baseball, fut nommé le meilleur athlète pour la première moitié du XXe siècle au Canada. Les cinq sœurs de la famille avaient apparemment aussi de grandes capacités athlétiques, mais à cette époque, le sport féminin était peu développé.
Pour ce qui est de la génération suivante, le fils de Charlie, Pete, et celui de Lionel, Brian, tout comme leur cousin, Murray Henderson, ont également joué dans la Ligue nationale. Quant à Lionel Jr, c’est plutôt dans la Ligue canadienne de football, avec les Alouettes, qu’il joua.
Tout ça pour dire que les liens familiaux étaient forts dans cette famille sportive. Par contre, le sport, c’est le sport…
En 1929-30, Charlie jouait sa saison recrue dans sa ville natale, avec les Maple Leafs. Pendant ce temps, Lionel en était déjà à sa cinquième saison dans la grande ligue. Il n’habitait plus en ville, s’alignant avec les Americans de New York.
Lorsqu’ils s’affrontaient, les deux frères avaient habitude de se laisser tranquille. Par contre, lorsque Lionel prit pour cible le pourtant robuste Red Horner, Charlie se sentit obligé d’intervenir. Après un échange de bâtons élevés, les frangins se dirigèrent vers le banc des pénalités. À ce moment, les deux s’approchèrent de l’autre, en s’agitant et en gesticulant. Lionel se mit alors à se lamenter, mais les récriminations qu’il avait pour son jeune frère n’étaient pas nécessairement celles que les spectateurs présumaient.
-Je n’ai pas pu aller à la maison aujourd’hui. Papa et maman vont bien?
-Oui, mais ils se demandaient pourquoi tu n’étais pas venu, répliqua Charlie.
Après avoir purgé leur pénalité, en sortant du banc, Lionel agrippa le chandail du frérot. Charlie répliqua en lui passant son bâton sous le nez.
-Tu diras à maman que j’irai la voir lors du prochain voyage, lui dit Lionel pendant que la foule s’agitait.
L’histoire ne le dit pas, mais on suppose que le message s’est rendu à destination.
Pour Lionel, il s’agissait peut-être d’une répétition, puisque quelques années plus tard, il ajouta la lutte professionnelle à ses activités.
Frayne, Trent, The Mad Men of Hockey, McClelland & Stewart Limited, 1974, pages 96, 106-107.
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