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dimanche 8 décembre 2024

Bill Tobin


Il peut arriver que lorsqu’on examine les faits d’armes de quelqu’un, on en conclut qu’il n’a pas obtenu tout le mérite qui lui revient. Parfois, c’est l’inverse. On regarde le palmarès de quelqu’un et à première vue, ça semble bien rempli. Pourtant, si on gratte un peu, on se rend contre qu’il y a beaucoup de vent.

Natif d’Ottawa, Tobin se dirigea vers Edmonton en 1920 pour s’aligner avec les Eskimos de la Big Four League, une ligue senior initialement amateur. Toutefois, pour pouvoir se joindre à cette ligue, il fallait avoir habité en Alberta depuis un certain moment. Les Canadians de Calgary arguèrent alors que ce critère n’était pas rempli pour Tobin. Un comité fut formé pour étudier la question et celui-ci statua que Tobin était éligible. Par contre, l’autre équipe de Calgary, les Tigers, se plaignit de la procédure et refusa la conclusion. Les deux équipes de Calgary remirent aussi en question le statut d’amateur d’autres joueurs et voulurent que le tout soit soumis à un juge. Lorsque les Eskimos refusèrent, la ligue s’écrasa et disparut. Les Eskimos et les Tigers se joignirent alors à la WCHL (Western Canada Hockey League), une nouvelle ligue officiellement professionnelle.

Tobin joua quelques matchs avec Edmonton comme gardien jusqu’en 1925, avant de passer une année à l’extérieur du hockey.

En 1926, le baron du café, le major Frederic McLaughlin, se porta acquéreur des restes des Rosebuds de Portland de la maintenant défunte WHL, même s’il en savait peu au sujet du hockey, pour en faire une nouvelle équipe de la LNH, les Black Hawks. Tobin, connaissant certains joueurs, se pointa à Chicago pour les visiter. Il attira alors l’attention de l’excentrique et impulsif major McLaughlin, qui en fit immédiatement son adjoint.

L’administration mise en place par McLaughlin était autoritaire et bancale. Les changements d’entraîneurs se suivaient à un rythme ridicule. (Il y en eut 15, impliquant 13 individus en 18 ans.) Tobin, qui effectuait toutes les tâches que lui demandait McLaughlin, dans une période où le personnel n’était pas très nombreux, fit évidemment partie du lot, avec un passage de 23 matchs en 1929-30 et un autre de 48 matchs (il eut droit à une saison complète!) en 1931-32. Tobin ne fut pas le pire du lot, avec une fiche globale de ,500.

Le reste du temps, il fit du dépistage, dans l’ouest canadien entre autres, des négociations de contrats, des échanges, toujours selon les instructions de McLaughlin, tout en portant le titre de gérant d’affaires (business manager), avant d’hériter formellement du poste de directeur-gérant en 1942. À noter que ce titre n’existait pas à la fondation des Hawks puisque McLaughlin décidait de tout de toute façon. Étonnamment, malgré ce chaos, Tommy Gorman réussit à les amener à la Coupe en 1934 et l’ancien arbitre du baseball majeur Bill Stewart fit de même en 1938 (avec la pire fiche de l'histoire pour un champion dans ce cas).

McLaughlin mourut en 1944, mais ce ne signifia pourtant pas la fin du rôle de marionnette de Tobin. Officiellement, il se porta acquéreur avec un associé des actions de la succession de son ancien patron. Toutefois, dans les faits, le nouveau propriétaire n’était qu’un prête-nom pour James E. Norris. Celui qui détenait le Chicago Stadium était déjà propriétaire des Red Wings. Comme la ligue ne lui permettait pas de posséder deux équipes, il voulut ″appuyer″ quelqu’un pour devenir propriétaire de son locataire.

En octobre 1947, dans son style fantasque habituel, Tobin déclara qu’il n’était aucunement question d’échanger son meilleur joueur, Max Bentley, aux Leafs. Il préférait avoir Bentley dans son alignement plutôt que d’avoir en retour cinq joueurs avec un ″charley horse″ (crampe à la jambe) que lui offrirait Conn Smythe. Il en rajouta en affirmant qu’il offrait à Smythe son club affilié de Kansas City au complet, en plus du dentier de Johnny Gottselig pour obtenir Syl Apps. Quelques jours plus tard, Tobin échangea Bentley contre cinq joueurs, incluant Gaye Stewart.

Les méthodes de Tobin ne connurent pas vraiment de succès, c’est le moins qu’on puisse dire. Les Hawks terminèrent ainsi en dernière place 7 fois en 8 ans, de 1946-47 à 1953-54.

Lorsque James E. Norris mourut en 1952, les Red Wings devinrent la propriété de ses enfants Bruce et Marguerite. Il n’était donc plus nécessaire ″d’appuyer″ Tobin pour être propriétaire des Hawks. C’est son autre fils, James D, qui prit sa place.

On toléra Tobin jusqu’en 1954, alors qu’Arthur Wirtz devint président et Tommy Ivan devint directeur-gérant. Le changement de régime n’eut pas d’effet immédiat, puisque Chicago termina dernier dans une ligue à 6 équipes 3 autres années supplémentaires (donc 10 fois en 11 ans).

C’est peut-être pour services rendus qu’on le conserva malgré tout dans l’entourage de l’équipe. Il avait toujours un bureau, mais sans rôle précis. Il s’y rendait pour ouvrir son courrier et jouer aux cartes avec la personne qu’il réussissait à accrocher. Les journalistes couvrant les Hawks le surnommaient l’homme du mystère. Il conserva ce ″poste″ pratiquement jusqu’à son décès, alors que son emphysème l’emporta en 1963, à l'âge de 67 ans.

En 37 ans avec l'équipe, lors de la seule période où il avait une certaine valeur ajoutée, les résultats de l'équipe ont été affreux.

Mais techniquement, il faisait partie de l’équipe qui a remporté la Coupe Stanley en 1960-61...  

Sources :

″Une 1ère preuve de l’échange de Siebert pour Grosso, Simon et McDonald″, 7 janvier 1945, Le Petit Journal, page 39,

″Du soir au lendemain″ de Paul Parizeau, 9 avril 1945, Le Canada, page 12,

″Déclaration sarcastique de Bill Tobin″, 29 octobre 1947, Le Canada, page 8,

″Ivan devient gérant des Hawks; Abel restera coach″, PAf, 8 juillet 1954, La Patrie, page 51,

″Good Morning″ de Vern DeGeer, April 15, 1961, Montreal Gazette, page 28,

″Bill Tobin dies in Chi″, May 8, 1963, Edmonton Journal, page 65,

″Hawks’ Bill Tobin Dies, 68″, AP, May 9, 1963, Ottawa Citizen, page 10,

wikipedia.org.

1 commentaire:

Jellos a dit…

Quand on parle de "graviter dans l'entourage de l'équipe", avec Bill Tobin, l'expression prend tout son sens. Belle recherche keithacton et merci pour cet article.