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vendredi 14 novembre 2025

La Western Professional Hockey League (WPHL), 1996-2001



 

Je continue dans ce puits sans-fonds que sont les ligues mineures-pro nord-américaines. J'ai parlé dans les derniers mois de la CHL, la AAHL, et plusieurs autres. Mais aujourd'hui je me devais de rayer la prochaine de la liste pour mon bien-être mental...

Dans la grande lignée des ligues mineures américaines indépendantes pleines de bonnes intentions et de moyens souvent limités, la Western Professional Hockey League – ou WPHL – fit son apparition en 1996 avec l'idée d'exploiter le boom du hockey professionnel dans des marchés mineurs potentiels dans le Sud et l’Ouest des États-Unis, là où les patinoires servaient plus souvent à des rodéos ou à des concerts country. On y retrouvait principalement des équipes du Texas, de la Louisiane et du Nouveau-Mexique, dans des villes où le sport avait tout à prouver.
 
La saison inaugurale comptait seulement six équipes, aux noms et logos à saveurs épicées : 
  • Les Rattlers d'Amarillo (Texas) - Première équipe de l'endroit depuis les années 70
  • Les Ice Bats d'Austin (Texas) 
  • Les Buzzards d'El Paso (Texas)
  • Le Stampede de Central Texas (Belton, TX)
  • Les Wizards de Waco (Texas)
  • Les Scorpions du Nouveau-Mexique (Albuquerque, NM) - Première équipe pro de l'état depuis les fameux Six Guns d'Albuquerque
Bien qu'on ne retrouvait aucune affiliation avec des clubs de la LNH, on retrouvait dans la WPHL quelques vieux routiers et anciens joueurs de la LNH probablement acquis à gros prix. On retrouvait par exemple le gardien Daniel Berthiaume avec l'équipe de Central Texas. Il remporta d'ailleurs le trophée du meilleur gardien en 1996-97, sa seule saison dans ce circuit, avant de quitter pour la ECHL. Berthiaume avait d'ailleurs comme coéquipier l'ancien des Nordiques Herb Raglan.  
 
Continuons avec une petite galerie de photos: 
 




Daniel Berthiaume au match des étoiles de la WPHL de 1997


 
 
Dave Morissette a même joué un gros 5 matchs avec les Ice Bats d'Austin, qui menèrent la ligue avec une moyenne impressionnante de 6,200 spectateurs par matchs. Les Ice Bats étaient la propriété de l'ancien marqueur de 50 buts avec les Whalers, Blaine Stoughton, qui agissait également comme entraîneur.
 
Un ancien du Titan de Laval, Sylvain Naud, remporta le championnat des marqueurs avec 47 buts, suivi de Kurt Wickenheiser, frère de Doug et cousin de Hailey. Les Buzzards d'El Paso remportèrent le premier championnat de la WPHL au printemps 1997, la President's Cup.
 
L’année suivante, la ligue s’emballa en doublant de taille. De nouvelles équipes comme Shreveport, Lake Charles, Corpus Christi et Fort Worth amenèrent le compte à 13 équipes.
 
En 1998-99, ce fut le sommet de sa courte histoire avec un total de 19 équipes. En incluant tous les autres clubs situés au Texas et avoisinants dans la LNH, AHL, CHL, la carte du hockey professionnel en 1998-99 ressemblait à ceci dans la région centre-sud des USA :


Une nouvelle équipe, les Ice Pirates de Lake Charles en Louisiane, embauchèrent l'ancien marqueur de 60 buts dans la LNH, le glorieux Dennis Maruk comme entraîneur lors de leur saison inaugurale en 1997-98. Il ne dura qu'une demi-saison mais y resta pour s'occuper d'une boutique d'antiquités. La saison suivante, les Ice Pirates étaient en manque d'effectif et le nouvel entraîneur de l'équipe fit appel à Maruk, maintenant âgé de 43 ans, pour venir d'abord pratiquer avec l'équipe. Il fut ensuite convaincu de signer un contrat de 5 matchs. Il y joua finalement 6 matchs et 3 autres en séries, récoltant 2 passes. Il se fit initialement ridiculiser par ses plus jeunes adversaires, suite à quoi il leur répondait «Tu sais où tu joues? Dans la WPHL. Moi j'ai marqué 300 buts dans la LNH». Ces moqueries cessèrent assez rapidement par la suite. 
 
On continua donc de revoir quelques vieux noms se faufiler dans la WPHL. L'ancien dur à cuire Alan May termina sa carrière en 1998-99 avec les Aviators d'Abilene. Plusieurs autres durs à cuire y trouvèrent également refuge comme l'ancien des Nordiques Darin Kimble, Craig Coxe, Brian Curran et nul autre que Kevin Evans, anciennement des Sharks et recordman de tous les temps pour le plus de minutes de pénalité en une saison au hockey professionnel.  
 
On y vit également quelques gardiens familiers comme John Blue, Matt DelGuidice, Patrick Labrecque et André Racicot au fil des années. Et celui qui fut échangé en retour de Markus Naslund par les Penguins, Alex Stojanov, termina sa carrière avec les Scorpions du Nouveau-Mexique... 
 
Donc en trois ans, la WPHL passa de 6 à 19 clubs. C’était devenu une véritable ruée vers l’or du hockey du Sud, un Far West où tout le monde voulait sa franchise. 
 
Les Mudbugs de Shreveport, avec leur logo d’écrevisse survoltée et leur aréna souvent rempli à craquer, devinrent rapidement le joyau de la WPHL. Leurs matchs attiraient plus de 5 000 spectateurs en moyenne : une prouesse dans cette partie du pays. 
 
Le calibre de jeu de la WPHL était honnête, oscillant entre le bon semi-pro et le bas de la ECHL. Le spectacle se jouait autant sur la glace que dans les gradins avec des mascottes délirantes, un public bruyant et de la musique rock à plein volume. 

Les Mudbugs remportèrent trois championnats d'affilée, soit de 1999 à 2001.

Il y eut également l'étrange présence de deux équipes russes dans le portrait... Lors de la saison 97-98, le Traktor Chelyabinsk participa à 12 matchs du calendrier de la WPHL comme équipe «en tournée». Ils répétèrent l'expérience pendant 8 matchs en 98-99 avec une autre équipe russe, le Elektrostal Kristall




Mais, comme dans toute ligue mineure un peu trop ambitieuse, les fissures commencèrent à se multiplier. Les déplacements à travers les états du Sud coûtaient cher, les autobus tombaient en panne sur les routes poussiéreuses du Texas, les chèques mettaient du temps à se rendre, et certains propriétaires semblaient avoir plus de passion que de liquidités. Plusieurs équipes disparurent du jour au lendemain ; d’autres changeaient de ville ou de nom d’une saison à l’autre. Malgré quelques marchés solides – notamment à Shreveport, El Paso et Corpus Christi – le modèle économique de la WPHL montrait ses limites.

La saison 2000-01 fut la dernière de l'histoire de la ligue. Les Mudbugs de Bossier-Shreveport, version rebaptisée du club original, remportèrent une ultime President’s Cup (et troisième d'affilée) avant que la ligue ne ferme boutique. Au printemps 2001, la WPHL annonça sa fusion avec la Central Hockey League (CHL), qui absorba ses 10 équipes encore viables. La plupart survécurent quelques années, certaines même plus longtemps, et d’autres disparurent dans l’indifférence générale. 
 
Ce fut la fin officielle de cette ligue aussi bruyante qu’éphémère. Constat du paysage changeant en ce début de millénaire, la IHL ferma également les livres la même année, ses clubs survivants graduant dans la AHL. 
 
La WPHL n’aura donc duré que cinq saisons, mais elle a laissé derrière elle une foule d’histoires : des bagarres dignes des années 1970, des gradins partagés entre amateurs de hockey et curieux venus de la NASCAR, des joueurs venus de Finlande ou du Saguenay pour gagner 400 $ par semaine, et surtout une passion bien réelle pour le jeu. 
 
WPHL - 1996-2001

 
 
Les 10 équipes qui survécurent aidèrent le circuit de la CHL à passer au travers des années 2000. Mais au tournant de la décennie suivante, la CHL connut le même sort, perdant des équipes et marchés au profit d'autres ligues pour finalement être absorbée à son tour en 2013, cette fois-ci par la ECHL. Le plus vieux club de la WPHL encore actif à ce moment était les Brahmas de Fort Worth, qui plièrent bagage en même temps que la fin de la CHL, n'étant pas parmi les équipes absorbées.
 
La majorité des circuits ayant connu le hockey pro de la WPHL se sont depuis rabattu sur le junior avec la NAHL. En fait, la division «sud» de la NAHL est comprise majoritairement d'anciens marchés de la WPHL. C'est le cas des Mudbugs de Shreveport qui perdurent toujours la tradition en conservant le même nom et logo légendaire. Ils ont continué la tradition d'excellence sous cette nouvelle incarnation, remportant le championnat national en 2018 et 2021.

 
Mudbugs de Shreveport de la NAHL

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