La Central Hockey League, à ne pas initialement confondre avec sa première version (1963-84) et autres circuits antérieurs, voit le jour en 1992, sous l’impulsion de Ray Miron et Bill Levins.
Miron et Levins étaient autrefois entraîneur et DG respectivement des Blazers de l'Oklahoma dans l’ancienne CHL pendant les années 60 et 70. Miron avait également été DG des Oilers de Tulsa de 1964 à 1974 et auparavant dans l'ancienne EHL avec les Knights de Nashville. Il fut plus tard promu comme DG des défunts Rockies du Colorado (1976 à 1981) et travailla également dans l’organisation des Maple Leafs.
La CHL avait d’abord été créée en 1963 par la LNH pour servir de circuit de développement pour ses jeunes joueurs. Elle a accueilli plusieurs futurs grands noms, tels que Bernie Parent, Tony Esposito, Stan Smyl, Dirk Graham, Randy Carlyle, Glenn "Chico" Resch, Pete Mahovlich, Bob Bourne, Mark Messier, et surtout, de nombreux jeunes joueurs du Canadien avec les Apollos de Houston, tels que Carol Vadnais, Rogatien Vachon, Serge Savard, Jacques Lemaire et Guy Lapointe. La ligue représentait bien son nom «Central», avec des équipes principalement du midwest et des états plus à l'ouest avec des villes comme Omaha, Minneapolis, Indianapolis, Tulsa, Kansas City, mais aussi avec des tentatives peu fructueuses plus au sud ou sur les côtes du pacifique comme Memphis et Seattle. Ce fut aussi temporairement la ligue ou vécurent les très éphémères Six-Guns d'Albuquerque que j'affectionne particulièrement.
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| Ray Miron (3e à partir de la droite, première rangée) et les Oilers de Tulsa en 1966. |
La CHL dut toutefois cesser ses activités en 1984 en raison du déclin du soutien des clubs de la LNH et de la concurrence importante d’autres circuits comme l’AHL et la IHL. Après la saison, la LNH cessa son appui financier direct. Le commissaire Bud Poile (anciennement coach des Canucks, Flyers et père de David Poile) déclara alors la ligue «inactive». Les franchises survivantes migrèrent ailleurs, par exemple Salt Lake City et Indianapolis qui rejoignirent l’International Hockey League (IHL). Les autres équipes ont ensuite tout simplement disparu ou se sont replier sur des ligues semi-pro locales.
Donc, au début des années 90, Miron et Levins unirent leurs forces pour ramener le hockey professionnel dans des villes de taille moyenne du sud et du Midwest américain, délaissées par la dissolution d’autres circuits, principalement depuis la fin de la CHL. Il n’y eut par exemple aucune équipe professionnelle, tous circuits confondus, située au Texas entre 1982 et 1992. Même avant l'arrivée des Stars de Dallas, il n'y avait plus eu aucun club texan depuis les Blackhawks de Dallas qui avaient évolué de 1967 à 1982 dans la CHL 1.0.
Bill Levins mourut toutefois subitement en mai 1991 avant de pouvoir voir son projet aboutir. Miron prit le relais et Levins demeura quand même comme fondateur à titre posthume. Le trophée du vainqueur de la CHL fut nommé en honneur de Levins.
Il y avait toutefois une grande différence entre les deux CHL. Cette fois-ci, la ligue opéra comme seule entité propriétaire indépendante et opéra l'entièreté des franchises, du moins au départ, sans propriétaires externes ni influence de la LNH. Le fils de Ray Miron, Monte, fut nommé comme commissaire de la ligue. Monte Miron avait joué quelques saisons dans l'ancienne CHL et autres circuits.
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| Joe Burton |
Les Oilers, disparus en même temps que la fin de la première CHL, sont une équipe mythique des ligues mineures, alors qu’on peut remonter jusqu’en 1928 pour retrouver les premiers Oilers de Tulsa dans la vieille American Hockey Association. Ils ont ensuite joué dans la USHL (1945 à 1951) avant de revenir dans la CHL en 1964.
Le principal fait d'arme des Oilers dans le folklore du hockey mineur fut leur couronnement comme derniers champions de la CHL en 1984, remportant les grands honneurs en tant qu’équipe itinérante.
Après avoir déclaré faillite avant la fin de la saison, les joueurs décidèrent de jouer tout de même leurs 17 derniers matchs sur la route. Malgré cela, avec un jeune John Vanbiesbrouck dans les buts, ils terminent troisièmes et remportent l’Adams Cup en battant Salt Lake City en finale. Cet exploit devint légendaire. (En savoir plus ici dans cet ancien texte de Martin ITFOR).
Histoire de continuer dans une parfaite résurrection, les Oilers de Tulsa 2.0 inaugurèrent parfaitement cette nouvelle incarnation de la CHL en remportant également la première «Coupe Levins» en 1993. Ce fut même ce qu'on peut appeler une parfaite finale «CHL» et «Oklahomienne» alors que leurs opposants en finale furent les Blazers d'Oklahoma City. Autre fun fact, un des meilleurs marqueurs des Oilers champions de 1993 fut nul autre que Taylor Hall. Oui. L'autre Taylor Hall.
Avec nul autre que Garry Unger comme coach... Unger avait lui aussi joué dans la CHL au début des années 60. On y voir aussi un ancien du Titan de Laval, Sylvain Naud.
La coupe Levins fut éventuellement renommée la Ray Miron President’s Cup en 2001. Mais malgré leur statut parmi les plus stables équipes de la CHL par la suite, et de la ECHL depuis 2014, les Oilers n’ont jamais remporté de championnat à nouveau.
Parmi les autres premières équipes de 1993, on retrouvait le Freeze de Dallas, le Fire de Forth Worth, les Riverkings de Memphis et le Thunder de Wichita. Toutes ces villes avaient auparavant connu du hockey de la CHL. En plus de la bataille de l'Oklahoma (un autre parallèle avec les autres Oilers), la CHL désirait raviver l'ancienne rivalité régionale CHL entre Dallas et Forth Worth, qui, comme Dallas, avaient existé de 1967 à 1982. Le Freeze, qui jouait également dans un autre aréna que les Stars, plus miteux, ne fut bien sûr que bien temporaire alors que l'équipe plia bagage en 1995, laissant toute la place aux Stars dans la LNH.
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| Le Freeze de |
Sans oublier les très éphémères, très boboches, et très rigolos Bandits de Border City. Confirmant de plus en plus mon amour pour cette ligue.
Malgré toutes les histoires «à la Slapshot» qu'on s'attend des ligues profondes, la CHL demeura relativement stable comparée à d’autres ligues mineures concurrentes. Le Thunder, les Oilers et les Blazers demeuraient les têtes d'affiche et la ligue opérait désormais annuellement entre 10 et 12 équipes au tournant du siècle.
En 2001, la CHL fusionna avec sa rivale, la Western Professional Hockey League (WPHL), un autre circuit texan-sudiste fondé en 1996, ce qui lui permit d’élargir son territoire et d’accroître sa crédibilité.
Encore plus de nouvelles équipes à ce moment comme:
Le Ice d'Indianapolis, les Jackalopes d’Odessa, Le Beast de Brampton (seule incursion canadienne de l'histoire de la CHL), les Buzzards d’El Paso, les Bossier-Shreveport Mudbugs, les Killer Bees de Rio Grande Valley, les Rattlers d’Amarillo, renommées ensuite les Gorillas!
Il y a surdose de noms débiles que je voudrais bien étaler ici mais je vais garder ça pour plus tard... (note à moi-même, garder pour plus tard)
En voici quand même une:
| Yeah. |
Après la fusion avec la WPHL, la CHL comptait entre 15 et 17 équipes en moyenne par saison, plafonnant à 18 en 2010-11, après l'absorption d'une autre ligue inférieure, la International Hockey League (2e version). Comme la CHL avant eux, une nouvelle ligue qui avait repris un nom vacant. J'en parlerai plus tard de la deuxième IHL si vous me le permettez... c'est une autre bibite.
En résultat de ces deux fusions, le niveau de jeu augmente, et même que quelques formations deviennent momentanément affiliées à des clubs de la LNH ou de l’AHL, ce qui n'avait jamais eu lieu auparavant. Il y eut par exemple les Sundogs de l’Arizona, qui furent partiellement affiliés aux Coyotes de Phoenix entre 2007 et 2009, développant au passage un jeune David Schlemko. Autre exemple, les Eagles du Colorado, futurs double-champions dans la ECHL, furent quelques mois affiliés aux Oilers.
Il ne s’agissait toutefois que des ententes temporaires, souvent non-officielles et quelques dépannages organisationnels, rien de plus.
Jusqu'à ce moment dans son histoire, la CHL n'avait pratiquement développé aucun joueur d'une semi-importance dans la LNH. Cela changea toutefois autour de 2010 avec quelques joueurs notables comme Jordie Benn. Non-repêché, Benn avait débuté sa carrière dans la ECHL en 2008-09 avant d'être recalé en CHL la saison suivante. Il connut une bonne saison avec les Americans d'Allen, faisant assez bonne impression pour être engagé par l'équipe de son frère à Dallas. Il joua ensuite à Montréal, Vancouver, Winnipeg, Minnesota et Toronto.
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| Aaron Dell et un superbe chandail Ronald McDonald avec les Americans d'Allen |
On vit bien sûr quelques anciens de la LNH se ramasser en CHL, particulièrement dans les années 90 et début 2000. Outre l'autre Taylor Hall déjà discuté, il y eut quelques présences plus ou moins inhabituelles. En voici quelques-uns, triés sur le volet.
- Brendan Morrow, alors joueur des Stars de Dallas, joua à Oklahoma City durant le lock-out de 2004-05, même chose pour son ancien coéquipier Brad Lukowich.
- Scott Young, anciennement des Nordiques et marqueur de 300 buts dans la LNH, joua 3 matchs dans la CHL, aussi durant le lock-out 2004-05. Comme il était alors établi à Dallas, tout comme Morrow, j'imagine que l'option de s'entraîner et garder la forme dans un circuit proche était plus attirant que d'aller dans la AHL ou en Europe.
- L'ancien espoir dans les buts des Leafs, Sébastien Centomo, originaire de Laval.
- L'ancien défenseur des Sharks Neil Wilkinson joua une douzaine de match avec les Oilers en 2002-03, même chose pour son ancien coéquipier Craig Coxe qui joua 4 saisons à Tulsa. Un autre Sharks de renom, nul autre que le célèbre Link Gaetz, a joué 13 matchs avec les Iguanas de San Antonio en 1995.
- Il y a également l'obscur joueur oublié des Nordiques Paxton Schulte qui termina sa carrière à Tulsa en 2006.
- Alek Stojanov, celui plus malheureusement reconnu pour avoir été obtenu en retour de Markus Naslund par les Penguins en 1996, a joué une vingtaine de matchs avec les Scorpions de New Mexico.
- Autres joueurs: Jason Lafrenière (ancien des Nordiques), Alexei Yegorov, Lonny Bohonos
Au tournant des années 2010, malgré des succès inespérés comme les Eagles du Colorado (qui affichaient des assistances records et un modèle de gestion exemplaire), la CHL fait face à de sérieuses difficultés financières et géographiques. Les coûts de déplacement augmentent considérablement. Plusieurs marchés (notamment au Texas et en Arizona) s’essoufflent. Des équipes migrent vers d’autres ligues plus stables, surtout la ECHL (Eagles en 2011, Komets de Fort Wayne en 2012 et Americans d’Allen en 2014).
Équipe toujours phare et parmi les meilleures au guichet, les Blazers d'Oklahoma City plièrent bagage en 2009, étant ensuite remplacés par les Barons d'Oklahoma dans la AHL.
Malgré quelques tentatives de relance, la ligue se rétrécit. De 18 équipes en 2005, elle tombe à 9 équipes en 2013-14. Les derniers champions furent les Americans de Allen, qui remportent deux titres consécutifs pour clore l'histoire de la CHL.
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| Les Americans de Allen, derniers (doubles) champions en 2013 et 2014 |
En octobre 2014, la CHL cesse officiellement ses activités. Sept de ses équipes (Allen, Missouri, Rapid City, Tulsa, Wichita, Brampton et Quad City) sont absorbées par l’ECHL, scellant la fin de la CHL comme ligue indépendante.
La ECHL avait auparavant accueilli dans ses rangs d’anciennes équipes de la IHL et la WCHL, laissant libre cours à la CHL d’absorber de son côté la WPHL et la UHL/IHL. On peut dire que la mission d’épurer le réseau des ligues mineures aura fonctionné et que la ECHL aura finalement remporté ce que j'appelle cette «guerre de l’absorption» dans les ligues mineures.
L’héritage de la ligue demeure fort dans le Sud et le Midwest américain. Six équipes rescapées de la CHL sont toujours fidèlement en place dans la ECHL; les Oilers, les Americans, les Komets, le Thunder de Wichita, les Mavericks de Kansas City et le Rush de Rapid City, tandis que les Eagles du Colorado ont gradué dans la AHL. Des équipes originales de la CHL en 1992-93, seuls les Oilers et le Thunder sont toujours actives.
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| Les Oilers de Tulsa, toujours actifs dans la ECHL |
La CHL aura été un tremplin pour des milliers de joueurs, un modèle de hockey communautaire dans des villes non traditionnelles mais toutefois classiques du hockey mineur de cette région des US, et une base d’expansion indirecte pour l’ECHL. Cela montre que parfois, ce ne sont pas seulement des joueurs qui se servent des niveaux mineurs pour graduer dans des niveaux supérieurs, dans le cas de la CHL, ce sont principalement les équipes qui ont pu se consolider et graduer dans un circuit plus prospère et stable.
Il est quelque fois mentionné que la CHL aurait atteint un niveau «AA» similaire ou parallèle à l’ECHL, mais je me permets d’en douter. La ECHL a développé
davantage de joueurs pour la LNH avec quelques excellents noms comme
Jonathan Quick, Michael Ryder, Jonathan Marchessault, Jaroslav Halak,
Yanni Gourde, Alex Burrows, et plusieurs autres. Outre les cas isolés de Jordie
Benn, Aaron Dell et Andrew Desjardins lors des dernières années
d'existence de la CHL, on ne peut pas dire que la fiche de route de la
CHL fut aussi reluisante. C'était toutefois bien parti lors de ses dernières années, mais on préféra logiquement agrandir la ECHL et
consolider tout ça dans un seul niveau au troisième échelon derrière LNH
et AHL. Ces ligues ont d'ailleurs longuement fait pression pour «épurer» l'écosystème des circuits mineurs.
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| Ray Miron (à gauche) a grandement aidé à mettre le hockey sur la carte à Tulsa et dans le sud des USA. |
Ray Miron vendit la CHL en 2000. Il reçut de la LNH le trophée Lester B. Patrick en 2004, honorant sa contribution au hockey aux États-Unis. Il déclara ce moment son meilleur accomplissement en carrière. Il mourut à Tulsa en août 2015 à l'âge de 92 ans.
Les Oilers de Tulsa célèbreront leur «100e» anniversaire d'existence en 2028, ayant toutefois existé en plusieurs phases:
1928-1942 (AHA)
1945-1951 (USHL)
1964-1984 (CHL 1.0)
1992-2014 (CHL 2.0)
2014 - (ECHL)
On se laisse sur un extrait d'époque sur Youtube. Un match random Tulsa-Oklahoma de 1999-2000.
ENCORE GARY UNGER!
Sources: wikipedia, Fun While it Lasted, the Oklahoman, Eliteprospects










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