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vendredi 19 février 2021

Joueur oublié des 90's #47 - Valeri Bure

  
 
Le joueur d'aujourd'hui n'est pas vraiment le plus ''oublié'' de la série car ayant joué à Montréal et étant le frère d'un des joueurs les plus électrisants de tous les temps, il est clair qu'il demeure assez présent dans notre mémoire collective. J'avais toutefois envie de parler de lui depuis un bout alors que je trouve qu'il a eu une carrière intéressante au-delà d'avoir été dans la catégorie des ''frères moins bons que l'autre''.



 
Quand je dis que ça fait longtemps que j'ai envie de parler de lui, c'est surtout à cause d'une anecdote personnelle. J'ai commencé à suivre le hockey aux alentours de 1992 mais je me suis graduellement écœuré rapidement dans les 2-3 années suivant la conquête du Canadien en 1993. C'est surtout la faute du club qui a échangé plusieurs de mes champions auxquels je m'étais tellement attaché. Je me rappelle même avoir pleuré quand ils ont échangé Stéphane Lebeau aux Mighty Ducks. J'avais 11 ans donc, ne riez pas trop de moi... Ensuite ils se sont débarrassé de Kirk Muller, Brian Bellows, Eric Desjardins, Guy Carbonneau, Patrick Roy, etc... donc j'ai rapidement déchanté. Au travers de tout ça, j'étais quand même excité par la venue de nouveaux joueurs comme Mark Recchi, Pierre Turgeon etc. et j'aimais surtout le petit russe Oleg Petrov... Mais bref, aux alentours de 1995-96 j'ai comme complètement arrêté de suivre le hockey. 
 
J'y suis cependant revenu et ce, inexplicablement durant la saison 1998-99, soit une des pires de l'histoire du CH... Je me demande vraiment ce qui a pu me faire revenir alors que le club était plein de Sergei Zholtok, de Turner Stevenson et de Igor Ulanov. On était loin des bonnes années et le club se débarrassa même de ce qui lui restait de joueurs vedettes comme Recchi et Vincent Damphousse durant cette fin de saison horrible. Je sais pas pourquoi, mais je suivais le club à travers tout ça... c'était peut-être le début de ma fascination pour les clubs poches qui s'est créé à ce moment? 
 
Mais ça n'a quand même pas été facile de demeurer fan avec un club aussi mauvais et surtout, dans cette époque horrible de trappe extrême où les matchs se terminaient plus souvent qu'autrement 1-0 ou 2-1 et où les marqueurs de 30 buts étaient extrêmement rares... surtout à Montréal. 
 
Je me rappelle vivement d'un match durant cette saison 1998-99 où ma patience a vraiment été testée. C'était un match dans l'ouest contre les Flames dont j'ai retracé la date sur le site de la ligue, soit le 25 mars 1999. Le Canadien était alors pratiquement éliminé et ce match était particulièrement plate avec un score de 1-1 avant de commencer la 3e période. Je me rappelle avoir agonisé sur mon divan en attendant qu'il se passe quelque chose et c'est finalement Valeri Bure qui marqua pour les Flames avec 5 minutes à faire au match. À ce moment, j'étais vraiment en criss et j'ai juré que je ne prendrais plus jamais pour les Canadiens. La première de nombreuses déclarations similaires au cours des 20 années suivantes...
 
Je m'étais en fait attaché à ces jeunes Flames durant ce match et quand j'ai su ensuite que c'était le Canadien qui avait échangé Bure à Calgary contre rien d'intéressant je m'étais sagement dit ''Ça y est. Fuck le Canadien. Je prends maintenant pour les Flames''. Je ne suivais toutefois pas le classement et je ne savais pas que les Flames étaient alors aussi poches que le Canadien et j'ai rapidement abandonné cette nouvelle ''flamme'' pour revenir au CH peu après...

Mais je crois que j'étais surtout intéressé par Valeri Bure, étant d'abord curieux du fait qu'il était le frère moins connu de Pavel. Comme j'avais précédemment arrêté de suivre le CH en 1995, j'ai comme quelque peu manqué son arrivée dans la LNH. Par la suite, je me suis longtemps intéressé à sa carrière un peu en demi-teinte, quoique pour un ''frère moins bon que l'autre'', il était quand même un très bon joueur. Je le considère d'ailleurs comme un des ''meilleurs frères moins bons que son frère'. Un peu comme Pete Mahovlich, Dennis Hull ou Sylvain Turgeon...

Allons-y donc sans plus tarder avec sa bio.




Valeri Vladimirovich Bure est né le 13 juin 1974 à Moscou. En plus de son illustre frère, la famille Bure était déjà assez illustre alors que leur père Vladimir fut autrefois un nageur quatre fois médaillé aux olympiques de 1968 et 1972. Valeri fut nommé en honneur de son grand-père paternel du même nom, Valeri Bure, un ancien gardien de but de water-polo. La famille Bure faisait originalement partie de la noblesse russe alors que leurs ancêtres étaient fabricants de montres exclusivement pour les Tsars de Russie entre 1815 et 1917. D'ailleurs, durant le lock-out de 1995, Pavel redémarra l'ancienne entreprise familiale en fabriquant des répliques de ces anciennes montres. Une cinquantaine de ces répliques furent construites et avaient une valeur de 30,000$ chacune. Quelques-unes furent remises à plusieurs dignitaires russes, dont le président Boris Yelstin.

Valeri traversa en Amérique du nord en compagnie de son père et de son frère aîné en 1991 lorsque Pavel joignit enfin les rangs de la LNH avec les Canucks. Pendant que l'aîné débuta sa première saison qui lui valut le trophée Calder, Valeri était toujours d'âge mineur et put joindre les rangs des Chiefs de Spokane dans la WHL. Il était en fait le premier joueur originaire de Russie à jouer dans ce circuit. Il obtint 49 points en 53 matchs avec les Chiefs, en plus de 11 buts en 10 matchs en séries. Cette bonne première saison combinée au buzz engendré par la saison recrue du tonnerre de son frère incitèrent les Canadiens à la repêcher en 2e ronde (33e au total) du repêchage de 1992. Les Canadiens détenaient cette sélection suite à l'échange d'Andrew Cassels aux Whalers de Hartford. Cassels et Bure seront plus tard coéquipiers à Calgary. Comme Pavel fut surnommé ''The Russian Rocket'' en référence à Maurice Richard, Valeri fut pour sa part surnommé ''The Russian Pocket Rocket'' en référence à Henri...

Vladimir fut l'entraîneur personnel de ses fils et joindra plus tard Pavel comme consultant en conditionnement physique avec les Canucks en 1994. Les deux frères coupèrent toutefois les ponts avec le paternel quelque peu abusif en 1998. Vladimir joignit ensuite les rangs des Devils dans les mêmes fonctions et est ainsi le seul de la famille à avoir son nom inscrit sur la Coupe Stanley. J'ai entendu dire qu'ils se seraient récemment réconciliés, mais je n'ai pas pu le vérifier.


Valeri, Vladimir et Pavel Bure circa 1991


Valeri demeura à Spokane en 1992-93 et brûla la ligue avec 68 buts et 79 passes pour 147 points, bon pour le deuxième rang de la ligue, ainsi qu'une place sur la première équipe d'étoiles de la WHL. Il connut une moins bonne saison en 1993-94 mais franchit tout de même de nouveau le cap des 100 points avec 40 buts et 62 passes pour 102 points. Il gradua ensuite avec le CH, tout d'abord à Fredericton durant le lock-out, où il menait le club avec 48 points en 45 matchs avant de joindre le grand club à la reprise des activités. Il fut utilisé pendant 24 matchs durant cette saison écourtée et connut des débuts modestes avec 3 buts et 1 passe. 
 
En 1995-96, il fut jumelé avec Oleg Petrov et une autre recrue du nom de Saku Koivu. À 5'-10 pouce et 178 livres pour Bure, 5-10'' 180 livres pour Koivu et un bon 5'-9'' 172 livres pour Petrov, le trio fut surnommé la ''ligne des Schtroumpfs''...

Petrov et Bure obtinrent d'ailleurs les passes sur le premier but de la carrière de Saku:





À sa première vraie saison complète à Montréal, Bure connut une bonne année majoritairement sur le troisième trio avec 22 buts et 20 passes pour 42 points en 77 matchs. Il ne put toutefois progresser lors des saisons suivantes et eut de la difficulté à monter dans l'alignement, étant surpassé par d'autres ailiers comme Martin Rucinsky, Shayne Corson et Brian Savage. Il régressa donc à 14 buts et 35 points en 1996-97 en plus de manquer plusieurs matchs suite à une commotion et diverses blessures. 
 
En février 1998, après seulement 7 buts et 29 points et n'ayant pas marqué à ses 25 matchs précédents, le Canadien lança la serviette dans le cas de Bure. Voulant également se grossir et se renforcer en défensive, ils l'envoyèrent aux Flames en retour du plus gros Jonas Hoglund (6'3'') et du défenseur Zarley Zalapski, alors en grève avec les Flames. Hoglund était également un attaquant qui ne progressait pas à Calgary après des débuts prometteurs. 
 
Mais à l'époque, tout ce que Montréal touchait tournait au vinaigre et il n'était pas vraiment étonnant que Bure ne produisait pas. À son troisième match à Calgary, Bure obtint le premier tour de chapeau de sa carrière et termina la saison avec 9 points en 16 matchs avec les Flames. Il joua ensuite trois saisons complètes à Calgary, devenant un joueur vedette.

Il obtint d'abord 26 buts et 53 points en 98-99 et ensuite sa meilleure saison en carrière en 99-00 avec 35 buts et 40 passes pour 75 points. Je vous rappelle que c'était en pleine ''dead puck era'', donc on pourrait ajuster avec l'inflation que ces 75 points en aurait valu presque 100 une dizaine d'année auparavant. Il fut élu pour le match des étoiles de 2000 où il fut réuni avec son frère Pavel alors que les deux firent brièvement partie de l'élite de la LNH en même temps. Cette histoire fut un des points marquants de ce match et il était alors presque écrit dans le ciel que les deux allaient être réunis dans la même équipe éventuellement.
 
Cette même saison, Pavel marqua 58 buts. Combiné aux 35 de Valeri, les deux détiennent donc le record pour le plus de buts marqués en une saison par deux frères avec 93 filets.

 
Match des étoiles 2000


Pendant que Bure sortait de sa coquille à Calgary, Hoglund joua les 102 prochains matchs de sa carrière à Montréal, n'amassant au passage que 14 buts et 29 points. Il signa ensuite à Toronto comme agent libre et comme tant d'autres à la même époque, il explosa aussitôt sorti de Montréal. Il obtint 29 buts en 1999-2000... Pour sa part, Zalapski ne joua que 28 matchs à Montréal sans trop d'histoire... 
 
En plus de voir le Canadien tomber dans la cave et mal repêcher, ce scénario du joueur qui produit ailleurs était assez cliché à l'époque, ce qui n'aidait pas notre moral commun. Par exemple, après une saison de seulement 53 points en 98-99, Mark Recchi en obtint 91 la saison suivante à Philadelphie. Vincent Damphousse avait seulement 36 points en 65 matchs au compteur avant d'être échangé aux Sharks en mars 99. Il termina la saison avec 13 points en 12 matchs et connut ensuite une saison de 70 points l'année d'après. Même Scott Thornton, cousin de Joe, connut une éclosion une fois parti de Montréal dont une saison de 26 buts à San Jose en 2001-02. 
 
Comme je disais, ce n'était pas facile d'être fan à cette époque où on ne comprenait pas vraiment la philosophie de l'équipe. Bure avait été échangé entre autres parce qu'il était trop petit mais la saison suivant son échange, le CH en manque d'attaque rapatria... Oleg Petrov. Ce dernier avait quitté l'organisation en 1996 et avait joué les trois saisons précédentes en Suisse...
 
Pour revenir à Bure, ce dernier ne connut pas une aussi bonne saison en 2000-01 mais obtint tout de même 27 buts avec cependant une fiche de -27. Il devint toutefois en froid avec ses entraîneurs qui voulaient qu'il joue plus défensif. Alors que les Flames faisaient toujours du surplace malgré l'émergence de Bure et Jarome Iginla, ils décidèrent d'exaucer son souhait de jouer avec son frère en l'envoyant aux Panthers durant l'été 2001 en retour de Rob Niedermayer. C'était aussi apparemment une façon pour les Panthers de plaire à Pavel pour l'inciter à demeurer avec le club. 
 
Les deux frères furent donc réunis, mais ce ne fut que temporaire et pas vraiment un succès. Valeri était d'abord sans contrat avant le début de la saison et ne se rapporta pas au début du camp. Il se blessa ensuite au genou après seulement 6 matchs au début de cette saison 2001-02, une blessure qui ne lui permit de revenir qu'au début janvier. Durant ce temps les Panthers n'allaient nulle part et dépendaient trop de la production de Pavel qui n'avait pas beaucoup de soutien. L'équipe prit donc la décision de reconstruire et de se débarrasser du lourd contrat de leur capitaine et joueur vedette en l'envoyant aux Rangers. 
 
Les deux frères Bure n'auront donc joué qu'une trentaine de matchs ensemble en Floride et Valeri ne connut pas une très bonne saison avec seulement 8 buts et 18 points en 31 matchs. Il se reblessa d'ailleurs la veille de l'échange de Pavel aux Rangers et ne termina pas la saison. Au moins les deux auront été plus chanceux sur la scène internationale alors qu'ils aidèrent la Russie à remporter les médailles d'argent et de bronze aux Jeux Olympiques de 1998 et 2002 respectivement.

Il demeura en Floride en 2002-03 mais cette saison fut quelque peu à l'image de celle de son frère, lui qui ne joua que 39 matchs avec les Rangers avant de devoir prendre sa retraite prématurément à cause de graves blessures aux genoux, un problème qui lui avait déjà coûté presque deux saisons complètes par le passé. Peut-être était-ce une sorte de malédiction familiale conjurée par les ennemis des tsars envers leurs alliés, car Valeri avait également les genoux fragiles et rata encore plusieurs semaines d'action tout en voyant sa production offensive diminuer davantage. Il fut échangé à son tour mais cette fois aux Blues de St.Louis en mars 2003. Il ne joua que 5 matchs avec les Blues pour clore la saison et 6 en séries où il n'amassa que 2 passes.


Court séjour à St.Louis (2003)


Wow, la ressemblance est frappante!


Les Blues le placèrent ensuite au ballottage dans l'entre-saison et il fut rapparié par les Panthers. Remis de ses blessures, Valeri rebondit en 2003-04 et était le meilleur pointeur des Panthers avec 20 buts et 45 points en 55 matchs avant la date des transactions. Les Panthers étaient cependant à nouveau hors de la course aux séries et ils continuèrent d'être des vendeurs. Valeri fut donc échangé aux Stars de Dallas pour terminer la saison.


Court séjour à Dallas (2004)


Séjour encore plus court à Los Angeles

 
Durant le lock-out de 2004, Bure décida de prendre une année sabbatique pour ne pas risquer de nouvelles blessures. Au retour des activités en 2005-06, il signa comme agent libre avec les Kings. Il se blessa toutefois au dos durant le camp d'entraînement et ne joua donc jamais en saison régulière à Los Angeles, préférant alors prendre sa retraite à 31 ans. 

Malgré cette carrière moins reluisante que celle de son frère, Valeri Bure a tout de même eu une fiche de 174 buts et 226 passes pour exactement 400 points en 621 matchs dans la LNH, dont 5 saisons de plus de 20 buts à une époque où c'était un plateau assez difficile à atteindre. 

Il était parfait pour lui de terminer sa carrière à Los Angeles car sa conjointe est l'actrice Candace Cameron Bure, qui est principalement reconnue pour son rôle dans la série Full House. Il voulait alors passer plus de temps avec sa famille et permettre à sa conjointe de se concentrer sur sa carrière à Hollywood. C'est d'ailleurs la co-vedette de Candace, le canadien Dave Coulier, qui les a présentés lors d'un match de hockey alors qu'il jouait toujours à Montréal. Les deux se marièrent en 1996 et ont 3 enfants ensemble. Bure est depuis devenu producteur de vin dans la vallée de Napa en Californie. Il aurait commencé très tôt cette passion pour les vins alors qu'il était membre du CH. Il raconte que c'est notamment ses coéquipiers Martin Rucinsky et Brian Savage qui l'on initié à cette passion leurs de nombreux soupers d'équipe. 
 
Sa vignerie ''Bure Family Wines'' a comme logo l'ancien sceau impérial russe que ses ancêtres gravaient sur les montres des Tsars, mais avec quelques modifications évidentes...
 
 

 
Il fit un retour sur la glace en 2010, non pas comme hockeyeur mais comme patineur artistique à l'émission canadienne ''Battle of the blades", édition qu'il remporta avec sa compatriote Ekaterina Gordeeva.

Donc Valeri Bure ne fut pas aussi emblématique que son célèbre frère, mais il représente toutefois un joueur culte pour les fans des Flames soit un des rares points positifs de l'équipe avec Jarome Iginla au tournant du millénaire. Il est particulièrement emblématique du 3e chandail de l'équipe de l'époque, le chandail ''Blasty" avec la tête de cheval enflammée... Il fut d'ailleurs "endosseur" du chandail pour le programme Reverse Retro.
 

 

Sources:
Valeri Bure : «Je me souviens», TVA Sports, 26 avril 2020
«Nous recherchions de la profondeur», La Presse, 2 février 1998
«Valeri fait tout le travail seul», La Presse, 1er novembre 1999

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