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lundi 1 mai 2017

George Prodgers



George Prodgers a eu un parcours plutôt nomade. Pendant cette période, le professionnalisme était encore jeune et fragmenté. Plusieurs équipes dans plusieurs ligues cherchaient à s'accaparer les joueurs les plus talentueux. Ceux qui étaient prêts à écouter les offres pouvaient donc aller d’un endroit à l’autre. Le fait que la durée de vie de certaines équipes pouvait être courte aidait aussi à faire des joueurs des globe-trotteurs.

Prodgers est originaire de London. En 1911, il fit ses débuts avec les Colts de Waterloo de l’OPHL (Ontario Professional Hockey League), une ligue de quatre équipes qui en était à sa quatrième année.

Les Colts se rendirent en finale de la ligue avant de s’incliner devant les Professionnals de Galt.

L’année suivante, il se laissa convaincre de joindre les Bulldogs de Québec de la NHA (National Hockey Association). Il fut l’un des nombreux joueurs à quitter l’OPHL. Plusieurs autres prirent le chemin de l’ouest vers la PCHA (Pacific Coast Hockey Association), ou de l’est, vers la MPHL (Maritime Professional Hockey League). En bout de ligne, l’OPHL s’effondra.

Prodgers connut un lent début, mais le joueur de centre s’est finalement acclimaté à sa nouvelle équipe et Québec connut du succès. Menés par Joe Malone, les Bulldogs finirent en tête de la NHA, avant d’affronter les champions de la MPHL, les Victorias de Moncton. (Ceux-ci étaient essentiellement composés de la défunte équipe de Galt de l’OPHL, que Moncton avait presque entièrement dépouillé.) Québec remporta les deux matchs et par le fait même, la Coupe Stanley.

Toujours sous contrat, Prodgers semblait en voie de s’installer à Québec, puisqu’il y avait passé l’été à travailler chez un armurier et à jouer au baseball. Par contre, la rivalité entre les différentes ligues reprit de plus belle. Lorsque les Wanderers de Montréal firent signer un contrat Harry Hyland, le meilleur buteur de la PCHA et toujours sous contrat, la guerre éclata. La PCHA, qui l’avait d’ailleurs déjà fait, se mit à solliciter activement les joueurs de la NHA. Pour 2500$, Prodgers accepta donc de renier sa signature sur le contrat qu’il avait signé avec Québec. Il prit plutôt le chemin de Victoria, pour s’aligner avec les Aristocrats.

Après une saison frustrante sur la côte ouest, Prodgers décida de revenir à Québec en 1913-14. Mais encore une fois, ce fut de courte durée. Il demanda à être transféré aux Wanderers, où il passa la saison 1914-15.

La saison qui suivit, Prodgers demeura à Montréal, mais il changea à nouveau d’adresse lorsqu’il se retrouva avec les Canadiens.

Avec une fiche de 16-7-1, ils terminèrent en tête de la NHA et remportèrent leur première Coupe O’Brien. Ils jouèrent alors pour la Coupe Stanley, en affrontant les Rosebuds de Portland de la PCHA. Prodgers fut peu utilisé, mais il marqua à 8:15 de la troisième période le but gagnant du cinquième et décisif match. Les Canadiens remportèrent ainsi la première Coupe de leur histoire.

Du même coup, Prodgers devint le premier et le seul à ce jour à remporter la Coupe Stanley avec Québec et avec Montréal. (Joe Malone l’a remporté en 1912 et 1913 avec les Bulldogs. Il faisait aussi partie des Canadiens en 1923-24, mais comme il n’a pas joué durant les séries, son nom n’apparaît pas sur la Coupe.)

Prodgers changea alors à nouveau d’adresse. La guerre faisait rage et il s’enrôla. Il se retrouva ainsi à Toronto, avec le 228e bataillon. Il y fut le temps que dura l’aventure, se classant comme deuxième meilleur compteur de l’équipe, avant d’aller combattre en Europe.

À son retour de la guerre, ses droits furent assignés à Québec, mais il refusa de s’y rapporter. Il fut alors échangé à Montréal, qui le refila presque immédiatement aux St.Patricks de Toronto, avec qui il joua la saison 1919-20.

C’est finalement en 1920-21 qu’il se stabilisa un peu, lorsqu’il fut échangé aux faibles Tigers d'Hamilton, où il retrouva Joe Malone. Il y passa cinq saisons, où il alterna entre l’avant et la défense.

Lorsque le club prit le chemin de New York en 1925, pour devenir les Americans, Prodgers préféra prendre sa retraite.

Il retourna alors dans sa ville natale de London, pour devenir entraîneur du club de la nouvelle CPHL (Canadian Professional Hockey League). L’aventure dura deux ans. Il géra également l’aréna local.

Celui qu’on surnommait « Goldie » est décédé d’un arrêt cardiaque en 1935, à l’âge de 44 ans.


Sources :

Durand, Marc, La Coupe à Québec, Les Bulldogs et la naissance du hockey, Éditions Sylvain Harvey, 2012, p.80 à 103,

« Le Canadien est enfin champion du monde », 31 mars 1916, Le Canada, p.2, « George Prodgers Dead », CP, 26 octobre 1935, Montreal Gazette, p.18, hhof.com, londonsportshalloffame.com, wikipedia.org.

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