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mercredi 27 mars 2024

Les Six Guns d’Albuquerque



 
 

 

 
Ce texte a d'abord été publié comme texte inédit dans notre livre «Le meilleur de La vie est une puck» en 2022. Ce livre est désormais épuisé mais demeure toujours disponible en format digital (eBook).


 
Parmi les États constituant les ­États-Unis, un des derniers qui nous vient en tête pour le développement du hockey est probablement le ­Nouveau-Mexique (après ­peut-être ­Hawaii). Le hockey professionnel s’est tout de même développé assez tôt au 20e siècle dans les états plus au sud, avec par exemple des apparitions en ­Oklahoma dans les années 20, en ­Floride dans les années 30 et même au ­Texas dans les années 40. 
 
Mais concernant le ­Nouveau-Mexique, où on ne retrouve aujourd'hui que 2 millions d’habitants, ce n’est qu’en 1973 qu’on y verra apparaître une première équipe professionnelle lorsque furent créés les ­Six ­Guns d’Albuquerque. Il s’agit d’une équipe qui n’aura laissé que très peu d’héritage si ce n’est que ce magnifique logo stéréotypiquement adapté au public du sud ainsi qu’une autre histoire typique du hockey professionnel boboche et dysfonctionnel des années 70.

L’histoire commence en 1972 dans la métropole de l’état lorsque deux médecins du nom de ­Edward ­Johnson et ­Richard ­Ransom décident de former un consortium pour l’achat d’un système frigorifique au ­Tingley ­Coliseum d’Albuquerque. Un an plus tard, ce groupe a des idées de grandeur et veut y implanter immédiatement le hockey professionnel. Ils obtiennent alors un club d’expansion dans la ­Central ­Hockey ­League pour la saison ­1973-74, en plus de sécuriser une affiliation comme ­club-école d’une autre équipe d’expansion, les ­Scouts de Kansas City dans la ­LNH. 
 
Les nouveaux ­Six ­Guns d’Albuquerque voient donc le jour avec ce splendide logo et un chandail aux couleurs des futurs ­Scouts. Mais un problème majeur subsiste avec cette association car les ­Scouts ne doivent faire leurs débuts qu’en ­1974-75, soit une saison après, et n’ont donc pas encore de joueurs à fournir aux ­Six ­Guns. Ces derniers doivent donc recruter sur le tas et procéder à des emprunts de joueurs dans les profondeurs du système d’autres équipes de la ­LNH, principalement les ­Rangers et les ­Canucks. 
 
L’association avec ­Kansas ­City est d’ailleurs assez floue à l’exception de ses couleurs similaires. La majorité des médias et des locaux croient que les ­Scouts sont les propriétaires et qu’ils défraient les coûts d’opération des ­Six ­Guns, mais ce sont en fait les deux médecins qui assument véritablement l’ensemble des frais de la franchise.

Les ­Six ­Guns débutent leurs activités le 12 octobre 1973 contre les ­Knights d’Omaha et perdent ce premier match ­1-0 devant plus de 9000 spectateurs, meilleure foule de la ligue cette ­saison-là. Ce score sera assez prémonitoire et démonstratif du peu de talent offensif chez les ­Six Guns qui connaissent une première saison de misère avec une moyenne de seulement 2,6 buts marqués par match. Après ce premier match, les assistances diminuent drastiquement durant le reste de la saison pour tomber sous la barre des 3000 spectateurs par match. Ils terminent la saison avec une fiche globale de ­16-40-16, bon pour le dernier rang de cette ligue comprenant seulement six équipes.

 

 
Le meilleur joueur des ­Six ­Guns est le centre ­Ken ­Ireland, un choix des ­Rangers en 1972 qui n’obtint qu’un modique 19 buts et 33 passes en 65 matchs. Au cours de cette saison, ­l’administration connait plusieurs mésententes avec les ­Scouts sur les termes financiers de leur partenariat. Vers la fin de la campagne, cette association est définitivement rompue et le groupe tente en panique de former une affiliation avec une autre équipe. On tente une association comme ­club-école avec les ­Golden ­Seals ou les ­Roadrunners de ­Phoenix de l’AMH mais en vain. En plus des frais initiaux pour meubler le ­Tingley ­Coliseum d’une glace, le groupe encaisse des pertes de plus de 600 000 $ durant cette seule saison et doit déclarer faillite durant l’été 1974. L’équipe est donc dissoute et les joueurs se retrouvent dispersés à travers la ligue ou retournés aux équipes de la ­LNH possédant leurs droits.

Des joueurs qui ont porté le très éphémère chandail des ­Six ­Guns, un seul jouera ensuite dans la ­LNH, soit l’ailier ­Steve ­Langdon durant un séjour de sept matchs avec les ­Bruins. ­Quelques-uns aboutiront dans l’AMH dont le gardien ­Wayne ­Wood et une ­demi-douzaine de joueurs avaient joué quelques matchs dans la ­LNH dans les années 60 et au début des années 70 sans jamais y retourner. On retrouvait également deux québécois originaires de ­Shawinigan au prénom de ­René, soit le défenseur ­René ­Levasseur et l’attaquant ­René ­Villemure. Les deux étaient d’ailleurs des choix au repêchage de 1972 des deux équipes de la ­LNH de ­la région de ­New ­York alors que ­Levasseur appartenait aux ­Islanders et ­Villemure aux ­Rangers. Villemure jouera plus tard pour les fameux ­Jaros de la Beauce ainsi que les ­Nordiques du ­Maine dans la ­NAHL. Quant à ­Levasseur, il se retire du hockey après cette saison ­1973-74 à ­Albuquerque.





Lorsqu’ils font finalement leurs débuts dans la grande ligue en ­1974-75, les ­Scouts ont comme équipes affiliées des clubs plus établis, soient les ­Clippers de ­Baltimore dans la ­AHL et les ­Flags de ­Port ­Huron dans la ­IHL. Mais les ­Scouts ne font à peine mieux que les ­Six ­Guns alors qu’ils plient aussi bagage rapidement après seulement deux saisons, devenant les ­Rockies du ­Colorado en 1976 et plus tard les Devils du New Jersey.

Une équipe senior du nom des ­Chaparrals d’Albuquerque récupérera peu après l’équipement laissé derrière par les ­Six ­Guns. Ils joueront de 1975 à 1977 dans une ligue plus qu’obscure, la Southwest ­Hockey ­League, mais fermeront boutique en même temps que cette dernière. Albuquerque et le ­Nouveau-Mexique doivent ensuite attendre jusqu’en 1996 pour y revoir du hockey professionnel avec l’arrivée des ­Scorpions du ­Nouveau-Mexique dans la défunte ­Western ­Professionnal ­Hockey ­League (WPHL), une ligue basée principalement au ­Texas et en ­Louisiane qui fusionna avec une nouvelle version de la ­Central ­Hockey ­League en 2001. Les ­Scorpions continuent l’aventure au ­Tingley ­Coliseum jusqu’en 2006 lorsqu’ils déménagent dans la ville voisine de ­Rio ­Rancho. Ils cessent ensuite leurs opérations en 2009. On ne retrouve maintenant que du ­Junior A à ­Albuquerque et dans tout l’État du ­Nouveau ­Mexique.

C’est quand même mieux que ­Hawaii…
 
 


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