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jeudi 31 août 2023

Joueur oublié des 90's #81 - Vladimír Růžička

 




Né le 6 juin 1963 dans la ville tchèque de Most, Vladimír Růžička était un peu le prototype de Jaromir Jagr avant l'arrivée de ce dernier quelques années plus tard. Sa grande portée (6'-3") et son maniement de la rondelle en firent un des meilleurs jeunes joueurs tchèques des années 80. Il se distingua d'abord sur la scène junior internationale, remportant d'abord une médaille d'or aux mondiaux des moins de 18 ans en 1979 et ensuite trois médailles d'argent consécutives aux U20, dont les tournois de 1981 et 1983 où il termina au premier rang des pointeurs. 

Suite à ces bonnes performances, les Maple Leafs prirent le pari de le sélectionner en 4e ronde (73e au total) du repêchage de 1982. Cependant, malgré une signature de contrat, il était peu probable de voir Ruzicka de sitôt dans l'uniforme les Leafs, le seul moyen pour un si jeune joueur tchèque de jouer dans la LNH étant à ce moment de faire défection.

Désormais professionnel, le jeune centre évolua d'abord au sein du Litvinov HC de la première division tchécoslovaque, ligue qu'il domina durant le reste de la décennie, terminant 5 fois en 6 ans au premier rang des buts marqués entre 1983-84 et 1988-89. Sa meilleure saison fut celle de 1985-86 où il termina avec 41 buts et 32 passes pour 73 points en 43 matchs. Il continua également de se distinguer au niveau international avec une médaille d'argent aux Olympiques de 1984, en plus d'une médaille d'or aux championnats du monde de 1985.

Après la saison 1988-89 où il termina de nouveau en tête des pointeurs, Glen Sather des Oilers voyait Ruzicka dans sa soupe et voulait faire son acquisition. Il se rendit à Prague durant l'été 89 pour négocier avec lui et les autorités tchécoslovaques qui refusèrent toutefois tout transfert de sa part. Ils se ravisèrent toutefois en décembre en lui donnant la permission de quitter le pays. Les Oilers, qui avaient précédemment obtenu ses droits des Maple Leafs en retour d'un choix de 4e ronde (Greg Walters) mirent alors Ruzicka sous contrat pour 4 saisons. Après quelques semaines de négociations supplémentaires et compliquées avec les dirigeants tchécoslovaques, Ruzicka put finalement mettre le pied à Edmonton le 10 janvier 1990.

Lors de son premier match contre les Jets, Ruzicka n’amassa aucun point mais fit toutefois les manchettes pour avoir écopé d'une pénalité inusitée. À la fin de la 2e période, il sauta du banc pour aller féliciter son gardien Bill Ranford. Les Jets protestèrent alors à l'arbitre qu'il n'avait pas le droit, alors que contrairement aux circuits européens, les joueurs au banc doivent retraiter au vestiaire. Ce ne fut toutefois pas une pénalité coûteuse alors que les Oilers gagnèrent le match 6-3 et il fit bien rigoler ses coéquipiers.

Il connut quelques jours plus tard son premier bon match avec une récolte de 2 buts et 1 passe. Jumelé par moments à Jari Kurri et Esa Tikkanen (l'ancien poste occupé par Wayne Gretzky), Ruzicka fit quelques flammèches à Edmonton, terminant cette première demi-saison dans la LNH avec 11 buts et 6 passes en 25 matchs. Cependant, le gros problème de Ruzicka qui fut remarqué par les entraîneurs des Oilers était son jeu défensif qu'on qualifia comme ultra-nul, même paresseux. Le considérant nuisible à cet égard, Ruzicka ne participa à aucun match en séries lors du parcours des Oilers jusqu'à la coupe de 1990. Comme il n'avait aussi joué que 25 matchs durant la saison, son nom n'apparaît pas sur la coupe mais il obtint tout de même une bague.

N'ayant désormais plus d'utilité pour lui et en surplus de joueurs de centre, les Oilers se débarrassèrent rapidement de Ruzicka au début de la saison suivante, l'envoyant aux Bruins en retour du défenseur Greg Hawgood (note à moi-même, un autre bon candidat pour cette série). 

Il débuta donc la saison 1990-91 à Boston et devint un favori de la foule à ses débuts par ses envolées électrisantes. Cependant, une blessure à la cheville mit fin à sa saison, mais parvint à revenir durant les séries, où il put participer cette fois, récoltant un bon 2 buts et 11 passes en 17 matchs.



La saison 1991-92 fut ensuite très bénéfique pour Ruzicka. Puisque Cam Neely ne put jouer que seulement 8 matchs durant cette saison, c'est Ruzicka qui hérita de sa place sur le premier trio avec Craig Janney et ensuite son remplaçant Adam Oates. Faisant fi de ses lacunes défensives, les Bruins purent obtenir une splendide saison du joueur tchèque qui récolta 39 buts et 36 passes pour 75 points, soit le premier rang chez les attaquants des Bruins, derrière Raymond Bourque à 81 points. Il fut toutefois décevant en séries avec seulement 2 buts et 3 passes en 13 matchs.

Des blessures vinrent lui nuire à nouveau en 1992-93 où il ne put jouer que 60 matchs et perdit sa place sur le premier trio au profit de Joé Juneau et Dmitri Kvartalnov. Son manque d'ardeur à l'entraînement et en défensive lui firent perdre aussi la grâce de son nouvel entraîneur, Brian Sutter. Il termina donc cette deuxième saison complète avec 41 points dont 19 buts.



Son contrat échu et libéré par les Bruins après trois saisons, Ruzicka signa comme agent libre avec les Sénateurs d'Ottawa pour une somme considérable de 425,000$ pour la saison 1993-94. Il retrouva à Ottawa son ancien entraîneur Rick Bowness, celui qui lui avait donné sa grosse chance à Boston lors de sa bonne saison de 1991-92. Toutefois, son jeu défensif atroce étant désormais mis au grand jour au sein d'un faible club, Ruzicka était misérable à Ottawa, où il n'avait plus un aussi bon apport offensif de ses coéquipiers pour finir ses jeux. Après avoir été laissé de côté quelques matchs et n'ayant que 5 buts et 13 passes au compteur en 42 matchs, la carrière de Ruzicka dans la LNH prit abruptement fin le 9 février 1993 lors d'un entraînement. 

Lui reprochant son manque d'effort lors de la pratique, Bowness fracassa son bâton et apostropha violemment Ruzicka en lui criant de quitter les lieux. Les Sénateurs le placèrent quelques jours plus tard au ballottage mais aucune équipe ne se manifesta, lui laissant le champ libre pour aller jouer en Suisse. Il termina donc la saison 1993-94 entre le club EV Zug en Suisse (qui compensa en partie les Sénateurs) et finalement suivi d'un retour chez soi avec le club de Prague. Il retrouva ses repères dans sa patrie, devenant capitaine de son club et terminant meilleur pointeur en 1995-96. 

Vint ensuite les Jeux Olympiques de 1998 à Nagano. Comme il s'agissait de la première participation de la LNH aux Jeux, on croyait tous que la finale allait mettre en vedette le Canada et les États-Unis, soit une reprise de la coupe du monde de 1996 remportée par les américains. Cependant, c'est la nouvelle République Tchèque, constitué seulement à moitié de joueurs de la LNH, qui causa la surprise et remporta l'or avec comme capitaine, un Vladimir Ruzicka désormais âgé de 34 ans. 

Malgré la présence de Jaromir Jagr et surtout Dominik Hasek, on ne donnait pas grande chance aux Tchèques face aux Canadiens, Américains ou même les Russes avec comme attaquants des joueurs tels que Pavel Patera, Robert Lang ou Martin Rucinsky.



 

Lors des quarts-de-finale, alors que les américains dominaient le jeu et menaient 1-0 après une période, Ruzicka a fait ce qu'on attend de tout grand capitaine qui se respecte, soit de prononcer un speech inspirant. Dans le documentaire «The Nagano tapes» racontant ce parcours des Tchèques, Roman Hamrlik n'a pas osé révéler ce que contenait ce fameux speech désormais légendaire dans le folklore du hockey tchèque, déclarant seulement «you don't wanna know» à l'interviewer. 

Mais en plus de faire son speech, Ruzicka mit la main à la pâte, profitant d'un retour de lancer de Jagr pour créer l'égalité. Son équipe transformée l'emporta finalement 4-1 et ne traîna plus jamais de l'arrière durant le restant du tournoi.

Suite à ce tournoi féerique pour les Tchèques, Ruzicka joua encore deux saisons comme capitaine du HC Prague, prenant sa retraite après la saison 99-2000. Il fit ensuite directement le saut derrière le banc, en plus d'éventuellement occuper aussi le poste de DG, et ce jusqu'en 2014. Il mena son club à trois titres de la ligue tchèque, en plus d'entraîner l'équipe nationale à plusieurs reprises, dont une médaille d'or aux championnats du monde de 2005 et de 2010. Il fut également en poste lors des Olympiques de 2010. Il fut depuis entraîneur de différents clubs mais il semble avoir perdu sa touche gagnante. Il est présentement entraîneur-chef du HC Slovan en 3e division. Il fut également accusé de fraude en 2020 pour avoir apparemment reçu un pot-de-vin du père d'un joueur qui voulait s'assurer que son fils joue avec son club. Ruzicka se déclara innocent, il aurait apparemment cru qu'il s'agissait d'une commandite et non pas d'un pot-de-vin...


La fiche en carrière de Vladimir Ruzicka dans la LNH fut de 82 buts et 87 passes pour 129 points en 233 matchs.
Sa fiche dans les ligues tchèques fut de 403 buts et 405 passes pour 808 points en 648 matchs.

Son numéro 97 fut retiré par le HC Prague et il fait partie du temple de la renommée du hockey Tchèque.


Sources:
Les Oilers d’Edmonton devront faire plus vite
, La Tribune, 6 dec. 1989
Bowness expulse Ruzicka, Le Droit, 10 février 1994
Vladimir Ruzicka soumis au ballotage, La Tribune, 16 février 1994
Vlad can laugh at first lesson, Edmonton Journal, 15 janvier 1990
Hockey draft central

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