Né le 3 février 1966 à Saskatoon, le défenseur Duncan MacPherson impressionna dans la WHL au sein des Blades de sa ville natale et fut par la suite repêché 20e au total par les Islanders de New York en 1984, soit quelques rangs après Mario Lemieux, Kirk Muller et Ed Olczyk et devant des noms comme Patrick Roy, Brett Hull et Tom Glavine. Il continua à évoluer au sein des Blades durant les deux saisons suivantes en compagnie entre autres de Wendel Clark et de son partenaire à la défense, Trent Yawney. Sa dernière saison à Saskatoon fut sa meilleure au niveau offensif alors qu’il récolta 10 buts et 64 points en 70 matchs. Il n’était pas une grande star offensive mais plutôt un solide défenseur, un “stay-at-home defenseman” qui n’avait pas peur de défendre ses coéquipiers et de se sacrifier pour bloquer des tirs.
Il était également un favori de la foule. Une légende à son sujet raconte que lorsque leur plus grands rivaux, les Pats de Regina, tentèrent de faire jouer un joueur de Football dans leur équipe pour intimider les Blades, MacPherson rassura ses coéquipiers de ne pas s’en faire et il s’occupa du footballeur en le plaquant solidement dès le début du match. Ce fut le seul match de la carrière de ce footballeur.
Suite à son stage junior, il s’aligna ensuite avec le club-école des Islanders, les Indians de Springfield dans la AHL. Lors de sa première saison en 1986-87, il se blessa à la jambe et ne joua en tout que 26 matchs où il n’amassa qu’un seul but et aucune passe. Sa deuxième saison fut meilleure alors qu’il récolta 5 buts et 19 points en plus de 213 minutes de pénalités en 74 matchs. Cependant, il n’était pas assez rapide pour la LNH et les Islanders abandonnèrent dans son cas. Lors de sa troisième saison professionnelle, il fut relégué avec le 2e club-école de l’équipe, le Ice d’Indianapolis dans la IHL suite à quoi les Islanders rachetèrent son contrat après la saison 1988-89. Il ne joua finalement aucun match en saison régulière avec eux.
Voyant sa carrière professionnelle en Amérique terminée, MacPherson décida de tenter un nouveau défi en acceptant une proposition comme joueur-entraîneur avec les Tigers de Dundee en Écosse. Cette proposition venait d’un entrepreneur canadien du nom de Ron Dixon qui attendait MacPherson à Dundee le 12 août 1989 pour finaliser les détails de l’emploi. MacPherson s’envola donc seul pour l’Europe durant l’été 1989 et désirait tout d’abord voyager et aller rendre visite à d’anciens coéquipiers et amis avant d’aller rencontrer Dixon et débuter cette nouvelle aventure.
Le 12 août 1989 arriva et Dixon n’eut aucune visite de MacPherson.
Ses parents n’eurent aucune nouvelle de leur fils également. Après quelques jours d’inquiétude, sa mère contacta George Pesut, un ancien coéquipier de MacPherson qui l’avait hébergé chez lui en Allemagne avant son départ prévu pour l’Écosse. Pesut lui raconta qu’il l’avait vu pour la dernière fois le 7 août, alors qu’il devait se rendre au camp d’entraînement de son équipe allemande. Pesut prêta sa voiture à MacPherson pour lui permettre de se rendre en Autriche et continuer de visiter l’Europe. À la fin de son séjour, il devait ramener la voiture chez Pesut et ensuite prendre un avion pour l'Écosse. Lorsque Pesut revint chez lui après son camp, il ne vit pas sa voiture et trouva le sac de hockey de MacPherson toujours dans son appartement.
Après quelques contacts plutôt non concluants avec la police autrichienne qui n’avait pas l’air de prendre l’affaire au sérieux, les MacPherson mirent le cap sur l’Europe pour effectuer leurs propres recherches. Ils réussirent à retracer la voiture de Pesut le 19 septembre 1989. La voiture était immobile depuis 42 jours dans le stationnement d’une piste de ski autrichienne du nom de Stubai Glacier près de la ville d’Innsbruck. Son passeport et ses bagages se trouvaient toujours dans la voiture. Les MacPherson continuèrent ensuite leur enquête auprès de la station. Un instructeur de ski reconnut la photo de Duncan et expliqua aux parents qu’il avait donné une leçon de snowboard à Duncan qui lui avait dit qu’il avait en tête de pratiquer davantage et d’ensuite partir faire du hiking dans les sentiers avoisinants le glacier. Il se rappela également que les conditions n'étaient pas fameuses lors de cette journée et qu'il y avait peu de skieurs sur les pentes.
La station de ski Stubai Glacier |
Selon la station, le snowboard et les bottes loués par Duncan furent retournés le jour même, ce qui signifiait probablement que Duncan serait donc parti faire du hiking tel que prévu. Avec cette dernière piste, les parents de Duncan passèrent donc les mois suivants à explorer éperdument les environs jusqu’à dilapider presque toutes leurs économies et de se rendre à l’évidence et retourner au Canada.
Ils retentèrent d’autres recherches lors des années suivantes mais en vain. Une lueur d’espoir apparut en 1994 lorsqu’ils reçurent un appel d’Ottawa leur énonçant un rapport de police datant de 1989 où un homme amnésique serait sorti de la forêt et aurait apparu dans la ville autrichienne de Villach, quelques semaines après la dernière apparition de MacPherson. Cet homme correspondait vaguement à la description de Duncan et avait refait sa vie en Autriche et adopté le nom de Mark Schoffman. Il avait un accent et des vêtements nord-américains en plus de plusieurs cicatrices aux genoux, ce qui était similaire à Duncan, lui qui avait subi plusieurs blessures aux genoux durant sa carrière. 5 ans plus tard, les autorités Autrichiennes tentaient toujours d’élucider le mystère de cet étrange homme amnésique nord-américain et tombèrent sur le cas de MacPherson. Ils se rendirent compte que Schoffman savait également patiner.
Les MacPherson ne voulaient pas se rendre une fois de plus en Europe sans un meilleur espoir. Ils contactèrent un autre ancien coéquipier de Duncan du nom d’Emmanuel Viveiros, également exilé en Europe et qui évoluait justement dans la ville de Villach. Ils lui demandèrent d’aller rencontrer Schoffman et déterminer s’il s’agissait en fait de Duncan. Viveiros acquiesça et se rendit sur place mais revint bredouille. L’homme avait la même grandeur et stature que MacPherson mais il ne s’agissait définitivement pas de lui. Les années continuèrent donc de passer et le mystère MacPherson continua de perdurer.
Une autre théorie de la mère de Duncan durant ces années de disparition était que Duncan aurait peut-être été embauché par la CIA. Duncan lui avait auparavant déclaré qu’il aurait été contacté par la CIA afin de devenir un espion alors qu’il avait le profil et la carrure de l’emploi. Il lui aurait dit que si c’était le cas, qu’il pourrait devoir disparaître et ne plus avoir contact avec eux. Mais ceci n’était qu’une vague conversation et Duncan semblait plus intéressé par sa carrière en Écosse avec les Tigers de Dundee.
Elle eut également une autre source de questionnement en 2002 lorsque fut publiée une enquête sur Ron Dixon, l’entrepreneur canadien qui aurait engagé MacPherson en 1989. Dixon avait un historique de magouilles et de connections douteuses. Les Tigers de Dundee n’était en fait qu’un mirage financier et peut-être une façon pour Dixon de blanchir de l'argent. Peut-être que Dixon était mêlé à la disparition de MacPherson? Ce dernier aurait émis quelques doutes sur les intentions de Dixon auprès de ses parents et aussi auprès de Pesut. Dixon était cependant mort en 2001 dans un accident de voiture au Mexique.
Un an plus tard, soit en juillet 2003, une vague de chaleur inhabituelle fit fondre la neige dans les Alpes Autrichiennes et fit apparaître le corps pétrifié de Duncan MacPherson qui fut découvert par un autre skieur. Il portait toujours le même manteau que celui indiqué lors de sa disparition ainsi que ses papiers d’identification. Il était au beau milieu d’une pente de ski, sous les remonte-pentes.
À ses côtés se trouvait également le snowboard loué à la station de ski.
Il ne fut pas le seul disparu retrouvé cet été-là. On retrouva également le corps d’un jeune homme de 18 ans disparu depuis 1949 ainsi qu’un skieur manquant à l’appel depuis 1971. Quelques années auparavant on retrouva aussi non loin de là deux escaladeurs toujours attachés ensemble. Ceci fait malheureusement partie des routines annuelles des pistes de skis dans les Alpes qui ont tendance à étouffer les rapports de morts et de disparition sur leurs pentes alors que ce n’est pas bien pour le tourisme et les affaires. Malgré tout, les MacPherson se rendirent sur place afin d’identifier le corps et fermer le dossier avec les autorités locales. La mère de Duncan décida de laisser les spécialistes faire le rapport d’autopsie et décida ensuite de faire incinérer leur fils. On imagine donc qu’à ce moment les parents de Duncan purent enfin tourner la page et faire la paix avec ce qui lui était arrivé mais encore là, des doutes et d’autres mystères vinrent s’ajouter à cette saga.
L'endroit où fut découvert le corps de MacPherson |
Les MacPherson découvrirent plus tard qu’aucune autopsie ne fut effectuée et plus les années passèrent, plus ils découvrirent des incongruités dans les rapports d’enquête. Durant les années 2000, la CBC s’intéressa plusieurs fois à cette histoire et retournèrent enquêter à plusieurs reprises auprès des gens concernés. Selon les différentes sources et selon les années, les informations et les faits ne concordaient pas toujours. Par exemple, l’endroit où fut découvert MacPherson n’était pas toujours le même. Les faits racontés par l’instructeur de ski changent également sur la nature de MacPherson qui fut décrit tantôt comme un skieur débutant et prudent et tantôt comme téméraire et casse-cou. La station de ski n’a aussi jamais vraiment adressé le fait qu’elle a menti à propos du snowboard loué par MacPherson et son supposé retour à la boutique de location. Les autorités locales, le coroner, ainsi que le médecin légiste ont maintes fois refusé de rouvrir le dossier et considérait l’affaire comme conclue. Leur version des faits était que MacPherson s’était aventuré hors des sentiers sécuritaires et serait tombé dans une crevasse, aurait subi des blessures fatales et serait mort de ces blessures et/ou gelé par la neige et le froid. Il était donc le seul responsable de sa mort.
Les MacPherson furent plus tard approchés par l’écrivain John Leake, un expert des mystères et des meurtres dans la région des Alpes qui a beaucoup écrit sur le sujet. Pour lui ce n’était pas surprenant de retrouver autant de discrétion de la part des autrichiens. Selon lui il existe une culture du silence sur ces accidents de montagne et MacPherson en aurait subi les conséquences. Une nouvelle piste fut découverte lorsque Leake demanda aux MacPherson de pouvoir examiner le snowboard endommagé de Duncan qu’ils avaient ramené au Canada avec eux. Leake fit examiner la planche par un expert en la matière qui en déduit que le snowboard avait été endommagé à plusieurs endroits et de manière presque machinale, ce qu’une chute dans une crevasse n’aurait pas pu causer. La théorie de la crevasse fut également remise en doute. L’endroit où fut finalement trouvé MacPherson était très près de la station, sur une piste régulière et non pas dans un endroit inapproprié comme il fut dit auparavant. On réexamina également les rayons X pris sur le cadavre de MacPherson et on y découvrit des contusions répétées aux genoux et aux tibias.
Tous ces nouveaux indices vinrent changer les hypothèses de Leake et des MacPherson. Leur théorie la plus récente serait que Duncan se serait blessé sur la piste, aurait attendu des secours mais n’aurait pas été secouru (il faisait un temps ombrageux et embrumé ce jour-là). Une surfaceuse aurait ensuite passé sur son corps (possiblement pendant qu’il était encore vivant) et aurait tailladé ses jambes et le snowboard. Le conducteur, ne voulant pas être blâmé, aurait ensuite transporté le corps de MacPherson dans une crevasse.
Tout ceci n’est effectivement qu’une hypothèse mais il s’agit du scénario le plus probable pour les MacPherson qui n’auront probablement et malheureusement jamais réponse à leurs nombreuses questions. Pour ma part, il est évident que je n’irai jamais skier à la station Stubai Glacier à Stubaital en Autriche.
Duncan Alvin MacPherson 1966-1989 |
Sources:
ESPN
Hockey Blog in Canada
Esquire
Cold a long time
CBC
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