Pour les plus férus de l'histoire étrange du hockey, on retiendra le nom de Jake Milford comme étant celui qui fut échangé des Indians de Springfield d'Eddie Shore aux Bisons de Buffalo en retour de deux buts usagés. Cet exemple est souvent utilisé afin de montrer à quel point Eddie Shore était un dirigeant impitoyable lorsqu'il fut à la tête des Indians de Springfield où il agissait à titre de joueur/entraîneur/propriétaire/gérant/vendeux de tickets... L'histoire par contre ne nous donne pas une bonne idée de qui était Jake Milford, un membre du Temple de la renommée...
Jake Milford est né en 1914 à Charlottetown. Il connut une carrière de hockeyeur dans les ligues mineures sans trop de feu d'artifice, évoluant notamment quelques saisons avec les fameux Barons de Cleveland de la AHL, équipe connue comme ayant été la plus glorieuse équipe de ce circuit à l'époque des 6 équipes. Il a également joué en Angleterre à l'apogée du hockey britannique, à la fin des années 30, avec les Monarch de Wembley. Il faut dire que malgré le succès du hockey dans la Grende-Bretagne de l'avant-guerre, remportant la médaille d'or Olympique en 1936, la plupart des joueurs étaient d'origine canadienne... Afin de jouer en Angleterre, Milford avait notamment refusé une offre des Red Wings et des Rangers... Gageons qu'il a peut-être regretté le tout plus tard...
Jake Milford interrompit sa carrière de joueur durant la Seconde Guerre mondiale pour se joindre à l'escadron des lions de la RCAF. Après la Guerre, il revint au hockey, évoluant notamment afin de se mettre un peu d'argent de côté afin de se partir en business. En 1948, alors qu'il évoluait avec les Texans de Dallas de la USHL, une ligue mineure du sud des USA, Milford prit le chemin de la direction, alternant les emplois d'entraîneur et de directeur général dans les ligues mineures, notamment avec les Texans de Dallas et les Wheat Kings de Brandon. C'est lui qui construisit l'équipe des Wheat Kings qui remporta trois championnats de suite, quatre en cinq ans, au début des années 60.
Milford passa près d'une quinzaine d'année dans l'organisation des Rangers avant, en 1973 de devenir le deuxième directeur-général de l'histoire des Kings. Il travailla fort à construire une équipe gagnante à Los Angeles, passant d'une équipe qui luttait pour faire les séries éliminatoires à une équipe qui était parmi l'élite de la NHL, récoltant 105 points en 1974-75, une marque qui tient toujours. C'est également sous Milford que l'un des joueurs les plus emblématiques de l'histoire des Kings, Marcel Dionne, fut acquis en retour de Terry Harper, Dan Maloney et d'un choix de 2e ronde de 1978. Avec cette acquisition, Milford fit des Kings une puissance de la NHL avec dans son alignement une super-vedette dans une ville qui aime les stars... On reprochait souvent à l'équipe de ne pas avoir de stars auparavant, les américains ayant originellement beaucoup de difficulté à considérer un gardien comme Rogatien Vachon comme une vedette pouvant vendre le hockey...
Malheureusement pour Jake Milford, sa relation avec le propriétaire de l'équipe Jake Kent Cooke. Miflord n'aimait pas le fait que le propriétaire s'ingérait dans sa manière de gérer l'équipe. Il quitta alors l'équipe pour prendre la barre des Canucks de Vancouver en 1977. Les Canucks en étaient à l'époque à leur 8e saison et n'allaient nulle part, c'était une équipe de fond de cave sans trop de direction. En seulement quelques années, Milford fit de cette équipe qui passa de la risée de la NHL à des finalistes de la Coupe Stanley en 1982. À cette époque, Milford agissait au titre de vice-président senior des Canucks.
En 1984, on reconnut en Jack Milford les talents de bâtisseur, lui qui fit de deux équipes d'expansion des équipes compétitives de la NHL, en l'intronisant au Temple de la renommée. Il est donc jusqu'à l'intronisation de Pavel Bure en décembre, le seul membre des Canucks au Temple de la renommée reconnut pour son travail avec les Canucks, contrairement aux Messier, Larionov et Neely qui ont porté les couleurs des Canucks sans être reconnu comme étant membre du Temple pour leur passage avec les Canucks...
Quelques semaine après avoir été intronisé au Temple de la renommée, à la veille de Noël 1984, Milford décéda subitement...
Les Canucks portèrent une patch avec les initiales de Milford, "JCM", sur leur chandail pour le reste de la saison 1984-85. L'équipe tient également un tournoi de golf annuel qui porte le nom de leur célèbre directeur général depuis près de 30 ans.