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mardi 27 janvier 2009

Antonio "Tony" Demers

Ça fait un petit bout que j'essaie de me rappeler du nom de ce joueur et j'ai fait des pieds et des mains pour m'en rappeler et bang! Antonio "Tony" Demers! Vous en voulez une histoire "Badass", et bien en voici une...

Antonio Demers est né en 1917 à Chambly. Il débuta sa carrière professionnelle à l'aile droite pour les Eagles de New Haven à la saison 1937-38 avant de signer en octobre 1937 avec le Canadiens avec qui il ne jouera que 6 matchs cette saison-là. Il passa la saison suivante avec les Rapides de Lachine dans la Quebec Provincial Hockey League. Il alternera ensuite la saison 1939-40 entre le Canadiens avec qui il ne jouera que 14 matchs et les Braves de Valleyfield de la QPHL. 

C'est la saison suivante que Demers connut la meilleure saison de sa carrière en 1940-41 avec une production de 13 buts et 10 passes en 46 matchs. Ce fut une des rares saisons que Demers passa avec une seule équipe, il n'allait d'ailleurs manquer que 2 matchs cette saison. Il ne jouera que 7 matchs avec le Canadiens en 1941-42, je crois que c'est en raison de blessures. L'année suivante, il revint à l'automne avec le Canadien où il allait faire équipe avec deux légendes du CH, Elmer Lach et le jeune Maurice Richard. Malheureusement pour les trois, leur malchance au cours de cette saison et de la saison précédente qui leur firent manquer beaucoup de matchs attira le surnom d'Ambulance line. Lach ne joua qu'un seul match à la saison 1941-41 et rappelons que le Rocket ne joua que 16 matchs à sa première saison. Demers n'en joua que 9 et empocha 7 points aux cotés du Rocket et de Lach.

Je crois que le Rocket avait beaucoup d'estime pour ce coéquipier. Le 7 septembre 1997, lors de sa chronique dans La Presse, Maurice Richard écrivit ceci à l'occasion du décès de Demers : " J'aimerais offrir mes sympathies à la famille de Tony Demers, décédé il y a quelques jours. J'ai eu l'occasion de jouer quelques matchs avec lui au début des années 1940. À mon avis, il possédait l'un des plus durs lancers du poignet que j'aie connu. C'était avant le lancer frappé." Quelques années auparavant, toujours à l'occasion de sa chronique dans La Presse, cette fois le 6 octobre 1991, Richard fit part de la surprise de voir Demers lors de la cérémonie d'ouverture de la saison 1991-92, la 75e de la NHL. Et il y avait de vraies surprises pour moi comme Tony Demers avec lequel j'avais joué pendant une dizaine de parties à ma première saison dans la ligue Nationale. Je n'avais pas revu Tony depuis une quinzaine d'années. Il me semble que Richard avait un certain respect pour Demers, ce qui veut dire qu'il a fait abstraction des événements qui suivirent le passage de Demers avec le CH.

Parce que c'est après que la vie de Demers prit une méchante drop. À la saison 1943-44, Demers fut échangé aux Rangers contre le futur coach de cette même équipe, Phil Watson. Il ne jouera qu'une seule partie sur Broadway, jouant la majeure partie de la saison avec les légendaires Reds de Providence de l'AHL. La même saison, le Canadiens remporta sa première Coupe Stanley en 13 saisons, Demers aura passé 5 saisons avec l'équipe avant de quitter à l'aube de la victoire. La saison suivante, Demers retourna dans la QPHL avec le Rapides de Lachine.

C'est d'ailleurs en 1945 que Demers connut ses premiers ennuis avec la justice. Il fut accusé de vol et assaut envers un hôtelier de la région de Chambly nommé Paul Massé. Le vol était d'environ 300$. Il s'en sorti quand même assez bien pour cet acte en ne recevant qu'une amende à payer. Cet événement peut nous faire penser que si au dire de beaucoup de joueurs des années 40 et 50 ce n'était pas très payant de jouer dans la NHL, j'imagine que jouer dans une ligue professionnelle mineure du Québec ne devait pas être tellement plus payant.

Il évolua par la suite quelques saisons avec diverses équipes de Sherbrooke avant d'aboutir avec le Saint-François de la même ville dans la Quebec Senior Hockey League en 1948-49 où il termina la saison avec un total impressionnant de 53 buts et 58 passes. À noter que le Saint-François est le nom de l'équipe de Sherbrooke qui évolue présentement avec la Ligue Nord-Américaine de hockey. À la fin de la saison 1948-49, Demers se fit prendre à gager une bonne somme d'argent. Il réussit à convaincre la ligue qu'il croyait qu'il avait gagé sur un match hors concours mais en vain. Il reçut une suspension de dix matchs pour la saison suivante. Il n'aura par contre pas l'occasion de subir cette suspension...

Le 16 septembre 1949, Tony Demers fut placé en garde à vue en tant que témoin de la mort d'une femme nommée Anita Robert, dame avec qui il avait eu une relation. À ce que j'ai lu, Demers et mme Robert connurent une bonne soirée arrosée jusqu'à ce que survint une chicane entre les deux qui en vint aux coups. La police fut avertie par les responsables de l'hôpital qu'une patiente semblait avoir reçu des coups. Demers affirma qu'elle avait reçu ces coups en sautant de sa voiture alors qu'elle était en marche. Anita Robert mourut le lendemain. Suite à l’enquête du coroner, Demers fut cité à procès quelques jours plus tard. Il reçut un verdict de culpabilité d'homicide involontaire par jury le 12 novembre 1949. Le jury donna à Demers une peine moins sévère que prévue que ce qu'il aurait dû prendre pour homicide, il reçut une sentence de 15 ans de prison...

Les Saints-François de Sherbrooke gagnèrent le championnat de leur ligue à la saison suivante, en 1949-50, sans Tony Demers... Tout comme les Canadiens 6 ans plus tôt...

Antonio "Tony" Demers mourût en 1997...

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour et félicitations pour cette excellente chronique sur Demers.

Tony Demers est né dans la ville où j’habite (Chambly), pas loin d’où j’ai passé ma jeunesse (Marieville). Mon père se rappelle l’avoir vu jouer à Marieville quand il était adolescent. Cela m’a intéressé et j’ai moi aussi, il y a quelque temps, fait quelques recherches sur Demers. Voici donc quelques commentaires, corrections et informations supplémentaires.

>> Il débuta sa carrière professionnelle à l'aile droite pour les Eagles de New Haven à la saison 1937-38

En fait, avant cela, il a joué une saison dans la Ligue Nationale anglaise. Celle-ci avait, au début de la saison 1936-37, deux équipes à Paris : les Français Volants et le Rapide de Paris. Au bout de quelques semaines, le franc français s’est écroulé, et les équipes n’avaient plus les moyens de se maintenir en championnat anglais. Les Français Volants ont déménagé à Southampton, devenant les Vikings (pour pouvoir utiliser les mêmes chandails, qui avaient déjà un « V »), et le Rapide a déménagé à Manchester, devenant les « Rapids ». J’ai quelques photos de Demers dans l’uniforme des Français Volants.

Je pense que la Ligue Nationale anglaise était « officiellement » amateur, mais il est clair que les joueurs étaient payés.

>> L'année suivante, il revint à l'automne avec le Canadien où il allait faire équipe avec deux légendes du CH, Elmer Lach et le jeune Maurice Richard.

Le premier point en carrière de Maurice Richard fut une passe sur un but de Demers. Richard avait d’ailleurs dû retourner à l’aile gauche (où il avait commencé sa carrière), car la place d’ailier droit était occupée par Demers. Toutefois, Demers, appelé pour « instruction militaire » en octobre 1942, choisit de s’enrôler, et quitta l’équipe le 28 novembre. Terry Reardon fit la même chose trois semaines plus tard (le 17 décembre) et les deux jouèrent pour l’équipe de l’Armée basée à Montréal (Ligue de hockey senior du Québec).

>> À la saison 1943-44, Demers fut échangé aux Rangers contre le futur coach de cette même équipe, Phil Watson.

L’échange fut beaucoup plus compliqué que cela. Lors de la saison 1943-44, Watson ne pouvait pas obtenir le droit de voyager aux États-Unis. Les Rangers cédèrent ses droits au Canadien pour la saison en cours (seulement), en échange de Charlie Sands et Fern Gauthier, mais Watson n’avait le droit que de jouer les matches au Canada (à Montréal et Toronto). Plus tard, Watson reçut finalement ses papiers, et le Canadien céda Dutch Hiller et John Mahaffy pour avoir le droit d’utiliser Watson lors des matches aux États-Unis, mais pas contre les Rangers. Finalement, en décembre, les Rangers acceptèrent que Watson puisse jouer contre eux, à New York, en échange des droits sur Demers, quand celui-ci serait libéré de ses obligations militaires.

La saison suivante, Demers fut disponible et se rapporta à Providence en cours de saison. L’idée était de le ramener à la forme et de le faire graduer avec les Rangers la saison suivante. Toutefois, après un départ très lent, Demers se mit à connaître des matches de deux ou trois buts, et les Rangers le rappelèrent plus tôt que prévu. Il joua un match (à Chicago) et à son retour, il prit un taxi et rentra à Montréal (une course de 80$ à l’époque!). Les raisons exactes de sa désertion sont nébuleuses. Il a déclaré à Jean-Paul Sarault quelque chose comme « Je ne pouvais pas le supporter » (je cite de mémoire).

>> Cet évènement peut nous faire penser que si au dire de beaucoup de joueurs des années 40 et 50 ce n'était pas très payant de jouer dans la NHL, j'imagine que jouer dans une ligue professionnelle mineure du Québec ne devait pas être tellement payant.

En fait, je pense que c’était assez comparable, mais en 1945, Demers ne trouva un poste permanent qu’au début de la saison 1945-46, à St-Hyacinthe.

>> Il évolua par la suite quelques saisons avec diverses équipes de Sherbrooke avant d'aboutir avec le Saint-François de la même ville

Non. À ma connaissance, il a joué trois saisons avec la même équipe, le Saint-François, avant que sa carrière ne se termine abruptement.

>> À la fin de la saison 1948-49, Demers se fit prendre à gager une bonne somme d'argent.

Pas tout à fait. Il se fit prendre à jouer (ou plutôt essayer de jouer) un match sous un faux nom (B. Taylor) pour une équipe intermédiaire « B » de Dorion, mais l’arbitre l’a tout de suite reconnu. On peut toutefois supposer qu’il y avait de nombreux paris sur le match.

>> Il réussit à convaincre la ligue qu'il croyait qu'il avait gagé sur un match hors concours mais en vain.

Il a prétendu qu’il croyait qu’il s’agissait d’un match hors concours, mais je doute que l’on ne l’ait cru.

>> Le jury donna à Demers une peine moins sévère que prévue que ce qu'il aurait dû prendre pour homicide, il reçut une sentence de 15 ans de prison...

Le jury ne rendit qu’un verdict (de culpabilité). La sentence étant la responsabilité du juge. Le juge considérait au départ qu’il méritait la peine capitale. Toutefois, le jury le trouva coupable d’homicide involontaire (plutôt que prémédité) et dit au juge qu’il « implorait sa clémence ». À lire les comptes-rendus du procès, il semble clair que Demers a commis une épouvantable et irréparable erreur, causée par un très sérieux problème d’alcoolisme, mais qu’il n’avait jamais eu d’intention criminelle. Il n’est pas non plus inutile de savoir que cinq médecins ont témoigné que l’hôpital avait très mal soigné Mme Robert, et qu’avec des soins appropriés, elle aurait probablement survécu. Le médecin de garde ne s’est d’ailleurs pas défendu sur le fond, se contentant d’affirmer qu’il était facile de critiquer après coup.

Demers fut un prisonnier « modèle » et prit la responsabilité de l’organisation des loisirs en prison (Bordeaux). Il ne purgea pas la totalité de sa peine, loin de là. J’ignore exactement quand il sortit, mais j’ai une coupure de journal de février 1955 où le chroniqueur dit l’avoir rencontré. Il n’aurait donc pas purgé plus d’environ cinq ans. Il gagna sa vie à vendre des produits fabriqués en « cuir repoussé » (une technique qu’il avait apprise en prison). Il a aussi été gérant d’un « driving range » (le nom français ne me revient pas), et il a vendu de la publicité pour un hebdomadaire, « Sports illustrés », je crois. Il a aussi été entraîneur d’une équipe de hockey, le club Ste-Thérèse de la Ligue des Mille-Îles, lors de la saison 1960-61. Il fut nommé entraîneur du Rosemont de la Ligue Métropolitaine junior la saison suivante, mais abandonna le poste très tôt. Finalement, il fut embauché par Sifto (le sel) et devint contremaître trois ans plus tard, poste qu’il occupa pendant quatorze ans jusqu’à sa retraite. Il se remaria (il était divorcé au moment de l’homicide) et eut quatre filles en tout. À son décès, il était depuis plusieurs années trésorier des Chevaliers de Colomb de sa région. Je pense réellement qu’il a essayé de vivre de façon exemplaire après cette terrible affaire.

Pour ce qui est de son tir du poignet, je vous signale que l’ancien arbitre Red Storey a déjà publié son autobiographie : « Red’s Story ». À la fin du livre, il offre quelques classements du type « les dix meilleurs » : meilleurs marqueurs, meilleurs patineurs, etc. Dans la catégorie « meilleurs tireurs », Bobby Hull est classé deuxième, derrière… Tony Demers. Demers avait semble-t-il une force herculéenne et était parfois surnommé, dans les journaux de l’époque de sa carrière le « petit Hercule ».

J.P. Martel
Société internationale de recherche sur le hockey
www.sihrhockey.org

Martin ITFOR a dit…

Oh là là, merci beaucoup de ces précisions!

Anonyme a dit…

Salut j.p martel je boss si tu va voir mon message mais tony Demers etais mon grand-père et je voulais savoir si tu avais plusieurs reportages et des journal qui parle de lui si oui je voudrais savoir si cetais possible d'en avoir des photo copis tu peut venir me parler sur Facebook niky gourd . Je vien de lavaltrie merci