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dimanche 20 mars 2022

Jean Potvin

 

 

C'est avec regret que nous avons appris le décès de l'ancien défenseur des Islanders Jean Potvin le 15 mars dernier. Nous ne pouvons bien sûr pas vraiment fournir des biographies à chaque fois qu'un ancien joueur décède mais dans le cas de Jean Potvin, je trouve que sa carrière était intéressante à raconter malgré qu'elle se doit d'être inévitablement reliée à l'histoire de son illustre frère, Denis Potvin.

Jean René Potvin est né le 25 mars 1949 à Ottawa. La famille déménagea éventuellement à Hull dans un quartier plus pauvre et c'est là que Denis naquit ensuite en 1953. Étant d'une famille peu aisée, les Potvin se passaient leur équipement de génération en génération, d'abord du paternel Armand, un ancien joueur, à ses deux plus vieux fils, Bob, Jean et ensuite Denis qui héritait des retailles des autres... Le talent de Jean et particulièrement Denis, tous les deux de robustes défenseurs offensifs, fut vite remarqué, et les deux frères furent recrutés par l'équipe junior locale, les 67's d'Ottawa. 

Jean, de 4 ans plus âgé, fit ses débuts avec les 67's en 1967-68 après deux saisons avec les Hawks de Hull. Denis fut invité par les 67's durant la même saison pour un essai de 3 matchs alors qu'il n'avait que 15 ans. Il eut toutefois la promesse d'être ramené la saison suivante, soit la dernière saison junior de Jean, où les deux frères furent réunis sur la même paire à la défense.


Pendant que Denis continuait son stage junior à Ottawa, Jean débuta son parcours professionnel. Non-repêché, il se dénicha toutefois un poste dans la ligue américaine avec le club école des Kings de Los Angeles, les Kings de Springfield, pour la saison 1969-70. Il se distingua assez pour être invité par le grand club durant 4 matchs en 1970-71. Il obtint d'ailleurs un match de 1 but et 2 passes lors de son premier match en carrière, contre les Golden Seals de Californie. Il fut toutefois retourné rapidement à Springfield, où il était le défenseur numéro un de l'équipe qu'il aida à remporter la coupe Calder en 1971 avec une fiche de 12 points en 12 matchs durant les séries. 

Signe avant-coureur de la dynastie des Islanders, parmi cette édition championne à Springfield on retrouvait deux autres futures pierres angulaires des Islanders en Butch Goring et Billy Smith. Smith fut acquis lors du repêchage d'expansion de 1972 tandis que Goring fut acquis lors de la date limite des transactions en 1980, une transaction qui selon la légende amena le chainon manquant à Long Island en Butch Goring.

Jean Potvin fit la LNH à temps plein avec les Kings en 1971-72. Il fut toutefois échangé en janvier 1972 lors d'une méga-transaction impliquant 8 joueurs. Il prit ainsi le chemin de Philadelphie en compagnie de Bill Flett, Eddie Joyal et Ross Lonsberry en retour de la future vedette des Nordiques Serge Bernier ainsi que Larry Brown, Bill Lesuk et Jim Johnson. 

Il termina la saison avec une fiche de 15 points en 29 matchs avec les Flyers. Il y débuta la saison suivante mais ne semblait pas vraiment aimer son rôle avec les Flyers qui (sans surprise) demandaient davantage de robustesse de sa part et de jeter davantage les gants. Jean aurait parfaitement pu remplir ce rôle mais il ne voulait pas être étiqueté comme bagarreur, lui qui était capable de contribuer davantage en attaque et d'accomplir de vrais missions défensives.

Il fut donc échangé une deuxième fois en un peu plus d'un an, cette fois-ci aux Islanders en retour du futur entraîneur des Flames et du Lightning Terry Crisp. 
 
Derrière cette acquisition du GM Bill Torrey se cachait non-seulement l'acquisition d'un bon défenseur en Jean Potvin, mais également une décision stratégique en vue d'améliorer davantage la défensive et l'avenir des Islanders, soit l'acquisition du choix unanime comme premier choix au repêchage en 1973, Denis Potvin. Ce dernier en était alors à sa dernière saison junior à Ottawa, saison où il obtint un record de 123 points, battant du coup le record de celui avec qui il était souvent comparé, Bobby Orr. Les Islanders, en route vers la pire saison pour une équipe d'expansion en 1972-73, allaient pouvoir repêcher Denis au premier rang mais il y avait des rumeurs comme quoi il y avait des équipes intéressées à l'amener dans l'AMH à gros prix.

L'aquisition de Jean le printemps précédent aurait donc été un élément bonus dans la décision de Denis de signer avec les Islanders plutôt que de faire sauter davantage la banque dans l'AMH. Il aurait même pu devenir membre du Canadien de Montréal si Bill Torrey n'avait pas résisté aux manigances légendaires de Sam Pollock...

Denis arriva donc à Long Island pour la saison 1973-74 et remporta aussitôt le trophée Calder comme recrue de l'année. Et comme lors de leur séjour ensemble avec les 67's, Jean et Denis furent réunis sur la même paire de défense. Jean connut donc sa meilleure saison jusqu'à ce moment avec 5 buts et 28 points. Comme la jeune équipe, les deux frères ne firent que s'améliorer au cours des années suivantes, le tout culminant par une saison de 98 points pour Denis et 72 points pour Jean en 1975-76, une saison où un Bobby Orr décimé par les blessures ne put jouer qu'une dizaine de matchs pour ensuite quitter Boston. Denis et Jean Potvin terminèrent donc au deux premiers rangs chez les défenseurs de la LNH durant cette saison. Denis remportera alors le premier de ses trois trophées Norris en carrière.


 

Jean ne put connaître d'aussi bonnes saisons par la suite, régressant à un total tout de même acceptable de 46 points en 76-77. Cependant, lui et Jean-Paul Parisé furent utilisés comme monnaie d'échange pour obtenir le centre Wayne Merrick des piteux Barons de Cleveland durant la saison 1977-78, une nouvelle qui terrassa les Potvin et que l'entraîneur Al Arbour dut même annoncer en larmes à Jean. 

Jean continua donc malgré tout son chemin à Cleveland durant cette deuxième et dernière année d'existence des Barons. Il obtint en tout 3 buts et 17 points en 40 matchs dans leur uniforme blanc et rouge. Il suivit ensuite la franchise au Minnesota suite à la fusion de 1978 entre les deux équipes. Les North Stars lui firent toutefois commencer la saison 1978-79 dans les mineures avec les Stars d'Oklahoma City mais il fut rapidement rappelé après une fiche de 10 points en 9 matchs là-bas.



Je ne me tannerai jamais de cette image des Barons avec Jean Potvin à l'air lendemain de veille au deuxième plan...


Après cette seule saison au Minnesota, Bill Torrey venait de nommer Denis comme nouveau capitaine des Islanders après que Clark Gillies ait abandonné le titre. Afin de plaire à son capitaine et le récompenser, Torrey ramena Jean comme agent libre en juin 1979. Al Arbour déclara qu'il s'ennuyait également de son leadership et de sa présence dans le vestiaire. Mais il fut toutefois averti qu'il serait utilisé sporadiquement, maintenant que la défensive des Islanders était de plus en plus forte. Son rôle diminua effectivement au cours de la saison 1979-80 alors que les défenseurs Gord Lane et particulièrement Ken Morrow (en provenance de l'équipe américaine de Lake Placid) joignirent l'équipe au cours de la saison. Jean ne disputa donc que 32 matchs en 79-80, saison qui fut couronnée par la première des 4 coupes consécutives de la dynastie des Islanders. Il ne joua alors aucun matchs en séries durant ce parcours et malgré qu'il n'avait pas joué assez de matchs pour être éligible, son nom fut quand même inscrit sur la coupe. Durant ces séries où il ne joua aucun match, il avait toutefois été invité comme analyste radio chez les Islanders. 

C'est d'ailleurs Jean qu'on entend ici avec son fameux «Yes! Yes! Yes!» lors de cette transmission radio du but en prolongation de Bob Nystrom lors du 7e match de la finale contre les Flyers:

 



Le même scénario se répéta en 1980-81 alors que cette fois Jean ne joua que 18 matchs en saison régulière et encore aucun en séries. Il eut le même traitement spécial qu'en 1980 en retrouvant son nom sur la coupe une deuxième fois. Ce fut toutefois sa dernière saison en carrière et il prit sa retraite pour devenir analyste radio à temps plein chez les Islanders, un poste qu'il occupa pendant les 8 années suivantes.

Il travailla ensuite dans le domaine bancaire en plus d'être sur le comité directeur des Boy Scouts de Nassau County, domicile des Islanders où il continua d'habiter après sa retraite. 

Malade depuis quelques années, il était présentement en Floride, où habite également Denis, au moment de sa mort à 72 ans le 15 mars dernier. Il était en attente d'une transfusion rénale.

Lors de son introduction au temple de la renommée en 1991, Denis déclara que Jean aura été la plus grande influence durant sa glorieuse carrière et qu'il était son pilier, l'aidant à deux reprises durant sa carrière à effectuer la transition, premièrement dans le junior et ensuite comme professionnel et jeune adulte avec les Islanders.

Une murale célébrant les deux frères Potvin a été dévoilée sur le mur d'un centre communautaire d'Ottawa en 2003.



En 613 matchs dans la LNH, Jean Potvin aura amassé 63 buts et 224 passes pour 287 points.
Pour sa part, Denis Potvin aura amassé 310 buts et 742 passes pour 1052 points en 1060 matchs.



Sources:
Interview: Jean Potvin
, Psychedonline.com, 22 avril 2007

‘Funny’ islander Jean Potvin remembers former teammates and friends, Goodwordnews.com, 17 mars 2022
Denis Potvin's Road to the Islanders, NHL.com, 13 novembre 2020

1 commentaire:

Jellos a dit…

Merci pour cet article très intéressant. Je ne savais pas que les frères Potvin étaient issus d'une famille très modeste. Tel que relaté par Scotty Bowman dans sa biographie, Al Arbour n'appréciait pas beaucoup le style de Jean Potvin comme joueur, le considérant comme un défenseur à risque. Constatant que plusieurs défenseurs du club-école étaient rappelés sans qu'on fasse jouer son frère qui s'entrainaît avec l'équipe, Denis pria Arbour de les jumeler à la défense. C'est là que Jean connut ses meilleures saisons.